
Lorsque nous avons rendu la clé de notre chambre dimanche, nous avons eu un énorme pincement au coeur, conscients de fermer la porte d’un mirage. « Tout ça n’est pas la vraie vie », m’a dit le churros avec une pointe de tristesse. Tout « ça », la piscine aux airs de lagon qui semblait se confondre avec la mer, les transats impeccables alignés sur une plage immaculée, les cocktails au soleil couchant en merveilleuse compagnie, la promenade sur la digue de Grand-Baie ou encore les petits-déjeuners gargantuesques du 4 étoiles.
Pas la vraie vie et pourtant, durant quelques jours, ce fut la nôtre, savourée seconde après seconde peut-être justement parce qu’on en connaissait la date de péremption. Il y a toujours un côté « cendrillon », je trouve, dans ces séjours à l’hôtel, où la minute qui suit le « check out », vous n’êtes plus dans le film. Peut-être est-ce mieux ainsi, on ne gagne sûrement rien à vivre trop longtemps dans un décor de cinéma. La réalité nous a d’ailleurs rattrapé dans ce taxi qui nous emmenait à folle allure l’aéroport. Alors que nous nous lamentions sur la fin des vacances, le chauffeur nous a confié qu’il n’en avait jamais pris. Jamais, depuis 23 ans, il n’avait lâché son taxi.
De quoi cesser séance tenante les jérémiades et s’interroger sur cette drôle de transhumance qui déverse tous les jours dans cette île paradisiaque quelques privilégiés de mon espèce venus profiter des charmes d’un endroit que les résidents ne sont que très exceptionnellement autorisés à goûter. Faute de temps, faute d’argent. En lire plus »