Catégorie : Je vous raconte ma vie

Barcelone ou les vertus de la maturité

Espagne
Hier, alors qu'on partait tous les cinq dès potron minet en direction de la Gare de Lyon et que ma frange avait décidé toute seule d'être super wavy (un VRAI problème, la frange wavy), une jolie jeune fille s'est avancée vers moi pour me dire qu'elle lisait ce blog. Passées les trois secondes d'incrédulité (je ne réalise pas toujours à vrai dire que ces pages sont lues par plus de trois personnes), je me suis confondue en remerciements tout en ne parvenant pas à me détacher de cette image de frange sur laquelle pourraient se tenir les championnats du monde de body board. Non sans également regretter amèrement de ne pas avoir passé deux minutes supplémentaires dans ma salle de bain histoire de cacher la misère.

Quand la jeune fille s'en est allée, Rose a demandé c'était qui. Le churros a répondu que c'était une fan de sa maman. Après il a trouvé très drôle sa blague de me traiter de "Caro-Gaga". Moi un peu moins mais ce n'était pas grave, j'étais bien trop occupée à me refaire le film, je dois avouer que ça me colle un melon, ce genre de rencontres. Surtout, j'ai dit, montrant par là toute ma vanité et mon acceptation de ma quarantaine, "elle était très jeune, ça me surprend toujours que des jeunes femmes comme elle me lisent" (en vrai ça ne me surprend pas, je sais bien que je suis restée moi même très juvénile, mais j'aime jouer les ingénues).

"Ben non, c'est normal, maman, ça les aide, sûrement, pour savoir comment elles feront dans leur prochaine vie, tu vois ? Dans leur vie de femme âgée, je veux dire"

Le machin est une source inépuisable d'inspiration. C'est d'ailleurs ce qui le protège d'une émancipation précoce.

Sinon, sachez que je pars à Barcelone avec le churros, alias le sévèrement burné. Trois jours sans enfants, dans un hôtel qui déchire. Un week-end pour fêter mes 40 ans (merci encore à mes amis si chers grâce auxquels j'ai fait péter la junior suite), nos quinze ans d'amour et, avec un petit mois d'avance, nos quatre ans de mariage.

Il n'a peut-être pas tort le bougre, quand il parle de "prochaine vie". J'ai l'impression d'en avoir eu plusieurs, en effet.

Voilà, la météo n'a pas l'air d'être de notre côté, donc la piscine sur le toit ne va probablement pas être d'une grande utilité, mais je crève d'envie de manger du jamon et de boire du rioja. Et aussi du tinto de verano, ce mélange exquis de limonade et de piquette rouge. Peut-être même qu'on ira s'indigner un peu sur la place de Catalogne.

Après on retournera dans notre junior suite.

C'est ça, peut-être, la maturité, non ?

Edit: une grosse bise à la jeune fille du 13e. Ma grande, la chérie (ma préférée), vous a trouvée "très jolie".

De la personnalité

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Hier, une jeune fille m'a envoyé un mail pour me demander un conseil. Elle s'apprête à passer le concours du Celsa, pour devenir journaliste et s'inquiète de ne pas être assez grande gueule, or, m'explique-t-elle, lors de l'oral de "personnalité", il faut qu'elle soit capable de montrer de quel bois elle se chauffe.

D'où le mail.

Hélas, lui ai-je répondu, rien que de lire "oral de personnalité", je sens les prémisses de la crise d'angoisse. Je serais bien incapable personnellement de passer devant un quelconque jury pour défendre mon originalité, ma singularité ou ma pertinence. Je me transforme en lamantin dès que trois personnes ont pour mission de m'évaluer en direct.

J'ai beaucoup réfléchi ces derniers temps sur ce truc qui me saisit dès que je dois prendre la parole. Et j'ai compris une chose. Ce n'est pas le nombre de gens qui m'écoutent dans la salle qui comptent, ni même leur niveau intellectuel ou statut social. Le problème survient quand il s'agit de parler… de moi. Ah ça, écrire des tartines sur les aspects les plus privés voire embarrassants de ma vie, je sais faire. Et ça sans éprouver la moindre gêne à l'idée que certains des miens, voire des employeurs potentiels me lisent.

Mais quand vient mon tour de me présenter lors d'une réunion, je me liquéfie. Je dépasse en général ce malaise, mais ma gorge se serre immanquablement et quiconque me connait un peu s'aperçoit que je suis au bord de la panic attack..

En revanche, et je peux admettre que c'est un paradoxe, je n'éprouve quasiment aucune angoisse à l'idée d'interroger qui que ce soit. J'ai durant ces huit années dans mon agence de presse, interviewé des dizaines d'élus, de commissaires européens ou ministres et même, maintenant je peux l'écrire puisque je n'y suis plus, un futur président de la République. Non, pas François Hollande. Un ministre, alors de l'intérieur, devenu depuis président de la République. Enfin, plus précisément, je ne l'ai pas interviewé mais, et je crois que c'était encore pire niveau trouillomètre, je lui ai posé une question, gênante, en conférence de presse. Une question qui m'a valu deux heures après un coup de fil de son cabinet pour m'apporter les précisions qu'il n'avait pas été en mesure de me donner.

N'y voyez pas de vantardise, histoire de briser le mythe, j'ai également arrosé de mon coca les dossiers de travail de Valérie Pécresse dans un Falcon qui nous ramenait de Bruxelles vers Paris. Ce qui n'a probablement pas contribué à ce que cette dernière ait envie de devenir un jour mon amie.

Par contre et je tiens aussi à l'écrire, je n'ai jamais été contrainte à faire quoi que ce soit de déshonorant à Dominique Strauss Kahn.

Ceci étant dit je ne l'ai jamais interviewé non plus. Tout au plus croisé une fois dans une conférence. Le temps de constater qu'il était tout petit.

Et même là, rien, pas même un regard désobligeant.

Ce qui peut paraitre un rien vexant quand on sait le nombre de femmes qu'il a manifestement déshabillées ne serait-ce que mentalement.

Parler de moi, disais-je, même pour résumer en trois phrases qui je suis, me plonge dans des affres sans nom. Ce qui ne m'a toutefois jamais gênée pour exercer mon métier. Parce qu'à moins de s'appeler Laurent Joffrin, Jean-François Kahn ou Franz Olivier Giesbert, le journaliste est tout de même plutôt sensé s'effacer derrière son sujet.

Tout ça pour dire à cette jeune fille aspirante journaliste et à deux ou trois autres qui m'ont écrit ces derniers temps pour me demander des conseils avisés, que la "personnalité" sur laquelle toutes les écoles semblent vouloir miser, ce n'est franchement pas très important. La qualité première pour embrasser cette carrière – mise à part la considérable inconscience de vouloir exercer une profession moribonde et menacée offrant des perspectives salariales pathétiques – c'est la curiosité. Celle qui pousse à dépasser sa timidité, justement, celle qui donne envie de poser les questions qui fâchent, celle qui rend la pratique du journalisme si passionnante et impérieuse. Quoi de plus merveilleux que de pouvoir vivre d'une activité qui vous amène à développer ce qu'on vous a toujours dit être un vilain défaut ? Franchement ?

Voilà, pour résumer, je suis une grande gueule d'escalier, une fois la porte du patron refermée, ou de repas arrosés, quand l'alcool fait vaciller les inhibitions. Mais je crois être une bonne journaliste, pas de celles qui signent dans Le Monde ou Libé ou qui mènent des enquêtes qui changent la face du monde. Ma came, et c'est ce qui me permet de me féliciter tous les jours, malgré les doutes, d'avoir quitté ma vie d'agencière "politique", c'est de pouvoir interroger les gens, experts ou non, sur l'intime, leur vie, leurs contradictions ou la façon de les gérer. C'est aussi d'analyser une tendance, essayer d'en comprendre les tenants et aboutissants. C'est, à partir de ce matériau, du fruit des entretiens menés, construire un "papier", tenir le fil jusqu'au bout et espérer ne pas avoir perdu en route plus de la moitié des lecteurs.

Ici, à quelques exceptions près, je ne fais pas du journalisme. Je livre sous le coup de la colère ou de toute autre émotion, un ressenti. Ce qui est l'exact inverse du journalisme. Par conséquent, autant je peux comprendre les désaccords de certains quand je prends des positions arrêtées, autant je ne souhaite plus entendre ou lire des allusions au fait que ça puisse être contraire au métier que j'exerce. On a tous le droit, médecin, caissière, documentaliste, instituteur et j'en passe, d'exprimer une opinion. Ce qui serait grave, serait de me livrer à des approximations ou digressions idéologiques dans les articles que je rédige pour des médias qui me paient en piges. Là, ce serait anti-déontologique et un mélange des genres trompeur.

C'est tout.

Edit: Je ne suis pas certaine en revanche que ce billet me permettra décrocher une place pour les prochains défilés de la fashion week. C'est rageant. Par contre on ne sait jamais, certains community managers pourraient s'arrêter à la photo. Ce sont des pompes achetées chez Monoprix il y a quelques mois déjà. Une bouchée de pain, seyantes et confortables. Je ne sais pas vous mais j'ai peine à trouver des sandales à talon qui me plaisent pour l'été. Quoi, je suis faux cul ? What did you expect ?

Collaborations diverses et très variées

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En partance pour le Nord où je dois animer une conférence – sérénité -, je passe en coup de vent pour vous dire que a) c'est le jour Mon Bazar Vert, avec une tentative rocambolesque de trouver un lien entre DSK et tout ce qui est développement durable et b) j'ai entamé une collaboration avec un "blog de marque", qui s'appelle "La taille mannequin c'est démodé". Deux fois par mois j'y ferai une chronique.

Je précise qu'il s'agit bien d'un site commercial, que c'est une prestation rémunérée – de la même manière que sur Mon Bazar Vert – et que je ne contrains personne à s'y rendre. Le blog appartient à la marque Sans Complexe qui propose de la lingerie à toutes les tailles et s'était distingué l'année dernière par une campagne de pub très "Dove Like". Je ne vais pas vous faire l'article, je n'ai jamais acheté leurs produits. Si j'ai accepté de contribuer au blog de la marque, c'est parce que la jeune femme qui me l'a proposé est charmante et que la consigne ne peut pas être plus limpide et agréable: "Tu parles de ce que tu veux, pas forcément de lingerie, pas forcément de Sans complexe. Tu parles de la vie, avec le ton qui te caractérise".

Ok, ça peut se faire, alors.

Voilà, Mon Bazar Vert et La taille mannequin c'est démodé, aujourd'hui c'est ici donc que vous pouvez me lire.

Pour le reste, j'avoue être un peu torturée ce matin par une question existentielle: est-ce que des bêtabloquants périmés depuis janvier peuvent être efficaces malgré tout ? Vous remarquerez que je ne me pose pas le problème de savoir si éventuellement ça pourrait me tuer. Ça je m'en fous, en fait, à quelques heures de parler dans un micro.

Edit: J'essaie de convaincre la tricoteuse masquée de se lancer dans le business des produits dérivés des blogueuses influuentrices. Je ne désespère pas de la convaincre. Par contre le churros a tenu a lui faire passer un message par l'internet mondial: il a peur que pour lui, elle n'ait pas assez de laine. Fais gaffe churros, un jour on galèje et le lendemain on se retrouve à Rykers Island.

Histoires d’amitié(s)

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Hier soir, j'écoutais l'émission de Kathleen Evin sur Inter en faisant mes crêpes (45 au final et pas une de plus) (d'autant que je ne saurais expliquer pourquoi mais à chaque fois que je fais des crêpes je suis au bord du malaise vagal) (littéralement, je veux dire). C'était une rediffusion. Ce dont on se fout, d'ailleurs, mais j'aime bien être précise.

Il y avait cet écrivaine,Christine Montalbetti, dont je n'ai jamais rien lu mais qui a une voix incroyablement douce. Elle parlait de son dernier livre, "Une journée américaine", une sorte de road trip entre l'Oklahoma et le Colorado, d'un homme allant visiter un ami. Le bouquin a l'air bien, mais ce n'est pas de ça non plus que je voulais vous parler. C'est de ce qu'elle disait de l'amitié. Plus précisément du rapport au temps qu'entretient l'amitié. Le fait que qu'elle se nourrisse du temps qui passe, se solidifie, se stratifie (stratéfie ?) à l'usage.

Rien de bien révolutionnaire, mais ses mots ont résonné. D'autant plus que le week-end dernier fut fort en amitié et que les propos de Christine Montalbetti sont venus confirmer à postériori ce que j'ai ressenti alors. J'aime passionnément l'idée de l'amitié, j'aime aussi viscéralement cette magie que représente la possibilité d'une nouvelle amitié, quelque âge on ait.

Je me souviens d'une rentrée scolaire en CM2, où on m'avait séparée de toutes mes amies. J'en avais souffert du plus profond de mon être, parce que déjà, tout sauf une âme solitaire, j'étais heureuse en meute, avec un besoin presque pathologique d'être entourée. Je me souviens aussi de ma mère me consolant, m'expliquant que je me referais des copines, que j'étais encore petite, que la vie était longue et pleine de surprises. A l'époque je trouvais ça insupportable, l'idée même que l'on puisse remplacer des amies par d'autres. Et je n'y croyais pas, non plus, à vrai dire.

Aujourd'hui, je ne peux que constater à quel point elle avait raison, comptant parmi mes proches des copains vieux de vingt ou trente ans et d'autres tous neufs. Si je pouvais aller parler au creux de l'oreille de cette petite fille en larmes que j'étais alors, je lui dirais d'écouter sa maman. Je lui dirais aussi qu'en effet, la vie est pleine de surprises, des mauvaises, bien sûr, parfois, et puis des bonnes. Je lui dirais aussi que dans plus de trente ans, la belle Hélène, chérie puis passée directement en sixième et par le même coup perdue de vue, lui écrirait un mot par un drôle de canal qu'on appellerait mail, l'ayant retrouvée par le truchement d'un média encore plus étrange que le mail, un "blog".

"Te souviens tu de moi, ta première meilleure copine ? Ok, nous étions en maternelle, mais justement, ça compte double, non ?".

Je lui dirais aussi qu'on ne se choisit jamais par hasard, même à 4 ans. Parce que dans ce mail, elle décèlerait tant de points communs trente ans plus tard, qu'elle comprendrait qu'on ne fait jamais que devenir ce qu'on a toujours été.

Bonne journée.

Le temps est assassin et emporte avec lui le rire des enfants

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Aujourd'hui, si vous voulez me lire, allez sur Mon Bazar vert, c'est le jour de ma chronique mensuelle.

A part ça, en revenant du ski, de passage chez mes parents, je me suis amusée à photographier avec mon Iphone quelques vieilles photos de moi à l'âge de Rose. C'est la Violette qui m'en avait donné l'idée, en effet lorsqu'elle a lancé son appel aux photos vintages, je n'ai pas pu lui en envoyer, faute de matière première.

Bref, j'ai immortalisé quelques clichés vieillis qui me plaisaient. Et en triant mes photos de vacances, j'ai découvert, troublée, que beaucoup d'entre elles renvoyaient à celles d'hier, voir d'avant-hier. Ok, avant avant hier.

Je trouve ça très émouvant et en même temps totalement flippant, de me voir dans ce babygro color bloque exactement au même endroit que Rose avec son mini BN, ou sur ce canapé improvisé en plein champ avec ma mamie, reproduisant les mêmes gestes que ma fille 40 ans plus tard avec elle ou bien encore m'essayant pour la première fois au ski (avec un style qui m'appartient, merci) aidée par mes parents, les mêmes qui se sont à nouveau cassé le dos avec mon helmut la semaine dernière.

La vie est un éternel recommencement et je crois que j'aime cette idée. Et en même temps, ce temps qui passe me terrifie.

Edit: Par contre j'avais déjà des problèmes de frange. Mais j'étais blonde. Je veux dire, sans l'aide de Michel.

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Let’s talk about money

Ongles
Il y a quelques jours, donc, il y a eu cet article dans Le Monde, qui s'appelait "La révolte des blogueurs". J'ai eu l'extrême honneur d'y être citée et je dois avouer que ça m'a remplie d'une fierté inavouable. Le Monde, quoi. Au delà de ça, le sujet du papier était alléchant. En gros, la question posée était la suivante: "Les blogueurs ont-ils raison de vouloir être payés ?".

Petit problème, j'ai eu la sensation en le lisant qu'il y avait confusion. Entre les blogueurs et les contributeurs sur le net. Tout est parti en effet de la bronca des contributeurs du site "The Huftington Post", sorte de Rue 89 à l'américaine, qui repose essentiellement sur les chroniques de people du net, certains étant des blogueurs, d'autres non. Des contributeurs non payés, le site leur apportant une notoriété censée leur suffir.

C'est peu ou prou la même position défendue chez Rue 89, qui rémunère ses journalistes mais pas ses contributeurs.

On est donc un peu loin du marronier de la blogosphère concernant les revenus des blogueurs, ces salopards qui se rincent à grands coups de billets sponsorisés. Ce qui ne signifie pas que l'article soit dénué d'intérêt.

J'avoue être partagée, concernant justement ces contributeurs qui estiment devoir être payés. Pourquoi ? Parce qu'en tant que journaliste, je suis évidemment menacée par cette illusion selon laquelle n'importe quel citoyen peut faire mon métier et revendiquer un salaire en retour. Je suis menacée professionnellement, mais également personnellement. Parce que je sais que bien que souvent galvaudée, la compétence du journaliste existe. Que lorsque j'écris un article, je croise mes sources, je passe du temps à prendre des notes, je m'astreins à respecter des règles éthiques, je garde mon jugement pour moi, etc. Nombre de reporters amateurs ne s'embarrassent pas de toutes ces contraintes. Ça donne à l'arrivée des informations moyennement fiables, sans recul, sans filtre journalistique.

Du coup, je ne peux que m'élever contre ce courant qui vise à faire de chacun de nous des producteurs d'information.

Ceci étant dit, en tant que blogueuse, je sais aussi que rien ne m'agace plus que les sollicitations des sites participatifs, m'invitant à pondre un ou deux billets pour eux gratuitement, en échange de cette sacro-sainte notoriété.

Devinez-quoi les gars: la notoriété ne paye pas le loyer. Ni même une baguette de pain. J'ai bien tenté récemment de négocier mon croissant avec ma boulangère en lui expliquant que j'avais un putain de nombre de pages vues, elle m'a regardée aussi perplexe qu'une poule à qui on aurait donné un couteau.

Bref, je ne suis pas très favorable à ce que les sites participatifs élèvent n'importe qui au rang de journaliste mais je suis également opposée à la manière dont ces sites utilisent les blogueurs et contributeurs, se servant de leur plume pour faire du clic sans les rétribuer.

La solution ? Je ne la connais pas. Je pense qu'avant tout, il faut absolument clarifier le statut des informations mises en ligne, préciser si l'auteur fait part d'une opinion personnelle, qui vaut ce qu'elle vaut parce que le simple fait qu'il l'énonce lui confère un intérêt, ou s'il a réalisé une enquête rigoureuse au préalable et que les faits sont avérés.

Ensuite, lorsqu'une personne, journaliste ou non, de par sa notoriété, donc, permet à un site participatif d'enregistrer des visites, ça me semble normal également qu'on le rémunère.

Oui, absolument, je prends vachement position.

Et en ce qui concerne les blogueurs et le blé qu'ils ramassent ? ("non parce que c'est ça, quoi, qu'on veut savoir, putain")

Vaste sujet également, sur lequel j'avais pas mal bavassé avec le journaliste, étant incapable personnellement de tenir ma langue. Surtout, je trouve toujours étonnant la manière dont on ne parvient pas en France à parler d'argent. Donc je veux bien dévoiler ce que ce blog me rapporte. Sachant que ce qui est valable pour moi ne le sera pas pour un ou une autre.

En gros, ce serait mentir que de prétendre que "PDR" me fait vivre. Ce le serait tout autant que de jurer que je ne gagne rien avec. Disons que ce fut jusqu'à ce que je démissionne une cerise sur le gâteau. Et qu'aujourd'hui, c'est une part du gâteau, lequel étant devenu plutôt un biscuit (je vous confirme que la pige ne garantit pas un revenu mirobolant) ("oh, l'autre, elle va arrêter de nous faire chialer ?").

Combien, donc ? ("mais elle va la cracher sa valda ?")

Ça dépend, ça dépasse. La pub, que vous voyez parfois s'afficher à droite, ce qu'on appelle le display, peut être assez lucrative, lorsqu'il y en a beaucoup et qu'on comptabilise pas mal de pages vues. Le problème, c'est que certains mois, c'est le désert de Gobi et d'autres c'est l'affluence. Comme ces derniers jours, par exemple, où c'est la fête du string au pays des pavés. Donc donner une moyenne mensuelle ne me semble pas très pertinent. En gros, au mois de janvier, j'ai du gagner 50 euros. Mais en février, c'était plutôt 600. Et les très bons mois, rares (un ou deux dans l'année je pense), cela peut monter jusqu'à 1500 (là c'est champagne). Ramené sur douze mois, ça ne fait pas un salaire, donc, mais ça n'est pas négligeable non plus.

L'autre moyen de gagner des sous, c'est le billet sponsorisé. J'en fais peu, par goût et aussi parce que mon blog n'est pas assez lisse pour intéresser les annonceurs. Ce qui ma foi ne me dérange pas plus que ça, au moins je n'ai pas très souvent de cas de conscience. Mes principes ont les limites de mon découvert, je dois bien le dire. (je veux dire par là qu'il est parfois difficile de refuser. En revanche, je n'ai jamais pu me résoudre à changer le contenu de ce blog pour qu'il "colle" aux attentes des annonceurs. Autrement dit, je continue à parler de ce que je veux, sans jamais penser à ce que ça peut avoir comme conséquences sur ma "côte" auprès des marques)

Combien pour un billet sponsorisé ? Ma transparence s'arrête là ("ben voyons, j'en étais sûr"), parce que j'ai une obligation de confidentialité vis à vis de ma régie, cette dernière fixant le tarif pour chaque blogueuse en fonction de tout un nombre de paramètres. Mais c'est bien payé. Et assez écoeurant pour la pigiste que je suis: c'est à peu près équivalent à ce qu'un long papier dans la presse magazine rapporte, avec croyez moi bien plus de boulot à la clé et d'huile de coude au moment de l'écriture.

Bref, voilà, après il peut y avoir des à côtés, des collaborations comme celle avec Mon Bazar Vert ou d'autres sites (je vous en parlerai le temps venu), rémunérées elles aussi, mais plutôt comme des piges.

Je précise que tous ces revenus du blog sont déclarés au titre du statut bien batard d'autoentrepreneur et qu'il faut donc déduire 20% de la somme touchée. Somme qui n'ouvre droit à aucune cotisation chômage.

La conclusion ? Un blog peut rapporter de l'argent. En vivre est peut-être possible mais 1) ce n'est pas mon intention 2) c'est à mon avis très difficile 3) de toutes façons précaire.

J'espère que ce long billet sentencieux ne vous a pas gonflés et qu'il ne déchainera pas les passions. Je l'ai écrit parce qu'on m'interroge fréquemment par mail sur le sujet et que je lis ça et là n'importe quoi. Je peux comprendre que certains estiment que faire du profit grâce à son blog est antinomique avec l'acte même de bloguer. Ce n'est pas mon avis, tout est une question de limites qu'on s'impose.

Dernière chose. Les blogs ont ceci de merveilleux qu'ils sont libres d'accès. Je ne dis pas "gratuits", parce que quelque part, la pub, on la paie tous un peu, elle fait partie du prix des biens qu'on achète. Mais il n'empêche que venir me lire ou tout autre site est un acte volontaire qui ne vous engage pas financièrement. Par conséquent, si la présence de temps à autre de pavés publicitaires envahissants ou de billets sponsorisés vous file de l'urticaire, il y a une solution toute simple. Cliquer sur un des liens de ma blogroll, par exemple.

Et je le dis sans animosité, sans arrogance. Parce que moi même, lorsque je trouve qu'un blog devient trop commercial, je passe mon chemin. Mais le fait est que demain, vous allez bouffer du sponso. C'est un concours de circonstances, je ne savais pas du tout quand j'allais le publier et alors que je mettais un point final à ce billet titanesque, on vient de me donner le feu vert. Quand je dis "manger", d'ailleurs, c'est au sens propre comme au figuré. Moi je dis, à bon entendeur…

Edit: Le vernis c'est l'OPI "Yoga-Ta get this blues". Je le signale parce qu'on me le demande souvent quand je mets une photo avec du vernis. Pourquoi cette photo ? Parce qu'elle est chouette, non ? Et puis ça fait riche, le vernis. Même si ça n'est que… du vernis.

Edit 2: Par contre j'ai de la couperose sur l'index, non ?

Edit 3: Rien à voir mais ce soir, sur la péniche Anako dans le 19ème, est organisée une soirée de soutien au Japon. Pour 10 euros l'entrée, vous assisterez à un spectacle avec jongleurs, musiciens, comédiens, etc. Moi je dis, combiner bonne action et chouette moment, c'est toujours profitable. Pour plus d'infos, allez sur le site de la péniche.

La belle vie

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Rentrée hier soir tard, je suis à la fois heureuse d'avoir retrouvé mon chez soi (= mon wifi – c'est pitié de l'écrire mais ce serait mentir que de prétendre que ça ne m'a pas manqué) – et triste comme les pierres de ne plus être là bas, dans ce châlet qui ne m'appartient pas mais auquel j'appartiens un peu, conséquence de toutes ces années à y traîner mes guêtres au mois d'avril, quand la neige est soupe mais les pistes sont vides, quand en haut du téléphérique on est encore en hiver mais que l'été commence à embaumer les remontées et que les crocus percent ça et là, entre deux névés.

Je n'ai évidemment rien fait de ce que je m'étais juré d'entamer (mon roman, entre autres) (si j'avais écrit autant de romans que j'en avais eu l'intention à chaque veille de vacances, Danielle Steel et moi partagerions un bungalow au Château Marmont) mais en revanche je ne suis pas peu fière d'avoir bien avancé dans le visionnage des Brothers and Sisters, sorte de ressucée de Dallas à la mode californienne. De ce côté là on peut dire que j'ai été sacrément efficace.

Lu aussi, pas mal, je vous en dirai deux trois mots dans les jours à venir (note pour plus tard, ne pas griller toutes ses cartouches en un billet) et surtout, mis mon cerveau en pause, profité d'êtres chers presque perdus de vue depuis trois ans pour cause de saloperie de virus à la con, marché (si si si), consommé (peu), mangé (beaucoup), bu (énormément mais uniquement du vin d'orange home made, thanks again Chantal), rêvassé, réfléchi, aussi, sur ce qui me meut et m'émeut.

En fin de compte, je reviens sans certitude aucune si ce n'est celle d'aimer sans retenue toutes les belles âmes cotoyées ces jours derniers. Et c'est peut-être ça, qui me meut. Et m'émeut.

Voilà, pas grand chose de plus en ce jour de rentrée un peu particulière puisqu'elle se fait sans enfants – allez-y, jettez moi vos pierres – et sans reprise du métro – ça ira, là non ?

Ah, si, ça me fait quand même un peu mal de n'avoir aucun collègue à qui montrer mon bronzage. A quoi ça sert, du coup ? Je veux dire, à part pour mon cancer de dans dix ans ?

Je vous laisse avec la suite de mes photos Iphone, j'ai bien aimé vous envoyer mes cartes postales, en voici d'autres, prises au fil de cette semaine. Je reviens très vite avec du sexe et de la mode. Ou pas.

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(je suis d'accord qu'on est en pleine crise capillaire)

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Les dernières photos ont été prises dans le jardin de mes parents, hier au retour. C'est fou comme en une semaine, le printemps reprend ses droits, à chaque fois on a l'impression d'être partis des mois tant la végétation semble luxuriante quand on revient.

 

Mécénat et ongles douteux

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Journée un peu particulière aujourd'hui puisqu'en quelque sorte je retourne au bureau. Enfin pas vraiment au bureau, mais je renfile mon costume de journaliste éduc et je couvre une conférence pour un magazine très étudiant avec plein de gens très sérieux (on parle de prendre des notes pendant les débats pour ensuite en rédiger un compte-rendu, pas d'aller sauter sur les bombes en Libye, on a le journalisme qu'on mérite).

Ceci dit, c'est amusant, en partant de mon agence de presse, je pensais tirer un trait sur cette partie là de ma vie professionnelle. Finalement, on ne ferme pas la porte aussi facilement sur huit années d'immersion dans un secteur, quel qu'il soit.

Et c'est peut-être très bien comme ça. Ce grand écart entre mon blog, mes papiers pour pour Psycho, mes projets d'écriture et le type de boulot d'aujourd'hui, je le vivais mal quand j'étais en poste. Impression de trahir mon employeur, de ne pas savoir choisir, de n'être à ma place nulle part.

Aujourd'hui, c'est différent, je vais où bon me semble, en toute transparence. Je ne cache rien aux uns ou aux autres et je revendique, même, ce goût pour des sujets variés. Résultat, plus une once de culpabilité et un réel plaisir de ne pas quitter complètement ces gens qui furent mes contacts pendant des années.

Aussi, il faut bien payer le loyer, hein*.

Par contre, je n'ai plus de dissolvant et à force de me dire que je vais aller m'acheter le bain magique pour les ongles de chez Sephora (que même ma copine qui reçoit tous les cosmétiques à l'oeil, elle l'ACHETE, parce que d'après elle, c'est MIRACULEUX), sans bien sûr me résoudre à bouger mon postérieur, je me retrouve à quelques heures de partir jouer les femmes Barbara Gould, avec les ongles aussi propres que les oreilles de ma fille. (on sécrète énormément de cerumen, dans la famille).

* J'ai moi aussi du mal à y croire mais pour l'instant, aucun mécène n'est venu me trouver pour me proposer de me financer une année dans une maison d'écrivains située de préférence à la Barbade. Les chiens.