Catégorie : Film

« La part des anges » et autres…

Cannes
Photo prise par © Isabelle Vautier pour Commeaucinema.com, montée des marches de l'équipe du film à Cannes

La semaine dernière, étant sans enfants, on a fait grimper notre taux de fréquentation des salles obscures d'au moins 200%. Deux films en cinq jours, j'avais l'impression d'avoir 25 ans.

L'occasion d'aller voir "La part des anges", le dernier film de Ken Loach. Si vous avez besoin de retrouver un peu de foi en l'humanité, de découvrir des acteurs pour la plupart non professionnels et pourtant incroyables de vérité et de passer du rire aux larmes, courrez-y.

C'est un film comme seuls les Anglais savent les faire, qui parle de la difficulté d'aller contre un destin qui semble tracé d'avance, de résilience, d'amour et de solidarité. Le héros, petite crapule au coeur pur, veut s'en sortir pour celle qu'il aime et surtout ce fils qui vient de naitre. Hélas, dans cette petite ville d'Ecosse sinistrée par le chômage, on n'échappe pas à sa condition. Entre son beau père qui veut mieux pour sa fille et le fait tabasser et un chef de clan dont la famille est l'ennemie de la sienne depuis trois générations, Robbie est acculé.

C'est sans compter la drôle d'amitié qui le lie à la troupe brinquebalante de petits délinquants condamnés à des travaux d'intérêt général. C'est surtout sans compter la persévérance d'Henri, l'éducateur qui leur a été assigné. Cet amateur émérite de whisky décide d'initier ses élèves pas comme les autres à l'art de la dégustation du breuvage…

Je ne vous raconte pas la suite mais c'est donc drôle, émouvant, rassurant, un peu immoral et roublard. ça donne envie de partir dans les highlands, aussi, même si nom d'un chien, l'écossais est quasiment une langue à part.

Je me souviens d'ailleurs d'un voyage de presse à Glasgow, dans une autre vie, où dès l'arrivée à l'aéroport je m'étais aperçue que je ne comprenais pas un traitre mot de ce qui m'était dit. Ce qui s'annonçait problématique pour la suite, à savoir une conférence de présidents d'universités hébergée par celle de Glasgow et composée en grande partie d'intervenants écossais.

Je me suis toujours demandé comment j'avais finalement réussi à pondre des dépêches à l'issue des débats et surtout ce qui pouvait expliquer qu'aucune des personnes citées ne m'aient trainée en diffamation. En réalité je crois qu'il ne peut y avoir qu'une seule réponse: elles n'ont jamais lu mes articles.

Bref, allez voir "La part des anges", en cette journée d'annonce de suppression de près de 10 000 emplois chez Peugeot, vous y trouverez peut-être un peu de réconfort.

Par ailleurs, je vous ai déjà parlé ça et de mon ami Gilles Tillet, réalisateur et scénariste. Il vient de mettre en boîte deux pilotes d'un projet de programme court. Sur ce coup là, il n'est que le réalisateur, les scénarios sont signés par les deux comédiennes. On reste dans le social et c'est trash, très trash. Il est je crois preneur de vos avis. Je crois personnellement préférer ce qu'il écrit lui mais j'aime bien la façon dont il a mis en scène et filmé. Le premier épisode est et le second ici.

Enfin et c'en sera fini de cette chronique très sociale, j'ai un autre très bon ami, Manuel Jardinaud, qui vient lui de terminer un webdoc sur les intérimaires. Six témoignages de travailleurs et de leurs conditions de vie. C'est très fort je trouve et ça mérite de circuler…

L’aura de Sophie Marceau, le swing de Gad Elmaleh

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Vendredi dernier une amie m'a invitée au débotté à l'avant-première du film avec Gad Elmaleh et Sophie Marceau, "Un bonheur n'arrive jamais seul". Le churros étant arrivé exceptionnellement avant 20h30 ce soir là, je suis partie ventre à terre sur les champs, ravie à l'idée de me faire une toile sur le vif entre copines avec en prime des peoples pour de vrai dans la salle.

Enfin des peoples…

… Sophie Marceau, quoi. VIC BERRETON.

"- Ils sont derrière nous !

 – T’es sûre ?

– Je te le dis !

– Je crois qu’ils veulent nous rattraper… Ralentis sans en avoir l’air… Ralentis je te dis !

– Si je ralentis d’avantage je m’arrête !

Ou le non moins savoureux:

 Vic: Ça fait rien laissez tomber, de toutes façons vous en avez rien à foutre ! Vous vous êtes même pas aperçu que j’ai paumé ma gourmette en or que j’ai raccourci ma frange, vous l’avez même pas vu ! J’ai plus rien à me mettre j’ai plus de chaussettes dans mon tiroir, vous avez même plus le temps de me faire réciter mes leçons, ni de me faire à bouffer ! Ça vous est bien égal de savoir si j’suis heureuse ou malheureuse !

Claude Brasseur : Mais qu’est ce qu’elle a ?
Brigitte Fossey : 13 ans…

Sur l'ile déserte, celle où à force que tout le monde y aille avec ses cinq CD et ses dix films on risque d'être un peu serrés, sûre que j'emmènerai mon DVD de la Boum. Et aussi la 2 même si c'est moins bien.

Il y a quinze ans, je l'avais croisée dans une rue du Marais. Salopette en jean et marcel blanc, une sorte d'apparition pour la nouvelle parisienne que j'étais et qui pour seule célébrité n'avait vu jusque là que Jean Poiret place Bellecour à Lyon, sortant d'une représentation de la cage aux folles. 

Vendredi, même aura sur la scène du Gaumont Marignan. "Il n'y en a qu'une comme elle", qu'on s'est dit avec ma copine, en mode fan de. "C'est notre Julia Roberts", ai-je ajouté doctement (j'ai fait sciences-po).

Sans blague, c'est difficile à expliquer mais voilà, voir Sophie Marceau en vrai c'est un peu comme croiser Meg Ryan avant qu'elle n'ait été réincarnée en canard.

En revanche, bien qu'étant par nature altruiste et magnanime, je m'étonne quelque peu que le temps ait décidé de s'arrêter pour Vic qui n'a donc que quelques années de plus que ma propre fille de douze ans, alors même qu'elle est j'en suis convaincue bien plus âgée que moi (j'ai 32 ans).

La boum

Et le film ?

Le film est une comédie romantique plutôt bien ficelée, malgré une ou deux longueurs. Un parfait prétexte pour une soirée de filles avec coktails roses après. Deux heures pas désagréables (euphémisme) en compagnie de Gad – fiouu – Elmaleh qui dans le registre de la séduction s'en tire vraiment très bien. Mention spéciale à son déhanchement quand il danse le tango. J'étais un peu émotionnée (je bandais). Je crois que j'ai enfin mis le doigt (hin hin hin) sur ce qui me fait démarrer au quart de tour chez un homme. Je m'en doutais un peu après Polisse et le solo de Joey Starr dans la boite de nuit. Mais là je suis formelle. Les hommes qui dansent – bien – peuvent assez facilement disposer de mon corps. 

Voilà, après ce billet qui va loin, très loin, je vous laisse, hop au Grau (du roi), avec Violette et Elise. Ouais, je rempile pour une petite expédition au pays de Little Marcel. Tellement bien reçue l'année dernière que j'ai assez peu hésité avant d'accepter l'invitation (il se pourrait que j'ai un peu suscité ladite invitation).

A bientôt en somme.

Honey Moon !

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Il y a une semaine, Rose, qui est en plein apprentissage des couleurs, m'a longuement observée puis a déclaré: "toi maman, tu as les cheveux NOIRS, BLANCS et JAUNES".

Ni une ni deux j'ai appelé Michel et Karine. 

Quand ils m'ont vue passer la porte, mes deux hair-coachs ont manqué s'évanouir devant mes racines. J'ai adoré qu'au moment où j'allais confier à Michel mon envie de couper plus court, il ait pris un air hyper inspiré avant de décréter que là tout de suite, il avait envie… de couper plus court.

J'aime quand Michel et moi jouons sur le même tempo. Résultat, ils sont plus courts et j'ai l'impression d'avoir perdu quelques années en même temps que mes pointes abimées. Ce n'est qu'une vue de l'esprit, probablement, mais j'ai décidé de me satisfaire de peu. C'est ma nouvelle philosophie, depuis l'aquarium.

Enfin de peu…

Demain le churros et moi faisons un truc très fou et complètement inédit. Nous partons donc au débotté à Maurice, après avoir récupéré in extremis nos passeports. Je ne vous cache pas que ce fut assez difficile de trouver des places dans un avion et dans un hôtel et qu'à l'heure où j'écris ces mots je ne suis pas absolument convaincue qu'on parte réellement ni que nous ne finissions pas par un remake de la fameuse émission "j'irai dormir chez vous". Surtout, je crois que j'ai fait une boulette en réservant dans un hôtel à priori loin de toute civilisation (enfin, loin de quoi que ce soit ne ressemblant pas à un autre hôtel) et manifestement assez sélect, sans opter pour la demi-pension. Je sens le traquenard au moment des repas que nous n'aurons pas la possibilité de prendre ailleurs, avec le moindre steack à 50 euros.

Quelque chose me dit qu'on va avoir recours à notre plus grand savoir faire : faire nos courses pendant le petit déjeuner. A Djerba, il fallait nous voir repartir chacun notre tour, des viennoiseries plein nos poches. (le pire c'est les pommes dans le bermuda du churros, très très classe) (et aussi les dattes oubliées dans un jean).

Bref, je fais semblant de mégoter mais autant vous dire que je ne suis qu'excitation, je pars en honey moon, quoi !

Et comme vous pourrez le constater, un peu de soleil et de repos ne devraient pas me faire de mal, j'ai comme qui dirait une mine de merde. 

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Et un bouton aussi. Voire deux.

Et non, je N'AI PAS MAIGRI. 

Et sinon, vu qu'avec Violette on part quasi au même endroit je suis trop trop impatiente on va faire un cross over bloguesque, genre when SBEP meets PDR. Garez vous les modeuses, v'là le shooting en paréo. (je projette de lui voler son collier shourouk)

Bref, je vous dis à très vite, j'emmène mon ordi en raison d'un boulot à terminer (ainsi qu'un autre à commencer, les vacances s'annoncent malgré tout studieuses) donc il n'est pas exclu que je vous tienne au courant ni que j'appelle à l'aide les lectrices du cru mauricien en cas de famine excessive.

Elles, avec Juliette Binoche

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La nuit dernière, Rose a profité de l'absence de son père pour se glisser dans mon lit vers deux heures du matin. Prétexte invoqué, un cauchemar qui l'avait réveillée. J'ai mollement protesté mais sans grande conviction. Ce corps encore petit et chaud de sommeil qui s'est blotti contre moi a fait tomber le peu de barrières qu'il restait. Quand je l'ai raconté au churros, il a souri et glissé qu'il n'avait pas intérêt à partir trop longtemps ou sa place serait définitivement occupée. Il n'a sûrement pas tort.

Sinon, le week-end dernier, les astres étant parfaitement alignés, nous sommes allés au cinéma. Vivement, je vous le dis, que nous décrétions les grands assez responsables pour garder leur soeur le samedi soir. Parce qu'entre les baby-sitter aux emplois du temps de ministre et l'addition plus que salée d'un resto/cinoche, je compte sur les doigts d'une main nos sorties ces derniers mois.

Nous sommes donc allés voir "Elles", le film avec Juliette Binoche et Anais Demoustier (entre autres). Gros coup de coeur pour cette histoire qui aurait pu être sacrément casse-gueule. J'ai aimé que le film évite de tomber dans une analyse pseudo-sociologique d'un soit-disant phénomène, à savoir celui de la prostitution étudiante. Parce que d'après ce que je sais, si cela existe, c'est loin d'être quelque chose de généralisé.

Le propos ne se situe donc pas sur ce plan, mais sur celui du corps, du commerce que l'on en fait, du plaisir qui peut parfois survenir dans un contexte qui ne s'y prête pas. De la façon dont on peut croire que se vendre ne nous fait pas de mal, ne nous touche pas. Alors qu'en définitive… si.

Surtout, ce qui est à mon sens passionnant, même si parfois un peu "grosses ficelles", c'est ce transfert que fait la journaliste incarnée par Juliette Binoche. Son enquête qui l'amène à interroger ces deux jeunes escort girls intervient à un moment de sa vie où tout semble se fissurer, son couple, son rôle de mère, son image, son corps. D'où une attirance inconsciente, un sur-investissement dans cette enquête, où de journaliste elle devient amie, mère, complice. On sent qu'il y aura un avant et un après dans la vie de cette femme, que plus rien ne sera complètement pareil. Et bizarrement, on se surprend à être plus inquiète pour elle que pour ses deux interviewées. Mais il est probable que j'aie fait moi aussi un transfert.

Bref, c'est un film sur des femmes, fait par une femme et probablement pour des femmes. Le churros n'a pas adoré, en tous cas pas autant que moi. Je crois, bien qu'il s'en défende, que c'est parce que les images y sont crues, sans réel glamour. Quand Juliette Binoche est filmée en plan serré en train de se masturber, son visage se tord, se congestionne, grimace. On est loin du fantasme masculin et d'une main qui va et vient lascivement. C'est un film sur la sexualité, pas celle des magazines, pas celle, édulcorée qu'on nous vend d'habitude. Une sexualité vue par et pour les femmes.

J'ai aimé, quoi.

J'ajoute que j'ai aussi aimé voir une actrice dans la splendeur de la quarantaine, aux hanches un peu plus larges qu'elle ne le furent, aux seins plus lourds qu'il y a vingt ans et aux traits qui témoignent – joliment – du temps qui passe. Juliette Binoche ne m'a jamais semblé aussi belle.

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Copyright Haut et Court pour les photos.

Une vie meilleure

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Donc c'est les soldes aujourd'hui. Ce qui ne va pas faire l'objet de ce billet parce que je suis bien infichue de vous donner de quelconques conseils d'achats, tellement je suis ce qu'on appelle une disfonctionnelle des soldes. A savoir que je vais probablement craquer comme chaque année sur les seuls produits de la nouvelle collection. Rien à faire, je suis inapte. Mais chez Violette vous avez un look book nickel.

A part ça, je suis allée voir "Une vie meilleure" au cinéma lundi soir. Nous profitons en effet de ce que mon frère squatte mon canapé (= mon bureau) en attendant de trouver un logement (si quelqu'un a sous la main un studio/F1/ F2 (soyons fou fou) dans Paris intra-muros à moins de 1000 euros par mois, qu'il parle ou se taise à jamais). Nous profitons, disais-je de ce qu'il squatte notre canap' pour lui faire exercer le métier qui va avec: baby-sitter. Gratos, ça va sans dire.

Et nous avons donc vu "Une vie meilleure". Que j'ai beaucoup aimé. Ce qui n'était pas gagné étant donné que je n'apprécie pas Guillaume Canet (ni ses petits mouchoirs, j'en suis navrée). Mais là, il est sobre et juste, ce qui suffit à me réconcilier avec lui. Quant à Leïla Bekhti, elle confirme tout le bien que je pense d'elle film après film.

L'histoire tient en quelques mots: un jeune couple qui rêve de monter sa propre affaire, un resto au bord d'un lac, se fait piéger par le surendettement et les crédits à la consommation. Acculés, ils se voient obligés de se séparer, Nadia partant au Canada pour un boulot de serveuse et laissant provisoirement son fils de 9 ans à Yann. Sauf que le provisoire se met à durer et que Yann, en plus de se démener comme un diable pour se tirer d'affaire, s'improvise père, ce qui n'était pas franchement dans ses plans. Bien évidemment, quand on est dans la merde, on attire les salauds comme le miel les abeilles. Le salaud en question étant un marchand de sommeil comme on les déteste, louant des cages à lapin insalubres aux pauvres gens (vous voyez le fil conducteur de mon billet ?).

Un beau film, donc, sans pathos excessif, sans procédés tire-larmes. Un film politique mais qui le fait assez intelligemment pour qu'on n'ait pas l'impression d'un plaidoyer et assez subtil pour que Yann et Nadia n'apparaissent pas uniquement comme les victimes du système. La morale, s'il y en a une, c'est que parfois les rêves sont plus grands que nous et qu'il ne suffit pas d'en "vouloir" comme le prétendent les jeunes loups au cul bordé de nouilles depuis leur naissance. Il y a aussi l'espoir que la vie puisse être meilleure, d'une façon dont on ne l'avait pas prévu, mais finalement, qu'est-ce que ça peut faire ?

Voilà, sinon je vais peut-être voter Eric Cantona, moi.

Bonne journée

Rencontre avec Mélanie Thierry, une beauté réservée

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Il y a quelques jours, je vous avais raconté comment j'avais découvert qu'il n'était pas nécessaire de porter un gilet pare balles en alu pour tenir une caméra sur un tournage. Tout ça en réalisant un de mes rêves, pénétrer la magie d'un plateau de cinéma et voir un film en train de se faire, "Comme des frères", en l'occurence.

A cette occasion, j'ai aussi rencontré l'un des personnages du film. Charlie. Qui est une femme, d'ailleurs. Incarnée par Mélanie Thierry. On m'avait laissé le choix, Duvauchelle, Demaison, Ninney ou Mélanie Thierry. Je ne saurais vraiment expliquer pourquoi mais c'est immédiatement cette dernière qui s'est imposée dans mon esprit. Peut-être parce que je l'avais croisée il y a longtemps, dans les coulisses d'un concert, au bras de son amoureux Raphaël. Et que j'avais été littéralement saisie par sa beauté. Je veux dire, il y a des femmes qui sont belles, imposantes, impressionnantes. Mélanie Thierry, je l'avais trouvée irradiante. Un visage angélique, qui aurait pu être peint par un autre Raphaël. Et ce qui je pense m'avait d'autant plus intriguée, c'était cette timidité qui émanait d'elle, malgré la régularité parfaite des traits, la reconnaissance de ses pairs acteurs et la bombitude de son fiancé.

Je sais bien que ça ne s'explique pas, je sais bien que ça se saurait si c'était si simple, s'il suffisait d'être canon pour être sûre de soi. Il n'empêche que m'étant moi même considérée toute ma vie comme ce qu'on appelle une fille "sympa" ("elle est jolie ? Comment te dire, elle est… sympa"), je crois avoir toujours été convaincue que la joliesse appelait la confiance en soi.

Bref, cet après-midi là, je me retrouve face à Mélanie Thierry, à la terrasse du Rostand, le beau café à côté du jardin du Luxembourg. Et je suis à nouveau sous le charme: peau diaphane, bouche parfaite, blondeur enfantine. Les proportions du visages ont ce quelque chose qui distingue les "jolies" des "aimants à photo".

Les premieres minutes, la conversation est hésitante. "Je ne suis pas du genre qui tape dans le dos à la première rencontre", me prévient-elle de but en blanc alors que je lui pose ma première question digne des plus grands intervieweurs: "pas trop difficile à gérer, la célébrité ?".

"Je ne comprends pas trop quand une personne que je ne connais pas m'accoste en me tutoyant comme si on était amis depuis dix ans. ça n'est pas dans ma nature, j'ai besoin de temps", poursuit-elle. Juste après, elle ajoute qu'en réalité, quand on lui demande si la célébrité est difficile à gérer (par ce "on" j'entends que je ne suis pas la première et je suis très déçue parce que je trouve mon entrée en matière plutôt originale) (je suis journaliste vous savez), elle a l'impression que ça n'est pas d'elle qu'on parle: "François-Xavier Demaison, lui, oui. Il se passe vraiment quelque chose autour de lui, les gens le reconnaissent, lui parlent, on sent un engouement. Moi, on ne me reconnait que très rarement et ça me va très bien comme ça !".

Elle se tait un moment et puis elle me fait cette confidence: "Parfois, il m'arrive de répondre que ça n'est pas moi. Ensuite je m'en veux. Qu'est ce que ça m'aurait coûté de signer cet autographe ? Mais c'est quelque chose que je contrôle pas, je ne sais pas me l'expliquer". Je tente une analyse assez percutante  (je suis journaliste, je l'ai dit ?): "Est-ce que quelque part ce n'est pas comme si vous aviez du mal à vous autoriser à être cette fille qu'on reconnait dans la rue ?".

Mélanie me regarde avec ses grands yeux dont je suis encore incapable de dire la couleur tant ils peuvent foncer si elle est contrariée ou s'illuminer quand elle se met à rire alors qu'on ne s'y attend pas. "Peut-être, je n'en sais rien en réalité, mais je crois qu'il faut que je travaille là-dessus, parce que ça me pèse un peu"

Je suis à deux doigts de lui raconter que moi aussi quand on me reconnait dans la rue je suis saisie d'un sentiment d'imposture. Entre célébrités il me semble qu'on pourrait se comprendre. Mais je préfère m'effacer devant mon sujet, c'est tout moi. Cette modestie finira par me tuer.

Maintenant que malgré tout je crois, un lien s'est créé entre elle et moi par la magie d'une complicité inespérée (et silencieuse) (voire à sens unique), j'hésite à entrer dans le vif du sujet: "Est-ce que Raphaël est beau AUSSI au réveil ? Est-ce qu'il a, comme je le suppose, toujours bonne haleine, même le matin ?"

Mais quelque chose me retient. Probablement la couleur de ses yeux, justement, qui parait m'avertir qu'on est certes devenues très amies mais quand même.

Alors je lui demande ce qu'elle aime dans ce métier, si ça n'est pas difficile d'être à la merci du désir d'un réalisateur ou d'un producteur. Là, Mélanie s'anime, elle dit tout l'amour qu'elle a pour cette vie qu'elle s'est choisie très jeune, les montées d'adrénaline quand on lui annonce que c'est ok pour tel ou tel rôle, la timidité qui s'évanouit comme par magie lorsqu'elle enfile un costume du 18ème siècle, mais qui la paralyse en revanche lorsque le rôle est plus proche d'elle. C'est le cas pour celui de Charlie dans "Comme des frères". "Je suis beaucoup moins sociable qu'elle, moins dans la séduction, mais malgré tout, c'est quelqu'un qui pourrait me ressembler. Et du coup, la timidité me retombe dessus." On sent que c'est un peu douloureux.

Elle dit aussi combien elle adore cette atmosphère de colonie de vacances quand l'équipe bourlingue, comme ce fut le cas pour ce film dont une partie se passe dans le sud. "Je n'aime pas tourner à Paris et rentrer chez moi le soir. Ce qui me plait dans ce métier, c'est partir, ces périodes hors la vie, où on dort dans des hôtels qui peuvent être tous pourris, manger ensemble, se marrer, être dans une bulle".

Je pense alors que moi aussi je veux être dans un hôtel tout pourri avec Nicolas Duvauchelle.

Mais là encore, un truc me retient. La lucidité, probablement.

Cette vie de saltimbanque, Mélanie ne l'abandonnerait pour rien au monde, même si elle a des revers plus sombres. Quand un projet prend fin et qu'il faut attendre pour le suivant, quand la peur l'étreint de ne plus "en" être. L'angoisse est alors aussi terrible que l'exhaltation lorsque le train repart. "Mais j'ai une chance de dingue, je tourne beaucoup, j'ai tellement d'amis autour de moi qui en chient, je ne veux surtout pas avoir l'air de me plaindre". Je lui dis que ça n'est pas comme ça que je l'ai pris. Je n'ose pas ajouter que ça me rassure, que la vie ne soit un long fleuve tranquille pour personne, même après un César, même après un succès au théâtre comme celui du Vieux juif blonde, même après avoir été l'héroïne de Tavernier. Je voudrais lui dire que c'est sûrement cette fragilité, cette anxiété qui la rend désirable, aussi. Mais je sens que si je le fais mes yeux vont piquer. J'ai un recul énorme, moi, c'est bien (je suis journaliste, je l'ai précisé ?).

Il est bientôt temps de se séparer et j'ai la sensation d'avoir posé deux questions. Après vérification, il s'avère que c'est le cas. Je sens qu'une grande carrière est en train de naitre sous mes yeux.

Du coup, je dégaine mes dernières cartouches fissa: "pour ou contre la chirurgie esthétique ? vous avez un modèle d'actrice ? et Raphaël, il assure au lit ?".

Sur la chirurgie esthétique, elle est sans langue de bois. Elle trouve ça génial quand c'est bien fait, surtout si ça permet de se sentir mieux. Elle ne dit pas qu'elle n'y aura pas recours plus tard mais elle n'en sait rien (tu m'étonnes, je VEUX ce grain de peau plus fin qu'une feuille de rouleau de printemps). Son modèle d'actrice, s'il fallait en choisir une, ce serait Juliette Binoche, parce qu'elle ose tout, parce qu'elle a "une filmographie de malade" (elle cite un de mes films fétiches, les Amants du pont neuf et là je me dis qu'il y a des chances qu'on finisse en colocation) (avec Raphaël).

Quant à ma dernière question, bien évidemment, elle s'est confiée longuement sur le sujet. Mais vous comprendrez que je garde ses réponses pour moi, il y a un temps pour tout et je m'en voudrais de trahir sa confiance (on est amies). 

Voilà, après, Mélanie est repartie, avec la même grâce que lorsqu'elle est arrivée. Je suis restée un petit moment à terminer de prendre mes notes et je me suis dit que cette fille n'était pas timide. Elle est simplement réservée. Et je crois que j'aime beaucoup les gens réservés.

Edit: la photo a été prise sur le tournage de Comme des frères, un film d'Hugo Gélin qui sortira en 2012, comptez-sur moi pour vous tenir au courant parce qu'il est fait par des chouettes personnes. Et pour en savoir plus, allez sur la page Facebook du film, y'a plein de photos et vidéos sympas.

Les neiges du Kilimandjaro

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Le premier film que j'ai vu de Guédiguian, c'était "A la vie à la mort". L'histoire d'une bande de copains qui se retrouvaient au Perroquet bleu, un bar de l'Estaque, à Marseille. De l'amitié au kilomètre sur fond de misère et de loose sociale. Je l'avais vu avec mon cher E. qui depuis s'en est allé. Peut-être que si la vie avait un peu plus ressemblé aux joyeuses tablées de Guédiguian, elle l'aurait retenu. Peut-être pas. Il n'empêche que "Les neiges du Kilimandjaro" est sorti en salles cinq ans jour pour jour après ce départ trop brutal. Je veux croire qu'il n'y a pas de hasard.

Depuis "A la vie à la mort", je ne loupe pas un seul des opus du cinéaste marseillais, tant ses acteurs sont semblables à une famille qu'on retrouve tous les ans. J'aime cette fidélité qu'il a, cette façon de marier l'un avec l'autre, puis l'autre avec l'un, au gré des scénarios co-écrits avec Jean-Louis Milesi. Je trouve qu'Ascaride n'est jamais meilleure que dans les films de son mari Robert. Que Darroussin n'est jamais si subtil non plus et que Gérard Meylan excelle dans tous les personnages, qu'il s'agisse d'un Marius transi, d'un José barman au grand coeur ou d'un Marco, l'amant maudit.

J'aime les accents qui chantent, la mer toujours là, les drames qui se trament à l'ombre de la Bonne Mère, la dimension tellement tragique au sens grec des histoires que ces films nous racontent. 

J'aime surtout que Robert Guédiguian assume et revendique son envie de faire un cinéma social et engagé. "Les neiges du Kilimandjaro" n'échappent pas à la règle. Je ne vais pas faire comme Libé, Le Monde et cie qui en guise de critique nous balancent un résumé complet de l'intrigue. Ok ça n'est pas un polar mais j'aurais préféré je crois ne pas en savoir autant en m'asseyant dans mon fauteuil rouge du MK2 Bibliothèque.

Je me contenterai de vous dire que j'ai commencé à pleurer aux alentours de la 3ème minute et que je ne me suis pas beaucoup arrêtée ensuite. Qu'il y a une scène de belotte coinchée pagnolesque à souhait et qui restera dans les annales. Qu'il est question de la faute, celle qu'on voudrait pardonner sans y parvenir, celle qui brise un destin voire plusieurs. Qu'il est question de la vie après le labeur, de l'inventaire qu'on en fait à 50 ans. Qu'il est question de repentance et de miséricorde, de coupables qui sont des victimes et de victimes qui se sentent coupables.

Je voudrais tellement être certaine que dans la vraie vie, les personnages incarnés par Darroussin et Ascaride, des bons samaritains au sens propre du terme, existent vraiment. Mais peut-être n'est-ce pas grave que ça ne soit pas le cas. Comme le dit si joliment Robert Guédiguian dans Libé, "Ces temps-ci, il faut être con pour ne pas être pessimiste. En même temps, il est encore plus con de se résoudre au pessimisme".

Allez voir "Les neiges du Kilimandjaro", elles vous feront un blanc manteau…

Comme des frères

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C'est encore une histoire de rencontre(s). Par le prisme de ce blog, j'ai fait la connaissance il y a un peu plus de deux ans maintenant d'une fille extra dont je ne sais pas trop si elle voudrait que je mette son nom ici, alors je l'appellerai L. Il a suffi d'un coca zéro à la terrasse du Zimmer pour réaliser que des choses en commun, nous en avions plein. 

Dans la vie, L est productrice. Elle s'occupe actuellement du premier film d'un garçon vachement chouette lui aussi, qui s'appelle Hugo Gélin. Oui, Gélin comme Gélin.

"Comme des frères", que ça s'appelle. Avec une brochette d'acteurs qu'on aime bien: Nicolas Duvauchelle, François Xavier Demaison, Pierre Niney, Mélanie Thierry, mais aussi Cécile Cassel. Le pitch ? Allez, je vous le donne, même que j'ai potassé dessus et que depuis je me prends pour Téchiné :

"Boris, Elie et Maxime. Trois hommes, trois générations, zéro affinités.


Boris a 40 ans et il a réussi dans la vie. Sauf en amour. Il ne se remet pas de sa rupture avec Charlie. Depuis, il entretient une relation fusionnelle avec son smartphone et son 4×4. Elie a 30 ans. Officiellement scénariste pour la télé, il passe l'essentiel de son temps dans les soirées branchées et à la Fnac. Il a aimé Charlie, lui aussi, mais quand ils étaient au lycée. Maxime a 20 ans mais à peu près 65 dans sa tête. Véritable encyclopédie vivante, il vient d'adopter un chat avec Cassandre, la femme de sa vie, qu'il épousera dans cinq ans très exactement. Charlie a été sa baby-sitter et il l'aime – lui aussi – mais comme une sœur.


C'est pour Charlie que Boris, Elie et Maxime se retrouvent coincés ensemble pendant 900 kilomètres, direction la Corse. Un voyage qui les transformera pour toujours, mais ça, ils ne le savent pas encore…"

Quand j'ai su que ça y'était, que le film allait être tourné, après avoir suivi de loin le boulot sur le scénario et tout ce qui l'entoure, j'avoue avoir pensé en mon fort intérieur que j'en crèverais de venir sur le tournage.

Je veux dire, je suis du genre à m'arrêter systématiquement quand dans les rues de Paris j'aperçois ces gros camions noirs qui semblent hurler au loin "silence on tourne". A mon avis, si on cherche bien d'ailleurs, je dois figurer gratos sur tout un tas de films français. Ouais, le boulet en h&m qui apparait sur les rushs, des films en costume les gars, y'a des chances que ce soit moi. C'est comme si j'étais hypnotisée, je ne peux pas m'en empêcher. Et si en plus je vois un people, yeah, ma journée est gagnée.

Donc disais-je, j'avais super envie de pouvoir faire la souris. Imaginez, donc, quand L m'a appelée pour me proposer non seulement de squatter le plateau mais en plus d'interviewer l'un des acteurs principaux. "Si tu as envie, hein, c'est vraiment si ça te fait plaisir".

– ouais, d'accord, parce que c'est toi (raccrochage de téléphone… puis discrète et modérée manifestation d'enthousiasme gniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiaaaaaaaaaahhhhhhhh!!!).

C'est ainsi qu'un beau jour de ce mois d'octobre, je me suis retrouvée dans cet appartement au dessus du jardin du Luxembourg, entourée de tout un tas de gens très affairés mais pourtant très gentils avec la dinde ébahie que j'étais. On m'avait dit, "je te préviens, on se fait chier, en général". 

C'était sans compter ma capacité d'ébahissement dindesque. A savoir que oui, durant les deux heures passées entre le combo (oui, pardon mais maintenant comment vous dire ? Je parle cinéma, je respire cinéma, je b…) et un projecteur, j'ai vu se répéter peut-être trente fois la même scène, durant laquelle Nicolas (soupir) Duvauchelle et Cécile (re-soupir) Cassel sonnaient à la porte. 

Une scène filmée sous douze angles différents, avec des intonations dans le "bonjour" qui pouvaient imperceptiblement varier d'une prise à l'autre, mais toujours la même. Et pourtant, j'étais comme une gamine perdue dans le musée Haribo. Ouah, c'est donc là qu'on fabrique un rêve, me disais-je. Cette minuscule scène, quand je la verrai sur grand écran, elle semblera s'intégrer complètement dans l'histoire, elle paraitra anecdotique et évidente, driing, "bonjour, on est en retard, je sais, c'est à cause d'Elie".

Personne ne saura qu'en réalité, ces quelques mots auront mobilisé une équipe entière, que Cécile à la fin en avait peut-être mal au doigt à force d'appuyer sur la sonnette, qu'à un moment la scripte a remarqué que le bouton de l'ascenseur clignotait et que du coup c'était pas raccord et que pendant ce temps, tous les petits fours – des vrais, j'ai demandé, tu penses – installés pour la scène suivante de la bar-mitzvah commençaient à avoir chaud.

Inutile de vous dire que j'ai bien évidemment fait craquer le parquet deux secondes après un "silence on tourne" ou que lorsque Nicolas Duvauchelle s'est pointé devant moi, me tendant la main et se présentant, "bonjour, moi c'est Nicolas", je n'ai pas su faire autre chose que ricaner connement, attends, je sais comment tu t'appelles, bombasse, montre moi ton tatouage qu'on en finisse. Hin hin hin.

Moi c'est Caroline, au fait.

A un moment, l'un des caméramens a enlevé son tee-shirt. Dessous, il avait une espèce d'énorme sparadrap qui lui recouvrait tout le dos et qu'une nana lui a enlevé. Il était cramoisi des lombaires, du coup. "Ouah, je me suis dit, ça doit être un truc pour éviter les radiations ou quelque chose du genre". Intriguée et parce qu'on a le journalisme chevillé au corps ou on l'a pas, j'ai pris un air entendu (genre l'industrie du cinoche, moi je gère) et je lui ai demandé: "c'est à cause des caméras ?, il faut se protéger ?"

Après m'avoir regardé comme si j'avais un bras à la place du nez, il m'a répondu que non, il s'était fait mal au dos et que le sparadrap était enduit de camphre, un remède de grand-mère.

Ok.

En même temps je suis donc en mesure de vous rassurer, non, il n'y a aucun risque de radiations sur un plateau de cinéma. Et si oui, à priori, le sparadrap, ça n'aide pas.

Bref, j'aurais voulu vous en faire un minute par minute, mais à bien y réfléchir, c'était compliqué, parce que sur un tournage, le principe, c'est de ne pas bouger, rester là, à retenir sa respiration et observer comment nait une histoire. C'est du cinéma, quoi.

J'avais peur que ça casse un peu le mythe, que ça enlève de la magie, de voir l'envers du décor. Mais je crois que ça a été le contraire, un film dans le film, regarder les acteurs sourire et déconner juste avant la prise et soudain se concentrer, entrer vraiment dans leur personnage, sans chichi sans manières, sans gimmicks actor studio, parce que ce film c'est une histoire de copains et que, m'a-t-il semblé, Hugo Gélin a su instaurer ça sur le tournage.

Dans la liste des choses à cocher avant que tout soit trop tard, je peux faire une croix sur celle-ci: "aller sur un plateau de cinéma".

J'attends désormais de pouvoir m'asseoir dans un des gros fauteuils rouges du MK2 Bibliothèque, mon petit pot de Ben et Jerry à la main, pour suivre l'épopée de Boris, Elie et Maxime. Sûre que la salle sera pleine, parce que cette histoire de potes parle à tout le monde, j'en suis convaincue.

Demain, je reviens avec la suite, à savoir l'interview de l'un des acteurs (actrice ?) du film.

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Edit: pour avoir un petit avant-gout du film, cliquez ici

Une folle envie

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Il y a quelques semaines déjà, j'avais été invitée à l'avant-première d'un film, "Une folle envie" de Bernard Jeanjean. Avec Clovis Cornillac et Olivia Bonamy. Le pitch ? Yann et Rose sont jeunes, ils veulent avoir un enfant. Ils pensent que ça va arriver en trois minutes, parce que c'est bien connu, un enfant quand je veux.

Sauf que là, non. L'envie est là, raisonnable au début, puis au fur et à mesure des échecs, folle et dévorante.

Je crois que c'est le premier film qui traite de la PMA d'une manière aussi réaliste. Le parcours de Yann et Rose est dépeint avec un humour qui parfois tombe un peu à plat à mon sens, mais avec une sincérité et une délicatesse qui m'ont beaucoup émue. (comprendre par là que j'ai pleuré comme un veau).

Il se trouve que certaines personnes que j'aime profondément traversent ces affres de l'infertilité. Forcément, ce film ne pouvait que me parler. J'y ai reconnu nombre de détails qu'on ne peut inventer. Je pense notamment à cette première phase pendant laquelle une femme à qui on diagnostique des problèmes de stérilité se sent responsable et décide de régler les problèmes irrésolus de son enfance. Phase suivie d'une autre pendant laquelle elle entreprend de régler également les problèmes de son conjoint. Puis de la mère de son conjoint. Quand elle ne décide pas de carrément de lui régler son compte tout court (à moins que je ne confonde avec un autre cas de figure) (je m'égare).

J'ai trouvé Clovis Cornillac très juste, Marianne Denicourt aussi, dont le rôle est d'une vraie subtilité. Olivia Bonamy est quant à elle toute en douceur, même si parfois on la voudrait justement un peu plus piquante. Mais il y a notamment une scène durant laquelle elle exprime sa douleur de ne pas y arriver, qui m'a prise aux tripes.

Encore une fois, le sujet me touche tout particulièrement, cette tepu de mère nature craint parfois vraiment…

Quoi qu'il en soit, on me propose de vous faire gagner des places pour le film. Si vous êtes intéressé, laissez un mot dans les commentaires. Il y aura 5 x 2 places, cinq gagnants, donc, qui pourront s'offrir une petite soirée en amis, lovers ou famille…

Bonne journée et d'énormes pensées à ces mums to be dont je me doute bien que le fardeau est certains jours beaucoup trop lourd.

Edit: Le fait de découvrir le film en même temps que toute l'équipe du tournage, acteurs compris a très certainement décuplé mon émotion. C'était incroyable, comme un instant suspendu, comme un rideau qui s'ouvre sur le résultat d'un boulot acharné durant des mois. Ça m'a donné envie de faire partie du truc, moi aussi. Et quelque part, ça m'a aussi fait sentir comme une intruse. C'était tellement étrange qu'avec ma copine Chloé qui m'avait accompagnée, on n'est même pas allées faire les pique assiette après au coktail et qu'on a préféré aller se taper une mousse dans un rade à côté du cinoche. Pourtant Clovis était dans la salle, quoi. Chamboulées, qu'on était.

Souviens toi, l’été dernier

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Mon mémoire de Sciences-Po portait sur Mankievicz. Un cinéaste fabuleux des années 50 et 60. Qu'on ne s'y trompe pas, si j'avais choisi de suivre le séminaire "Cinéma" pour ce travail de fin d'études c'était en grande partie parce qu'il rassemblait tous les branleurs de ma promo et que le prof était réputé pour te foutre une paix royale, voire te filer un 17, quel que soit le boulot fourni.

Mais j'étais cinéphile, souvenez-vous. Oui, surtout pour essayer de conclure avec le mec qui me faisait tourner en bourrique depuis des années et qui, je ne le sus que bien plus tard, ne risquait pas de se pencher un jour sur autre chose que mon esprit affuté. Mais quand même, j'adorais le cinéma. Et Mankievicz en particulier.

Histoire de raccrocher le wagon de mon mémoire à la nature même de mes études, à savoir la science pipo, je l'avais anglé sur la manipulation politique dans l'oeuvre du cinéaste. En me concentrant tout particulièrement sur deux films: Jules Cesar et Cléopatre.

L'occasion pour moi de tomber en amour pour Liz Taylor, impeccable et tragique en reine d'Egypte, dans Cléopatre, film qui failli ne jamais aboutir et qui ruina son producteur. Une oeuvre sous-estimée en son temps dans laquelle Liz Taylor crève l'écran et incarne son personnage, comme personne n'aurait pu le faire. Les excès de la vie commençaient à se lire sur le visage mais la rendaient, paradoxalement, encore plus magnifique. Et puis il y avait Richard Burton, son amant terrible. Impossible de regarder le film sans voir la tension entre eux et sans penser à leur histoire à eux, si… hollywoodienne.

Je me suis également passé et repassé "Soudain l'été dernier", du même Mankievicz, avec Liz et Montgomery, chef d'oeuvre que je vous conseille à tous également. Cela parle du deuil, de l'oubli et de la mémoire et de l'amour qui fait mal. C'est je crois le film dans lequel sa beauté explose littéralement. Quel homme n'a pas fantasmé sur ce maillot de bain blanc et sa pose langoureuse sur la plage ?

Voilà, Liz Taylor est morte hier et avec elle, c'est un peu cet été là justement, celui de mes 20 ans et quelques qui s'est envolé. Ces mois à taper sur un antique PC un mémoire dont je me doutais qu'il ne m'ouvrirait probablement aucune porte d'établissement prestigieux et qui venait entériner le fait que bien qu'ayant adoré ces trois années à Sciences Po, j'avais peut-être choisi la mauvaise voie.

Cet été là, j'ai fait l'amour pour la première fois. Ce n'était ni bien ni moche, c'était avec un ami, dans une chambre minuscule par une chaleur caniculaire. Après, je me souviens, je m'étais réfugiée dans le lit de ma copine Béa qui dormait à côté, soulagée d'être enfin entrée dans le club de celles qui l'avaient fait, mais déçue, un peu, qu'il y ait eu si peu d'amour, justement.

Voilà, Liz s'est éteinte, et je repense à ma première fois. C'est là le pouvoir des icônes, je crois, d'être si loin de nous, et pourtant tellement proches.

Edit: J'ai eu 18. A mon mémoire.