Votre ronde adorée m'a chargé de vous informer que sa connexion Internet est en carafe : plus de TV, plus de tél, plus de blog.
Elle est coupée du monde. Seule avec sa terroriste de fille. Elle appelle à l'aide.
L'Homme
Votre ronde adorée m'a chargé de vous informer que sa connexion Internet est en carafe : plus de TV, plus de tél, plus de blog.
Elle est coupée du monde. Seule avec sa terroriste de fille. Elle appelle à l'aide.
L'Homme
Bon alors on a bien lu tout ce que vous avez écrit. On a bien compris l'idée générale, à savoir que le format est plutôt bien accueilli, que le jeu de Stéphane fait mouche même si évidemment il ne fait pas l'unanimité – en même temps on n'est pas en Corée du Nord donc ça me semble normal -, et que la dimension comique de ce sketch en particulier a échappé à certaines personnes.
Premièrement parce que le cancer ne prête pas à rire, deuxièmement parce que… parce que parfois on n'a pas le même humour.
Après avoir suivi les débats toute la journée, j'ai décidé, d'un commun accord avec Stéphane, de retirer le sketch.
Parce qu'après un grand nombre de commentaires constructifs, on était en train de tomber:
a) dans le concours de celle ou celui qui connait le plus de gens ayant un cancer et comme le disait l'une d'entre vous ce type de surenchère est aussi – voire plus – indécent que la blague de la vidéo, même si celle-ci est de mauvais goût.
b) dans une sorte de curée consistant à démonter non seulement le sketch mais aussi le reste. Et au bout d'un moment, bon ben… ça lasse.
Alors certes je sais pratiquer l'auto-critique, certes je suis du genre à dire "allez-y, dites-moi ce que vous en pensez" en sachant que bien sûr il y aura du négatif, mais je suis toujours un peu perplexe quand les personnes les plus virulentes sont de celles que je n'ai jamais lues avant et dont je ne verrai plus le pseudo avant longtemps…
Surtout, il y a manière et manière de dire les choses.
Or navrée mais après tout moi aussi je peux dire le fond de la pensée, certains n'ont pas eu la manière aujourd'hui.
Voilà, donc je retire ce billet, je pense qu'on poursuivra l'expérience mais on prendra garde à ne pas sortir du contexte une scène qui passe plutôt bien normalement. D'ailleurs je me répète mais l'idée est plutôt de faire des vidéos à partir de billets qui ne font pas partie de la pièce.
Merci en tous cas à tous ceusses et celles qui ont eu les mots pour le dire, ils se reconnaitront.
Et une fois encore, navrée si certains ou certaines, touchés de près par le sujet ont été blessés, ce n'était évidemment pas le but.
Edit: je laisse les comms ouverts mais si la conversation se poursuit sur le même mode je les fermerai.
Edit2: Puisqu'on me la demande, je vous mets l'adresse de la video sur dailymotion, après tout elle existe. Mais je me réserve le droit de supprimer les comms radicaux et stériles sur le mode: "j'aime pas c'est nul et pas drôle": http://www.dailymotion.com/UMIMBV/video/12695650
Quand j'étais enfant, les gens prenaient souvent ma mère pour ma
soeur. Je me souviens d'ailleurs que ça lui faisait drôlement plaisir.
Moi à l'époque, je ne comprenais pas trop pourquoi ça la rendait
heureuse, personnellement ça m'agaçait, c'était ma maman, pas ma grande
soeur et puis c'est tout.
Aujourd'hui, je saisis un peu plus l'ampleur du compliment.
Surtout
depuis que pas plus tard qu'hier, alors que j'allais récupérer la fille
d'une amie à la crèche, une des puéricultrices m'a demandé si j'étais
bien la grand-mère de l'enfant.
Oui oui, la grand-mère, point de coquille dans la phrase ci-dessus. Hélas.
Dire que je pensais qu'il n'y avait pas plus humiliant que de voir se lever un homme âgé dans le bus pour te céder sa place alors que tu as accouché depuis pas loin de cinq ans. Et bien en fait, si, il y a plus humiliant.
En même temps, je devrais être habituée, cette histoire d'âge me poursuit depuis un bon moment. La première fois que j'ai compris qu'on ne me prendrait jamais pour la grande soeur de ma fille et que faire jeune n'était pas héréditaire, j'avais 21 ans. J'étais dans un taxi et le chauffeur voulant me faire la conversation m'avait demandé ce que je faisais dans la vie. Après que j'ai répondu "étudiante", il m'a regardée dans son rétroviseur et m'a lancé, guoguenard: "Vous n'êtes pas un peu vieille pour ça ?". Le pire c'est qu'il ne plaisantait vraiment pas.
Quelques mois plus tard, alors qu'on cherchait un appart avec ma copine Chloé et qu'on présentait notre dossier à l'agent immobilier – je voue depuis une haine féroce contre les agents immobiliers, d'ailleurs ma copine Chloé aussi -, ce dernier nous a observées puis c'est adressé à moi et m'a dit très sérieusement: "Donc vous êtes la mère de ce jeune homme, je présume ?".
Pan.
Autant te dire que ce fut douloureux, et pour ma copine Chloé qui a décidé ce jour là de faire repousser ses cheveux (la veille un type mal intentionné l'avait traitée de travelo dans la rue ce qui tu en conviendras est peut-être encore pire) et pour moi qui venait donc de prendre facile 20 ans dans la vue.
Je me souviens que ma mère avait tenté alors de me consoler en me disant qu'en général, quand on fait plus que son âge, à un moment ou à un autre la tendance s'inverse et genre vers 40 ans on finit par avoir l'air d'approcher des 30.
Bon ben au vu de la méprise d'hier à la crèche, m'est avis que la théorie s'effondre comme neige au soleil.
Me demande si je ne vais pas changer d'avis, moi, au niveau du Botox.
En même temps tu me diras, vu que j'ai quarante ans depuis déjà une vingtaine d'années, vieillir n'est pas un problème pour moi, loin de là. D'autant que très franchement, je me trouve plus jolie aujourd'hui alors que je m'apprête à devenir quadra que lorsque j'avais vingt ans. Finalement, ne jamais avoir pu compter sur son physique a a au moins un avantage: il est un peu plus facile de lacher prise lorsque tout commence à foutre le camp… N'est-ce pas Isabelle ?
dfghfs
Pour cause d'angine au troisième degré, ce blog est momentanément hors service, le temps que je récupère l'usage de chacun de mes membres endoloris. Faudra qu'on m'explique un jour pourquoi l'angine ça fait mal jusqu'aux doigts de pieds.
A plus tard peut-être si tant est que les antibiotiques fassent effet.
Ils auraient intérêt vu que pour la chtouille c'est gagné d'avance.
Bon début de journée mes poulets.
Edit: Je veux un calin de ma mamaaaaaan. Et aussi qu'elle me mette du vicks. Et aussi que j'aille pas à l'école.
Je veux avoir 7 ans.
J'avais prévu un billet léger pour demain. Ensuite, pour cause de
gros blues (retour de couches et premier biberon donné ce soir histoire
de voir si les réveils nocturnes de l'iroquoise ne seraient pas dus à
une grosse fringale), j'avais décidé de ne pas faire de billet du tout,
pas le coeur à ça, trop fatiguée, trop broyeuse de noir (tout en étant
la première surprise d'avoir autant de mal à mettre fin à cette
parenthèse enchantée).
Et puis comme tout le monde ou presque,
je suis allée écouter les deux titres de Noir Désir mis en
téléchargement gratuit sur leur site.
Autant vous dire que la voix d'outre-tombe de Cantat, voix que d'ailleurs je ne reconnais pas, et la mélopée plutôt sinistre du premier morceau ne m'ont pas à proprement parler remonté le moral.
En revanche, j'ai un faible pour la version rock du temps des cerises, j'avoue. Même qu'un peu plus et je la collais à fond, histoire de faire péter les watts et d'oublier le temps qui passe et qui est assassin.
Et à bien l'écouter, "Gagnants/Perdant", le premier morceau, donc, dans lequel Cantat explique à Pimprenelle et Nicolas qu'en gros on ne nous la fait pas, forcément, me parle.
Mais en même temps, j'avoue, j'éprouve un malaise. Malgré moi.
Je n'ai jamais eu envie de prendre parti dans cette histoire, jamais eu envie de défendre Cantat. J'étais plutôt prompte à hurler lorsqu'on m'expliquait que le pauvre, l'amour, la passion, l'égarement d'un moment etc. Ok, la relation semblait toxique, ok ils ne suçaient pas que de la glace, ne fumaient pas que des gitanes et ne marchaient pas vraiment à l'homéopathie. Ok, pour se déchirer de la sorte il faut être deux. Il n'empêche qu'au final, il y en a une qui est morte. Sous les coups. Alors l'amour, la passion et tout le reste, ils ont bon dos.
Mais maintenant, "il" est sorti de prison.
Et son métier, c'est chanter. Alors a-t-il le droit ou pas, de redonner de la voix ? Devrait-on faire abstraction du reste, ne l'écouter que pour ce qu'il a toujours été, un chanteur engagé ? Ou doit-on rester sur la réserve par éthique, parce qu'on ne peut pas mettre "ça" de côté ?
Attention, ce sont des questions, que je me pose. Il n'y a pas de jugement, d'ailleurs le temps des juges est passé.
Finalement, il est question ici de réinsertion. Bien sûr, celle-ci est médiatique et people. Mais le fond du problème, n'est-ce pas celui-ci ? Est-il possible, après la prison, de reprendre sa vie la tête haute ou l'ancien criminel doit-il faire profil bas même après avoir purgé sa peine ?
Edit: Je sais que le sujet est brûlant. Je compte sur vous pour garder des propos mesurés. Surtout, encore une fois, l'affaire a été jugée et il n'est pas question ici de remettre en cause la culpabilité de cet homme ou de réécrire l'histoire…
Edit2: Pour écouter les titres c'est ici
La première fois que je suis allée à Deauville avec l'homme, ce
dernier m'a pris dans ses bras sur la plage et d'un ton parternaliste
et suffisant m'a dit: "tu vois, là, on le sent tout de suite qu'on est
face à un océan. C'est quand même autre chose que ta petite mer
méditerranée. Tu ne peux pas comprendre ça, bien sûr, toi qui est de
l'Est (imaginer le mot "est" prononcé avec tout le mépris d'un mec de
l'ouest). Mais moi, l'Atlantique, j'y suis né et dès que je le vois, je
me sens chez moi. Et puis chais pas, c'est pas pareil, un océan, ça ne
donne pas la même impression, c'est puissant".
Sauf qu'à Deauville, c'est la Manche.
Une mer, donc. Petite, qui plus est.
Ce jour là, l'homme avait perdu une occasion de se taire. La première d'une longue série.
Des années plus tard, il avait également perdu une occasion de se retenir.
Et résultat, le week-end dernier, c'est à cinq qu'on est revenus sur les lieux du crime.
Ah, Deauville…
Ses petites maisons sans prétention…
Ses hôtels de routards…
Sa lutte contre l'argent sale…
Son bien-nommé bar du soleil…
Ses vieilles bagnoles crasseuses…
Deauville, c'est simple, c'est tout nous.
Parce que faut pas croire, nous aussi on était motorisés. Une authentique Peg-Perego vintage, avec habillage pluie des grands jours, jantes ensablées, panier grande contenance et couverture tricotée main.
Alors bon, Maserati si tu veux mais la ramène pas trop.
De toutes façons, nous, on n'était pas là pour la frime. Ni pour le shopping. Pourtant, le shopping, là bas, c'est très pratique, t'as tout sur place.
Non, nous on avait décidé de battre un record.
Un record calorique.
Beh oui, la dernière fois, si t'avais suivi, on avait surtout fait zizi-panpan. Mais là, forcément, rapport à la marmaille qui nous accompagnait et notamment à number three qui rien qu'à la regarder on SAIT désormais qu'on fera TOUJOURS attention même les jours où soit-disant ça peut pas, on a surtout bouffé.
Attends, t'en connais d'autre toi des plaisirs de la vie si on fait abstraction de la luxure et de la bombance ?
Non.
Donc on a mis un point d'honneur à faire péter les sous-ventrières.
Parce qu'à Deauville, ce qu'il y a de mieux, c'est Trouville, en fait.
Et ses Vapeurs.
Où tu peux déguster les meilleures moules-frites de tout l'univers. Maison les frites. Et du Bouchot, les moules. Garanties.
Là bas, ils mégotent pas non plus sur la chantilly quand tes enfants ils prennent un banana plitch.
Ni sur la crème quand toi tu fais ta chochotte en choisissant du fromage blanc.
Bref, là bas, ils savent vivre.
Et je peux te dire que l'Iroquoise ne s'y est pas trompée. J'aurais pas voulu être la moule sur laquelle elle a louché tout le repas. Gênée qu'elle devait être, la bête.
Voilà, comme je sais que tu es friand des petits mots si savoureux de l'homme, je ne résiste pas à te confier cette déclaration sur la plage alors que le soleil brillait et que nous regardions amoureusement nos enfants courir vers nous…
"Mmmm… J'ai envie d'une moule mais sans les frites, si tu vois ce que je veux dire…".
Je vois.
Edit: Comme tu l'auras remarqué j'ai découvert les fonctionnalités de Picasa que même pas je pensais l'avoir sur mon ordinateur, ce logiciel. Tu notes le sens artistique que le bon dieu a mis à l'intérieur de moi ?
Edit2: Si tu trouves ce genre de reportage photo nul et non avenu, il faut le dire. Premièrement parce que ça me prend un temps t'as pas idée, deuxièmement parce que j'ai vraiment l'air d'une truffe quand je me mets à photographier mon plat de frites ou le cul d'une voiture. Donc si ça te plait c'est cool, mais sinon, faut le dire, quoi.
Edit3: Je ne résiste pas à ta narrer une réflexion de ma fille justement alors que j'immortalisais mon pot de crème: "Mais maman, pourquoi tu prends ça en photo ? Ah bon, pour ton blog ? Mais tu fais quoi sur ton blog ? Tu racontes ta vie ? Ah bon ? Et les gens, ça les intéresse ? Et ben dis-donc."
Avant-hier, je suis allée faire ma révision des 4000 chez ma gynéco
– "maman, c'est quoi une gynélo…quologue ? Un docteur de la zézette ma chérie. Ah, d'accord".
Après avoir devisé gaiement sur le bouquin que j'étais en train de lire – les
Déferlantes, même que ça s'annonce vraiment bien, merci à celles qui me l'ont
conseillé – et parlé de nos enfants – dix ans qu'elle me suit, ça crée des liens – nous avons endossé nos rôles respectifs, moi celui de la patiente, elle celui du médecin. Elle a alors procédé aux examens d'usage, frottis, observation de
la cicatrice et palpation de l'abdomen.
Ensuite, elle m'a demandé de serrer bien fort son doigt histoire de voir où en était mon périnée.
Et bien crois moi ou pas, mais limite je lui ai fait mal, dis-donc.
Je suis la championne du vagin, nom d'un chien. Musclée comme c'est pas permis au niveau de mon intimité.
Voilà, y'en a qui naturellement ont le mollet galbé ou des abdos particulièrement bien dessinés. Moi j'ai les sphincters toniques, on choisit pas.
En même temps, certes, c'est le truc dont on a un peu de mal à se vanter en société et qui ne se voit pas vraiment en maillot sur la plage, mais à priori, les Téna, c'est pas pour moi. Et cerise sur le gâteau, je suis dispensée de rééducation du minou.
Et ça, ma foi, ça fait plaisir.
Du coup, en sortant du cabinet médical, histoire de fêter ça, je me suis acheté une part de flan dans la boulangerie de mon ancien quartier. Ensuite, je me suis assise à une terrasse de café et j'ai commandé un panaché. La nuit tombait, il faisait doux, et pendant quelques minutes, je n'avais plus d'enfants, plus de mari et je n'avais plus 37 ans.
Pour un quart d'heure, un quart d'heure seulement, j'étais simplement une parisienne qui buvait un panaché à la terrasse d'un café.
Une parisienne dotée d'un périnée en béton, qui plus est.
Tu sais quoi ? C'était bon.
Je ne suis pas une spécialiste, hein, et puis encore une fois, que dire ici qui n'est pas mieux expliqué ailleurs sur cette journée historique ?
Il n'empêche que 24h a sûrement joué un rôle dans cette élection, j'en suis quasi persuadée. Non parce que moi, je voulais avoir David Palmer comme président, personnellement. Et Jack Bauer comme amant. Aussi. Surtout qu'il ne coûte pas cher en nourriture. Ni en papier toilette. Ni en capotes, en même temps. Rapport qu'en six saisons il a dû aller pisser deux fois, manger la moitié d'un hamburger et avoir un rapport sexuel non interrompu par l'explosion d'un virus atomique en plein Los Angeles.
Bref, Obama, Palmer, l'Amérique est pour moi l'incarnation du téléscopage permanent de la réalité avec la fiction.
C'est à la fois fascinant et complètement flippant, non ?
A part ça, c'est un grand jour, même si je doute qu'Obama le "socialiste" puisse changer grand chose au marasme dans lequel l'analphabète alcoolique a plongé son pays et par conséquent le reste du monde.
C'est un grand jour parce que
– Sarah Palin va retourner branler les ours en Alaska
– Mac Cain restera connu surtout pour ses frites au four
– La femme du président des Etats-Unis vient des quartiers pauvres mais a en commun avec ses prédécessrices un brushing parfait.
– Au Kenya, des femmes en boubou tuent le mouton pour fêter l'avènement d'un des leurs à la tête des Etats-Unis.
– La Floride a voté démocrate.
– Le président des Etats-Unis a un fort potentiel érotique.
Plus sérieusement, pourvu qu'il "puisse".
Après une césarienne, tu vas en salle de réveil, le temps que tes jambes retrouvent un semblant de mobilité et que les effets de la péridurale de cheval qu'on t'a faite disparaissent. Tu y restes environ trois heures. Une éternité quand on ne rêve que d'une chose, prendre dans ses bras ce bébé qu'on a eu tout juste le temps d'embrasser dans le bloc opératoire froid et hostile. Trois heures pendant lesquelles tu essaies de te rappeler le plus précisément possible ses trait, le son de ses pleurs ou l'odeur animale de ses cheveux.
Dans l'espoir qu'on me laisse sortir plus vite de ce sas de décompression, je tentais désespérément de faire bouger mes orteils et mentait effrontément à chaque fois que l'infirmière venait me demander si enfin, je sentais mes pieds. Oui oui, c'est bon, que je lui disais alors qu'on aurait pu je pense m'amputer sans que je m'en rende compte. Et toutes les cinq minutes, je répétais la même phrase: "c'est bientôt l'heure, là ?". Et toutes les cinq minutes la réponse était la même: "encore un peu de patience, madame, un peu de patience".
Et puis est arrivée dans la salle une femme, à qui on venait d'enlever un sein. Elle avait peut-être trois, quatre, cinq ans de plus que moi. Elle se réveillait difficilement, ouvrait un oeil, gémissait, puis se rendormait.
Elle n'avait aucune raison de se dépêcher, elle. Son sein avait été enlevé, elle ne le retrouverait pas en sortant de la pièce, aucun bébé ne l'attendait de l'autre côté de la porte. Forcément, la voir là, si près, dans la solitude de la maladie, je me suis fait l'effet d'une enfant gâtée. Qu'étaient ces trois heures dans une vie après tout, hein ?
J'aimerais vous dire que je me suis alors calmée et que j'ai fini par me raisonner en attendant gentiment que ce soit l'heure de la délivrance.
Mais ce serait faux. La vérité, c'est que côtoyer cette belle femme au visage si triste m'a rendue encore plus impatiente. Parce que trois heures, ce n'est peut-être pas grand chose. Sauf que la vie est une roulette russe. Qu'aujourd'hui tu donnes la vie et demain, on t'enlève un sein. Parce que ce jour là, j'étais du bon côté de la route mais que rien ne dit que dans un an je ne serai pas celle dont on n'envie pas le destin.
Alors j'ai continué de bouger mes doigts de pied, de soulever mes jambes de plomb. J'ai harcelé l'aide-soignante, l'ai suppliée d'appeler le médecin pour qu'il signe mon bon de sortie. Et quand pour la énième fois elle m'a demandé d'être patiente, je lui ai répondu que non. Non je ne pouvais tout simplement pas. Parce que ces minutes là, ces trois premières heures de la vie de ma fille, on ne me les redonnerait pas.
Aujourd'hui l'iroquoise a trois mois. Et hier, elle a eu un an. Une année s'est écoulée depuis cette étreinte alcoolisée à Trouville. Aujourd'hui, Rose sait rire quand on l'embrasse dans le cou, elle a peur dans l'eau et commence à attraper ce qu'on met devant elle. Elle a aussi appris à faire claquer sa langue et fait des bulles comme un escargot.
Son vocabulaire s'est enrichi de nouveaux mots, greuh, breuh et frout. Ses cheveux changent en fonction du climat. A Lyon par temps humide ils sont presque disciplinés bien qu'un peu bouclés. En revanche, dès qu'on passe le périph, la crête est de retour. C'est notre petite grenouille à nous, notre Joel Collado, notre baromètre un peu spécial.
Le soir elle aime s'endormir dans les bras et bien que ce soit le mal, ni son père ni moi ne trouvons à y redire. Même que les rares fois où elle trouve le sommeil toute seule on est à deux doigts d'être vexés.
Bref, la demoiselle grandit et je suis partagée entre le bonheur d'observer ses progrès jour après jour et la tristesse de la voir s'éloigner un peu plus chaque seconde de la minuscule petite boule de cheveux qu'elle était il y a trois mois.
Alors je savoure encore et toujours tous ces instants passés ensemble avant le retour au boulot