Catégorie : Je vous raconte ma vie

Ça c’est Palace…

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Ces derniers jours, à la faveur de rendez-vous pour des interviews ou de colloques que je devais couvrir, j'ai écumé les palaces parisiens. Le Lutetia d'abord, puis le Bristol, le Shangri-la et enfin le Pershing Hall. Je suis à deux doigts de faire un guide, du coup. Je suis consciente que ce que je vais écrire ci après risque de pulvériser ma réputation de gauchiste mais voilà, c'est dit, j'adore les cinq étoiles.

J'adore aussi faire du camping, notez.

Avant.

Parce que l'honnêteté me pousse à concéder que ma dernière nuit sous une tente remonte facilement à une dizaine d'années. Mais je serais capable de recommencer. Je pense. Si j'étais obligée.

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Il n'empêche que donc, je suis fascinée par ces endroits tellement luxueux que même sapée je me sens pouilleuse. J'aime les moquettes dans lesquelles les talons s'enfoncent, les cafés accompagnés de mignardises, les bars cossus où chaque table est assez éloignée de l'autre de façon à ce qu'on n'entende pas les conversations, les célébrités qui ne manquent jamais de passer parce que c'est ainsi, les gens connus donnent leurs rendez-vous dans ces lieux protégés. J'aime aussi les vieilles dames qui semblent avoir toujours pris leur thé ici et ces sosies d'Hemigway qui trainent leur flegme, laissant dans leur sillage une odeur unique de vieux journal et de tabac à pipes.

Je pourrais rester des heures à observer cette ronde, drôle de comédie humaine où se croisent d'authentiques aristocrates à la fortune vacillante, de fausses blondes très vulgaires et des flopées de vrais riches tout droit débarqués de Shanghai ou des émirats. Je ne m'y sens jamais complètement à ma place, conservant jalousement ce rôle de spectatrice, qui me dédouane très certainement de ma mauvaise conscience de tant apprécier ce qui incarne pourtant l'argent roi et la dictature des nantis.

Zaz qui fut fleuriste pour l'un des plus prestigieux de ces hôtels pour milliardaires m'a souvent répété qu'y travailler brisait à jamais le charme, que connaitre l'envers du décor faisait s'écrouler le mythe comme un château de cartes. Il n'empêche que je buvais les anecdotes qu'elle me racontait, sur tel prince arabe qui réservait la suite la plus chère pour son chien, un horrible cabot qui sentait mauvais, ou ce mannequin qui avait laissé sa chambre dans un état pouvant laisser penser qu'elle avait abusé des laxatifs (quoi que je ne sais plus très bien d'où je tiens cette histoire).

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Bref, disais-je, j'aime les palaces, j'aime aussi en sortir et me rappeler qu'ils ne sont finalement que des décors, des lieux auxquels on n'appartient jamais, même si je crois, Catherine Deneuve vécu longtemps au Ritz. Au Shangri-la, situé à deux pas du Palais de Tokyo, j'ai halluciné de la vue incroyable sur la tour eiffel et pu constater que les toilettes étaient à eux seuls plus luxueux que ne le sera jamais mon salon. Lorsque vous vous apprêtez à ouvrir la porte, une femme de chambre surgit de nulle part pour le faire à votre place. Elle est probablement tapie dans l'ombre, guettant le bruit des pas dans l'escalier. Je me suis dit que décidément, les gens riches devaient perdre peu à peu tout sens des réalités. Hier Nicolas Domenach relayait sur I télé cette citation de François Goulard, qui fut ministre sous Villepin: "Etre ancien ministre, c'est s'asseoir à l'arrière d'une voiture et constater avec étonnement qu'elle ne démarre pas toute seule". Je crois que ça résume assez bien les choses, non ? 

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Edit: toutes les photos ont été prises au Shangri-la, sauf la dernière, qui est un cliché du Pershing Hall et de son fameux mur végétal.

Edit2: Un clin d'oeil à Cécile, croisée hier, qui m'a prise par surprise en me reconnaissant du blog. J'étais mal réveillée et un peu stressée par le boulot qu'on venait de me demander, du coup je ne me suis pas forcément montrée sous mon meilleur jour. En tous cas Cécile, vous étiez la plus intéressante du panel, sans forfaiterie aucune 🙂

Lavons notre linge sale. (en famille ?)

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Est-ce que trop de bons sentiments tuent les bons sentiments ? Est-ce que les commentaires d'un blog doivent être modérés par la tenancière ? Qu'est-ce qui différencie un blog d'un forum ? Est-ce qu'on peut plaire à tout le monde ? Est-ce que trop d'empathie galvaude l'empathie ? 

Ce sont ces questions que je me pose depuis hier et ce commentary-gate. L'une d'entre vous, Pauline, m'a très justement demandé ce que j'en pensais moi, sans faux semblants. Autrement dit, est-ce que je trouvais que ces derniers temps il y avait eu à la suite de mes billets trop de digressions, est-ce que cela me gênait ?

La vérité, c'est que ce ne sont pas les digressions qui me posent problème. Mes billets n'appellent pas toujours des réponses et sont aussi là pour lancer des conversations qui peuvent s'éloigner du sujet. Je garde en mémoire quelques envolées lyriques ou non mais toutes délectables qui n'avaient rien à voir avec le shmilblick. 

Ce ne sont pas non plus les affinités de certaines que l'on sent en vous lisant qui me dérangent. Je suis extrèmement touchée de constater que des liens se sont créés sur ces pages, des liens qui vivent d'ailleurs pour certains en dehors du blog, qui s'en sont émancipés.

En revanche, je ne peux pas donner complètement tort à certaines qui m'ont signifié par mail mais aussi – parfois brutalement – dans le billet précédent qu'elles ne s'y retrouvaient plus dans certains échanges relevant de l'intime d'une, deux, trois ou quatre personnes. Je crois que ce qui fait défaut depuis quelque temps, c'est peut-être un peu de légèreté, une légèreté dont moi même suis un peu dépourvue, ce qui est très certainement d'ailleurs la cause principale de tout cela.

Peut-être que ce qui me gêne là dedans, c'est que je ne suis pas cette fille là. J'aimerais bien, notez, être cette personne sans ironie, empathique et généreuse. Mais la vérité n'est pas là, je suis également cynique, médisante, insécure, angoissée, critique, gaffeuse, égocentrique, avec cette envie d'être aimée de tous contrebalancée par celle de ne pas non plus passer pour mère Térésa. Bref, une emmerdeuse. 

Seulement au bout de six ans de blog, forte de votre fidélité qui lui a donné une audience considérable, je pense avoir quelque peu oublié de me montrer telle que je suis, préférant offrir mon meilleur profil, au propre comme au figuré. Et du coup, les commentaires suivent probablement la tendance. Je ne dis pas du tout que je préfèrerais des batailles rangées tous les jours plutôt que cet océan de douceur. Mais je crois juste qu'à force de prendre moins de risques, on peut finir par s'ennuyer.

Voilà le fruit de mes réflexions, je sens bien que c'est confus et que finalement ça s'éloigne un peu du sujet de départ. 

Pour résumer, personne n'est prié de s'en aller. Personne n'est prié non plus de taire ses soucis, d'adopter une ligne éditoriale précise. Personne n'est enfin prié de faire de l'humour à tout prix. Mais peut-être pourrions-nous toutes bousculer certaines habitudes, au risque sinon de tomber dans l'ennui ?

Je le répète, rien ne me ferait plus de peine que certaines se sentent personnellement visées par tout ceci et je m'attends à quelques piques bien senties, je sais que dans l'ombre veillent quelques gardiennes du temple qui doivent se délecter de cette mini polémique (qui somme toute n'est pas grand chose au regard des enjeux du monde) (Johnny et Vanessa se battent pour sauver leur union, par exemple).

Mais je sais aussi que dans la vraie vie, parfois, c'est après une bonne grosse engueulade que les relations trouvent un nouvel élan. Puisse-t-il en être ainsi.

Edit: La photo vient d'un Grazia d'il y a quelques semaines, je me suis dit qu'au pire on pourrait aussi débattre de l'épilation du pubis chez les hommes.

Deedee, JEM et autres considérations existentielles

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On me demande parfois qui je connais dans la vraie vie parmi les blogueuses de ma génération – j'entends par là celles ayant démarré leur activité il y a cinq ou six ans, du temps où ni twitter ni Facebook n'existaient, pas plus qu'Instagram (mais comment faisait-on ?) (on volait des photos sur google image).

C'est simple, pas grand monde.

Pas par mépris de mes consoeurs ou volonté de me démarquer, plus parce qu'au début de cette formidable aventure, on se détestait toutes  je n'avais pas tellement le temps: enfants encore petits et travail aussi contraignant que celui d'un chirurgien (mais enfin surtout, on se détestait toutes).

Je n'ai donc pas vraiment dès le départ écumé les soirées blogueuses baptisées alors "events" et concède avoir posé plus de lapins qu'à mon tour quand il s'agissait de se rencontrer en petit comité. Sans compter le fait que n'ayant pas à proprement parler une véritable identité fashion (ok, euphémisme), lesdites inviations aux dits events ne polluaient pas non plus ma boite mail (caramail à l'époque) (non je déconne).

Mais malgré tout, petit à petit, des rencontres se sont faites. Et parce qu'elles sont allées piano piano, elles ont accouché d'embryons d'amitié et d'échanges presque professionnels parfois. La dernière fois que j'ai participé à l'un de ces petits raouts, je me suis fait la réflexion que ces filles, souvent parfois insolemment plus jeunes que moi et avec lesquelles je ne me serais pas forcément trouvé de points communs il y a dix ans (certaines n'avaient pas encore eu leurs règles, en même temps) sont devenues mes collègues, en quelque sorte. 

Parce que bien évidemment, quand une blogueuse rencontre une autre blogueuse, elle compare la taille de son sexe elle parle… de blogs. Rien de très différent des repas hors boulot avec les gens du bureau qui à tous les coups tournent autour des conflits de la machine à café ou de comment duchef est vraiment un sale con. Repas auxquels les conjoints ont en général juste envie de mourir.

Bref, dans la vraie vie, je connais quelques vraies filles chouettes. Et guess what ? Elles sont pour la plupart dans ma blogroll. Mais en gros, de manière non exhaustive, il s'agit de Violette (bon, avec Violette, depuis qu'on a partagé l'aventure à Pamplemousse, je crois qu'on peut dire que c'est du sérieux), de Walinette, d'Anne-So, de Nadia, de Will (on m'aura comprise), de la tricoteuse masquée, de Claire de Munich et bien que croisée seulement une ou deux fois (mais que j'ai immédiatement kiffée), de Stéphanie Zwycky. (Ne nous méprenons pas, il y a d'autres filles très chouettes, j'ai juste mis celles avec lesquelles un vrai lien s'est créé, au delà des claquements de bises lors de soirées pia pia pia)

Et aussi, et c'était à l'origine le sujet de ce billet (mais on connait mon sens de la digression), Deedee. Le premier blog que j'ai lu de ma vie, il me semble que c'était le sien. Au début, on s'est tiré les cheveux ça n'a pas été facile entre nous. Mais parce que Deedee est ce genre de fille qui fait le premier pas et qui appelle un chat un chat, tout est rentré dans l'ordre.

On a désormais quelques mojitos qui jonchent les allées de notre histoire, tels les gardiens du temple de notre amitié (depuis que la gauche est au pouvoir j'écris beaucoup mieux je trouve).

Bref, je vais finir par accoucher, je vous le promets. Si je vous parle de cela, c'est parce que la semaine dernière, avec Violette notamment, nous avons été conviées à la présentation de la collection capsule (ça veut dire collaboration mais c'est plus joli) de Deedee avec le joailler JEM. Une jeune société qui mise sur l'or éthique. (en gros de l'or obtenu sans exploiter dans la mesure du possible des petites filles de l'autre bout du monde, en redonnant à la terre ce qu'on lui prend d'un côté, etc). 

Non seulement elle est éthique mais elle est canon, cette collection. Je ne vais pas m'étendre plus là dessus parce que parfois le choc des photos est plus éloquent que le poids des mots (ou pas). Mais en gros il s'agit de petites bagues en or rose, vert (si si !), jaune ou blanc, qui ont chacune leur identité propre et dont les dessins qui les ornent sont inspirés des bijoux massaï.

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Le mieux c'est d'en porter quatre ou cinq sur le doigt mais je dois vous prévenir que ces petites babioles ne sont pas données, c'est de l'or, bébé.

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Il n'empêche que depuis que je les ai vues, j'ai une furieuse envie d'additionner les petits anneaux sur mon annulaire, voire mon auriculaire (c'est sensuel non, les bagues sur l'auriculaire ?)

Voilà, fin de ce billet dégoulinant de bons sentiments (c'est la faute à François).

(une dernière photo pour la route qui montre à quel point je suis une artiste accomplie) (oui c'est ma composition)

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Pour tout savoir sur ces bagues, c'est ici.

Un dimanche soir à la Bastille…

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EDIT DE 10h28: Merci à Zaz pour les photos bien plus réussies que les miennes et que j'ai par conséquent rajoutées à la fin de ce billet… (il y en a des vachement belles chez elle aussi)

Hier après avoir envisagé de regarder les résultats à la télé – en grande partie pour se délecter de la tête déconfite de Jean-François Copé -, on a finalement décidé sur un coup de tête à 18h45 de partir à la Bastille (bien qu'ayant fait le serment de ne pas regarder twitter, j'avais depuis 15h30 des infos plutôt rassurantes quant à l'issue du scrutin). Nous voilà donc partis, mes parents venus en voiture de Lyon pour l'occasion, Zaz, Frédé et leurs filles et bien sûr le churros, les twins et Rose, gavée de doliprane avant de partir histoire de juguler la fièvre du dimanche soir.

On n'a pas regretté notre choix, faire péter le champagne à l'ombre du génie de la Bastille c'était une expérience inédite. Et puis les pommes d'amour, les churros (le miens et ceux qui se mangent), les sandwiches à la saucisse et aux oignons, les sourires entendus, les échanges spontanés, les embrassades avec des inconnus.

On était contents, quoi. Pas sûre toutefois que ma fille ainée ne se remette du "rends nous les 50 millions Ducon" braillé par son grand-père, lequel a la voix qui porte. Je crois qu'elle n'assume pas sa famille. Ou alors elle est de droite. "Je comprends ton enthousiasme maman mais tu n'es pas obligée d'être vulgaire", m'a-t-elle sermonnée après mon doigt d'honneur en direction de Marine Le Pen (à moins que ce soit Nadine Morano).

Rose n'a pas bien compris pourquoi elle ne pouvait pas faire un bisou à Chanfois Hollangue et s'est inquiétée de la perspective que Karsozy aille en prison. La grande de Zaz, pas du tout endoctrinée, a quant à elle hurlé "pends-toi" au sortant qui parlait sur les écrans géants. Ensuite elle a demandé si c'était maintenant qu'on lui coupait la tête. 

La phrase de la fin fut ce cri du coeur de mon père un peu plus tard dans la soirée chez nous. Alors qu'on lui proposait du vin, il s'est exclamé: "Ouh là non, j'ai beaucoup trop bu, j'arrête l'alcool, je reste au champagne". Moi je dis ça va être un quinquennat pétillant.

Voilà, je vous laisse avec quelques photos de cette joyeuse épopée, ceci signe la fin de mes billets de campagne, pour le bonheur des uns et la tristesse des autres. A moins que ça ne soit l'inverse.

J'ajouterai juste que cette soirée, bien que très douce, n'avait malgré tout pas le goût espéré. Il en manquait un à l'appel et tout était un peu, du coup, dépeuplé. Ou comment faire le douloureux apprentissage que rien n'a vraiment d'importance si ce n'est la vie.

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Edit: Et une bise à la jeune fille au manteau bleu 🙂

Philosophie capillaire

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Comme je le disais à ma copine Julie, hier je me suis dit que tant qu'à être triste, autant l'être sans racines (je me fatigue parfois, moi et mon sens de la formule).

Du coup je suis allée voir Michel et Karine et je sens que je vais aggraver mon cas mais ça m'a fait du bien. Je crois que parfois, il faut juste accepter que le chagrin soit là et composer avec. Et se concentrer sur le massage du cuir chevelu de Karine ou sur les coups de ciseaux magiquex de Michel, qui dessinent petit à petit un mouvement et créent du volume où jamais tu n'aurais pensé qu'il puisse y en avoir.

Bien évidemment, le fait de ressortir encore plus – naturellement – blonde que la dernière fois avec la frange pile poil à la bonne longueur ne change rien à l'affaire et ne permet pas d'appuyer sur rewind. Mais de temps en temps, il faut se contenter de ça, de ce petit pas en avant. J'imagine que c'est la meilleure façon de marcher. Aussi je bois le vin d'orange que m'a donné Chantal avant de partir de la montagne. Ça aide beaucoup.

Mise à part cette philosophie capilotractée, je tenais à vous dire que ça n'est pas parce que je suis à moitié dans mes baskets que je reste de marbre face à cette débandade démocratique que sont ces deux semaines d'avant second tour.

Certes, alors que j'étais – reconnaissons le maintenant que c'est du passé – complètement monomaniaque et à la limite de l'enfermement concernant les enjeux de cette élection, je suis assez peu impliquée désormais.

Il n'empêche que je suis consternée, mais vraiment consternée, d'entendre la clique à Sarkozy, emmenée par le président bientôt sorti himself, non seulement "comprendre" les électeurs FN mais surtout les approuver. Je veux dire, évidemment que c'est le jeu d'essayer de récupérer les voix perdues. Et bien sûr que stigmatiser 18% de la population est contre-productif (on constatera d'ailleurs que les saillies de Mélenchon contre Marine Le Pen n'ont pas vraiment fonctionné). Evidemment – tout au moins je l'espère – toutes les personnes ayant fait ce choix ne sont pas xénophobes et amatrices de bals autrichien où on lève le bras plus vite que son ombre. 

Mais autant je comprends qu'on lance un appel, à droite comme à gauche, à ces réserves de voix, qu'on leur explique que leur souffrance et leur mécontentement est entendu, que d'autres solutions sont possibles, etc, autant j'enrage de voir l'UMP concentrer désormais toute la campagne autour du droit de vote des étrangers ou de l'excision. Ah parce que vous l'ignoriez ? François Hollande va toutes nous exciser, si si. De même que si la gauche passe, dites adieu aux piscines mixtes et réservez votre Burka fissa.

Bref, si j'enrage, ce n'est pas simplement par posture bobo de gauche. C'est parce que si je n'ai jamais été de droite, je n'ai jamais douté que cette dernière en France était républicaine. Et que je vois arriver des temps funestes, maintenant que certaines positions sont légitimées par des gens à priori fréquentables.

Nicolas Sarkozy est en train de blesser ma France, oui, ce pays que j'aime, absolument, malgré mon socialisme pathologique. Il est en train d'en faire un endroit où il ne fait pas bon respirer. Et de ça, je lui en voudrai à vie.

Voilà, c'est tout. 

Bonne journée et merci pour vos messages d'hier si touchants.

C’était hier, c’était il y a cent ans

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Cette semaine, je suis allée en coup de vent à Grenoble, pour un reportage. Je vous reparlerai du sujet une fois que mon papier aura été publié, mais c'était le genre d'expérience qui marque longtemps. J'ai rencontré à cette occasion des femmes dont on ne parle pas souvent et qui en chient des ronds de chapeau. Des travailleuses de l'ombre, des "aides à domicile", à qui on vient de supprimer le peu d'acquis sociaux qu'elles avaient décrochés ces dernières années.

Bref, je vous en reparlerai, mais voilà, parfois ça ne fait pas de mal de se confronter à une réalité qu'on regarde de loin en croyant que ça suffit pour en être conscient. Sans être blindée ni faire partie d'une élite germano-pratine, j'ai évidemment la chance de gagner plus que les 850 à 1000 euros par mois des aides à domicile rencontrées et d'avoir un métier qui peut parfois être fastidieux mais pour lequel je suis considérée, ce qui n'est pas souvent de cas de ces femmes. Leur ténacité et leur dignité m'ont mis une bonne vieille claque, quoi. 

Aller à Grenoble, c'était aussi faire un bon de presque vingt ans en arrière. C'est fou comme la nostalgie est un de mes moteurs, ou peut-être un de mes freins, si j'y pense (on ne dit pas qu'il ne faut jamais regarder en arrière ?).

En montant dans le tram qui traverse le centre ville, j'ai repensé fort à cet ami que j'avais, devenu parrain du machin des années plus tard et que je ne vois plus aujourd'hui, parce que les non-dits, parce que les trop-dits, parce que la vie, parfois, c'est con. Je me suis souvenue de ces premiers jours dans mon minuscule appartement sur le grand boulevard Joseph Vallier, studio déniché avec ma copine Béa montée avec moi pour l'occase, qui ne connaissait alors pas plus que moi la ville de Grenoble. Convaincues que l'appart était en plein centre, nous étions revenues ravies à Lyon annoncer à mes parents que y'avait plus qu'à déménager.

La tête de mon père et ma mère quand ils découvrirent l'appart en question, dans un immeuble ni fait ni à faire, à deux pas, non du centre mais de l'autoroute et ne pouvant pas être plus loin du campus.

Ma tête à moi le premier soir où j'y ai dormi, réalisant un peu tard qu'en effet je dormais dans un coupe gorge.

L'année suivante, je prenais une colocation cette fois-ci dans le it quartier, à quelques mètres de la rue aux herbes qui croyez-moi à l'époque portait très bien son nom. On était fières je ne vous dis pas, un espèce de duplex avec mezzanine qui nous semblait être alors le summum du cool, malgré les courants d'air, la moquette pourrie et les tapisseries des années 60.

La tête de mes parents, bis, quand ils découvrirent qu'on avait en réalité loué une ancienne boutique avec baie vitrée en rez-de-chaussée, qui donnait sur une ruelle pas éclairée.

La tête de ma coloc et moi quand au bout de trois semaines deux sacs à pinards se sont battus et ont fini, à trois heures du matin, par traverser la baie vitrée si cool. 

J'ai pensé à ça et à tout le reste, à ce baiser un soir échangé avec mon ami B., le même qui lors de l'épisode des sacs à vin avait débarqué en pleine nuit me sauver, à G. qui plusieurs fois fit le trajet en stop depuis Lyon et dont je ne désespérais pas que ce fusse par amour, à Maud, Jeff, Julien et Chloé, qui sont aujourd'hui encore de ceux qui restent quand il n'y a plus personne.

Et puis ces cours d'histoire des idées politiques, les seuls que je n'ai pas séchés je crois, et puis ce campus au milieu des montagnes, cette grande bibliothèque dans laquelle j'essayais désespérément d'enregistrer les rudiments du droit constitutionnel.

Trois années qui à l'époque me semblaient toute une vie, trois années qui me paraissent aujourd'hui avoir à peine existé. C'était hier mais c'était il y a cent ans.

Edit: la photo n'a pas été prise à Grenoble mais à côté de chez moi, cherchez pas, c'est le fil rouge de la semaine, illustrer les billets par des photos qui n'ont rien à voir.

Rêve électoral

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La nuit dernière, j'ai fait ce drôle de rêve.  Nous étions partis en famille à l'Ile Maurice. Mes parents étaient également avec nous et mon père et moi devions rejoindre tout le monde à la plage. Sauf que pour y accéder, il fallait dévaler une montagne à pic à moitié enneigée qui n'en finissait pas (typique du cauchemar que j'appellerai labyrinthe, dans lequel tu n'arrives jamais à atteindre ton objectif et duquel tu te réveilles épuisée d'avoir mouliné dans le vide toute la nuit). Bref, on descendait cette montagne et soudain, je perdais mon père. Alors que je le cherchais et criais "papa" (je vous vois, les psys, ou au moins Julie, vous bidonner au fond de la classe) (ça ne m'atteint pas), je finissais par l'apercevoir en déséquilibre, accroché à flan de ravin. 

Et c'est à ce moment là qu'un homme est apparu, sauvant mon paternel en le remontant à la force de ses bras.

C'était François Hollande.

Nous conviendrons bien volontiers qu'il est plus que temps que cette campagne électorale s'arrête, je suis à deux doigts de faire des rêves érotiques avec l'un des candidats et avec ma veine, ça va tomber sur Jacques Cheminade.

A part ça, dimanche, nous avons tenté d'aller voir l'expo Tim Burton à la Cinémathèque, mais guess what ? La moitié de la capitale avait eu la même idée brillante et à la perspective des trois heures de queue annoncées, nous avons finalement préféré opter pour la visite des collections permanentes, où nous étions quasiment tous seuls. Je vous conseille vraiment d'y aller, c'est hyper ludique pour les enfants, avec plein de machines dans lesquelles on regarde des images défiler tellement vite qu'elles deviennent animées (ça doit avoir un nom mais je n'ai pas retenu) et des costumes, la tête de la mère cinglée de Psychose, des projections au sol qui donnent l'illusion de marcher sur les buildings de New-York, etc.

Après, on a traversé le parc de Bercy, la passerelle qui mène à la grande bibliothèque et mangé des burgers au Frog. C'était une belle journée, sur le retour, Rose et moi nous sommes amusées à ramasser les pétales des cerisiers en fleurs qui voletaient au dessus de nos têtes. Le ciel était gris mais ces arbres sont tellement lumineux en ce moment qu'on avait fini par oublier le mauvais temps.

Bonne journée…

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Pensées d’Oval(i)e

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Samedi je suis allée pour la première fois de ma vie au Stade de France ET voir un match de rugby. Heureusement, j'avais à mes côtés un connaisseur hors pair de toutes les règles (et il n'y en a pas qu'une, franchement que je n'entende jamais personne me dire que les rugbymens sont un peu limités, je mets au défi quiconque de maitriser les subtilités de ce jeu tout de même hyper retord qui exige notamment que tu AVANCES pour marquer un essai SANS JAMAIS PASSER LE BALLON PAR DEVANT TOI). Sans rire, quand je vois que faire attention à la fois au feu rouge, à l'embrayage et  à la pédale de frein relève pour moi de l'impossible, je reste sans voix devant le nombre d'informations que les mecs venus d'Ovalie ont à gérer. Tout ça en n'étant jamais à l'abri de se retrouver la tronche coincée entre la pelouse et la chaussure d'un ailier. Ce qui a l'air en général de leur en toucher une sans faire bouger l'autre d'un milimètre (faut dire qu'à priori elles sont en titanes).

Toujours est-il que j'ai tenté d'assimiler toutes les précisions que me transmettait avec une certaine patience mon voisin, voisin qui j'en ai peur a pu à un moment se demander ce qu'il avait fait pour mériter ça. Ce qui ne l'a pas empêché de m'expliquer avec une grande gentillesse que NON L'OBJECTIF DE LA MÊLÉE N'ETAIT PAS FAIRE LA RONDE. (Et encore, s'il savait le nombre de fois où je me suis retenue de crier "corner" quand la balle sortait) (ce qui arrive assez souvent au rugby, c'est même d'après ce que j'ai compris un peu LA BASE DU JEU de mettre en touche) (je me disais bien aussi au bout d'un moment qu'ils étaient soit très maladroits, soit qu'ils le faisaient exprès) (ils le faisaient exprès) .

Au delà de ça, je dois confesser avoir pris un plaisir assez coupable à contempler les assauts de ces bêtes de scènes, attendant avec une certaine gourmandise les plaquages ou plongeons sur le ballon. Plongeons ne laissant aucun doute quant à la musculature de ces fessiers qu'on aurait pu juger un peu gros de loin. J'ai aussi eu plus d'une fois les larmes aux yeux quand les 70 000 personnes acclamaient une pénalité, un drop ou un essai. Ça m'a rappelé quand petite mon père m'avait emmenée à Gerland, le stade lyonnais, applaudir l'OL qui n'était à l'époque qu'en deuxième division. "Ly-onnais , Ly-onnais, Ly-ON-Nais, si cette équipe vous emmerde, on va, on va, on va la faire gagner".

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Je me demande si mon ultra-émotivité dès que je suis au milieu d'une foule un poil enthousiaste ne vient pas de là. Une sensibilité qui m'a plus d'une fois légèrement handicapée lorsque, agencière, je devais couvrir une manif. A première vue, rien de très galvanisant à suivre un petit millier de chercheurs énervés et gueulant contre un décrêt aux conséquences obscures sur leur statut (obscures pour moi, hein, je ne nie pas la légitimité de leur combat, que les chercheurs me lisant ne me jettent pas immédiatement des thèses sur la tête, je crois avoir fait partie des journalistes ayant le plus couvert leurs mouvements des dix dernières années). Et bien à tous les coups ça marchait, alors que j'étais censée interviewer les gars du carré de tête, il fallait que j'écarquille grand mes yeux pour empêcher les larmes de s'y accumuler.

Avec tout ça je crois que j'ai un peu perdu le fil de ce billet qui n'en avait peut-être pas vraiment. Si, je crois que je voulais m'exprimer sur cette bizarrerie qui fait que j'adore regarder le sport en vrai ou à la télé alors même que je suis, je pense, la personne la plus inapte qui soit dès qu'il s'agit de brûler plus de dix calories.

Je dois être sujette au voyeurisme, si ça se trouve.

Et aussi je voulais en profiter pour passer un message personnel de remerciements à ma copine S. qui m'avait invitée samedi, ainsi qu'à G., à l'origine de cette belle idée et enfin à M. qui m'a donc un peu déniaisée du rugby.

Bonne journée, demain on parlera bijoux (annonceurs potentiels, ne fuyez pas, ce blog peut, à ses heures être glamour).

Edit: Ah et aussi, vous en connaissez beaucoup vous des gars qui parviennent à rester plus virils qu'une armée de légionnaires alors qu'ils sont moulés dans des combishorts roses ? Non ? Et bien ça se voit que vous n'avez jamais vus des joueurs du Stade Français. (ceci étant dit, comme j'étais coincée entre deux Toulousains, j'avais décidé que mon coeur battait rouge et noir pour cette fois-ci).

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A demain…

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Hier je sortais du métro place de la Bastille vers 19h et je l'ai sentie. L'imminence de l'heure d'été et avec elle la promesse de soirées plus douces et de verres en terrasse qu'on prend en général trop peu souvent, mais dont on se dit que c'est possible. Chaque année, c'est le même émerveillement, les mêmes illusions que je caresse. C'est d'une banalité désolante, je le sais, mais j'aime d'amour cet instant où soudain, je me sens basculer dans le printemps. Toute à ma joie, j'ai pris ces deux photos, en sachant pertinemment qu'elles ne retranscriraient pas exactement cette lumière mais peut-être un peu et finalement, je n'en suis pas totalement mécontente, c'était tout de même presque ça, ce rose poudré.

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Et comme pour célébrer ce passage, j'ai eu le plaisir d'assister au premier concert parisien de La Grande Sophie, au Café de la danse. Il y avait toute l'émotion du début de tournée et une joie manifeste d'être là. A la fin, elle est descendue de la scène et a chanté son dernier morceau au milieu du public, à quelques centimètres de nous. C'était poétique et ça m'a presque donné envie de pleurer.

Après, on a bu un verre avec Coralie et j'ai échangé quelques mots avec L., une lectrice qui était de l'ombre jusqu'alors et sur laquelle je mets désormais un visage. Je ne sais pas si j'ai su le lui dire mais ses mots m'ont touchée, beaucoup. 

Un court billet, donc, écrit un peu pour elle parce que lorsque je suis partie, elle m'a dit "à demain", et que j'ai répondu "à demain", tout en me disant que merde, je n'avais justement rien écrit, pour demain. Un billet pour tous ces visages que je ne connais pas mais dont je sais qu'ils sont là tous les matins, presque à portée de main et ça aussi, c'est poétique, au point de me donner envie de pleurer, un peu.

Bonne journée et merci d'être ces visages.

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La nostalgie sera toujours ce qu’elle était

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Hier, je descendais la rue Jean-Pierre Timbaud, dans le 11ème arrondissement de Paris. Je suis passée devant ce premier appartement que nous avons habité le churros et moi, celui où les twins furent conçus. J'ai eu un pincement au coeur, comme à chaque fois. Les années filent à la vitesse de la lumière alors qu'il me semble que c'était hier que nous appelions mes parents pour leur annoncer qu'il y en avait deux.

Nous sortions du cabinet de ma gynécologue, rue Jean-Pierre Timbaud, justement.

Hier, juste avant moi, elle recevait une jeune femme qui ne cessait de caresser un ventre encore inexistant, avec une fierté non dissimulée. Et juste après moi, c'était au tour d'un couple fébrile, autant que nous l'étions dans cette salle d'attente il y a si peu de temps et pourtant un siècle.

Hier, elle m'a demandé si on gardait ce stérilet, si j'avais d'autres projets. J'ai aimé qu'elle me pose la question, comme une confirmation de cet encore possible. Pourtant, j'ai répondu sans l'ombre d'une hésitation qu'on ne changeait rien, non. Il me semble avoir tant encore à prouver, tant à vivre, tant à découvrir, que cette porte se referme sereinement. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai enfin la certitude qu'un bébé ne fait plus partie du tableau. De la nostalgie, il y aura toujours. De la tristesse aussi parce que ces douze dernières années furent si belles et si douces que leur dire au revoir ne se fait pas sans un pincement au coeur. Mais hier, en descendant la rue Jean-Pierre Timbaud, je me suis sentie légère et prête à entamer un autre épisode de cette drôle de chose qu'est la vie.