Catégorie : La ronde et les enfants

Comment être une bonne mère indigne

Il y a quelques temps, je vous disais donc que j'avais signé pour un deuxième bouquin. Maintenant qu'il est presque fini je peux vous dire un peu plus de quoi il va s'agir. Alors voilà. C'est toujours pour la collection des Courges, mais après le sexe, je me suis attelée à un autre sujet qui à la fois n'a rien à voir et en même temps beaucoup: la maternité.

 

Ben si,  ça a à voir. C'est scientifique. La sexualité débouche souvent sur la maternité. Et toc.

 

Le livre s'appellera donc: "Comment être une bonne mère indigne".

 

Croyez- moi, c'est tout un programme. Alors bon, je sais, en la matière, j'ai du vocabulaire. Je dirais même que par moment j'ai un peu freiné mes ardeurs parce qu'à mon avis, chez Hachette, ils craignent le procès ou de passer pour une maison d'édition super transgressive. Mais bon, qu'est-ce que vous voulez, que celle qui n'a jamais collé un suppo de doliprane à son enfant fiévreux pour l'amener ensuite à l'école l'air de rien en sachant pertinemment qu'elle recevra un coup de téléphone trois heures plus tard la sommant de venir chercher son rejeton contagieux me jette la première pierre. Que celle qui en plus n'aura même pas honte et sera même limite contente d'elle parce que pendant tout le temps d'action du suppo elle aura pu soit honorer une réunion super importante, soit boucler un dossier en retard depuis dix jours , soit – et là, c'est vraiment pas joli joli je sais – aller voir David, le roi du blond, avec lequel rendez-vous était pris depuis deux mois, me jette la seconde. La seconde pierre je veux dire. 

 

Non, déconnez pas, je ne suis pas la seule hein ?

 

Bref, donc, le prochain livre parlera de ça. Et si moi je vous en touche un mot aujourd'hui, c'est parce qu'avant-hier, j'ai reçu un mail de ClaireMM, lectrice et commentatrice ici, rencontrée chez Ginette il y a un mois et à qui j'avais touché un mot de ce projet, sentant qu'on avait sur ce sujet et sur d'autres d'ailleurs pas mal d'accointances. Ce mail m'a fait rire comme une dinde et m'a rassurée: au concours de la mère indigne, on est pas mal à se coiffer au poteau de la victoire. J'ai donc demandé à Claire si je pouvais mettre son texte sur mon blog et elle a dit oui. Il sera aussi dans mon livre, comme illustration de ce qu'une bonne mère indigne peut-être.

 

Allez, assez bavardé, le voili le voilà…

 

Chère Caro,

Vu que tu travailles d'arrache-pied le sujet et que je ne doute pas que tu aies rencontré les pires mères de la terre (la preuve, on s'est rencontrées), dis-moi :suis-je la seule à systématiquement oublier la petite souris??????

 

Et ce matin rebelote : "Claire, pourquoi elle est pas passée cette nuit la petite souris?" (oui, tous mes enfants m'appellent Claire, me demande pas pourquoi, ça s'est institué comme ça et je m'en fous complètement d'ailleurs).

 

Si je comptabilise le nombre de dents tombées et que je le rapporte au nombre de petites souris passées spontanément, sans qu'on ait besoin de leur envoyer une lettre de rappel, je dois arriver au chiffre hontissimeux de 5 ou 6 : en clair 12 dents tombées, 2 petites souris

 

….

 

J'ai honte honte honte, mais j'ai beau m'ecrire sur les mains, me faire des post-it que je mets sur mon oreiller, faire des noeuds à mes mouchoirs, ya pas, quand je vais me coucher je me lave  consciencieusement les mains, je me sermone sur le bazar qui règne dans ma chambre tout en jetant ce vieux bout de papier et je balance ce kleenex tout chiffonné qui est dans ma poche…

 

Finalement je me couche avec la conscience tranquille et même ce léger sentiment de supériorité de la mère qui sait qu'elle a bien accompli son devoir encore une fois ce soir puisque tous tous les enfants dorment profondément dans les pièces d'à côté…..et je m'endors du sommeil du juste.

 

En gros, chez nous la petite souris ronfle la nuit et ne va pas au turbin.

 

Inutile de te dire que dès la première dent tombée et le premier lapin de la petite souris, les gamines ont compris que JE être petite souris puisque j'ai blêmi, je me suis précipitée dans leur chambre et que comme par hasard, après mon passage et mon retour en sifflotant y avait qqchose sous l'oreiller…

 

Edit: Le dessin est de Bubblecannelle, je l'adore. Le dessin et bubblecannelle. Je veux dire je les adore tous les deux.

Adieu mon sommeil

Depuis quelques
jours, mes enfants, chair de ma chair, sont chez mes parents. Bon,
certes, ils ont aujourd'hui six ans et du coup, ces vacances si elles
sont appréciables n'ont rien à voir avec celles que leur absence
représentait il y a quelque temps.

En effet, les
premières années, les voir s'en aller c'était comment dire… un peu
comme si Jack Bauer se voyait offrir une semaine de congé au club med
avec l'assurance de n'avoir aucun complot terroriste à déjouer. Vous
pensez que j'exagère ? Ha! J'aurais aimé vous y voir, tiens.

Pourquoi ?

Je vais vous dire
pourquoi. Parce que malgré toutes nos prières, les incantations à la
vierge du sommeil, et malgré même le whisky glissé dans les biberons le
soir – naaaaaaaaan je rigole – j'ai donné naissance à une insomniaque
en herbe. Vous me direz, une sur deux, c'est pas si terrible.

Sauf que si.

En fait, terrible, c'est pas le mot. Même que là tout de suite, le mot je ne le trouve pas.

Je sais, je suis
volontairement grave. Mais c'est parce que je me dois, en tant que
mère, en tant que femme mature et expérimentée, de vous mettre en
garde, vous les pas encore mamans qui caresseraient le rêve de donner
un jour naissance à un charmant bambin.

Je ne veux pas
vous décourager hein ? Mais il faut tout de même être averti avant de
prendre ce genre de décision. Et la vérité c'est que les enfants vous
pourrissent le sommeil.

VOLONTAIREMENT.

Vos nuits
auparavant tranquilles ne seront plus jamais les mêmes. Passées les
premières semaines où il vous faudra nourrir et changer votre petit
amour – quoi que personnellement, j'ai rapidement décidé de
laisser mes chéris baigner dans leur caca la nuit, histoire qu'ils
fassent BIEN la différence avec le jour, comme le conseillent les
livres que je n'ai pas lu
– il vous faudra ensuite vous battre
avec des fantômes, réduire à néant des monstres qui se planquent dans
les rideaux ou tout simplement partir à la chasse au doudou qui, c'est
sûr, prend vie dès la nuit tombée. Ben oui, sinon comment expliquer
qu'il parvienne à se retrouver sous un meuble à l'autre bout de la
chambre à quatre heures du matin ? Et bien sûr hors de portée de votre
main à laquelle il manque exactement quatre milimètres pour l'attraper
et ce après déboitement de votre épaule.

Je passe sur la
tétine, cette garce, qui non contente de défigurer chouchou le jour
prend un malin plaisir à se coincer entre les barreaux du lit à des
heures indues. Je vous laisse imaginer certaines scènes, bébé hurlant à
la mort parce que tototte a disparu et vous, à moitié nue, à quatre
pattes en train d'extirper ladite et maudite tototte du sommier à
lattes. Autant dire que c'est probablement dans ces moments de grande
solitude maternelle que chouchou apprend ses premiers jurons, de la
bouche même de sa mère. Ne vous inquiétez pas, vous pourrez toujours
accuser plus tard l'éducation nationale, la télévison ou la cour de
récréation, tout en sachant dans votre fort intérieur que "putain de
salope de tototte", c'est un peu de vous tout de même.

Bien sûr, comme
tous les nouveaux parents, vous jurerez aux grands dieux que jamais au
grand jamais chouchou ou pupuce ne viendra dormir dans votre lit. Le
problème c'est que vous sous-estimez votre adversaire. Vous n'avez pas
idée de la capacité pulmonaire d'un enfant la nuit. Vous n'avez pas
idée non plus de son endurance et des coups retords dont il est capable
pour parvenir à ses fins. Sachant qu'en plus, il n'y a RIEN de plus
mignon et attendrissant qu'un enfant à moitié endormi.

Evidemment, au
bout de deux semaines sans sommeil, vous oubliez tout ce que vous avez
lu sur les dégâts psychologiques que peut provoquer le fait de partager
son oreiller avec bébé.

Mais ce que vous
ignorez à ce stade c'est que chouchou veut bien plus que votre lit. Il
vous veut VOUS pour lui tout seul. Et pour ça, il va lui falloir faire
dégager son papa, l'ennemi n°1. Le plus souvent, il y parvient. En
s'endormant à l'horizontale. En cas de résistance paternelle, quelques
coups de pieds bien placés ne sont pas à exclure.

Et
voilà. C'est comme ça que vous finissez par vous retrouver exactement
dans la situation que vous aviez juré éviter: dormir avec un marmot qui
bouge dans tous les sens, qui ronfle encore plus fort que son père et
contre lequel vous ne pouvez même pas réchauffer vos pieds. Pendant ce
temps, l'homme tente en vain de se rendormir, tout recroquevillé dans
le lit de l'héritier.

J’aime pas non plus les copines de square

Alors donc, parlons un peu des copines de square. Déjà, à celles qui
croient pouvoir faire l'impasse sur les relations amicales au jardin
public, je dis: attention. Oui, attention parce que dans un square, il
y a des règles. Et l'une d'entre elles c'est que si tu viens
régulièrement, il faut dire bonjour et rapidement tutoyer tes voisines
Au risque d'être totalement exclue. Bon, après tout, on peut aussi se
dire qu'on se fiche éperdumment d'être exclue. Sauf qu'être mise sur la
touche au square signifie aussi que les mères plus attentives que toi
laisseront sans aucun scrupule pupuce se carapater pendant que tu
changes la couche de chouchou. Cela veut également dire que tu pourras
toujours courir pour que ces dernières, non seulement plus attentives
mais plus prévoyantes que toi prêtent une pelle à tes gamins qui
geignent depuis une heure parce que pour une fois tu as oublié les jeu
de sable. Petite apparté: il faut savoir que les enfants ne jouent
JAMAIS aux jeux que tu penses à apporter. En revanche, ils ont TOUJOURS
envie de ce que tu as laissé à la maison.

Etre exclue c'est aussi faire une croix sur un goûter partagé, un
peu d'eau en cas de vomi, etc. Etre exclue ça veut enfin dire que tu te
tapes systématiquement le banc constellé de fiantes de pigeon ou celui
qui l'été est en plein cagnard. Parce que bien sûr, les bonnes places
sont réservées dès la première heure pour les copines.

Bref, je suis navrée pour les sociopathes et les misanthropes, il
faut mieux sympathiser, quitte à faire semblant. Mais bien évidemment,
il faut rester lucide: au square, la seule chose qui te lie aux autres
mamans, c'est… d'être maman. Ce qui en soi ne garantit pas plus
d'atomes crochus que ça. Par conséquent, avant de trouver copine à ton
pied, tu vas passer par la nostalgique de la grossesse qui te racontera
par le menu détail son épisiotomie et qui te regardera avec compassion
quand tu feras cet aveu abominable: tu as eu une césarienne. En langage
"maman parfaite": tu n'as pas VRAIMENT accouché.

Il y aura aussi l'hystérique qui hurle sur tous les enfants sauf le
sien bien sûr qui pourtant mériterait à ton sens une bonne taloche pour
toutes les humiliations qu'il fait subir à pupuce, celle qui n'a JAMAIS
de goûter (bon, d'accord, ça c'est moi) et qui prend un air confus tous
les jours à 16h pour te chourrer la moitié de tes BN. Celle qui te
pique ton Elle dès que tu as le dos tourné. Celle qui est persuadée que
sa pupuce à elle est précoce, la preuve, elle étale son caca sur les
murs de sa chambre et ça c'est un signe. Celle qui est raciste et qui
se moque des nounous africaines. Celle qui prend un mali plaisir à te
faire flipper en insinuant que ta propre nounou ne s'occupe pas
toujours très bien de chouchou et pupuce. Celle – et parfois c'est la
même que la précédente – qui dès que tu as le dos tourné essaie de
débaucher ta justement si négligeante nounou.

Et puis il y a la pire. Celle qu'il faut arriver à repérer très
vite. Celle là elle a d'abord l'air super cool et tu te dis que c'est
peut-être la bonne, celle qui deviendra ton AMIE de square. La première
fois qu'elle te fera le coup, tu trouveras ça sympa, tu te diras que
c'est une marque de confiance de te laisser son nouveau né et son petit
bonhomme de deux ans et demi qui en plus s'entend "super bien" avec
chouchou. Et puis très rapidement, tu constateras qu'elle n'a jamais le
temps de te rendre la pareille. Et qu'en réalité ta nouvelle amie te
prend pour une truffe. Oui, celle qu'il faut éviter à tout prix c'est
la mère qui carresse le rêve secret de se débarrasser de ses enfants.
Et qui a vu en toi le pigeon parfait. Surtout qu'en général, il suffit
qu'elle soit partie deux secondes pour que tu réalises que son fils ne
s'entend pas vraiment "super bien" avec chouchou. Et que le nouveau né
a manifestement une couche bien chargée. Et que la "petite course"
s'est probablement transformée en cinoche, parce que trois heures pour
aller chercher du lait, même à la reine des courges, on ne la fait pas.

J’aime pas les squares

J'aime pas les squares. Voilà, ouf, c'est dit. Je sais, ça craint,
quand on est mère, de ne pas aimer les squares. ça craint encore plus
de ne pas aimer les squares DEPUIS qu'on est mère. Le pire, c'est
qu'avant, je me les rêvais, mes après-midi au square avec mon bébé qui
dormirait sagement dans son landau pendant que je lirais tout Rilke,
Flaubert ou Bernard Werber. Mais forcément, la vie m'a joué un drôle de
tour. Dans le landau, ou plutôt devrais-je dire la péniche, il y a eu
DEUX bébés. Qui n'ont jamais dormi en même temps pendant que je lisais
Rilke, Flaubert, etc. JAMAIS. En tous cas quand la double poussette
était à l'arrêt. Et essayez de lire du Rilke en poussant d'une main un
véhicule d'au bas mots cinquante kilos. No way.

Bref, déjà, tant qu'il est en mode "nourisson", le square avec un
bébé ça signifie tourner autour du bac à sable avec ta poussette en
priant pour que chouchou arrête de hurler. Ce qu'il fait. Jusqu'à ce
que tu t'assoies deux secondes et là c'est reparti. Tu rêves alors du
temps béni où chouchou sera assez grand pour aller faire des patés dans
le sable avec ses copains pendant que tu la liras cette putain
d'intégrale de Rilke.

Sauf que quand chouchou ou pupuce ont l'âge de faire des chateaux de
sable, ils ont aussi l'âge de se faire piquer leur seau. Ou de voler la
pelle du voisin. Ce qui revient à peu près au même: à un moment ou à un
autre tout le monde pleure et toi tu es à deux doigts de te coltiner la
mère de la partie adverse, soit parce que ton enfant est un sale
voleur, soit parce que le rejeton de la mère d'en face est un
psychopate du rateau.

Je passe rapidement sur le reste, à savoir les dangers inimaginables
que représentent les jeux pour enfants, assurément étudiés par de
dangereux pervers haïssant les gamins par dessus tout. Là encore, deux
cas de figure: premièrement, chouchou est de la catégorie des
téméraires. Du coup, tu ne vis plus, tu rodes sous le pont de singe de
peur qu'il passe à travers les mailles du filet, tu cours jusqu'au
toboggan récupérer ton rejeton qui a décidé de descendre la pente
vertigineuse la tête la première et sans les mains ou tu récupères
pupuce en suspension en haut de la toile de spiderman retenue
miraculeusement à dix mètres du sol par la corde de sa capuche qui en
même temps risque fort de l'étrangler si tu ne parviens pas à la
détacher dans les trois secondes qui viennent.

Deuxième cas de figure, pupuce ou chouchou sont du genre empotés. Et
là, c'est également l'enfer. Ils deviennent très vite les
souffre-douleur du terrain de jeu. Tu es obligée d'intervenir
régulièrement, empirant leur statut de ringards incapables. En même
temps, une mère qui se respecte ne peut pas rester les bars ballants
pendant que son rejeton se fait jeter du sable dans la figure sans
esquisser le moindre mouvement de rébellion par deux lascars qui font
deux fois sa taille. En tous cas moi je ne peux pas. C'est comme ça.
Quitte à leur mettre encore plus la honte, il FAUT que j'intervienne.

Quoi qu'il en soit, ton bouquin tu l'oublies. Parce qu'il ne faut
jamais perdre de vue le fait qu'un enfant peut te suprendre. Je
m'explique. Pupuce a toujours été prise de panique dès la deuxième
marche du toboggan gravie. Tu crois alors que tu peux la laisser sans
surveillance le temps d'un coup de fil au motif qu'avec un vertige
pareil ce n'est pas demain la veille qu'elle arrivera en haut.

Erreur.

Les enfants détestent que tu téléphones. Encore plus au square. Du
coup, rien que pour te faire payer, pupuce choisira ce moment là tout
particulièrement pour se hisser jusqu'au sommet du toboggan réservé aux
8-10 ans. Elle n'écoutera que son courage et s'élancera dans le "tunnel
de la mort", tel que le surnomment les caïds du jardin. Pour échouer à
moitié inanimée dans le sable, sous le regard accusateur et consterné
des autres mamans qui elles n'auraient JAMAIS laissé pupuce sans
surveillance.

Un jour, je vous parlerai des copines de square…

Frankenstein et ses amis

Bon, ça faisait un bail que je ne me l'étais pas joué "je vous
emmène au théâtre". Alors voilà, aujourd'hui vous n'y couperez pas.
Pourquoi ?

Parce qu'hier, j'ai emmené mes deux choux et une de leurs copines à la Comédie de la Passerelle
dans le 20ème arrondissement de Paris, voir une pièce qui s'appelle
"Frankenstein et ses amis". D'habitude, je dois dire, je me fais limite
suer dans les spectacles pour enfants. C'est pas que ce soit forcément
nul, mais bon, la princesse qui tombe amoureuse d'un crapeau qui
devient chevalier à la fin… bof.

Mais là, c'était Stéphane – THE Stéphane, THE real one, The "ronde"
– qui nous invitait et les comédiens étaient ses copains, donc j'avais
plutôt un bon à-priori. Et j'ai ri. Comme une dinde. Aussi fort que les
50 gamins hilares présents dans la salle. J'ai crié "encore" à la fin
comme eux. Et je suis repartie avec l'impression d'être un peu plus
légère.

La pièce est loufoque, elle parle de la différence, elle parle de
l'amitié, elle parle de la difficulté quand on est petit et pas tout à
fait comme les autres de se frayer un chemin dans une société où si on
dépasse d'un cheveu, on est souvent condamné. Les acteurs, un gars et
une fille, jouent avec le public qui leur est acquis dès les premières
secondes. Ils parviennent à se moquer de tout, même des enfants, et on
sent que ces derniers leur en sont presque reconnaissants. Ben oui,
c'est le signe qu'on les prend pour des grands, non ?

Voilà, moi je dis, un spectacle qui fait se gondoler les petits et
les grands, faut pas passer à côté. Alors les mamans, les papas, les
tontons, les tatas, les parrains et les marraines, foncez rue Orfila à
la Comédie de la Passerelle, c'est tous les mercredis et samedis du
10/01/07 au 31/03/07, à 14H30.

EDIT: Je sais, c'est un spectacle parisien et donc
je présente toutes mes excuses à touts ceux qui ne vivent pas à la
capitale. Promis, je ne le referai plus.

« Tu lui as dit à Ségolène Royal ? »

Au cas où vous penseriez qu'il n'y a que sur ce blog que je me la
pète, et bien croyez moi, vous êtes loin du compte. Même auprès de ma
fille de six ans, j'éprouve pathétiquement le besoin de me faire
mousser. Le pire, c'est qu'elle n'a pas l'air plus impressionnée que
ça…

– Tu sais qui j'ai vu ma chérie ce soir ?

– Non…

– J'ai vu Ségolène Royal.

– C'est vrai ? A l'école tu sais, y'en a qui disent "vive Nicolas Sarkozy". Moi j'ai dit que j'aime mieux Ségolène Royal.

– Ah bon ? Et pourquoi ?

– Parce que c'est une fille et que je voudrais que le président ce
soit une fille. Surtout que Jacques Chirac il est vraiment moche sur la
photo dans le préau.

– Tu sais, parfois ça ne suffit pas d'être une fille, même si c'est
vrai, on est drôlement fortes. Il faut aussi avoir de bonnes idées.

– Ben oui, pour être présidente il faut avoir des idées, ça c'est sur. Elle a dit quoi là, Ségolène Royal ?

– Oh, beaucoup de choses. Elle a dit par exemple qu'elle voulait que
tous les enfants réussissent bien l'école pour avoir un bon travail
après.

Puis, après un silence.

– Maman ?

– Oui ?

– Tu lui as dit à Ségolène Royal que je suis très sage à l'école ?

– Heu… non, je ne lui ai pas dit.

– La prochaine fois tu lui diras hein ?

– Promis.

Edit: Promis, après j'arrête avec Ségolène Royal,
après vous pourriez penser que je suis de parti pris. Alors que pas du
touuuuuuuuuuuuuut…

Drôle de punition

Ce matin, petite conversation avec ma fille…

– Maman, tu sais ce qu'il a fait Victor hier ?

– Non, mais je sens que tu vas me le dire…

– Et ben il a fait carrément pipi sur le cartable de Samantha. Tous ses cahiers étaient mouillés. Elle a pleuré hein !

– Je la comprends dis-donc la pauvre ! J'imagine qu'il a été puni
Victor, parce que c'est une énorme bêtise ça. C'est même très méchant.

– Oh ben oui, ça c'est sûr il a été drôlement puni.

– C'était quoi sa punition ?

– Il n'a pas eu le droit d'aller à la boxe et il a été obligé
d'aller au cours de danse des filles à la place. Il est resté sur le
banc à nous regarder.

– Ah, et ça c'est une punition ?

– Ben oui, tu te rends compte ? OBLIGé de rester avec les filles pendant au moins UNE heure !!!

Oui ma chérie… Je me rends compte… Je me rends compte que tu
vas grandir dans un monde où la pire des punitions pour un petit garçon
qui vient tout de même de se soulager sur le cartable d'une petite
camarade – soit dit-en passant l'a un grave problème le garçon, non ? –
c'est d'être contraint de regarder les petites filles danser…

Si ça ne s'appelle pas fabriquer des misogynes, moi je ne m'y connais pas…

EDIT: Bon, je voudrais pas vous saouler avec la
pièce mais juste une petite précision. La première sera finalement le
18 juin et pour les deux premiers soirs au moins il y aura la
possibilité d'avoir des invitations spécialement pour vous, lecteurs et
lectrices assidues. Une dizaine par représentation. Dès que tout cela
se précise je vois comment procéder pour les distribuer équitablement.
Merci encore pour votre intérêt.

Y croire une dernière fois

Je sais qu'ils n'y croient plus. Enfin, je crois savoir qu'ils savent. J'en suis même sûre en fait. Ils ont annoncé il y a deux jours à leur baby-sitter, la fée Babou, qu'une méchante fille leur avait dit qu'IL n'existait pas, que les cadeaux au pied du sapin, c'étaient les parents qui les planquaient.

La fée Babou, que je soupçonne de croire encore un peu au père Noël – en même temps c'est normal quand on est une fée – leur a expliqué que c'était n'importe quoi et que cette fille était très très très méchante. Mais je connais mes loulous. Et le fait est qu'ils savent, maintenant. De toutes façons, ils étaient mûrs. Il ne manquait plus que quelqu'un de mal intentionné lache le morceau.

Déjà, il y a quelques jours, ma fille m'avait lancé: "Tu sais, j'ai bien réfléchi. Je pense que le Père Noël existe, mais par contre, les rennes qui volent, j'y crois pas". Son frère avait renchéri: "Oui, en fait, tu vois, le Père Noël, il existe, mais il est pas magique. Il est comme nous, quoi. Sauf que son métier, c'est Père Noël".

J'avais aquiescé, trouvant qu'après tout cet atterrissage en douceur sur la planète des grands leur épargnait le grand choc que peut provoquer la découverte violente de la réalité. Surtout qu'à l'origine du gros mensonge, il y a moi, leur maman, censée dire toujours la vérité…

Mais là, je sais qu'ils savent. Et pourtant, ils ne me disent rien. Comme si finalement ils avaient décidé implicitement qu'on allait tous encore y croire une dernière fois. Et moi, je laisse le secret éventé en suspens, parce que je sais que dans quelques mois, de toutes façons, ils auront l'âge de raison. Alors je me dis qu'on a bien le droit à ces quelques jours de rab, non ?

Je t’aime mais c’est un secret

Hier…

 

– Maman, maman, maman !

– Oui mon chéri ?

– Samedi prochain il y a le goûter de Noël à l'école.

– C'est super ça !

– Oui, et la surprise que je suis en train de te préparer depuis super longtemps, tu la verras à ce moment là.

– Ah, j'ai hâte !

– Mais faut rien dire, parce que c'est un secret, hein ?

– Ouh là, bien sûr, je ne sais rien, je n'entends rien. N'en parlons plus.

– Ben oui ce n'est pas drôle sinon. N'empêche que ce collier tu vas l'adorer.

– Eh mais attention, ne me dis rien, hein, je ne veux pas savoir moi.

– Ben non, je ne suis pas bête, je vais pas te le dire ce que c'est ton cadeau, puisque c'est une surprise.

– Ouf, j'ai eu peur que tu me le dise quand même.

Je sens que nous vivons le temps des derniers secrets jalousement gardés et pourtant éventés. Les dernières maladresses, les dernières bourdes enfantines. J'ai eu peur qu'il ne réalise sa gaffe, peur qu'il en soit triste. Et puis non, le collier s'en est allé dans un souffle, je n'ai pas entendu, d'ailleurs il n'a jamais rien dit…

« Quand tu seras morte »

Hier c'était mercredi. Et mercredi c'est mon jour de 4/5ème. J'en profite pour remercier monsieur temps partiel qui me permet, toutes les semaines, de profiter de mes deux trésors. Bon, ok, une semaine sur deux j'ai des pensées inavouables, genre que si j'étais à plein temps je gagnerais pas mal d'argent en plus et que je n'aurais pas à supporter mes enfants que pourtant bien sûr j'aime plus que tout au monde.

Mais hier, c'était une journée "mère parfaite". Ben si, quoi ça arrive aussi tout de même. Et donc en mère parfaite j'ai traversé Paris pour faire contrôler les petits yeux de la chair de ma chair. Nous avons descendu la rue de Bagnolet dans cette lueur si particulière d'un jour ensoleillé de novembre. Tout à coup, alors que nous passions devant une église, nous nous sommes retrouvés au beau milieu d'un enterrement.

"Oh, j'aimerais tant voir la personne qu'est morte", m'a alors supplié – à haute, très haute voix – mon adorable sauveteur d'ours en peluche, révélant soudainement sa part d'ombre. Sa soeur, n'étant pas en reste, s'est pour sa part exclamée de sa voix si caractéristiquement aigue:

– "Ohhhhh, regaaaaaarde maman, la dame on dirait qu'elle va pleurer".

-  "Oui ma chérie, elle est triste. C'est peut-être sa mamie qui est morte, tu comprends. Tu sais, peut-être que toi aussi un jour, ta mamie mourra".

– "Je sais maman. Et ce jour là j'espère qu'on aura le droit de voir"

Un grand moment de solitude maternelle comme on en subit dès que son rejeton chéri maitrise les bases du langage – quand je dis les bases c'est vraiment les bases parce que "maman, bah monsieur pue" ça ne mobilise que trois mots de vocabulaire…

Après avoir réussi à extirper mes apprentis voyeurs de ce triste rassemblement, nous avons poursuivi notre chemin…

Quand j'ai entendu la petite voix de mon fils:

– "Maman, quand tu seras morte…".

– "Oui, mon amour, je sais, tu seras très triste, mais ce n'est pas pour tout de s…"

– "Non, maman, c'est pas ça que je veux dire. Quand tu seras morte, je mettrai tes fleurs préférées sur ton cercueil".

– "Ah, oui, oh, merci, mon amour…"

– "Mais au fait, c'est bien des tulipes tes fleurs préférées, hein ?"

– "Oui oui…"

– "Blanches les tulipes, hein maman, blanches ?", a cru bon de préciser ma fille

– "Tu sais quoi maman ? Si jamais c'est la saison des tournesols quand tu seras morte, et bien je t'achèterai aussi des tournesols" a rajouté son frère.

Merci monsieur 4/5ème, merci…