Catégorie : Je vous raconte ma vie

Là où on se dit joyeux Noël

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La nuit dernière, il devait être environ 3h du matin, j'ai entendu des pas feutrés dans ma chambre. Comme je ne crois plus au père Noël et que de toutes façons je sais bien qu'il ne vient JAMAIS avant le 24 décembre, j'ai assez vite compris qu'il s'agissait d'un de mes enfants. J'ai également eu le pressentiment que sa venue n'annonçait rien de bon (je suis finaude).

Alors que je reconnectais mes neurones afin d'ouvrir un oeil, j'ai reconnu la silhouette du machin, penchée au dessus de notre lit. Une silhouette qui s'est mise ensuite à gémir:"Papa, maman, j'ai envie de vomir".

Instantanément, le churros et moi avons disparu sous la couette et supplié, avec l'énergie du désespoir: "pas sur nous ! aux toilettes, bordel, file aux toilettes !". Légèrement ébranlé par cette totale démission parentale, le machin a d'abord eu un temps d'hésitation. Mais constatant que ni son père ni sa mère ne sortaient de leur planque, il a fini par courir aux wc, lesquels se trouvent à moins de deux mètres de sa chambre et donc à peu près autant de la nôtre (de l'avantage d'habiter à Paris, rien n'est jamais très loin).

Par la grâce d'une porte opportunément ouverte et de l'absence d'un quelconque obstacle sur son passage, il a eu le temps d'atteindre le cuvette. Quand on a entendu le bouarrrrrrrrk familier, le churros et moi on en aurait pleuré de joie. Sans nos réflexes de survie hors du commun on était bons pour un autre arrosage nocturne.

On était en train de se demander si un jour cet enfant, à deux doigts de muer, tout de même, aurait un minimum d'initiative personnelle ou s'il continuerait jusqu'à sa majorité à venir nous informer d'une envie pressante plutôt que d'aller au plus simple (aux chiottes, quoi), quand la chérie s'est remise à tousser (elle s'était arrêtée vers 1h du matin). (Un jour je vous raconterai cette histoire de toux aussi parce que c'est du lourd) (je veux dire, vous en connaissez beaucoup des parents qui en désespoir de cause ont fini par consulter un psy pour une enfant qui tousse ?) (non sans avoir au préalable fait les tests de mucoviscidose (très sympa), de tuberculose, de coqueluche, de reflux gastro-oesophagien (très très sympa) ainsi évidemment que toute éventualité d'allergie). (mais c'est trop long, contentons-nous de préciser que la chérie, quand elle tousse, ne fait plus que ça. Pendant trois jours). 

Dans la foulée, Rose a pleuré.

Et le machin, une foix vidé, est venu s'allonger à mes côtés, haletant et brûlant, pleurant qu'il avait très mal à la tête.

C'est à cet instant précis que j'ai compris.

Si ça se trouve, nous sommes ÉLUS.

Je pense tout à fait probable en effet qu'une puissance inconnue tente depuis des années de nous le faire comprendre pendant que nous, comme des cons, continuons à appeler SOS médecins au moindrs pépin. Alors qu'en réalité, ce sont des MESSAGES. Voire, voire, voire… "On" nous prépare. Pour l'après. "On" nous teste. Attendez, en même temps, ça se comprend. Si notre mission, comme je le subodore, est de repeupler la planète au lendemain de LA catastrophe, on a intérêt à avoir un minimum d'endurance.

Croyez-moi ou non mais depuis que j'ai compris, je vis tout ça beaucoup mieux.

A part ça, ceci est donc un billet censé vous souhaiter de joyeuses fêtes. Et même si ça n'est pas évident, c'est avec sincérité que je voulais vous remercier pour cette année. Je crois que je n'aurais pas tenu le coup sans vous, toute cette histoire de lâcher mon boulot, cette vie dont j'ai encore du mal à définir les contours. Je ne vous connais pas ou si peu, mais vos prénoms, qu'ils soient des pseudos ou non, me sont devenus familiers. Je me surprends parfois à me demander si une telle a accouché, si l'autre a passé cet examen médical, si encore un/une autre remonte la pente après cette séparation ou si elle aimerait ce film. Je sais que ça peut sembler démagogique et peut-être l'est-ce un peu, mais j'aime ce que nous avons créé ici. C'est à la fois fragile et merveilleusement endurant. C'est totalement virtuel et en même temps éminemment humain. Parfois ça crie, parfois ça pleure, parfois ça rit. Parfois les unes s'éloignent, parfois de nouvelles arrivent. Toujours, c'est en vie.

Alors merci encore pour tout ça. Et à tous et toutes je souhaite de tout coeur que ces jours à venir soient doux. Je sais que pour beaucoup, le 24 décembre n'est qu'un soir comme les autres, que pour d'autres c'est un moment douloureux à passer ou que parfois, la fin d'année est juste porteuse d'espoir que "ça" aille mieux. Je concède aimer cette période, même dans ce qu'elle a de mélancolique. Quoi qu'il en soit, paix et amour pour vous tous.

Ah et sinon, j'avais un autre truc à vous dire. Une d'entre vous, fidèle lectrice, a la possibilité de faire gagner à la taulière de ces lieux (moi, aka l'élue) ainsi qu'à l'une de ses lectrices (vous) un bon d'achat de 40 euros chez American Apparel. J'ai déjà dit à quel point j'aime cette marque qui propose des basiques à des prix corrects. J'ai donc, j'avoue, accepté ce cadeau de Noël (oui on peut-être élue ET corruptible). Je vous propose de tirer au sort ce soir le commentaire gagnant. Pas de question piège, pas d'inscription facebook, non, on va la jouer à l'ancienne. Old school, le concours.

La même lectrice, Audrey, donc, offre également un bon de 5 euros et cette fois-ci c'est pour tout le monde, à faire valoir sur le site livingsocial.fr qui propose donc des "deals", à savoir des bons plans restos, spas, fringues, sur la base d'achats groupés. J'avoue ne pas trop connaitre le fonctionnement de ce site mais je sais notamment qu'une de mes amies a récemment fait l'acquisition sur un portail idoine de séances d'épilations électriques pour pas cher. Bref, si vous êtes intéressés, il vous suffit d'écrire à cette adresse: surprise(at)livingsocial.fr en précisant que vous venez de la part de Pensées de ronde. Au cas où ça ne serait pas évident, je ne touche rien là dessus et Audrey me l'a proposé en plus des deux bons d'achat American Apparel. Il est évident que c'est une offre à visée commerciale – ou tout au moins ayant pour objet de faire connaitre le site – mais bon, après avoir hésité, je me suis dit que si ça se trouve, ça peut en intéresser certaines. Il y a aussi des "deals" humanitaires. Vous pouvez ainsi choisir de transformer ces 5 euros en don pour l'Unicef. Voilà, là je crois que c'est tout.

Encore une fois joyeux Noël et à très bientôt. (et comptez sur nous, si "on" nous appelle, nous répondrons présent, maintenant que nous savons).

Edit: J'allais oublier. Je fête un joyeux noël tout particulier à Alma, B.R. et Artus. C'est le premier de toute leur vie et ça, moi je dis, c'est drôlement émouvant.

Je vous laisse avec quelques photos de la fête foraine qui se tient en ce moment sous la grande verrière du Grand Palais. C'est aussi merveilleux qu'il y a deux ans, même si j'y ai ressenti les premiers signes de ma gastro (en haut de la grand roue). Par contre, big down pour le tarif. Certes, le fait de payer à l'entrée permet de faire autant de tours de manège que l'on souhaite ensuite. Mais 15 euros par adulte et 9 par enfant, c'est énorme pour une famille nombreuse. Surtout quand les parents ne goûtent pas particulièrement aux manèges. Et je ne parle pas pour moi, l'entrée est gratuite pour les détenteurs de la carte de presse (parce que c'est un musée national) (on peut bien sûr lancer un débat sur le sujet). Mais quand bien même, c'est une fête réservée aux privilégiés et cela en altère quelque peu le goût.

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Pourquoi blogué-je ?

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C'est un billet difficile à écrire parce qu'il est un peu comme une énorme boule de pâte à pain, qui s'étirerait dès qu'on la prendrait d'un côté. C'est un billet qu'il me semble avoir déjà rédigé plusieurs fois mais qui ne sera pas forcément identique aux précédents parce qu'au fil des mois la situation évolue et les propos avec.

C'est un billet suscité par certains commentaires ces derniers jours, par des discussions avec des copines blogueuses, par des conversations entre amis, par une réflexion quasi-quotidienne aussi, tout simplement, sur le pourquoi du comment on devient cet être hybride, étrange et souvent agaçant: une blogueuse.

(attention, billet le plus long de l'histoire de la blogo et potentiellement un peu chiant, aucune obligation de cliquer sur "lire la suite")

 


Comme je ne sais donc pas exactement comment m'y prendre pour rédiger ces quelques lignes, je crois que je vais fonctionner par un jeu de questions réponses qui devrait m'aider à structurer un peu mes propos. Mais avant, je tiens à le préciser, il n'y a nulle envie de justification dans ce post et ce dernier n'a pas pour objet de récolter une moisson de commentaires complaisants. J'ai simplement envie d'essayer d'y voir plus clair et de vous permettre à vous aussi de comprendre certaines ambiguïtés et complexités de cet exercice qui consiste à écrire quotidiennement sans que quiconque ne m'y oblige. Ces propos, par ailleurs, comme on le dit sur Twitter, n'engagent que moi et si certain(e)s blogueurs(euses) s'y reconnaissent, tant mieux, mais je n'ai pas la science infuse et ne parle finalement que de ce que je connais le mieux: moi.

Bref, nous y voilà.

– Tu dis que tu blogues pour le plaisir et bénévolement, mais c'est complètement faux, c'est devenu un métier et d'ailleurs ça te rapporte de l'argent, ce qui donc autorise tes lecteurs à te critiquer, non ? Alors pourquoi la critique justement est-elle si difficile à accepter ?

Le blog est-il un métier ou un loisir, en somme. C'est LA grande question. A laquelle il est bien difficile de répondre. Pour ce faire, il faut peut-être remonter aux origines de la blogo, autant dire au moyen-âge à l'échelle de l'internet. Comme je l'écrivais hier dans les commentaires, pour les pionniers de la blogo dont je fais partie, le blog fut à l'origine un amusement, une tentative d'exister sur la toile, de "publier" des écrits autrement que dans un livre ou un journal. Pour certaines, ce moyen d'expression s'est très vite mué en support de photos de mode, pour d'autres en une occasion de montrer leurs dessins, d'autres encore en recueil de chroniques. A ce moment là, l'idée même de gagner de l'argent était incongrue. Je ne pensais même pas alors être lue par d'autres personnes que celles auxquelles j'avais donné l'adresse (mon mec et deux copines). De là à dire qu'il n'y avait pas la moindre ambition de "réussite", c'est faux. Pour avoir l'idée de lancer des mots à la mer comme cela, il faut avoir l'envie d'être lue. Et donc si ce n'est d'être connue, au moins reconnue. J'avais depuis toujours ce désir d'écrire, tout en étant 1) velléitaire 2) pas très sûre d'un quelconque talent en la matière. Alors ce blog, c'était une façon de me botter les fesses et de tester. Et puis, par un concours de circonstances, pour moi comme pour d'autres, et peut-être parce que nous n'écrivions pas que des conneries ou alors qu'on ne le faisait pas si mal, les lecteurs sont arrivés. Un peu, puis pas mal, puis beaucoup. Avec eux, sont également venues les propositions de pub, les offres de partenariat, les tentations de cadeaux. LE MAL. L'Argent. Certaines blogueuses, je pense à Simone de Bougeoir, ne sont jamais tombées dans ce panneau. D'autres ont foncé tête baissée. D'autres encore, moi en l’occurrence mais finalement la plupart je crois, ont opté pour un entre-deux, essayant de rester honnête tout en ne s'interdisant pas de mettre du beurre dans les épinards.

Et puis le blog a ouvert des portes. Et puis le blog est devenu aussi une vitrine. Et puis un argument de "vente" auprès d'éventuels employeurs. Une identité, presque. Un… métier. Ou quelque chose s'en approchant. Et forcément, l'enjeu d'un billet a changé.

Parce qu'écrire pour trois lecteurs n'a pas la même implication que de savoir que des milliers de gens  vont pouvoir lire les informations hyper intimes qu'on n'hésitait pas à balancer hier encore avec une certaine candeur. A savoir aussi qu'à force de s'exposer, on finit par faire croire aux gens qu'on est devenu leur amie ou tout au moins une de leurs proches. Alors qu'en réalité, pas vraiment. D'où le malentendu souvent et ce genre de remarques lues sur des forums ou dans des commentaires à propos d'une telle ou d'une autre: "en vrai elle n'est pas du tout sympa alors que sur son blog elle se la joue girl next door". En l’occurrence, en "vrai", la blogueuse est souvent comme tout un chacun. Humaine donc imparfaite. Et forcément éloignée de l'image que les lecteurs projettent sur elle ou de celle qu'elle donne en omettant volontairement de mettre en avant ses pires défauts (la blogueuse est parfois une dinde mais rarement maso).

Bien sûr, c'est très délicat cette histoire de proximité. Parce que c'est ce qui explique en premier à mon sens l'engouement pour les blogs. Le fait de pouvoir dialoguer avec l'auteur, de se reconnaitre en elle. Alors forcément, quand elle devient une "people" comme, au hasard, Garance Doré, ce mécanisme d'identification ne fonctionne plus. Et ça, la blogueuse en est consciente. D'où les billets chez certaines dans lesquelles elles persistent à se présenter comme des Candides au milieu des requins, comme des Bridgets dans un cercle qu'elles fréquentent mais dont elles ne font pas vraiment partie. J'ai recours aussi à ce procédé dans mes billets. Et je ne crois pas être malhonnête quand je le fais parce que si je ne suis plus complètement outsider dans les (rares) événement où l'on m'invite, je suis encore très souvent frappée du syndrome de l'imposteur et pas du tout "intégrée" par les cadors de la mode, beauté etc. Mais peut-être que même si je l'étais vraiment, je continuerais à raconter les choses de cette façon là, parce que sinon ça n'est pas très drôle. Surtout, sinon, ça ressemble à ce que n'importe quelle journaliste de magazine féminin peut écrire.

Avec cette extension du lectorat et la dépendance de l'auteur vis à vis de son blog (qu'il ne peut plus forcément arrêter du jour au lendemain étant donné qu'il est devenu son meilleur CV), le ressenti des lecteurs évolue. Ces derniers se sentent – à raison – partie prenante du succès du blog. Ils ont l'impression d'avoir leur mot à dire sur le contenu, puisque sans eux, tout ceci n'existerait pas. Ils voudraient, pour certains, que ce soit plus comme ci, moins comme ça. Ils détestent la pub, ils adorent telle rubrique, ils trouvent que cette photo est affreuse, que ce billet est abject. Et ils le disent.

Et la blogueuse, elle, ne comprend pas. Après tout, premier argument imparable de tout blogueur attaqué, "c'est gratos et personne ne t'a demandé de venir". Ce qui est totalement vrai. Mais aussi probablement un raisonnement à court terme. Puisque la pub ne rapporte que si les clics se multiplient. Et que si plus personne ne vient, le blog redevient un petit journal intime confidentiel. Ce qu'aucune blogueuse ayant un peu "percé" ne souhaite. Ceci étant dit, si les lecteurs ont donc une certaine légitimité à manifester leur mécontentement, le faire derrière un pseudo bien tranquille chez soi en écrivant des horreurs ou quelques perfidies bien tournées n'est pas la meilleure façon de s'attirer les faveurs de la tenancière. Et n'est pas forcément acceptable non plus. Impossible quadrature du cercle, donc, entre la blogueuse qui se sent attaquée à la moindre critique (parce que même après toutes ces années, même en s'étant professionnalisée, elle continue de livrer finalement beaucoup sur ces pages et qu'attaquer son blog, c'est l'attaquer elle) et le lecteur qui s'estime en droit d'exiger certaines choses puisqu'il est à l'origine de tout. Poule et oeuf, oeuf et poule.

On pourrait décréter que la solution, c'est que le blog ne devienne pas un métier justement. Mais c'est une bonne solution pour les lecteurs, pas pour les blogueurs. Et même, finalement, pour les lecteurs non plus. Ce qui fait le succès d'un blog, c'est le fait qu'il soit alimenté régulièrement, que les photos y soient belles, les textes chiadés, les anecdotes racontées, croustillantes. Et pour cela, il faut du temps. Et pour y consacrer du temps, il faut d'une certaine manière que cela rapporte un peu. A moins d'être la petite fille cachée de Liliane Bettencourt (et encore, à priori ça ne garantit pas la tranquillité d'esprit) et de pouvoir vivre d'amour et d'eau fraiche. Honnêtement, si "Pensées de ronde" n'avait pas évolué depuis bientôt 6 ans qu'il existe, je ne suis pas certaine que vous viendriez encore m'y lire. Et je consacre bien sûr aujourd'hui beaucoup plus de temps dessus qu'à l'origine.

Surtout, pourquoi bloguer ne deviendrait-il pas un métier ? Au nom de quoi il serait interdit ou amoral de créer une nouvelle profession, avec de nouveaux codes, un profil de poste inédit ? On lit souvent sur certains blogs que les Français ont du mal dès qu'il s'agit du fric, qu'aux Etats-Unis les blogueurs n'ont aucun scrupules à afficher leurs cadeaux. Je crois que c'est un peu plus compliqué que ça. En France, on a du mal avec l'idée qu'un travail puisse être à l'origine une activité plaisante. Labeur et souffrance doivent être liés. Ok pour gagner de l'argent, mais seulement si c'est au prix d'un effort qui coûte. Or là, on a vu apparaitre sur la blogosphère, des gens qui tout en s'éclatant, finissaient par se fabriquer leur job, celui de leurs rêves. Un concept complètement étranger à l'idéologie judéo-chrétienne dominante. Et donc ulcérant. Pourtant, ceux qui s'indignent de la belle vie de ces nouveaux chercheurs d'or devraient tout de même garder à l'esprit que les blogueurs, ces mercenaires, vivent dans ces cas là sans filet. Pas de contrats, pas de chômage, pas de cotisations ou presque et la peur toujours présente que "ça" s'arrête. Enviables, peut-être, mais couillus, malgré tout, de s'infliger cette précarité angoissante.

– Oui, mais la pub, toussa toussa, c'est quand même de la corruption, non ? On prend les gens pour des jambons, on utilise son influence pour les sucer jusqu'au trognon !

Là aussi, difficile de répondre de manière tranchée. Oui on prend les gens pour des cons quand on vante une palette de maquillage avec lien affilié à la clé (= le blogueur touche une com sur les ventes générées par le lien), alors même que la palette en question on la trouve nulle à chier. Après, du moment que les choses sont claires, que l'affiliation n'est pas un tabou et que le produit vanté l'est sincèrement, après tout où est le problème ? Aucun blogueur ne met un flingue sur la tempe d'un lecteur pour qu'il achète quoi que ce soit. Idem pour les billets sponsorisés, les pubs et cie. S'il y a transparence, aucune raison de crier à l'arnaque. Personnellement, je préfèrerais me passer de tout ça, je n'aime pas particulièrement participer au barnum du marketing et de la pub. Mais comme expliqué plus haut, difficile de consacrer deux à trois heures par jour à une activité qui ne rapporte rien quand on est free lance. Et les rares tentatives consistant à proposer un abonnement, même complètement dérisoire, ont échoué bruyamment (= la blogueuse s'est fait lyncher). Alors peut-être que la pub n'est finalement que la moins pire des solutions ?

Quant aux cadeaux et autres avantages en nature, je me souviens d'une lectrice qui avait écrit dans les commentaires un jour où l'on m'avait interpellée sur le sujet qu'après tout, c'était un plus, comme les tickets restos, mutuelles et autres chèques vacances auxquels on a droit lorsqu'on est salarié et sur lesquels on peut s'asseoir lourdement quand on sort de ce système. Je trouve ce parallèle pas si con.

Je crois surtout qu'en réalité, le problème est dans la qualité de ce qui est proposé. Parce qu'un blog qui devient une succursale de Séphora, Maje, Asos ou La Redoute n'a pas un intérêt énorme. Et qu'au final, la sanction sera une évaporation de son auditoire. Bref, au lieu de mettre de la morale et de l'éthique dans ce débat, mieux vaut je pense faire confiance à la régulation naturelle, qui fait que les blogueurs arrogants, malhonnêtes et dotés d'un melon à faire peur finiront par disparaitre. Et que si ça n'est pas le cas, c'est peut-être parce que tout simplement, sur la toile comme ailleurs, les gens adorent détester. Et dans ce cas, grand bien leur fasse. Et je m'inclus dans "ces gens", étant une grande lectrice aussi, pour de bonnes mais aussi de mauvaises raisons (je ne suis pas que bonté vous savez ?) Rappelez-vous seulement que lorsque vous cliquez sur la page d'un ou d'une blogueuse que vous méprisez, vous lui apportez en général un peu d'argent. Donc la meilleure façon de punir définitivement quelqu'un que vous considérez comme mauvais est probablement de le rayer de vos favoris plutôt que d'y aller de votre commentaire acerbe.

Voilà, je n'ai jamais été je crois aussi longue et je n'ai finalement pas vraiment fait de questions – réponses. Et le pire c'est que je pense ne pas avoir vraiment abordé l'essentiel, à savoir pourquoi blogue-je. La réponse, c'est très certainement que je n'en sais rien. Après tous ces billets, toutes ces années, je ne sais pas ce qui me meut tous les jours, ou bien si, en réalité je sais que c'est une quantité infinie de raisons qui me poussent à continuer: le plaisir d'écrire, le fait d'attendre vos réactions, la liberté que je m'accorde malgré tout sur ces pages, les rencontres virtuelles ou réelles qui en découlent, les discussions qui sont générées dans les commentaires, la vie différente que cela a fini par m'apporter, le sentiment de contribuer peut-être, un tout petit peu à la création d'un lien social. Et une foultitude d'autres choses à découvrir encore.

Voilà, en blog comme en tout, il n'y a finalement pas – et c'est regrettable – (ou pas ?) de vérités définitives…

Edit: Sinon, juste, pour terminer, ce blog, comme je l'avais déjà écrit ailleurs, me rapporte un peu d'argent mais pas énormément (la crise n'aidant en rien, les budgets pub en effet sont au plus mal). D'autre part, mes activités journalistiques ne dépendent quasiment pas de mon blog. Certes, si je pige pour Psycho, c'est un peu au départ par le truchement du blog, mais je crois que si je fermais "pensées de ronde" aujourd'hui, je continuerais à écrire pour eux. Idem pour Cosmétique magazine, ou d'autres collaborations ponctuelles de la presse féminine. Quant aux autres supports pour lesquels je travaille, ils n'ont rien à voir avec le blog. J'y écris sur l'enseignement supérieur, sujet qui fut le mien durant des années et qui continue de me passionner. Tout ça pour dire que si dépendance il y a aujourd'hui vis à vis de ce blog, elle est tout sauf financière.

 

Réconciliation capillaire

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Je suis donc retournée voir Michel vendredi – sur son injonction express, dois-je le rappeler ? – et comme par enchantement, j'ai retrouvé un semblant d'amour de moi.

J'exagère mais à peine. J'avais un peu passé la nuit à jouer à cache-vomi avec ma fille et comment vous dire ? Ça ruine l'estime de soi, de se servir de ses mains comme d'une bassine en attendant que le churros reconnecte ses neurones et ait l'idée brillante d'aller me chercher une serviette (son premier réflexe ayant été de me lancer mon pantalon de pyjama). (je préfèrerais qu'on ne s'aventure pas sur le terrain glissant du pourquoi il avait mon pantalon de pyjama à portée de main).

Toujours est-il que dans mon indignité de mère – et aussi parce que j'avais peur que Michel mette (littéralement) un contrat sur ma tête en cas d'annulation – j'ai laissé Rose à ses frère et soeur quelques heures pour me ravaler sinon la façade, au moins la chevelure.

Quand je suis arrivée, y'avait de l'influente partout. Quand on pense que certains vont à la conférence de Le Web porte de Versailles alors que ce qui se fait de mieux en e-réputation était tranquillement en train de se faire brusher chez Privé, ça montre un peu le niveau de la netosphère française.

Bon, étant donné que je suis une vraie blonde sauf que mes cheveux l'ont un peu oublié avec les années, je suis restée beaucoup plus longtemps que mes comparses 100% naturelles (mouahahahha). Le temps, donc, de demander timidement à Karine la magicienne si moi aussi un jour je pourrais avoir un ombré hair (c'est ce qui vient de remplacer le headband au palmares des must have des modeuses). Et de m'entendre répondre – avec une grande délicatesse néanmoins – que comment vous dire… "on peut toujours. Mais comme vous avez quelques cheveux blancs il vaut mieux oublier".

Ok, je suis donc une bassine à vomi, mais vieille, me suis-je dit en ravalant mes larmes. Mais comme en vrai je n'avais pas réellement envie d'être bicolore de la crinière – sur Marie c'est rock, sur moi ç'aurait fait tie and die – j'ai lâché l'affaire. D'autant que Karine est une magicienne de la blonditude et qu'une fois de plus, elle m'a bluffée. Bien malin qui pourra dénicher un de ces salopards de cheveux blancs depuis que je suis passée entre ses mains expertes.

Ensuite, Michel, que j'avais du caresser – au sens figuré – dans le sens du poil tout ce temps là pour regagner sa confiance suite à mon infidélité capillaire ("mais qu'est-ce qui vous a pris Caroline, qu'est-ce-qui-vous-a-pris ? Ne me refaites plus jamais ça. Ne-me-re-fai-tes-plus-jamais-ÇA"), m'a demandé ce qu'on faisait.

Plus jamais ça, j'ai répondu. Il n'a pas ri. Certaines douleurs sont tenaces.

Comme je n'étais pas en odeur de sainteté, j'ai au final préféré m'en remettre complètement à lui. Il fallait un geste fort pour lui montrer qu'on était toujours ce couple flamboyant quoi qu'improbable et que ça n'était pas un petit amant d'un soir ne sachant en plus pas se servir de son fer à lisser qui briserait ce que nous avions mis tant de temps à construire.

Alors il a coupé, effilé, frangé. Puis séché. En les froissant de telle manière que mes baguettes deviennent chiaramastroianiennes comme par magie. Procédé que je m'avère systématiquement incapable de reproduire chez moi. "Je m'avère systématiquement incapable de reproduire ça chez moi", lui ai-je d'ailleurs dit à peu près en ces termes.

Là, Michel m'a toisée avec un léger dédain  (il est rancunier je crois): "vous ne savez pas leur parler, que voulez-vous que je vous dise".

Haaaaan, c'était petit.

Mais j'ai encaissé avec dignité.

Je crois que la route est longue avant qu'entre lui et moi ce soit à nouveau comme avant. Mais en amour comme en cheveux, il faut des défis pour maintenir la flamme.

Je vais essayer de ne plus jamais vous décevoir Michel. J'en fais serment.

En attendant, je ne dois en effet pas savoir leur parler à ces satanés tifs parce que de Chiara Mastroiani je suis passée à Jean-Pierre François le temps d'un shampoing. Mais je me suis kiffée grave jusqu'à dimanche ce qui n'est pas si mal compte-tenu du nombre de vomis rattrapés à la volée durant ces trois jours.

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Froissé – décoiffé by Michel

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froissé – raté by caro


Le trèfle et le prisonnier

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Je devais avoir 12 ans environ. Nous habitions en banlieue lyonnaise, dans cette grande maison en haut d'une colline, qui surplombait l'autoroute. C'était un dimanche soir. Le téléphone a sonné, mon père a répondu, puis il a raccroché, l'air préoccupé. Il a appelé ma mère, ils ont parlé dans la cuisine. La discussion était animée, mais lorsqu'ils sont ressortis, ils semblaient d'accord. 

– Quelqu'un va dormir ici cette nuit. Il ne restera que ce soir, c'est une personne qui a des problèmes. Votre père va aller le chercher, là, il dormira dans le salon et demain matin très tôt il reprendra le train.

"Quels genre de problèmes", j'ai demandé.

"Des histoires de grands", a commencé mon père. Ils se sont regardés avec ma mère, l'air de ne pas trop savoir ce qui pouvait être dit. Ma mère a pris le relais:

– Il est en prison. A Toulouse. Pas ce soir, parce qu'il est à la fin de sa peine et qu'il avait droit de sortir pendant deux jours. Mais la personne qui devait l'héberger ce soir ne peut pas, finalement. Alors il a appelé ton oncle, qui lui rend visite depuis des années. Et ton oncle vient de nous demander de le dépanner ce soir.

Un prisonnier. Un bandit. Chez nous, dans notre maison. J'étais à la fois inquiète et excitée. Ma mère était juste inquiète. Mon père aussi. Je le bombardai de questions, qu'est-ce qu'il a fait, depuis combien de temps est-il enfermé, est-ce qu'il faut qu'on se barricade dans nos chambres, est-ce qu'on mangera avec lui ?

Là encore, silence, regards interrogatifs, puis les réponses, au compte goutte. Une grosse bêtise, quinze ans, sortie dans six mois. 

Mon père est parti chercher l'invité surprise, pendant que ma mère préparait nerveusement le repas. Ils sont arrivés une demi-heure plus tard. Je me souviens d'un homme grand et carré, cheveux ras, visage cabossé. Il s'est assis à table, mal à l'aise, manifestement tendu, mangeant ses mots.

Je ne sais plus de quoi nous avons parlé, il me semble que ce fut un de ces repas remplis de blancs gênés, interrompus par le babil de mes frères encore tous petits. Pour une fois ma soeur et moi ne nous sommes pas envoyé au visage les amabilités habituelles. Mon père a probablement tenté de donner le change, ma mère, je crois, souriait à l'invité, mais son anxiété était palpable.

Alors que je le fixais, fascinée, il s'est adressé à moi. "Il doit y avoir des tonnes de trèfles à quatre feuilles, là, non ?". Il montrait le parterre d'herbes folles devant la cuisine, composé en effet de milliers de trèfles, dont aucun à ma connaissance n'avait plus de trois pétales. Jj'y avais passé assez heures dans l'espoir d'en dénicher pour en être sûre. J'ai haussé les épaules et répondu qu'ils devaient bien se cacher. Il a souri et je me suis dit qu'il semblait avoir bien besoin de trouver un porte-bonheur.

Le repas a touché à sa fin et nous sommes allés nous coucher. Une nuit un peu étrange, durant laquelle, j'imagine, mes parents dormirent peu. Quand je me suis levée le matin, il était déjà dans son train, direction Muret et sa centrale de détention.

Sur la table, à côté de mon bol, il y avait une petite enveloppe avec mon nom écrit dessus. A l'intérieur, cueillis à l'aube, cinq trèfles à quatre feuilles.

Je ne sais pas ce qu'il est devenu. Plus tard, j'ai su que s'il était en prison, c'était pour un vol à main armée qui avait mal tourné. Ce soir là, ce dimanche où nous l'avions hébergé, il avait voulu faire une surprise à sa femme. Il l'avait trouvée avec un autre. Et lorsqu'il avait appelé mon oncle, ce dernier avait eu peur qu'il fasse une connerie. J'aimerais croire que les trèfles lui portèrent chance à lui aussi et que sa vie fut ensuite plus douce.

J’en dors plus

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Il y a deux jours, à la boulangerie, la dame devant moi, âgée d'une soixantaine d'années, discutait avec la boulangère. 

Et vous avez vu cette pauvre gosse ? Six ans.

C'est affreux, ne m'en parlez pas.

Ce vieux pervers qu'ils ont arrêté. Vous allez voir qu'il restera six mois en prison. Tout le monde le sait. En France, on tue une gamine, on prend 20 ans et on sort six mois après pour bonne conduite.

Mais c'est vrai, vous avez raison.

J'en dors plus la nuit.

Moi s'il fait ça à ma fille de toutes façons, je le tue. Direct. Là le vieux qu'ils ont arrêté on devrait déjà l'avoir tué. Parce qui paie, là, hein ? Et qui paiera après ? Qui va se saigner ?

Mais oui ! Son RSA ! C'est nous. C'est tout le temps nous.

J'en dors plus.

C'est affreux. Pas de procès, je vous dis. La chaise électrique d'office.

C'est complètement dingue. C'est même pas un immigré en plus, de ce que j'ai compris.

J'en dors plus.

Et vous avez vu aussi la semaine dernière, cette adolescente qui s'est pendue ?

Ah mais ça c'est pas la même chose. Ça c'est la télévision. Les jeux vidéos. Elle aura vu un téléfilm et elle aura voulu faire pareil. Par contre lui, là. On lui PAIE SON RSA, je vous dis. 

J'en dors plus.

Moi je vous le dis en tous cas. Je suis pour la peine de mort. Direct. Pas de procès. Direct."

J'aurais bien aimé les revoir aujourd'hui, leur demander ce qu'elles se seraient dit si dans leur monde idéal on avait en effet exécuté ce suspect qui à priori était complètement innocent. De ce crime là en tous cas.

Mais j'imagine qu'elles auraient répondu que quoi qu'il arrive, on lui payait son RSA. Il est également probable qu'elles sont désormais concentrées sur le coupable avéré. Avec un peu de chance il est arabe. Parce que ça les gênait un peu, ça, quand même, que "lui, là", soit bien de chez nous.

Il n'empêche que ce qui est arrivé à cette enfant est évidemment abominable. Pour le reste, je suis toujours contre.

Fourrez moi tout ça dans le couloir

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C'est fou comme finalement, moins on en fait… moins on en fait. Mes enfants étant partis à Lyon pour six jours et ayant de mon côté fini tous les boulots que j'étais censée rendre avant le 1er novembre, je me suis autorisée hier à ne rien faire. Résultat, j'ai un tout petit peu oublié de poster ici aussi.

Ça va être un billet fourre-tout du coup.

– Déjà, vous signaler que dans le numéro de Psychologies magazine actuellement en kiosque il y a ce fameux article pour lequel je vous avais sollicités cet été "Couple: quand l'un bouge et l'autre pas". Je suis hyper contente du résultat, pas de mon écriture, hein, mais des photos des trois couples qui m'ont fait la confiance de me parler de ce qui relevait vraiment d'une grande intimité. Alors voilà, merci beaucoup à tous les six. Et merci aussi à tous ceux qui m'ont répondu, ici ou sur le mail, pour me raconter ce qu'ils traversaient, cela m'a évidemment inspirée aussi.

– Dans ce même numéro, il y a un excellent article de Laurence Lemoine, journaliste permanente du magazine. Je trouve toujours qu'elle écrit bien mais ce papier là est particulièrement agréable à lire. Surtout, il m'a beaucoup parlé, il y est question de son retour au boulot après la naissance de son dernier bébé, à 40 ans. Avec cette impression que désormais, sa vie déclinait. Et que peut-être elle n'était plus à sa place. Elle explique comment, en allant voir plusieurs types de thérapeutes, elle a finalement réussi à se "retrouver". Pas de leçon universelle mais un bel exemple de quête de soi comme je les aime. Bravo Laurence, je crois que parfois, tu me lis, alors c'est pour toi.

– Sans passer pour l'attachée de presse de Monoprix (le plus drôle c'est qu'ils ne m'ont jamais approchée pour une quelconque collaboration, et c'est très bien comme ça), je me dois de vous signaler que trainer au rayon fringues en ce moment est extrêmement dangereux. Mais pas un peu dangereux. Beaucoup et très. Les pulls et gilets surtout. Ainsi que ce faux manteau en léopard. Mais également quelques petites robes à pois. Ou en laine. Ce n'est qu'au prix d'une volonté merkelienne que j'ai finalement résisté, ne craquant que pour ce pull camel foncé sans manches et à capuche qui a juste ce qu'il faut de cachemire dedans pour me rendre complètement gateuse.

– Hier, je déjeunais avec mon amie P., qui me file régulièrement sous le manteau deux ou trois nouveautés cosmétologiques vu que la pauvre vit, chez elle et au bureau, dans une annexe de Séphora, mais un Séphora où il n'y aurait pas d'allées, que des produits partout. La pauvre, hein. Bref, elle m'a donné ce duo de vernis noir YSL, en admettant qu'elle même n'était pas certaine. Et là, pof, la pretresse absolue de ce qui est beau ou pas, notre représentante nationale du "chic français", Garance Doré, écrivait que oui, on pouvait. Pas elle par contre, mais les filles avec des beaux ongles bien coupés et bien polis. Mes ongles n'étant jamais grossiers, j'ai osé. Et le résultat est… noir. C'est à dire que je me fais un peu peur du coup.

(note l'esthétisme de la photo) (très Doré-llike)

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Sinon j'ai monté le premier des meubles qui croupissent dans mon salon (on se croirait non pas chez séphora pour le coup mais dans un hangar Ikéa, cet espace affreux où après avoir craqué sur toutes ces merdes dont on a pas besoin dans les salles d'exposition, il faut se cogner de trouver le Smöglokï Allée 234 Casier 67. Et qu'on se demande si on a VRAIMENT besoin de ce canapé. (par contre les lampes en papier et vases en plastique rose, plutôt crever que de les reposer). Bref, j'ai monté, SEULE, le bureau de ma fille. Et j'avoue que ça a eu un avantage: je ne me suis engueulée avec personne. Enfin, j'ai failli, quand le churros m'a appelé, s'exclamant que non, ça n'était pas possible, TOI, tu fais ça, SEULE ? Condescendance. C'était, en plus, à un moment où je butais sur l'utilisation de la vis G sur la planche n°12. Lui confiant que je traversais une phase un peu compliquée de la construction et n'étais donc pas convaincue de m'en sortir, il a eu ce conseil qui m'a donné envie de lui faire bouffer son Iphone: "SUIS SCRUPULEUSEMENT LE MODE D'EMPLOI".

Sans déconner ? 

Voilà, sinon je ne vous cache pas que j'ai bien dormi cette nuit. "N'aie pas peur de la crise mon petit. Papa veille". Dans le rôle de papa, Nicolas le Premier, héros et sauveur du monde, X-Men, Green Lantern et Surfeur d'argent réunis. Quand je pense que j'étais à deux doigts de voter pour un méchant bolchevique responsable de la merde dans laquelle on se trouve (attends, si tu crois que les congés payés de 1936 n'ont rien à voir avec la dette de la Grèce, pardon, mouhahahahhaha).

Bref, merci pésident et bonne chance mon papa, comme ne manquera pas de te le dire ta petite Giulia.

C'est tout, demain le churros et moi partons trois jours à Djerba, ouais, on est des crevards assumés, mais comment vous dire ? Le mois d'octobre a été rock and roll et parfois, il faut savoir faire péter le Codévi (appelé désormais LDD) pour préserver son mariage.

Bravo docteur

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Hier c'était un jour heureux. Après dix années d'études, mon plus jeune frère est devenu officiellement médecin. Vous dire que c'était un soulagement pour nous tous est un euphémisme, tant la dernière étape, pourtant peanuts au regard de l'apreté d'un tel parcours fut semée d'embuches. Je veux parler de la thèse. Comme tout médecin qui se respecte, mon frère n'a pas d'appétence particulière pour l'écrit et souffre en outre comme sa grande soeur d'une allergie notoire à la prise de parole en public. C'est donc à quelques jours de la date butoir qu'il s'est enfin résigné à se soumettre au rite de ce fameux oral, cérémonie qui peut passer pour une pure formalité sauf que non, en réalité c'était drôlement stressant.

Mis à part ma soeurette retenue par son boulot, on était tous là, mon autre frère, mes parents et mes enfants pour soutenir "chanfois" comme l'appelle Rose (sa dyslexie ? ça va.). Bien évidemment, on s'est tous engueulés douze fois ce matin là, ma mère fut accusée de trop angoisser, mon père d'avoir tout oublié, mon autre frère et moi furent injustement soupçonnés depuis la veille d'arriver en retard à tous les coups et "chanfois" d'être très désagréable.

Le fait est qu'il était un peu désagréable (alors que mon frère et moi, qui avions en plus la responsabilité de trois enfants, étions à l'heure).

Certes, nous étions légèrement envahisants, avec nos sacs Picard pleins de petits fours pour le pot d'après, les boutanches qui faisaient du bruit en cognant les unes contre les autres, la nappe d'abord oubliée puis retrouvée dans le coffre de la voiture par mon autre frangin qui soit dit en passant a du faire dix allers-retours au parking étant donné qu'on s'était tous donné le mot pour ne surtout pas penser à ce à quoi on était justement chargés de penser (phrase ô combien alambiquée mais très représentative du léger chaos qui régnait dans notre famille d'ordinaire si bien organisée) (hum), Rose qui pleurait parce que son frère, pour "l'occuper" venait de lui faire manger un mur et moi qui prenait douze mille photos "parce que peut-être que là je te fais chier mais plus tard tu verras, les souvenirs, tu seras bien content de les avoir" (oh my god je parle comme une mère, ça y'est).

Le machin filmait tout, sauf le thésard, la chérie aussi mais ne sachant pas se servir du caméscope énervait mon père qui ne trouvait pas non plus le zoom, Rose a soudain eu envie de vomir en plein powerpoint et quant à moi, lorsque l'une des jurés a dit à mon frère qui pour moi a encore l'âge de mes enfants, que ce qui transpirait le plus de son travail de recherche était sa grande humanité, j'ai commencé à pleurer. Inutile de m'étendre sur mon état quand il a enfilé sa toge (douze heures pour qu'il parvienne à la boutonner correctement, ma mère a été obligée de se lever pour l'aider, ce qui lui a certainement été reproché par la suite par cet ingrat de petit dernier mais qui l'a tout de même sauvé du ridicule, jurer sur la tête d'Hypocrate la robe de travers, mercredi maqué avec vendredi, n'a rien de très digne). Et lorsqu'il a prêté sans ciller ce si beau serment, mon père, j'en mettrais ma main au feu, n'en menait pas plus large que moi.

Voilà, à la fin il a eu la mention Très honorable et une potentielle médaille de bronze qui implique de rédiger une synthèse de la thèse (ma mère est tombée en dépression à l'instant précis où ces mots là ont été prononcés par le président du jury, putain, dire qu'on pensait que c'était terminé et voilà qu'il faut repartir pour un tour). 

Surtout, le voici donc Docteur, c'est certain, vu qu'à la fin les quatre membres du jury ont trinqué à leur "nouveau confrère". My little brother est officiellement médecin.

Ce qui ne signifie évidemment pas que je me risquerais à m'adresser à lui en cas de pépin, je vous rappelle qu'il n'a que douze ans. 

Il n'empêche.

Hier, c'était un jour heureux.

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Portfolio

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Week-end terriblement chargé, avec convention d'investiture de François Hollande, nièce jolie jolie à demeure et un boulot qui m'est tombé dessus jeudi soir, de ceux qu'on ne refuse pas quand on fait ce beau métier de journaliste, parce qu'il y a des journaux dont on s'est toujours dit quand on était petite qu'un jour peut-être on y écrirait dedans. Je ne vous parle pas souvent de mes articles portant sur mes anciens sujets de prédilection, (enseignement supérieur, éducation and co) mais pour celui-ci je ferai une exception quand il sera sorti, parce que parfois, c'est bien aussi de se la péter.

Bref, du coup, billet tardif aujourd'hui et sybillin parce que les vacances scolaires ont commencé et que devinez quoi ? Y'a pas de centre de loisirs au collège. La guigne. 

Je vous laisse donc en photos, qui parfois parlent mieux que des mots, non ? (vieille excuse de feignasse).

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Ce collier, ma copine Béa me l'avait offert il y a quelques années. Aujourd'hui c'est son anniversaire, happy birthday, dear old friend…

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Je crois que je suis à nouveau dans une phase muffins…

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Club sandwich et frites de la mort au Louis 25 sur les champs élysées (cher mais j'étais invitée).

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Smokey qui tue pour Charlotte aux fraises. Je me demande si Rose ne mate pas en secret les tutos de beauty queens sur Youtube. La guigne (bis).

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Ma femme de ménage a une sciatique (la guigne) (ter)

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Gros potentiel en photo de vernis. (en vrai, OPI un peu mauve, un peu nude, je ne mets que lui en ce moment, "Tickle my France-Y"

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 Jolies cousines. (Chez les 11 – 16 ans la maille c'est très winter 2011).

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 Je reviendrai sur cette convention d'investiture si vous le voulez, le problème c'est que personnellement, tu me mets le temps des cerises, douze militants bien enthousiastes et un ou deux orateurs à la tribune et je perds tout mon sens critique. A savoir que je beugle "peuple de gauche lève toi" en pleurant ma mère. Pathétique quand on est en salle de presse. En même temps, j'ai résisté à la tentation de me jeter sur Nicolas Domenach pour lui dire tout le bien que je pensais de lui (j'ai aussi résisté à la tentation de me ruer sur Laurent Joffrin pour lui dire tout le mal que je pensais de lui). Tout compte fait je me suis plutôt bien tenue.

Courroie de transmission

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Je sens que je vais en décevoir plus d'une: la redoute ne m'a pas livré les bureaux des twins ni le lit de Rose. Je n'ai donc pas vraiment de récit désopilant mais évidemment hilarant du montage hystérique de meubles forcément bancals et immanquablement très laids. Tout le monde n'a pas les moyens de se meubler chez Conrad shop en même temps.

Par contre on n'a pas tout perdu étant donné que la courroie de la machine à laver a de nouveau lâché. Et que grâce au gentil répérateur de chez Darty la dernière fois, je sais désormais la remettre. 

Vous imaginez bien que ça ne s'est pour autant pas fait sans quelques mots qui ont pu dépasser mes pensées. Plutôt celles du churros d'ailleurs. Etant donné que je me suis contentée de donner des instructions. Je ne vais pas non plus risquer une embolie pour une courroie.

Bref, ça s'est envenimé.

Peut-être n'étais-je pas obligée de prendre des photos. 

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Voilà, à part ça ce week-end, j'ai enfin rencontré dans la vraie vie ma cousine à la mode de Bretagne, Anne de Dakar. Celle là même qui sculpte des femmes fortes (aussi fortes que la gauche à Martine) et qui avait fait gagner un dessin de ses danseurs de tango à 'Tine.

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Elle exposait au salon d'automne à Paris, et justement ce sont ses danseurs qui avaient été sélectionnés. Je ne saurais décrire l'émotion qui m'a étreinte en voyant ces silhouettes aussi massives que gracieuses. Leur visage est d'une expressivité tellement humaine qu'on s'attend à les voir s'embrasser. Je suis restée un peu dans les parages et chaque personne qui s'approchait s'illuminait d'un sourire spontané. 

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Voilà, c'est à peu près tout, si ce n'est que je suis personnellement très heureuse que la primaire socialiste soit terminée. Et contente que François Hollande ait été désigné, même si de toutes façons j'étais prête aussi à me réjouir de l'élection de Martine Aubry.

J'ai beaucoup aimé la question naïve mais pleine d'à propos de ma fille hier soir: "Bon, maintenant qu'on a choisi le candidat de gauche, on va élire celui de droite ?". 

Hum.

Déjà que la veille, j'avais surpris le machin en train d'expliquer à sa soeur la différence entre la droite et la gauche: "pour faire simple, les gens de droite pensent que l'important c'est de se débrouiller tout seul pour gagner de l'argent alors que les gens de gauche sont pour le partage". Je me demande si je n'y suis pas allé un peu fort moi, en ce qui concerne ma transmission des valeurs.

Je vous laisse avec quelques photos des tuileries hier sous un soleil d'automne radieux. Il y a des week-ends plus doux que d'autres, je crois.

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 Il s'apprêterait pas à faire un toucher rectal le général ?

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Objets de convoitise

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Hier on a entendu en boucle à la radio que le gagnant du méga pactole de l'euromillions (170 patates je crois) gérait sereinement son gain. Tu m'étonnes.

On nous a également expliqué que non content d'avoir un projet dans l'immobilier, il avait également l'intention d'investir dans l'économie française.

Respect.

Je dois confesser que dans mes fréquents fantasmes estampillés "sijegagnaisaulotoquestcequejeferais", pas UNE SEULE FOIS je n'ai envisagé une telle façon d'utiliser mon argent. En général, c'est tout juste si je mets de côté un pécule pour mes proches et une somme conséquente mais néanmoins indolore pour des oeuvres de charité – avec mon éducation judéo-chrétienne, il me semble que sinon je ne profiterais pas vraiment – (je suis d'accord, cela rend ma générosité tout de suite moins admirable) mais ensuite, c'est la fête du slip de la consommation irresponsable et non durable.

A savoir que je m'achèterais une maison dans Paris – celle ci par exemple, sise non loin de chez moi et qui me fait de l'oeil quasiment tous les jours.

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Puis une autre en bord de mer et enfin un chalet à la montagne. Dans le cas d'un gain réellement astronomique, le penthouse à NY est sur ma liste. Ensuite, peut-être un yacht. Et un tour du monde en famille. Des oeuvres d'art aussi (comme celle ci-dessus, aperçue dans une galerie et sur laquelle j'ai flashé). Et puis, et puis… et puis je n'en sais absolument rien, mon rêve s'interrompt en général au moment des oeuvres d'art, précédées au demeurant de l'énorme frigo américain avec distributeur de glace pilée.

Je crois d'ailleurs que je commencerais par là. Ou par un barbecue géant qui ferait bien à côté de la piscine à débordement.

A croire que sommeille en moi une vulgaire héritière californienne. 

Ah si, à bien y penser, il y a eu deux ou trois fois la variante où je rachetais ma boîte pour me faire le plaisir de virer le supercon qui y sévissait. Mais du coup je ne suis pas certaine qu'on puisse parler d'investissement dans l'économie française.

Bref, hier vous l'aurez compris, c'était un de ces jours "sijegagnaisaulotoquestcequejeferais" et clairement j'ai le rêve assez perso.

Le problème avec ces conneries c'est qu'ensuite, ton frigidaire qui fuit, ton lino dégueu et ta commode qui part en sucette te semblent encore plus misérables.

Heureusement, la Redoute me livre demain deux bureaux flambant neufs en contreplaqué d'origine pour les enfants et entièrement montables (donc un peu personnalisables d'une certaine manière). Ainsi que deux magnifiques tabourets qui vont avec. De quoi transformer notre intérieur en un petit boudoir cosy. 

De quoi également nous flinguer le week-end. Il se pourrait qu'il y ait des morts.