Catégorie : La ronde et les enfants

Troooooooooop bien


Hier soir, grand machin qui pue des pieds me raconte qu'à la piscine
c'était vraiment trooooooop bien (sachant que le monde entier se divise
actuellement en deux parties: ce qui est trooooooop bien et ce qui est
trooooooooop nul), parce que le prof il a fait faire des courses et que
faire la course bien sûr c'est trooooooooop bien.

"Sauf que par contre, à chaque fois que dans une équipe y'avait Maxime, ben l'équipe elle perdait".

J'ai
retenu un sourire parce que c'était dit plutôt sans malice. Et puis le
Maxime, c'est du genre qui plus tard veut faire "savant" comme métier
parce que c'est trooooooop… bref. Du genre aussi dont le pantalon
tombe toujours un peu laissant entrevoir le haut de ses fesses qu'il a
forcément bien potelées.

D'ailleurs, mon grand machin,
accessoirement très copain avec le propriétaire des dites fesses, est
toujours très préoccupé par cette exhibition involontaire et ne manque
jamais de lui dire de remonter son froc. L'est gentil, mon grand
machin.

Maxime, quand il court, son genou gauche vient dire bonjour à
son voisin pendant que son pied droit fait de l'oeil au trottoir. Pas
grave, de toutes façons très vite il reprend le cours de ses rêveries,
oubliant même pourquoi il lui avait pris l'idée saugrenue d'accélérer le
mouvement.

Bref, Maxime il fait perdre son équipe en natation, mais pas que.

"Pauvre Maxime, il doit être malheureux, non ?".

"Ben même pas, pourtant tu sais tout le monde se moque. Mais lui il fait l'idiot et il s'en fiche".

Mouais.

Maxime
il s'en fiche à peu près autant je pense que s'en tapait une gamine que
j'ai vaguement connue il y a quelques années. Une du genre empotée qui
restait toujours en dernier assise sur le banc quand les capitaines
d'équipe choisissaient les leurs et qui pour ne pas ajouter la honte de
faire pitié à l'humiliation d'être officiellement le boulet du cours de
gym, déployait des trésors d'ingéniosité pour bien montrer qu'elle s'en
cognait grave du match de volley.

Il y aura toujours des Maxime
ou des greluches boudinées dans des joggings carrefour super vilains,
se planquant derrière les arbres lors du test d'endurance ou infichus à
vie de faire une roulade arrière sans rester coincé l'arrêt du cul en
gros plan.

Et il y aura toujours des classes entières pour en rire et se rassurer en se persuadant que de toutes façons, ils s'en fichent.

Chais pas pourquoi, mais moi, Maxime, je l'aime bien.

Ce n’était qu’un pleur.

Hier, l'iroquoise était sur mes genoux et riait aux simagrées de sa
grande soeur. Quand d'un coup, alors que ça ne lui arrive jamais,
l'enfant en question étant une râleuse patentée mais en revanche pas
pleureuse pour deux sous, elle s'est mise à hurler.

Un cri
animal, suivi immédiatement de larmes grosses comme mon poing qui
dégoulinaient le long de ses joues – et tu peux constater qu'elles ont
eu du chemin à faire, les larmichettes, y'a de la surface.

En
deux temps trois mouvements, mon coeur s'est emballé et j'ai eu la
sensation qu'une main venait fourailler dans mes entrailles pour les
arracher sauvagement.

Ce n'était qu'un pleur mais il était inquiétant comme le sont les douleurs sur lesquelles on ne sait pas mettre de mots. J'ai touché ses jambes, vérifié qu'un pied n'était pas coincé, regardé ses mains, je me suis levée, je l'ai bercée, tout doux, ça va aller, qu'est-ce qui t'arrive, dis-moi, ce n'est rien, ça y'est, tu vois, c'est terminé, hein, c'est terminé, ne pleure plus, calme toi, viens, maman va prendre ta température, tu as peut-être mal au ventre, ou alors c'est les dents, oui, c'est forcément les dents, les garces de dents, qu'elles recommencent si elles osent, elles verront à qui elles ont affaire, mon amour, mon petit, mon bébé, mon coeur, mon amour, allez, c'est fini, tu vois, tu ne pleures plus, c'est parti.

Ce n'était qu'un pleur sans explication, en tout cas aucune connue, il n'a duré que vingt secondes, peut être trente, mais m'a rappelé s'il en était besoin que c'était de mon ventre qu'elle venait, que c'était elle qui y faisait ces vagues il n'y a pas si longtemps et que j'étais prête à me faire arracher toutes mes dents à moi sans anesthésie pour qu'une seule des siennes pousse sans douleur.

Un pleur qui m'a bien calmée dans ma façon de regarder d'un air très supérieur les primipares angoissées, façon vieille routarde détendue du nichon, trop cool, même pas un seul coup de fil au Samu en cinq mois, je gère, j'assure comme une bête, c'est solide ces bestioles, franchement, il faut prendre du recul, regarde, un troisième ça pousse tout seul.

C'est ça.

Un troisième ce n'est jamais qu'un premier qui vient après les deux autres. Alors certes, on est plus zen quand il s'agit de traiter un érythème fessier. Certes on ne calcule plus névrotiquement les intervalles entre chaque repas. Certes on oublie régulièrement d'attacher le moutard dans la poussette. Certes on a oublié jusqu'à la signification du mot "stériliser".

Mais quand number three se met à hurler et qu'on sent bien que c'est sérieux, on se retrouve aussi désemparé que neuf ans plus tôt quand on composait le 15 pour une crotte bicolore…

C’est bon parfois d’être une vieille routarde

Oui, parfaitement, I'm an old routarde de la maternité. Non
seulement parce que tout de même j'ai presque tuit'ans mais aussi parce
que j'ai pondu il y a huit ans de ça deux jumeaux dizygotes prématurés.
Et ça je peux te dire, ça te pose là comme vieille routarde de la
maternité.

Et comment te dire…

Pour number three, je suis détendue du périnée – que j'ai drôlement musclé je te rappelle – comme t'as pas idée.

Non mais sans rire.

Franchement, si je n'avais pas le ventre qui menace de me servir très prochainement de serpillère, je remettrais le couvert dès demain tellement c'est easy easy easy.

Genre. Pour les premiers, j'étais capable de me mettre la cervelle en ébullition pour tenter de trouver LA réponse à LA question de toute primipare légèrement flippée: On change la couche AVANT ou APRES la tétée ? Non parce qu'avant, en général, y'a rien dedans vu que choupinou lache ses sphincters une fois son biberon avalé. Alors après ? Ah ben non, après, y'a moyen de faire repartir le repas direct dans l'autre sens. En plus, une fois sur deux, il DORT choupinou, après. Et ça serait dommage quand même, non, de le réveiller ? SI.

Aujourd'hui, je te rassure, je n'ai à l'heure actuelle toujours pas de réponse. En fait j'ai deux principes. Quand elle dort, je suis prête à tuer à main nue toute personne qui aurait des vélléités de la réveiller sous prétexte qu'une odeur pas catholique sort de sa couche. 

Le deuxième principe ?

Heu… Si ça pue et qu'elle n'est pas endormie, je change.

Je sais, ça semble couler de source.

N'empêche que va demander à une jeune mère de moins de tuit' ans qui vient de mettre au monde son premier choupinou. Tu verras si elle n'a pas une théorie fumeuse sur the right time pour changer la couche.

Autre exemple, les quantités ingérées par choupinou.

Pour les premiers, c'était la question obsessionnelle, le toc absolu. On se croisait la nuit avec l'homme, hagards, ne sachant même plus qui de l'un ou de l'une était dans nos bras et les seuls mots qui franchissaient nos lèvres c'était: "Combien il/elle a pris ?".

Autant te dire que si le chiffre annoncé était de 20 ml en deça de la quantité normalement ingérée, y'avait panique en la demeure. Alors au moment de poser la question, on était en suspense tu n'imagines pas.

Aujourd'hui, bon, j'allaite encore. Oui, je sais, je prévois d'aller aux AA (allaitantes anonymes). Mais comme malgré tout, et en dépit d'un enthousiasme dont tu as pu être témoin sur ce blog, je reprends le boulot le 5 janvier, je donne quelques biberons. 

Et elle boit… Ce qu'elle boit.

Même pas je regarde.

Bon faut dire que la demoiselle a comme qui dirait quelques réserves.

Il n'empêche que j'ai aussi le karma de la vieille routarde de la maternité. Et que je SAIS. Je SAIS qu'un enfant ne se laisse JAMAIS mourir de faim. Et que ce qu'elle ne prend pas à 16 heures, elle le prend plus tard. Ou demain.

Autre exemple ?

Le bain.

T'as déjà été en visite chez un couple de primipares à l'heure du bain de choupinou ?

Bon.

Les préparatifs du défilé du 14 juillet c'est peanuts à côté.

Et vas-y que l'un regarde l'heure – très important l'heure, d'ailleurs, matin ou soir le bain ? Rahhhhh – et vas-y que l'autre prépare tout comme il faut, et vas-y qu'on déshabille l'enfant jésus, et vas-y qu'on vérifie que le termomètre indique bien un 37° clair et net, et vas-y qu'on re-check la température avec le coude parce que la main tu comprends, ce n'est pas fiable, et vas-y qu'on savonne l'enfant AVANT de le mettre dans l'eau sinon on ne lave pas comme il faut – bon ça moi j'ai vite arrêté même pour les premiers, personnellement tenir correctement une savonnette vivante j'ai jamais pu – et vas-y que l'un chante une chanson pendant que l'autre rince amoureusement l'enfant… Je continue ?

Bon.

La vieille routarde de la maternité a trouvé THE solution pour que le bain ne soit… qu'un bain. 

Elle utilise le capital humain à sa disposition.

Ses aînés.

Elle les fait entrer en premier dans l'eau et leur demande si c'est trop ou pas assez chaud. Ensuite, elle leur colle helmut dans les bras, savonne comme elle peut ce qui dépasse de l'eau, vacque à ses occupations dans la salle de bain (= triture ses boutons ou épile un sourcil) puis ressort le bébé quand l'aîné(e) commence à se plaindre d'avoir froid.

Les jours où elle a la flemme, la routarde de la maternité applique son principe n°3: l'enfant ne meurt pas s'il n'est pas lavé tous les jours.

Et tout est à l'avenant. Le premier, s'il ne dort pas, tu te poses douze mille questions. A-t-il faim, a-t-il mal aux dents, a-t-il du reflux, est-il angoissé ? Faut-il le prendre dans ton lit, vas-tu le transformer en monstre dépendant si justement tu le prends dans ton lit ? Ta vie de couple va-t-elle être sacrifiée dans ce cas ?

La vieille routarde ne cherche plus les réponses. Parce qu'elle sait que neuf fois sur dix, un enfant ne dort pas parce que…

Parce que.

Et c'est tout.

Alors quand elle a la vague impression que ça pourrait être les dents, elle colle un suppo de doliprane, parce que si ça ne lui fait pas du bien, ça ne lui fera pas du mal. Et elle le prend dans son lit si ça le fait dormir. Parce qu'elle sait que le manque de sommeil la transforme en harpie. Et que ça, oui, c'est l'aller simple vers la crise conjugale.

Bref, la vieille routarde de la maternité c'est le dalaï lama sous lexomil, en gros.

Ce qui ne l'empêche pas d'être rincée, épuisée, dynamitée.

Mais néanmoins zen. Parce que résignée. Elle SAIT. Elle sait que les trois premières années, de toutes façons, c'est un jour avec, un jour sans. Et qu'à un moment ou à un autre, choupinou devient grand, mange seul, fait pipi sur le pot, jette sa tétine et surtout, surtout… parle. 

Ce jour là, la vieille routarde de la maternité pourra enfin comprendre pourquoi l'enfant ne dort pas.

Et elle sera bien avancée, tiens. 

Edit: Ce post est un peu décousu parce qu'en tapant, à un
moment, je ne sais pas quand, j'ai réussi l'exploit de transformer mon
clavier azerty en qwerty. J'aurais voulu le faire que ça m'aurait pris
un mois. Autant te dire que ça m'a pris à peu près ça de réparer ma
connerie.Pour info, c'est Altgr/shift en même temps.

Edit2: La photo a été prise par Anne-so qui a immortalisé l'iroquoise de bien belle façon. On peut remarquer que la routarde de la maternité ne sait toujours pas couper les ongles de sa fille. Ni les rendre impeccable. Et elle s'en fout.

Super Héros

Vendredi soir, alors que l'homme se réjouissait qu'il n'y ait plus classe le samedi matin – il était jusqu'alors préposé au samedi matin, je sais, c'est dégueulasse mais voilà, c'est ça aussi l'amour -, l'héritier a renchéri, super sérieusement: "Ah ça c'est sûr que c'est génial. Moi je dis, merci Obama".

On n'a pas voulu détruire ses illusions, après tout c'est vrai que Barack c'est un peu un super héros. Et puis quelque part, on préfère qu'il soit reconnaissant envers Obama qu'envers Xavier Darcos. Je sais, c'est mal.

 

Edit: Bon alors je sais que parmi vous il y a d'éminents représentants de l'Education nationale. Et que souvent, cette suppression des cours le samedi matin est moyennement bien vue par les enseignants. Et j'entends leur arguments. L'histoire des rythmes, le fait que les cours de soutien soient une vaste fumisterie censée cacher la forêt des suppressions de postes (ce soutien est normalement assuré par les RASED, dont les postes disparaissent les uns après les autres), l'absurdité de faire travailler entre midi et deux des enfants de moins de 12 ans, et j'en passe. Tout ça je l'entends. Mais je dois avouer, moi la mère indigne, que c'est bien la seule mesure de ce gouvernement que j'applaudis des deux mains, à titre totalement et égoïstement personnel…

Ne me le dites pas

Quatre mois.

Elle a eu quatre mois le 5 décembre dernier. Et
dans quelques jours, trois semaines tout au plus, il sera temps de la
laisser, de repartir travailler. Oubliés tous mes grands principes, à
la benne mon féminisme, au placard mon autonomie financière, je ne veux
pas la quitter, je veux rester le nez dans son cou pour l'éternité.

Et qu'on ne vienne pas me dire que ce n'est pas bon pour elle ni pour moi, que je serai heureuse une fois que ce sera fait, qu'elle va s'épanouir ailleurs que dans mes bras, qu'on ne fait pas des bébés pour les garder pour soi.

Non, ne me le dites pas.

Je le sais.

D'ailleurs, même si je ne le savais pas, l'iroquoise se chargerait de me le faire comprendre. Elle franchit en effet les étapes de l'adaptation chez la nounou avec bravitude et serait à mon avis déjà en train de parcourir le monde si elle pouvait tenir debout sur ses cuisseaux qu'elle a charnus.

Très.

Charnus.

Et oui, on pense que sa petite dernière nous fera le cadeau de grandir doucement et pan, on récolte ce qu'on s'aime, une petite helmut charpentée comme Muriel Robin et louchant déjà sur le gâteau au chocolat – ou le saucisson d'ailleurs – avant même de passer par la case compote.

Voilà, l'iroquoise a poussé comme un champignon, elle prend un biberon par jour sans grand enthousiasme mais avec le pragmatisme des gourmands. Elle explose dans le six mois, a probablement dépassé les 7 kilos, perd une cinquantaine de cheveux par jour et arbore une tonsure derrière digne du cul d'un chimpanzé mais reste hirsute. Elle fait mine de se noyer lorsqu'on lui nettoie le visage, déteste qu'on lui mette de la crème sur les joues et a tellement de plis dans le cou que régulièrement il faut la badigeonner d'éosine, rapport à la culture de champignons qui s'y trouve.

Elle bave constamment, comme un chien devant un morceau de sucre et après avoir enfin trouvé son pouce et être parvenue à coordonner ses mouvements pour le mettre ET LE GARDER dans sa bouche, elle semble finalement trouver son index très à son goût. Toute la famille prie pour que l'expérimentation s'interrompe ici et qu'elle n'arrête finalement pas son choix sur le majeur.

Ok, on a bien compris qu'à priori ce ne serait pas la candidate idéale pour le bal des débutantes mais bon, si on pouvait tout de même rester convenable, hein….

A part ça, elle rit comme un pinson quand on la prend à bout de bras et hurle dès qu'on la pose quelque part. Elle a fait de son père un toutou sans défense qui pourra bientôt rivaliser avec Rafaël Nadal niveau biceps gauche hypertrophié. 

Ses ongles sont toujours noirs mais ses mains ne sentent plus le fromage. Et je n'aurais jamais cru ça mais ça me manque.

Elle aime regarder la télévision et taper sur l'ordinateur, elle ne s'endort que dans les bras – de son père, donc -, se réveille encore une fois par nuit et ne souhaite manifestement pas avoir d'horaires bien définis dans la journée.

Son papa l'a très clairement entendue prononcer "dodo", son premier mot bien sûr et quant à moi je jurerais qu'elle acquiesce en dodelinant de la tête lorsque je lui demande si elle a faim.

Bref, elle est adorable, exceptionnelle, unique et insupportable, tout dépend de l'heure qu'il est, du temps qu'il fait, de la lune ou des marées.

Et moi, donc, je suis officiellement opposée à l'idée, un jour, de la quitter.

Et ne venez pas me dire que ce sera bon pour elle. Ou pour moi.

Non, ne me le dites pas.

Parce que même si je le sais, c'est un supplice de l'envisager.

Tous avec Paul

Ce week-end, on était à Bordeaux. Parce que Bordeaux, c'est la ville d'adoption de mon rochelais d'homme.

Là-bas,
alors que nous étions reçus comme des princes par nos amis de longue
date, j'ai appris l'existence d'un petit garçon qui s'appelle Paul.

Le fils d'un copain de nos hôtes.

Paul est né il y a quatre ans et très vite, ses parents se sont aperçu que tout n'allait pas vraiment très bien chez leur enfant. Par exemple, il se mettait à pleurer quand on le prenait dans les bras et semblait soulagé lorsqu'on le remettait dans son lit. Alors que bon, on sait bien que c'est le contraire qui se passe, "normalement". Ses yeux aussi semblaient avoir du mal à suivre le regard. Niveau tonicité, ce n'était pas non plus le top.

De médecins en médecins, d'examens en examens, ils ont eu la confirmation que Paul ne serait jamais en bonne santé.

A l’heure actuelle, Paul est infirme moteur cérébral, épileptique et polyhandicapé. Et on n'a même pas de mot à mettre sur sa maladie. On sait seulement que la myéline de son cerveau est détruite peu à peu. La myéline c'est la substance qui gaine les neurones et qui permet au cerveau de fonctionner. Pour vous représenter ce qu’est une myéline défaillante, imaginez une maison dont le câblage électrique serait installé mais pour lequel on aurait oublié les gaines isolantes :  les fils électriques se toucheraient avec les conséquences désastreuses que vous pouvez aisément concevoir…

Si je vous parle de ce petit garçon, c'est parce que forcément, comme si ça ne suffisait pas comme épreuve d'avoir un enfant qui souffre, se rajoutent à ça des problèmes d'argent.

La  maman et le papa de Paul travaillent aujourd’hui en effet à mi-temps tous les deux pour s’occuper au  mieux de leur petit bonhomme. Ils ont en projet d’aménager deux pièces de leur maison aux normes handicap afin de faciliter la vie de Paul et la leur. Ces travaux sont très coûteux et seulement partiellement pris en charge par les organismes d’aide aux personnes en situation de handicap. Et quand je dis "partiellement", croyez moi que dans le genre euphémisme…

Pour parler cash, en gros, les travaux coûtent 25 000 euros et là dessus ils vont toucher une aide de 16 000 euros. Manque 9 000, quoi.

Du coup, sur le conseil de leurs amis, les parents de Paul ont monté une association, "Tous avec Paul" et les copains font tourner l'info au maximum, histoire de réunir un peu d'oseille.

Et ce week-end, donc, j'ai eu vent de tout ça.

Et je me suis dit que peut-être, je pourrais utiliser ce blog pour faire connaitre cette association. Même si je ne suis pas très branchée Téléthon et cie, parce que je trouve personnellement que l'Etat devrait assurer un peu mieux et que se reposer sur les associations et la charité, ce n'est pas une solution. 

Et puis je ne suis pas trop friande des plateaux télévisés sur lesquels on exhibe des enfants polyhandicapés.

Sauf que bien sûr, c'est facile d'être "moyennement branchée Téléthon" quand on a trois enfants qui pètent le feu.

Et puis là, voilà, c'est presque comme si je le connaissais ce petit lardon.

Alors je n'ai qu'un mot: à vot' bon coeur msieur dames.

Et d'avance… merci.

« Tous avec Paul »
N°0712008142
Siège social : Paul, Anne et Marc Hernandez-Gallois, 15 rue St Pierre,71270, Navilly.
Tel : 03.85.49.18.17 / 06.16.09.50.49, tousavecpaul@neuf.fr
Adhésion 5 euros, chèque à l’ordre de « Tous avec Paul » adressé au Trésorier, Y. Charbouillot, 10 rue de la Fontenotte gamay, 21190 St Aubin

Edit: "Tous avec Paul" ne se résume pas à une collecte de fonds. Cette association a aussi pour objectif de solliciter des bénévoles – habitant donc dans les environs de Navilly dans le 71 – pour une aide à la vie quotidienne de l’enfant et des parents : venir jouer avec Paul à son domicile, aider son papa aux bébés nageurs,  sa maman pour  la toilette, promener Paul dans son fauteuil , etc. Autant d’activités ponctuelles ou suivies, 1heure par semaine… par mois, peu importe; activités dans lesquelles vous pouvez vous investir selon vos désirs et disponibilités. Vous pouvez aussi  aider Paul et ses parents par  votre soutien moral, ou tout simplement par un petit mot ou  mail  d’encouragement, ils en ont drôlement besoin. Et bien sûr, ils liront vos commentaires ici.

 

Mer et filles

Hier
matin, ma grande s'est réveillée toute cernée, avec un vilain mal de
tête. Je l'ai regardée prendre son courage à deux mains et s'habiller
malgré tout alors que l'iroquoise et moi étions encore au lit. Et puis
soudain je me suis dit que bientôt, presque demain, il n'y aurait pas
d'alternative et que même fiévreuse il faudrait qu'elle aille à
l'école. Vaille que vaille, on redeviendrait les bons petits soldats
travailleurs.

Alors pour la forme, j'ai pris sa température et malgré un minuscule 37,7 j'ai décrété que pour aujourd'hui ce serait lit à volonté. Elle n'a pas demandé son reste, enlevant son pantalon et se glissant plus vite qu'il ne faut pour le dire sous ma couette.

Les garçons sont partis à regrets, ils pétaient la forme, tant pis pour eux.

Et toutes les trois, on s'est serrées sous les draps. ça sentait un peu le caca, un peu le dodo, un peu la fièvre, c'était tout chaud, c'était tout doux. Le monde pouvait bien continuer de tourner, on n'en avait cure, le lit était notre maison, les couvertures et oreillers nos remparts.

Pendant ces heures volées, notre radeau a vogué au gré d'histoires chuchotées, de babillages hésitants et de baisers étouffés. 

Après, la vie a repris ses droits, la fièvre est tombée, l'iroquoise a pleuré, il a fallu se lever.

L'échappée belle était terminée…

En rentrant de l’école…

Sur le chemin du retour de l'école…

 

– Alors tu vois maman, en fait, ben tu vois, y'avait Sofiane en fait il avait oublié son cahier de géographie et tu vois, en fait, parce que tu vois, la maitresse et ben elle était vraiment furieuse parce que bon, en fait, la maitresse, ben elle déteste qu'on oublie nos affaires surtout que Sofiane il avait demandé trois fois dans la matinée d'aller aux toilettes alors qu'en fait on y va à la récré normalement aux toilettes mais à la récré, évidemment, Sofiane il n'avait pas envie et à peine on est remontés il demande à la maitresse. Alors la maitresse elle a dit oui tu vois ? Et après, dès qu'il était rassis il a relevé le doigt et il a redemandé  s'il pouvait y aller parce qu'en fait il n'avait pas fini. A la troisième fois la maitresse elle était folle de rage et en même temps elle était bien tranquille pendant qu'il était aux toilettes, sauf qu'après c'est Lina qui a encore posé une question idiote et la maitresse elle a dit qu'elle allait la renvoyer en maternelle tu vois. Et puis après elle nous a expliqué pendant toute la matinée ce que c'était une conjonction de… de… de crodination. Et à la fin de la matinée quand elle nous a demander de souligner les conjonction de crodination dans le texte, et ben en fait Sofiane il a levé le doigt et il a demandé: "C'est quoi maitresse une conjonction de crodination ?". Là, la maitresse elle est devenue toute rouge. En plus après Jade elle m'a dit qu'elle serait plus ma copine parce que tu vois à la récré j'avais joué avec Adélie, alors que la pauvre Adélie elle m'avait gardé une place à la cantine et qu'en fait Téo, Léo et Lounès ils se sont mis à côté d'elle avant que j'arrive et qu'ils ont balancé des betteraves partout, même qu'Adélie elle en avait plein son tee-shirt, alors bon, j'étais quand même obligée de jouer avec elle tu vois ? Et… heu, qu'est-ce que je voulais te dire, encore… Ah, oui ! Qu'est-ce qu'on mange ce soir?

– Euh… Oui.

Edit: En vrai c'est pire. J'ai conçu une fille capable de parler sans reprendre sa respiration pendant au bas mot 45 minutes. Et j'avoue, je mets environ 12 secondes à décrocher, d'autant que de l'autre côté, mon fils, pas moins bavard, me raconte également les péripéties de Maxime, son cancre à lui ou me décrit par le menu détail l'évolution de son Pokemon qui est en train de gagner 12000 points de vie (même qu'on dit "pv" si on est branchés) et j'en passe. Pendant ce temps, la petite dernière prend un malin plaisir à hurler, histoire qu'on n'oublie pas totalement sa présence. J'adore les retours d'école. Vraiment.

Edit2: En même temps c'est probablement grace à ces instants nutella que je finirai par me résoudre à retourner au boulot.

Iroquoise…

Hier, j'ai fait la connaissance d'une toute petite petite fille, à
côté de laquelle ma Rose fait figure de madame Schreck. Lorsque je suis
sortie de la maternité où j'étais allée visiter l'heureuse maman et la
nouvelle née, j'ai réalisé que le temps avait déjà passé.

Certes
elle est encore assez petite pour dormir sur le bras de son père,
certes son front est encore duveteux, certes les seuls mots qui
franchissent ses lèvres sont areuh et greuh.

Mais elle n'est plus ce nourisson qui se calait sur mon épaule et dont je ne sentais pas le poids. Elle n'est plus cette petite boule de cheveux que j'ai veillée collée à elle toutes ces nuits à la maternité, ignorant les consignes de sécurité qui interdisent aux mamans de dormir avec leur enfant.

Elle rit désormais quand on lui caresse le ventre, elle appelle son frère pour qu'il vienne faire l'idiot au dessus de son berceau et accueille mon sein avec des cris qui ont tout des hurlements victorieux du sioux qui vient de capturer un bison avant un hiver qui s'annonce rigoureux.

Ma petite grandit…

Alors ce matin, j'ai savouré un peu plus encore ces minutes peau contre peau dans mon lit, j'ai trainé avec elle sur le canapé, je l'ai gardée dans mes bras lorsqu'elle s'est rendormie, captivée par ses oreilles étranges au sommet desquelles pointent une minuscule touffe de cheveux.

Et cette bizarrerie m'a fait fondre encore plus peut-être que sa bouche vermillon en chapeau de gendarme ou ses yeux qui semblent manger un peu plus son visage chaque jour.

Je crois que c'est là le véritable amour. Celui qui nous fait adorer le petit défaut, l'anomalie plus encore que le reste.

J'aime mon fils pour son nombril qui sort et ma fille aînée pour son téton surnuméraire. Et je me consume pour cette petite dernière aux oreilles chevelues, aux auriculaires tordus et à la crête iroquoise…

Edit: Bienvenue à Gabrielle, cette petite liliputienne fraichement débarquée sur la planète terre…

Edit2: Pardon pour ce billet à haute teneur en mièvrerie, mais voilà, ce matin j'ai le coeur qui déborde…

 

Deux ou trois choses que je sais d’elle…

Deux mois. Et trois jours. 5 kilos 350 et 58 cm. Belle bête, Helmut, hein.

Deux mois seulement. Ou déjà. Si peu de temps et tant de baisers… 

Attention
nullipare allergique ou multipare lassée, ce billet n'est pas pour toi, il est à haute teneur en mièvrerie. Promis, demain il y aura de
la robe en jean pour filles dodues, photo à l'appui. Mais là, non, c'est 100% puériculture.

Rose a donc désormais bien pris ses quartiers chez nous. Et je ne sais finalement pas grand chose d'elle si ce n'est que…

– Derrière ses oreilles ça sent le parmesan. Comme à l'intérieur de ses mains. Je ne savais pas que j'aimais autant l'odeur du parmesan.

– Elle adore lorsque le matin, avant de partir à l'école, son frère et sa soeur viennent lui dire au-revoir. Je le sais qu'elle aime ça, parce qu'elle a alors tellement le sourire et qu'elle leur en raconte tant, que ça lui donne immanquablement le hoquet.

– Vu le temps qu'elle passe à la tourner et retourner dans sa bouche puis à la tirer très élégamment, elle a manifestement compris que sa langue sert à quelque chose et semble à deux doigts de capter que c'est à parler.En attendant, je ne me lasse pas de regarder pointer la plus adorable et minuscule langue d'oiseau que j'ai jamais vue…

– Elle déteste que sa couche soit sale. Ce qui en soi semble être plutôt d'une affligeante banalité. Sauf que ça me surprend rapport que ses aînés acceptaient sans mot dire de mariner dans leur merde des heures durant. A moins qu'en réalité ils ne détestaient ça mais qu'ils n'aient pas vraiment eu le choix, dure condition de jumeaux oblige.

– Lorsqu'elle a faim, elle pousse un cri aigu extrêmement caractéristique que moi sa mère, j'identifie bien sûr immédiatement. Bon, à dire vrai, c'est exactement le même cri que lorsqu'elle a sommeil. Et à bien y réfléchir, pas bien différent de celui qui veut dire "changez moi". Bref, moi sa mère, j'ai une chance sur trois de la comprendre. Ce qui n'est pas si mal. Mais qui ne m'octroie en rien un statut particulier, quand on y pense.

– Elle ne pleure que lorsqu'elle a faim.

– Elle a souvent faim.

– Le reste du temps, si elle râle, c'est qu'elle a sa couche sale.

– Ou qu'elle a sommeil.

– Elle est facile.

– Sauf si elle a faim.

– Ou sommeil.

– Ou qu'elle est sale.

– Ce qui arrive fréquemment.

– Elle n'aime rien tant que dormir dans sa poussette au beau milieu du salon lorsque toute la famille est réunie et parle très très fort. Plus il y a du bruit, plus elle roupille.

– En revanche, si c'est le calme absolu, elle se charge assez rapidement de mettre le dawa.

– Elle aime faire la cuisine dans mes bras. Surtout lorsque les oignons chantent et que la radio crie à tue tête – je ne sais cuisiner qu'avec la radio à tue-tête, ceci expliquant cela.

– Elle est encore assez petite pour s'endormir à califourchon sur mon épaule, la tête dans le creux de mon cou.

– Elle préfère mon sein droit au gauche.

– Elle ne supporte pas d'être dans les bras de son père sans qu'il bouge. Un papa ça se promène et c'est marre.

– Elle a dû perdre en tout et pour tout trois cheveux. Le reste continue a pousser avec un effet wavy très 2008.

– Elle est amoureuse d'une citrouille. Même si parfois, elle l'engueule très fort.

– Elle nous met par terre, a définitivement ruiné mes espoirs de me remettre un jour en deux-pièces, transforme tout rapport sexuel en projet à long terme, nous rend inaptes à une vie sociale digne de ce nom. 

Et pourtant…

Elle est comme le petit doigt. On ne sait pas bien à quoi il sert, mais on n'imagine pas une seconde que notre main n'en ait pas.