Catégorie : Je vous raconte ma vie

L’amour dure deux mois, le roman photo de Grazia

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Lorsque j'étais petite et que je vivais dans cette grande maison partagée avec mes cousins (je vous en parlerai un jour), il y avait cette caisse remplie de Jours de France il me semble. Ils dataient un peu (beaucoup) mais avaient tous à la fin un roman photo. Et par chance, plusieurs numéros se suivaient. Je crois que c'est peut-être de là que m'est venue ensuite mon addiction aux Feux de l'amour. 

Franchement, j'étais accro, je trouvais ça génial, ces histoires à l'eau de rose avec photos désuètes et me suis toujours demandé pourquoi les magazines féminins n'exploitaient plus la dimension potentiellement comique et dramatique du roman photo. Vous vous doutez donc que je suis devenue complètement accro à celui de Grazia cet été, qui fait intervenir people et anonymes autour d'une histoire qui tient en un mot ou deux (mais en réalité l'histoire on s'en fout).

Vous pouvez en retrouver tous les épisodes sur le site si vous le voulez. Je vous recommande aussi les semaines de Graziella, tellement plus drôles que les (feu) chroniques de Fonelle. En toute objectivité.

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On connait (presque) la chanson

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Pour célébrer notre dernière soirée avec nos amis Jeff et Fanny, nous sommes allés manger avec toute la troupe à la Brise de Mer, paillote sur la plage probablement aux mains du milieu (on ne s'appelle pas "brise de mer" en Corse par hasard, parait-il).

Ce petit détail mis à part, l'endroit est parfait pour prendre une cuite à pas cher, thank's les mojitos au prix parisien certes mais d'une taille trois fois supérieure (au bas mot). Quand on est arrivés, on s'est aperçus que c'était soirée karaoke. On a pris un air contrit, pardon my snobisme mais on ne mange pas de ce pain là, jusqu'à nouvel ordre ça n'est pas hyper pointu de chanter dans un micro en lisant les sous-titres sur un écran. Bien évidemment, quand ça a commencé, qui s'est précipité pour ouvrir le bal ?

Votre obligée.

Accompagnée de Fanny, très enthousiaste aussi. Et nous voici, grisées par le rhum et donc convaincues de notre talent jusque là caché, entamant un titre contemporain et pas du tout symptomatique d'une naissance circa 1972: "Pour un flirt avec toi". Le silence gêné dans l'assemblée aurait pu nous mettre sur la voie, mais non, on a consciencieusement annôné des "la la la la lalalala" jusqu'au bout.

A la fin, sur le dernier refrain, on s'est retournées vers nos hommes au moment de conclure sur "un flirt AVEC TOI" (il y avait comme un message). Bizarrement, c'est le moment qu'ils ont choisi pour se concentrer sur ce qui leur restait de pizza. Quant aux enfants, ils avaient tout bonnement disparu.  Selon divers témoins préférant garder leur anonymat, il semblerait que nous ayons été beaucoup moins bonnes que nous l'avons cru sur le coup (l'enivrement des sunlights sans doute). Sentiment confirmé le lendemain au réveil, quand toutes deux avons eu l'impression d'avoir perdu quelque chose.

Après investigation, il s'agirait de notre dignité, restée sur l'estrade.

Dieu merci, histoire de remettre les compteurs à zéro, le churros et jeff ont consenti (sous la menace) (une histoire de pipe, ciment bien connu du couple) à donner de leur personne aussi sur le podium. Après avoir hésité entre mon légionnaire (se pourrait-il que…) (non) et Gaby, ils ont finalement choisi "Elle a fait un bébé toute seule".

C'est peu dire qu'ils se sont approprié la chanson, je pense que Dove aurait dit un grand ui. Le reste de la salle (qui n'était pas avec nous a décrété le churros) un peu moins. La sentence des twins a malgré tout été sans appel: "ils ont été mauvais mais bien moins que vous". Depuis ils ne cessent de poser des questions appuyées sur les modalités d'une émancipation avant la majorité. Ils en sont presque un peu lourds, quoi.

Bref, sur ma liste des choses à faire avant de mourir, j'ai désormais coché "chanter dans un karaoke". Et ça n'est pas rien. Ma seule inquiétude réside désormais dans la drôle de façon qu'a le churros de parler de sa future tournée. Je crois l'avoir entendu aussi évoquer avec Jeff la possibilité de "tout lâcher". On est à deux doigts de vivre un drame de la téléréalité. Voilà, je vous laisse avec quelques photos qui n'ont pour la plupart rien à voir avec la chanson.

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Red suede shoes (et résultat du concours de soutif)

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Parce que je suis dans ma période rouge à fond, une petite photo de mon dernier coup de coeur pédestre (je traverse très nettement une phase de compulsion sandalière): cette paire de compensées Ann Tuil qui tirent en réalité sur le framboise. Un amour de chaussures très poupoupidou aussi, non ? (le churros qui n'aime pas les compensées a un truc pour les semelles de corde, allez comprendre, ça le rend complètement dingue).

A part ça, c'est donc le commentaire 85 qui remporte la parure, commentaire signé Mélisande. Un grand merci pour votre participation, le churros ne s'en remet pas d'avoir du choisir parmi toutes ces poitrines et s'il n'avait tenu qu'à lui il vous aurait toutes tirées (mais il a passé la barre fatidique des 40 ans et sans vouloir préjuger de ses forces, je ne suis pas sûre qu'il en soit vraiment capable).

Je vous laisse pour aujourd'hui et aussi un peu pour demain, je vous rappelle que je passe donc les prochaines 48h dans un train ou presque. D'une certaine manière, cela va sans doute me permettre de boucler des papiers que je peine à commencer. Difficile en effet de se défiler dans un TGV et d'aller fumer dix fois la dernière clope avant de m'y mettre ou de me lancer dans une ratatouille gargantuesque à 13h plutôt que de trouver la première phrase qui forcément détermine la suite.

Promis je tenterai de faire un dernier billet avant de partir pour "ma" maison de la plage, avec mes essentiels des vacances. Avouez que vous les attendez en trépignant.

Sinon, au rayon des choses tout de même fondamentales, je suis allée voir Michel et Karine hier et je suis l'heureuse propriétaire de racines blondes ET d'une frange parfaite. Michel a un peu dégradé (il aurait voulu y aller plus franco mais a senti mes réticences) ("dites Michel, je suis ok pour le dégradé, mais nous sommes d'accord que "nous" gardons une base carrée n'est-ce pas ?"). Je suis vraiment une punk de la coiffure. Il a donc un poil dégradé derrière mais je ne perds rien pour attendre, il m'a prévenue: "à la rentrée on change tout ça"  (je me demande si notre relation n'est pas en train de passer un cap, il va falloir la jouer fine si on ne veut pas être abimés par le quotidien). Et Karine, ma prêtresse du blond, d'ajouter: "Je vous vois bien avec un blond vénitien".

En septembre ça va déménager, je vous le dis.

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La vie en rose

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Des nouvelles du front (de mes sinus): c'est revenu ! Oui, je sens à nouveau le goût du chocolat, de mes cigarettes, de mon comté 32 mois, des abricots payés un bras et de ma ratatouille qui déboite.

Je ne saurais vous dire à quel point j'ai été émue quand j'ai enfin senti ma première merde de chien dans la rue, c'était d'un poignant…

Bref, ça va mieux et dans quatre jours je suis dans mon paradis corse, donc je ne me plains plus.

Avant ça toutefois, je dois partir chercher ma grande, en villégiature chez une copine. Quand on a mis ça au point avec les parents de la copine en question et qu'ils m'ont expliqué ne pas pouvoir la ramener avant notre départ, j'ai dit que pas de problème, un coup de train et hop je la ramène.

Ils avaient l'air un peu étonnés et sur le coup je n'ai pas compris.

Ensuite je me suis dit que j'aurais du être un poil plus attentive lors de mes cours de géographie. Parce qu'en effet, le "coup de train" pour faire Paris-Brest c'est tout de même pas loin de cinq heures. D'où leur insistance à ce qu'au moins je dorme une nuit sur place, maintenant ça fait sens, sur le moment pas tant que ça. Bref, à 24h de partir dans l'Ile de Beauté, je traverse une bonne partie de la France pour aller ceci dit dans un coin magnifique chez des gens drôlement cools, mais revenant vendredi soir et disposant donc de deux heures environ pour torcher cinq valises, sachant que le machin revenu lundi de la montagne (en un seul morceau) n'a toujours pas défait son sac, lequel dégage une odeur pestilentielle. J'ai décrèté que par souci éducatif et pédagogique il pouvait se brosser pour que je m'en occupe.

Il est fort probable que nous l'emmenions tel quel à Bastia. On va bien se marrer quand il n'aura pour la plage que ses pompes de varape et ses pulls en grosse laine.

Voilà, à part ça à la faveur d'un passage de copains bordelais à la maison, on a pour ainsi dire abusé du jaja (ce qui n'est peut-être pas étranger à mon soudain rétablissement) et eu pour la première fois de l'été l'impresson justement d'être en été. Je ne saurais que vous redire à quel point se prélasser au soleil couchant sur les transats face au Batofar est une des activités les plus agréables qui soient quand le ciel parisien est clément. 

Et sinon, je reviens demain avec du soutif à gagner.

Plein le nez

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Depuis quatre jours et deux heures environ (chaque minute compte, croyez-moi) je souffre d'anosmie et par extension, d'agueusie.

 

Non, ce n'est pas une maladie vénérienne, je pense que si c'était le cas je vous en épargnerais le récit, même si ma conception de la pudeur est toute relative, on l'aura noté.

 

Quoi qu'est-ce  alors ?

 

Et bien je ne sens plus rien. Nada, que pouic, même le baume du tigre a une odeur de que dalle. Ça a commencé par un rhume de compétition tombé ensuite sur les bronches, puis, par je ne sais quel phénomène physique remonté au cerveau.

 

Je sais bien que ça n'est pas si grave, que pendant ce temps là en Syrie, etc. Mais je crois que si cela perdurait je pourrais tomber en dépression. Comme quoi chacun des cinq sens compte et celui-ci pas moins qu'un autre. Ne pas sentir le goût des aliments c'est pour ainsi dire la merde (d'ailleurs ne pas sentir son caca c'est très déstabilisant aussi mais ce n'est pas le sujet). N'éprouvant aucun plaisir à manger, je n'arrive du coup absolument pas à identifier ce moment justement où le plaisir d'amoindrit, signe que la satiété n'est pas loin. Et si au départ cela m'a plutôt conduite à ne rien bouffer, depuis hier je note plutôt une certaine tendance à poursuivre inlassablement ma quête de goût. Quitte à me gaver.

 

Bref c'est la déprime. Sans compter toutes ces odeurs qui me manquent, celle du cou du churros avant de m'endormir, des cheveux de Rose qui le matin sentent encore le bébé mouillé, du café qui se fait, de mon thé Earl grey, des pieds du mach… non, ça c'est plutôt bien.

 

Bien sûr, histoire d'être complètement paniquée, j'ai fait un tour sur l'internet, pour découvrir des histoires abominables de gens qui après un bête rhume ont perdu le goût à vie, sans parler de tout un tas de maladies orphelines dont le premier symptôme est celui-ci. Inutile de préciser que ces maladies sont incurables.

 

Ma seule satisfaction, ma recherche croisée « eczéma aux pieds ET perte de l'odorat » ne donne rien. J'avais un peu peur que les deux combinés soient la manifestation d'un cancer fulgurant.

 

Y'a pas à dire je progresse énormément.

 

Voilà, à part ça, pour être originale, je défoncerais bien à coup de pompes le connard qui s'occupe là haut de la météo. Dire que je n'en peux plus est en deçà de la réalité mais je me doute que le sujet est totalement épuisé et qu'à part beugler que ce temps de merde, bordel… Pas grand chose à ajouter.

 

Top désincarnée

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Il y avait cette fille hier aux Tuileries. Pas celle sur la photo qui ouvre ce billet. Une top, en plein shooting mode. Elle était immense, très jeune, peut-être 16 ans, un peu plus, difficile à dire. Des fesses qui devaient arriver au niveau de mes épaules, des proportions presque surnaturelles et une tête qui du coup semblait minuscule, comme posée sur ce corps venu d'une autre planète. Belle, sans doute, photogénique très probablement. On aurait dit un flamant rose.

Elle était entourée d'une nuée de personnes chacune affectée à l'une des parties de son corps. Il y avait un maquilleur qui lui passait névrotiquement un pinceau sur la figure, pour éviter à son visage de luire, j'imagine. Un préposé aux cheveux, qui a du remettre en place cinquante fois une mèche qui s'affaissait entre chaque prise de vue. Une styliste, qui tirait sur sa veste, faisait tomber ses bottes toutes molles et un peu étranges dans lesquelles on aurait pu loger quatre ou cinq mollets de plus. Et puis le photographe, la rédactrice de mode aussi qui surveillait l'ensemble et deux ou trois autres qui ne faisaient rien mais qui mettaient pas mal d'énergie à montrer qu'ils avaient de très lourdes responsabilités.

Outre que la mobilisation d'autant de gens pour une photo de mode m'a semblé un peu disproportionnée, c'est l'absence de cette fille à son propre corps qui m'a glacée. Comme désincarnée, elle se laissait façonner par les fourmis ouvrières autour d'elle, sans prononcer un mot ni émettre le moindre agacement (j'aurais fini je crois par faire bouffer son bronzer au maquilleur ou coller une droite au coiffeur à la soixantième remise de mèche en place). Visage fermé, boudeur, comme peut l'être celui d'une adolescente. Et puis ce regard, vide. Poupée de chiffon, qui dit oui, qui dit non.

Je me suis dit que sûrement, si je tombais sur la photo sans avoir assisté à sa mise en scène, je me lamenterais sur ces jambes qui n'en finissent pas ou sur ce carré tombant parfaitement. Je trouverais même la tenue désirable, influencée que je suis par la répétition semaine après semaine dans les pages mode d'un même look qui la première fois me fait sourire pour finalement me donner envie de le reproduire. Je me suis dit que toute la fausseté de la scène, tous les artifices utilisés pour faire rêver les gamines ou leurs mamans m'échapperaient et qu'il ne resterait que cette silhouette gracile et ce décor buccolique des Tuileries au mois de juin.

Je ne sais pas si cette fille était aussi malheureuse qu'elle en avait l'air, je ne sais pas si pour être aussi maigre elle n'avait rien mangé de solide depuis le mois de janvier ou si c'était simplement sa nature. Et à dire vrai, je ne crois pas que ce soit la question. Je ne saurais dire non plus si tout ceci rime à quelque chose, si ce qu'elle portait et qui était sûrement très cher méritait tout ce barnum. Mais une chose est certaine, il ne faut vraiment pas se fier à ces images que l'on nous vend. Parce qu'aussi surnaturelle qu'elle soit, la fille mille fois remaquillée et recoiffée sera, c'est certain, également photoshoppée. Que la mise en scène, les décors, les injonctions au sourire ou à un air plus mystérieux parviendront à donner peut-être un peu de sens sur le papier glacé. Mais la réalité était bien triste. La réalité, c'était ce corps qui à force d'être manipulé n'était plus habité.

A part ça hier aux Tuileries ça sentait un peu l'été.

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Un Week-end à Hyères

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"Haaan, je viens de voir un avion super bizarre avec de la fumée noire derrière lui on dirait qu'il va s'écraser", s'est écriée la chérie alors que nous amorcions notre descente sur Hyères samedi matin.

La pauvre je me suis dit, je lui ai refilé une de mes névroses. Pourvu que ce soit la seule, ai-je continué à pensé. Non que j'en aie des tonnes mais par exemple j'aime beaucoup l'odeur de mon pipi après que j'ai mangé des asperges.

Alors que je recensais mentalement tout ce qui chez moi ne tournait pas rond histoire de ne pas m'attarder sur les soubresauts de la carlingue, le commandant de bord a alors fait une annonce: "Mesdames et messieurs, en raison de l'atterissage d'urgence d'un rafale en panne de carburant nous sommes contraints d'interrompre notre propre descente et de tourner au dessus de l'aéroport pour une durée indéterminée".

Le triomphe de ma fille que j'avais tancée d'un "n'importe quoi !" à la limite de l'aimable dix minutes avant.

Le point positif c'est que je ne lui ai sûrement pas refilé mon fétichisme des asperges. Par contre, on était probablement en train d'être sacrifiés sur l'autel de l'armée française, tout ça à cause d'un caporal imbibé ayant confondu le plein d'un rafale avec celui de son solex.

Après une demi-heure à faire le tour du paté de nuages au dessus de Toulon, on a fini par redescendre. Et m'est avis que le pilote avait piscine ou une envie pressante d'uriner mais je n'ai jamais vécu un atterrissage pareil. A savoir qu'on a ni plus ni moins fait un piqué sur la piste, sur laquelle on s'est comme qui dirait écrasés. Pas totalement, bien sûr sinon je ne serais pas là pour vous le raconter. Mais parole de scout, le gars d'à côté de moi a essuyé une larme alors qu'il était à première vue plutôt du genre à rigoler quand un chaton s'étouffe. Même l'hôtesse, une fois qu'on était sur la terre ferme, a ironisé au micro sur la manoeuvre "toute en douceur" du cinglé aux commandes du boeing (elle n'a pas dit "cinglé", mais je ne serais pas étonnée qu'elle ait depuis changé de métier).

Inutile de préciser qu'une fois parmi mes oncles, tantes et cousins, cette petite anecdote a grossi au fil des versions et qu'à la fin les twins et moi (le churros et rose étaient restés à Paris) étions tout simplement des survivants. 

A part ça, deux jours donc dans cette maison dont je vous parlais déjà il y a deux ans et qui n'a donc toujours pas été vendue (je soupçonne certains membres de la famille, dont un qui vit en Chine et qui m'a toujours semblé très fort pour tout ce qui est coups en douce, de savonner la planche de l'agent immobilier, histoire qu'on puisse continuer à profiter une fois par an des charmes de cette baraque incroyable).

Deux jours entourée d'une vingtaine de marmots âgés de 5 mois à 12 ans, des frères et soeur de mon père, de ma grosse vingtaine de cousin(e)s, pièces rapportées comprises et de notre Grammy à tous.

Deux jours à prendre des nouvelles et à en donner, à rire des histoires cent fois racontées, à couper du melon, des fraises et des patates, à refuser une dixième part de carot-cake pour finir par craquer pour le gâteau chocolat – amandes qui tue. 

Deux jours à passer du jardin à la plage, de la plage au jardin, à se changer derrière une voiture/tente/arbre, à consoler un marmot dont on n'arrive pas bien à savoir à qui il est tant finalement c'est quand même dingue ce qu'ils se ressemblent tous, à croire qu'il n'y a qu'un moule dans cette famille.

Deux jours à ne jamais médire parce que ça n'est pas du tout notre genre, à porter des toasts à tout va, à soulager Prisca de ses jumeaux fraichement nés, détrônant l'unique détentrice que j'étais de ce record consistant à pondre par deux. Je concède avoir passé pas mal de temps avec l'un ou l'autre de ces deux bambins dans les bras, par solidarité bien sûr mais aussi évidemment par mal du pays, cette contrée où pourtant pendant deux ans on ne fait rien d'autre que de se demander à quelle heure, putain, ils vont finir par dormir. Prisca, je te promets, il arrive un jour où on en rit. Mais cela peut prendre dix ans par contre. 

Voilà, dans cette famille tentaculaire, il y a des fermiers, des exterminateurs de criquets à Madagascar, des conseillers en réinsertion, des avocats, un médecin, un spécialiste de la sécurité incendie, une kiné, un aspirant ébéniste, un cordiste qui passe ses journées en haut des buildings à installer les échafaudages, une éditrice, des banquiers qui donnent dans le social, des instituteurs et j'en passe. La plupart de ces joyeux drilles vivent dans un périmètre allant de Toulouse à Montpellier en passant par les Cévennes. Sans compter le gang des Lyonnais évidemment. On est il me semble deux seulement à vivre à la capitale, ce qui nous a valu à Emilie et moi des sarcasmes récurrents, que genre on nage "comme des parisiennes" (j'ai décidé que ça voulait dire qu'on restait élégantes même dans la flotte).

L'heure du départ est arrivée beaucoup trop vite d'autant qu'il s'agissait probablement de la dernière édition réussie de cette cousinade. Ma grand-mère m'a en effet demandé (enfin, "demandé" est une façon de voir les choses, Grammy ne "demande" pas vraiment) de me charger de l'organisation du cru 2013.

En l'apprenant mon père a manqué s'évanouir et prévoit d'ores et déjà l'exil en prévision de l'humiliation sur douze génération que va lui valoir l'honneur qui m'a été confié. Et au vu de l'empressement de mes tantes à m'assurer qu'elles pourraient m'aider, je pense que personne n'est dupe, ça va être un massacre.

D'autant que je n'ai rien trouvé de mieux que de nommer ma cousine Stéphanie premier ministre en chef et je pense qu'à nous deux nous avons autant le sens de l'organisation qu'un cheval nain.

En même temps, le responsable de cette année, Alex, qui produit donc le meilleur jus de pomme de l'univers et accessoirement vend tout un tas de produits de sa ferme, m'a expliqué que tout l'art de ce poste de coordinateur consistait à "s'insérer dans les rouages d'une organisation qui roule toute seule en donnant l'impression que c'est grâce à toi si justement ça se passe si bien". Je crois que ça, c'est à notre portée, Steph.

Bonne journée.

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Pauline Chambraud: l’interview

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Il y a quelque temps j'ai donc rencontré Pauline Chambraud, championne d'escrime en fauteuil. Je l'ai interviewée et la vidéo est désormais en ligne sur la page Facebook du club des supporters handisport.

Cet entretien s'est déroulé à un moment où me retrouver dans ce centre d'entrainement de l'hôpital des Invalides, dédié aux sportifs handicapés et autres militaires en convalescence n'était pas vraiment facile. Il y a parfois dans la vie des résonnances étranges.

Je le précise parce que l'on pourrait penser qu'au début de la vidéo je suis fachée ou quelque chose dans ce style, alors que je suis juste absorbée par le spectacle de courage offert par Pauline. Absorbée et très émue. 

Sinon, donc, Pauline attend son deuxième enfant, est championne d'escrime et va tous les jours bosser. En fauteuil. De quoi claquer mon beignet de dilettante qui souvent estime qu'elle en fait déjà un peu trop ou qui pleurniche parce qu'elle n'arrive pas à se débarrasser de son eczema sous le pied.

Je vous laisse donc avec cette petite interview et vous souhaite un bon week-end. Personnellement il va se dérouler dans le midi. Ma grand-mère y organise son Noël annuel. Ben oui, on fait Noël en juin par chez moi et ça n'a pas que des inconvénients. 

 

Free oui mais pas que

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Suite à mon billet d'hier, des mails m'ont été envoyés et des commentaires postés, qui, s'ils me flattent à l'idée de pouvoir être une source d'inspiration ou de motivation, m'obligent néanmoins à donner deux ou trois précisions.

En effet, je ne voudrais absolument pas être la cause de décisions intempestives, prises sous le coup d'un ras le bol ponctuel ou bien réel, mais sans avoir été pesées et réfléchies en amont. Je ne voudrais pas non plus sembler valoriser à l'excès le principe même du "changement", de la "prise de risque" et enfin de la vie de free lance.

Je crois que ces changements de caps, quand ils doivent se faire, s'imposent. Un peu, peut-être, comme lorsqu'on s'aperçoit un matin que décidément, non, ça n'est plus possible de respirer le même air que lui, qu'on aimait pourtant tant, avant.

Mais je ne qualifierais pas mon choix de particulièrement courageux. D'abord parce que j'avais un sacré filet en la personne de mon mari, en CDI et me soutenant à 100%. Sans lui, je sais très bien que je n'aurais pas sauté le pas, parce que je suis tout de même de la race des réalistes.

Ensuite parce que cette démission est arrivée après deux ans de réflexion, voire d'obsession. Durant ces années, en plus d'avoir sévèrement emmerdé mon entourage proche à coup de questions existentielles (se résumant à "qu'est-ce que je fais, je pars ?" 'tu crois ?" "tu en es sûr ?"), j'ai malgré tout un peu préparé le terrain. J'ai commencé à piger alors que j'étais encore dans mon agence, j'ai signé avec une régie publicitaire pour mon blog et j'ai consolidé les contacts que j'avais dans l'édition. De façon à ce qu'en sortant de mon cocon, je ne plonge pas non plus dans le grand inconnu.

Bref, tout ça pour dire que.

Qu'on peut être formidablement courageux mais ne pas avoir du tout envie d'être free lance. L'inverse étant vrai. Qu'on peut avoir une vie totalement accomplie en restant chez le même employeur du début à la fin. Qu'on peut aussi décider de changer et que ça peut marcher. Mais que ce changement implique une préparation mais aussi de consentir à des sacrifices.

Hier mon billet se concentrait sur le fait que j'avais moins peur et que j'appréciais les relations tissées avec mes rédactrices en chef. Mais que les choses soient bien claires. Ma vie n'est pas celle de Carrie Bradshaw (même si j'en crèverais que ça soit le cas, j'ai toujours rêvé d'être un personnage de série américaine) (c'est mon côté profond). A savoir que pour maintenir un niveau de revenu correct, j'accepte parfois, souvent, des missions qui ne me font pas, mais alors pas rêver. Pour des supports qui n'ont rien, mais alors rien, de glamour et dont l'intérêt peut s'avérer inférieur au boulot que je faisais avant.

Que les journées peuvent être longues, sans collègues avec qui parler. Que le stress en attendant le verdict des rédacteurs en chef à propos d'un papier ne passe pas, lui. Il se calme un peu, mais ne disparait pas. Etre pigiste est évidemment aussi être à la merci de ceux pour lesquels on travaille et implique un très faible droit à l'erreur. On ne dira jamais assez que ce sont des armées de jeunes à peine diplômés d'écoles de journalisme qui attendent aux portes des rédactions, prêts à bosser pour rien pour avoir leur nom au bas d'un article.

Que bien sûr, pour l'entourage, vous avez une veine folle (et bien que "l'entourage" s'en défende, vous vous la coulez douce).

Qu'il y a la peur de tomber malade, que l'autre tombe malade ou vous quitte, et j'en passe. Ça s'en va et ça revient, mais ça n'est pas rien.

Qu'on se dit qu'on disposera de son temps comme on veut et qu'au final, on ne prend jamais sa journée pour aller au cinéma mais qu'en plus on a un peu oublié la signification des mots week-end et jours fériés.

Je tenais à écrire tout ceci parce qu'à mon insu, je crois que cette expérience que j'ai ici relayée a pu en influencer certain(e)s. Et si je suis ravie d'avoir pu être celle qui donne ce tout petit plus de courage nécessaire pour franchir le rubicon, je ne veux pas être celle qui par forfanterie ou mensonge par omission vous ferait faire un choix inconsidéré.

Mon dernier conseil, parce qu'on me demande aussi souvent comment "on sait", sera celui-ci: on sait quand il n'y a plus d'alternative. Et qu'on sent que bien que risqué, le chemin qu'on s'apprête à emprunter est praticable. Et à partir de ce moment là, je recommande personnellement de ne plus écouter que les avis allant dans le sens de sa décision. Parce qu'il y aura toujours un pour et un contre. Mais que lorsqu'on s'apprête à le prendre, ce risque, on a besoin d'énergie positive.

Bonne journée et bon week-end.

Edit: photo prise à Villeneuve la Salle, dans mon coin des hautes alpes. Tombée en arrêt une fois de plus devant la vitrine de ce petit magasin "Un air de famille", dont la patronne vivait avant à Paris et a pris cette décision, elle, de vivre de cette passion de la fringue et de l'objet (très branchouille et pointu), mais dans un village pas super réputé pour son avant-gardisme. Mais comme elle est hyper impliquée, qu'elle connait à fond son secteur et qu'elle a su repérer ce qui faisait revenir ses fidèles, ça marche. J'aime bien cette fille et j'aime bien son histoire de retour au bercail (parce qu'elle vient de ces montagnes).

Vis ma vie en free lance (je ne parle pas des chaussures)

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Je me faisais la réflexion hier que j'avais mine de rien parcouru un long chemin depuis l'année dernière à la même époque. A savoir que je suis presque sereine. Je veux dire, bien sûr, de temps en temps, je suis prise d'un vertige en pensant que je n'ai pas de filet et que mon avenir pécuniaire dépend uniquement des commandes que je reçois. Mais autant c'était plusieurs fois par jour qu'il y a un an je manquais défaillir à cette idée, autant aujourd'hui c'est plus une une vigilance que je m'astreins à conserver, un garde fou qui m'empêche d'être complètement détendue du string (ce qui dans mon cas est salutaire, parce que paradoxalement je peux passer assez aisément de flippée sa race à complètement rien à foutre).

Cette sérénité presque trouvée me fait d'autant plus apprécier ce statut si particulier de free lance. Etonnament, ce sont je crois les relations entretenues avec les personnes pour lesquelles je travaille qui me plaisent le plus. Elles sont rares, entendons nous bien. La pigiste n'est la plupart du temps qu'une variable d'ajustement, une roue de secours que l'on appelle au dernier moment, une respiration, parfois, qui peut éventuellement insuffler un peu d'air frais dans une rédaction exsangue. Mais en aucun cas la pigiste ne peut aspirer à être au centre ni même sur le pas de la porte. Et pourtant, il s'est créé au fil des mois des façons de travailler avec chacun des responsables des publications auxquelles je collabore un lien de confiance et presque, oserais-je le dire, d'égal à égal (formule que je pourrais mettre au féminin, 99 % de mes rédacteurs en chef sont des rédactrices en chef, girl power inside). A savoir que si le revers de la médaille du statut de free-lance réside très nettement dans sa faible implication dans la rédaction au quotidien, le bon côté en revanche c'est que vous êtes totalement absent des conflits internes et d'une certaine manière exempté des relations hiérarchiques. Bien sûr, tout le monde sait qui commande (au propre comme au figuré) et qui dispose (ou propose). Mais le fait est que la subordination n'est pas la même, ne serait-ce que parce qu'un pigiste peut décider à tout moment d'arrêter. Bien évidemment ça ne se fait pas souvent et pas à la légère (claquer la porte c'est aussi faire une croix sur une source de boulot et donc d'oseille dans un contexte où ne rêvons pas les piges ne se ramassent pas à la pelle), mais c'est un levier non négligeable je crois dans les relations qui s'installent dans la durée.

Je ne dirais pas qu'on me ménage plus que si j'étais intégrée, mais j'ai en tous cas la sensation d'être considérée. Avec respect et infiniment moins de violence finalement que dans mon ancien boulot où je possédais pourtant un titre ronflant censé me donner pouvoir, prospérité, sensualité (ça c'est moins sûr). Quand je parle de violence, il s'agit plus de celle consistant à finir par ignorer le travail fourni par un tel ou une telle, à le prendre pour acquis, que d'une vraie brutalité dont je n'ai jamais été victime.

Bref, je ne sais même plus pourquoi je suis partie dans ce long monologue, peut-être parce qu'hier avec un ami on parlait de la souffrance au travail, du nombre croissant de gens, tout corps de métier confondu, ayant cette impression qu'ils ne vont plus pouvoir s'épanouir dans leur vie professionnelle. Cette perte d'espoir et de plaisir dans le fait même d'exercer sa profession. Cette frustration que l'on éprouve souvent à voir son coeur de métier ne plus être au centre, parce que ce qu'on vous demande c'est de tenir un rôle, d'animer une réunion, de savoir faire valoir votre boulot plus que de savoir vraiment le faire.

Je crois réellement qu'au delà de tous ces grands problèmes très compliqués relevant de l'économie, de la dette et tout et tout et auquel je pige à peu près que pouic, l'un de nos énormes soucis réside dans cette perte totale d'illusions et de confiance dans ce qui pourtant est synonyme d'émancipation: le travail. (bon, bien sûr, on peut aussi décider une bonne fois pour toute que c'est de l'aliénation et qu'on retourne dans nos grottes, mais comme je vous l'ai avoué hier, je kiffe les moquettes épaisses).

Je ne prétends pas avoir trouvé LA solution mais peut-être la mienne. Je ne ferme aucune porte à une réintégration un jour dans une rédaction, mais à mon grand étonnement, alors que je ne donnais pas cher de ma peau il y a un an, je ne suis pas à la recherche de quoi que ce soit. Je prends les bons côtés de cette vie (ne plus me lever à 6h45 mais à 8h est incontestablement le meilleur) et je tente d'en accepter les moins glorieux (j'envisage d'embaucher un gorille que je chargerai d'aller réclamer l'argent qu'on me doit ça et là) (mine de rien c'est l'une des énormes plaies du business, d'autant plus lorsqu'on est comme moi l'archétype de la personne osant à peine réclamer son dû sans s'en excuser dix fois).

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui et comme ça n'était pas forcément très glamour, je vous illustre tout ça avec des shoes étoilées ou estampillées british. Je crois qu'il va falloir que je finisse par m'offrir des pompes à drapeau, ça semble m'obséder. Celles-ci ne sont pas des Free lance (en référence à ce clin d'oeil si subtil dans le titre) (cherchez pas ce sont des histoires de référencement) mais des Annabel Winship dont j'aime bien les créations aussi.

Bonne journée.

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