Catégorie : Ces petits riens

La revanche du petit chaperon rouge, par Christophoros Katsadiotis

La Seine, 2014, gravure 25 X 33 cm.

Aujourd’hui je veux vous parler d’une personne qui m’est chère. Quelqu’un qui ne peut vous laisser indifférent dès la minute où vous le rencontrez. Une fois son regard planté dans le vôtre, vous êtes immédiatement prévenue: avec lui, il n’y aura pas de faux semblants. C’est difficile à expliquer ainsi, mais voilà, c’est comme s’il n’avait pas de temps à perdre avec les conventions sociales à deux balles ni peur de ce qui souvent terrifie les gens: l’intimité. Peut-être est-ce du à la barrière de la langue, Christophoros est grec, nous échangeons en anglais, le sien est riche de vocabulaire, le mien est principalement comique. Le mieux pour se comprendre est du coup sans doute d’aller à l’essentiel.

Anyway, (pardon my greek), j’ai tout de suite su dès que nous avons commencé à parler – tant bien que mal – que j’allais apprécier l’amoureux de ma chère amie M. Leur rencontre il y a trois ans est en elle même un poème, je ne suis pas sûre qu’ils voudraient que je la déflore ici. Je dirai juste qu’il est question d’un coup de foudre sur un ferry reliant deux confettis des Cyclades. En même temps, s’il est un lieu sur terre où les sirènes de l’amour chantent depuis toujours, n’est-ce pas cette mer là ? En lire plus »

Relieve me

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Je ne sais pas vous mais personnellement j’ai eu suffisamment dans ma vie des petits tracas de peau – eczema, urticaire, etc – pour savoir très exactement ce que l’on ressent lorsqu’on trouve enfin le produit qui convient. Mais je crois que les mots dans ces cas là ne servent à rien, mieux vaut, je vous le garantis, regarder cette petite vidéo concoctée par Avène et qui résume mais très précisément l’état de béatitude dans lequel toute personne à la peau sèche à se gratter jusqu’au sang est plongée une fois le réconfort trouvé…

Partenariat Avène

Edit: sans vouloir vous spoiler, sachez que personnellement, qu’il s’agisse de moi même ou de Rose qui manifestement ne tolère absolument pas le froid, qui transforme sa peau en papier de verre, je sur-valide la solution prônée dans la vidéo…

Voulez-vous danser Grand-mère…

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Comme tout le monde ne pourrait pas être présent le jour J – aujourd’hui – nous avons fêté hier le dernier jour des quatre ans de Rose, dans le jardin merveilleux de mes parents. Il y a de belles journées qui peinent à être racontées, bercées par le bruit des bulles, les rires en cascades ou les souvenirs de ma grand-mère, qu’elle égrène le long des repas. Il fut question cette fois-ci de l’usine qu’elle rejoignit à 13 ans, du contremaitre qui les faisait réciter en gueulant le chapelet le dos courbé sur le métier à tisser. Des blâmes reçus si l’on ne saluait pas assez ostensiblement le patron, des retenues sur la pause de midi si par malheur le matin elles arrivaient avec quelques minutes de retard. « La première année des congés payés, les vieilles ouvrières n’ont pas osé les prendre, elles avaient trop peur de ruiner l’entreprise », se rappelle ma grand-mère. De ces années à confectionner des parachutes dans ce village d’Ardèche, elle ne touche aujourd’hui que quelques euros par mois. De l’usine il ne reste rien, seulement ces souvenirs intacts, ces anecdotes qui hier nous firent à nouveau rire, parce que la jeune Rose d’alors maniait l’insolence et la rébellion avec un certain panache. Sans l’avoir jamais connu, je pouvais imaginer le crétin de contremaitre, qui ne se privait pas à l’occasion de cuisser les moins farouches ou les plus timides, ou encore la tante Maria, aussi généreuse qu’obèse, qui le jeudi montait les cinq étages de l’usine pour apporter en cachette des gâteaux à ma grand-mère. En lire plus »

Un baiser

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Il y avait ces deux adolescentes sur ce quai de la gare de Lyon. Elles suivaient les parents de l'une, en se donnant la main, comme le font souvent les amies de cet âge. Je ne sais pas bien pourquoi mon regard s'est arrêté sur elles alors que je fumais ma dernière cigarette avant le départ. Peut-être cette grâce propre à cet âge si fragile, peut-être ce qui semblait les lier, ou alors était-ce le hasard. 

Je les regardais, donc, sans vraiment leur prêter attention, comme on laisse sa rétine imprimer malgré soi toutes ces images, dont la plupart disparaitront l'instant suivant.

Et puis soudain, il y a eu ce baiser. Echangé clandestinement dans le dos des parents qui marchaient devant. Il n'a duré que quelques secondes mais le rougissement de l'une et le sourire si complice de l'autre ne faisaient aucun doute. Ces deux là s'aimaient. Fort.

La petite troupe s'est arrêtée devant la voiture 8. Seule l'une des deux filles partait, en réalité. Elle a embrassé les parents de son amie, puis, celle-ci mais chastement cette fois-ci. 

Il n'y a que moi je crois qui ai vu alors la légère pression de leurs mains se frôlant et les yeux brillants de celle qui restait et dont je me suis inventé qu'elle était aussi celle qui aimait un peu plus que l'autre. Lorsqu'elle est repartie avec ses parents, son visage si lumineux à l'arrivée sur le quai était si triste que j'aurais voulu lui dire que ça passerait. Et puis j'ai pensé qu'en réalité, je n'en savais rien, tellement rien. Qu'à la complexité des amours adolescentes, s'en ajoutait une autre. Qu'il y a le discours et la réalité, les milieux parisiens bobos et l'isolement des bourgardes moins habituées tout simplement aux amours peu conventionnelles. Qu'au collège, l'insulte la plus courante reste l'incoutournable "sale pédé". Peut-être que si cette amie avait été un garçon, leur baiser eut été tout aussi furtif et caché, mais peut-être pas.

Elles m'ont serré le coeur ces presque amantes, ce jour là sur un quai de la gare de Lyon. Puissent-elles un jour s'embrasser à pleine bouche à en louper ce damné train…