Il y avait cette fille hier aux Tuileries. Pas celle sur la photo qui ouvre ce billet. Une top, en plein shooting mode. Elle était immense, très jeune, peut-être 16 ans, un peu plus, difficile à dire. Des fesses qui devaient arriver au niveau de mes épaules, des proportions presque surnaturelles et une tête qui du coup semblait minuscule, comme posée sur ce corps venu d'une autre planète. Belle, sans doute, photogénique très probablement. On aurait dit un flamant rose.
Elle était entourée d'une nuée de personnes chacune affectée à l'une des parties de son corps. Il y avait un maquilleur qui lui passait névrotiquement un pinceau sur la figure, pour éviter à son visage de luire, j'imagine. Un préposé aux cheveux, qui a du remettre en place cinquante fois une mèche qui s'affaissait entre chaque prise de vue. Une styliste, qui tirait sur sa veste, faisait tomber ses bottes toutes molles et un peu étranges dans lesquelles on aurait pu loger quatre ou cinq mollets de plus. Et puis le photographe, la rédactrice de mode aussi qui surveillait l'ensemble et deux ou trois autres qui ne faisaient rien mais qui mettaient pas mal d'énergie à montrer qu'ils avaient de très lourdes responsabilités.
Outre que la mobilisation d'autant de gens pour une photo de mode m'a semblé un peu disproportionnée, c'est l'absence de cette fille à son propre corps qui m'a glacée. Comme désincarnée, elle se laissait façonner par les fourmis ouvrières autour d'elle, sans prononcer un mot ni émettre le moindre agacement (j'aurais fini je crois par faire bouffer son bronzer au maquilleur ou coller une droite au coiffeur à la soixantième remise de mèche en place). Visage fermé, boudeur, comme peut l'être celui d'une adolescente. Et puis ce regard, vide. Poupée de chiffon, qui dit oui, qui dit non.
Je me suis dit que sûrement, si je tombais sur la photo sans avoir assisté à sa mise en scène, je me lamenterais sur ces jambes qui n'en finissent pas ou sur ce carré tombant parfaitement. Je trouverais même la tenue désirable, influencée que je suis par la répétition semaine après semaine dans les pages mode d'un même look qui la première fois me fait sourire pour finalement me donner envie de le reproduire. Je me suis dit que toute la fausseté de la scène, tous les artifices utilisés pour faire rêver les gamines ou leurs mamans m'échapperaient et qu'il ne resterait que cette silhouette gracile et ce décor buccolique des Tuileries au mois de juin.
Je ne sais pas si cette fille était aussi malheureuse qu'elle en avait l'air, je ne sais pas si pour être aussi maigre elle n'avait rien mangé de solide depuis le mois de janvier ou si c'était simplement sa nature. Et à dire vrai, je ne crois pas que ce soit la question. Je ne saurais dire non plus si tout ceci rime à quelque chose, si ce qu'elle portait et qui était sûrement très cher méritait tout ce barnum. Mais une chose est certaine, il ne faut vraiment pas se fier à ces images que l'on nous vend. Parce qu'aussi surnaturelle qu'elle soit, la fille mille fois remaquillée et recoiffée sera, c'est certain, également photoshoppée. Que la mise en scène, les décors, les injonctions au sourire ou à un air plus mystérieux parviendront à donner peut-être un peu de sens sur le papier glacé. Mais la réalité était bien triste. La réalité, c'était ce corps qui à force d'être manipulé n'était plus habité.
A part ça hier aux Tuileries ça sentait un peu l'été.





C’est si triste d’imaginer ce jeune mannequin deja si desabusee, si malheureuse ou en tout cas si peu heureuse…
Je me suis completement detachee des magazines, de la mode en general. Je n’y fais plus attention et je ne comprends meme plus l’engouement qui etait le mien avant, a aller acheter lesdits magazines et a finir par trouver beau ce qui ne l’etait pas tant que ca. Et je ne comprends plus non plus ces sommes folles gaspillees pour des vetements qui, aussi beaux (?) ou luxueux qu’ils soient n’en restent justement que de simples vetements. J’aime m’habiller, j’aime m’exprimer a travers ce que je porte, j’aime me sentir jolie mais je ne cherche plus a rentrer dans ce moule qu’est la mode. Parce que, finalement, on nous vend du vide, des images qui n’existent pas. Des images qui, au moins parfois, ne font meme plus rever ceux et celles qui les fabriquent. Et quelle tristesse, tout de meme !
Chez nous, ca commencerait presque a sentir un peu (tres peu, tout petit peu) le printemps : les premiers bourgeons montrent le bout de leur nez. Il va falloir attendre encore mais on tient le bon bout !
Bon week-end !
très très joli billet… tellement réaliste <3 MERCI
Mais moi j’adore les effets de ton nouvel appareil. Ahhh la photo des nuages au dessus de la rangée d’arbres, ce rendu qui donne une immatérialité aux êtres qui les peuplent. C’est un régal pour l’œil.
Ton billet me fait frissonner. Cette jeune fille semble surnaturelle. J’espère qu’elle reprend son corps en main une fois son mannequinat achevé et qu’elle vit ! Je fais 1 mètre de longueur de jambe (sol-nombril) autant dire que les magazines …Bonne journée
Les bottes un peu molles ?
Dans deux mois on vend un rein pour les avoir…
Tout ça a un sens finalement !
ah ah
J’aime bien les jardins publics au soleil
hier c’était l’été… et aujourd’hui c’est l’automne… grrrrrrrr
A force de se priver, je crois qu’elles en perdent leur âme…y a pas longtemps je suis tombée sur un reportage sur le mannequinat (j’ai un doute sur l’orthographe, sorry !)… et celui qui les encadrait en recalait certaines…car trop grosse…bref..je pense qu’elle rentrait déjà dans du 12 ans…il aurait surement préféré du 8 ans…!!! je ne comprends pas qu’on ne tente pas de mettre un coup de pied dans la fourmillière pour arrêter l’hymne à la maigreur et à l’anorexie..sincèrement, je les plains..même si parfois on peut les admirer après pas mal de retouches photos !!!
bonne journée
Serait-ce donc vrai que la photo vole l’âme du sujet ? Cela y ressemble en tout cas.
Salut Caro ! Ta réflexion me rappelle le bouquin que je suis en train de lire http://www.editions-zones.fr/spip.php?page=lyberplayer&id_article=149
Elle parle aussi très bien de tout ça, et de bien d’autres choses.
Photoshopée, elle le sera certainement. Peut-être même qu’elle sera repulpée !! (cf interview de la rédactrice en chef de Vogue dans le Monde du 06/06 « on «repulpe» les filles, car elles nous apparaissent trop maigres, trop décharnées »). Si ça c’est pas le comble du comble…
C’est un monde que je ne comprends guère dont je ne vois pas l’utilité, à part faire beaucoup d’argent. J’espère sincèrement que mes enfants n’iront pas dans cette branche et pas juste parce qu’on leur demande d’être anorexique. Je trouve malsain le côté « je passe ma vie à me centrer sur ma seule apparence ». Je ne sais pas. Ce monde est futile et artificiel. Je n’accroche pas. Ça me fait rarement rêver.
Peut-être si j’achetais les magazines de modes ou les féminins régulièrement, je m’habituerais et je m’identifierais aux ados qu’on maquille pour être des femmes. Mais bon, au départ, je n’achète aucun de ces magazines, il y a bien une raison, outre le fait que je trouve les articles réducteurs et sexistes.
Le jardin en fleurs, par contre, ça, ça me parle.
Ayant travaillé avenue Montaigne près de chez Dior, les mannequins, je connais… Je leur arrivais au coude, et, devant mon croque-monsieur-demi, j’étais iconoclaste, elles qui prenaient « un bouillon, s’il te plaît ». Immenses planches, rien devant, rien derrière. Et pleines de bouillon, sans doute aussi de substances plus illicites pour tenir le coup.
Les couturiers veulent désincarner les femmes, leur enlever leur féminité en les rabotant, si j’ose dire ! Comme toujours, c’est une question de sexe.
sérieux?! Où va le monde?
Et oui ! Et c’est Emmanuelle Alt qui le dit, la red en chef du Vogue français, c’est pas une hérésie américaine je veux dire, c’est chez nous.
Elles ont presque toutes l’air triste ces filles magnifiques.
Tristes et trop maigres.
Finalement j’ai de la chance d’avoir toujours le sourire aux lèvres et d’être rondelette
J’ aime les Tuileries qui sentent l’ été…
Je crois que c’est dans cosmo, ou dans Biba, je ne sais plus,qu’il montrent les endroits de rêve rêve où ils vont faire leurs photos de mode. Ca me fait toujours une impression bizarre, une dizaine de personnes envoyées aux maldives, le partenariat avec le palace du coin (tiens c’est marrant, ils parlent du même à la page voyages)… Une part de moi les envie, mais l’autre part se dit que c’est quand même beaucoup, beaucoup de bruit pour rien, ou pas grand chose.
Quelle tristese… Heureusement que tu as mis la photo fleurie juste après ton billet, ça ramène un sourire sur mes lèvres.
Quoiqu’ils en disent , je pense que la majorité des grands couturiers n’aiment pas les femmes , les femmes réelles . ils aiment une idée de la femme porte manteau , sans relief , sans âme .
Peut-être que juste elle s’ennuyait et que la meilleure façon de s’y prendre dans ce cas pour elle c’est d’être absente à son corps ? (j’dis ça j’en sais rien mais c’est un truc que je sais faire quand je m’ennuie mais que je n’ai pas le choix d’être ailleurs que là où j’m’ennuie…)
Bref… Mais je trouve tes reflexions pertinentes et m’amènent à réfléchir sur les choses… (décidément tu ne t’es pas trompé de métier !)
Arrghh !! moi aussi j’étais aux Tuileries hier !!!! oh Caro nous avons foulé le même sol !!!!
(allez c’est une blague le mode fan hystérique !!) ;o))
J’ai le même sentiment de tristesse que tou en voyant ces filles « déshumanisées ». J’accorde peut-être beaucoup trop d’importance au naturel et à la simplicité, mais bizarrement je trouve tout çà péniblement artificiel !
Moi, j’habite grave mon corps et ses bourrelets.
Valérie de Rennes, c’est une possibilité, tout à fait. Ce n’était qu’un court instant et j’en ai forcément tiré des interprétations biaisées. De toutes façons, mon propos n’est pas de dire que ces filles sont toutes anorexiques, je n’en sais rien et il faut se méfier des généralités. C’est juste qu’elles sont réduites tout de même à des sortes de porte-manteaux et ne semblent pas avoir voix au chapitre pour quoi que ce soit…
La belette, :-))) (moi aussi)
C’est vrai c’est pas très réjouissant mais bon c’est quand même un choix ce boulot de manequin (ok la nana a 16 ans et donc le discernement de son âge, mais souvent elle a des parents qui l’ont accompagné vers cette voie // inutile de venir me dire que parfois elles nourrissent leur famille aussi, je fais une réponse « courte » au billet Caro) moi ce qui me rend vraiment dingue, c’est que chez nous on lave les trottoirs à grand renfort de jets d’eau dès potron minet, même quand s’il pleut,pendant que quelque part dans le monde des enfants qui n’ont rien demandé meurent de soif …
Anna Wintour a récemment déclaré ne plus vouloir utiliser dans Vogue de filles trop jeunes (moins de 16 ans) et trop maigres…Elle a même fait signer une charte à ses rédactrices de mode. Les choses avancent doucement…J’en ai parlé dans mon blog si çà vous intéresse (?)
A part çà l’été c’était hier…aujourd’hui j’ai ressorti mes bottes (pas encore molles)!
Je n’ai jamais compris comment certaines femmes pouvaient rêver d’être mannequin, pour moi c’est la définition même de l’ennui…
Et être prisonnier de son corps de la sorte, quel enfer. C’est comme d’être enceinte à vie, ton corps ne t’apartient plus vraiment…mais ces femmes ont des physiques tellement particulier que cela doit faire bien longtemps qu’elles ont l’impression d’apartenir aux yeux des autres plus qu’à elles mêmes.
Quand je croise une jeune femme immense et ultra fine, je me dis qu’à part dans le mannequinat, elle sera toujours la grande duduche de n’importe qu’elle autre entreprise.
C’est juste qu’elles ont décidé de se faire payer plutôt que de se laisser regarder gratuitement.
La belette : j’adore!
Caroline : pas de commentaire sur le fond mais sur l’écriture ou plutôt la pensée derrière.. Je m’imagine assister à la scène, voir la demoiselle en plein shooting. Mais plus important je suis fascinée par la capacité à tirer d’une scène banale une réflexion sur la condition humaine actuelle.
Ma belle-maman qui me voyait lire ce blog il y a quelques mois me faisait cette réflexion « je trouve malsain ces gens qui étalent leur journal intime et puis qui peut bien s’intéresser aux petites histoires de gens qu’ils ne connaissent pas ». Je n’ai même pas essayé d’expliquer parce que c’est parfois le cas et que je ne voulais pas partager avec elle mon goût pour ce blog.
Parce que ce j’aime c’est cette analyse et ce sens donné à des petites choses, cette façon de voir des choses différemment.. Merci!
Hé oui, c’est triste…. Et on est influençables, en plus !!! C’est vrai que parfois à force de voir les fringues à la mode on finit par les trouver jolies alors qu’au départ….
C’est dommage de retomber dans le cliché du maigre qui fait la gueule et du « pulpeux » « rond » « moelleux » « molletonné » « gros » qui sourit tout le temps. Si tu souris tout le temps, même quand ça va pas, c’est plus du a ta personnalité qu’a ce qu’indique ta balance, non?
Vu mon mollet de sportive, va falloir une botte d’un sacré diamètre avant qu’elle soit un peu large et flottante^^
je crois que je vais faire lire ton billet à ma fille de 11 ans qui en ce moment « n’a plus faim » et veut « un look »…
Pas trop l’habitude de l’ouvrir mais là franchement ça m’énerve…Tant qu’il y aura des femmes pour acheter les magasines de mode, pour envier les bottes molles ou autres accessoires dont le prix indécent approche du PIB d’un état du tiers monde, et bien il y aura des jeunes filles sans âmes aux jambes interminables pour attirer le client…Les rédactrices de mode s’émeuvent et signent des chartes, mais combien de jeunes filles mortes ou abimées pour le reste de leur vie a-t-il fallu ? Oui, je sais, je suis de mauvais poil en ce moment, mais c’est sans doute que les bonnes femmes m’agacent un peu, leur jalousie ( tweeeeet…), leur mesquinerie, leur manque de personnalité par moments me désespère. Et je vous rassure avant de me faire assassiner, je fais partie du lot, j’ai bavé pendant des mois devant un sac Mark Jacob, composé de petits coeurs de cuir mauve et violet…plus futile tu meurs !! Bon, voilà, j’ai râlé un bon coup, ça va mieux. J’en profite pour dire merci pour l’ensemble de lingerie gagné grâce à vous Caroline, non seulement il est très joli mais mes gros seins et mes grosses fesses y sont parfaitement à l’aise :))
Je pense qu’à ta place, dans un réflexe maternel j’aurais eu envie de la secouer et de lui offrir une glace et un bon bouquin, quelque chose qui aurait remis un peu de vie et aurait fait fuir les parasites qui lui tournaient autour… mais soyons réalistes… elle m’aurait sûrement envoyée balader !
Je ne m’étais jamais posé la question du bien-être des modèles avant d’avoir lu le bouquin de Mona Chollet, il y a tout un chapitre dessus. Il semble effectivement que les jeunes femmes soient traitées comme des porte manteaux et vivent assez mal que leur corps soit leur métier. Je me dis qu’au final cela doit être une des professions où l’on accorde le moins d’importance au bien-être de l’employé ; on imagine une ambiance festive, luxueuse, et il semble que ça soit en fait succession de défilés où on se fait maltraiter comme un pantin, drogue pour tenir le coup, régimes, haine de soi. Pas terrible.
j’aime beaucoup le grain de vos photos. on dirait des peintures, des cartes postales mattes, comme autrefois. c’est quoi votre secret ?
Ah!Ah! le bouillon,je savais bien qu’il y avait un secret, je m’y mets tout de suite :)))
Waou, Avenue Montaigne…mazette,Dominique!!t’as eu une vie glamour alors avant…I’m impressed …
Bon we à toutes …les doigts croisés pour un peu de soleil (j’ai acheté 3 robes d’été plein pot, et la semaine prochaine c’est les soldes, merde!!!! oui, je sais, j’ai des pensées futiles)
Je conseille le documentaire « Picture Me », de la top model Sara Ziff. Elle y parle de sa vie quotidienne de mannequin à succès avec beaucoup d’honnêteté et donne la parole à ses amies qui n’hésitent pas à raconter les détails les plus sordides de ce métier (l’objectification, les abus sexuels, la problématique liée à l’âge toujours plus précoce des filles qui perçent). Ça ne donne vraiment pas envie. Entendre les directeurs de casting parler de vous comme si vous n’étiez pas là (« elle est trop grosse, c’est dommage »), enchaîner les défilés et les shoots sans pouvoir dormir, manger, avoir une vie normale, être lâchée aux lions (les directeurs d’agence de mannequins sont des proxénètes réputés), il faut avoir une sacré confiance en soi pour tenir le coup et surtout, savoir qu’on a une valeur en dehors de son apparence. Et ce n’est pas forcément le cas quand on a 14 ans, qu’on se trouve à des milliers de km de chez soi dans un pays dont on ne maîtrise pas la langue.
Mais tu as raison Marie, bien sûr qu’on est tous plus ou moins partie prenante de ce cirque, je ne m’en extrais pas du tout…
un secret bien éventé à vrai dire, je prends ces photos à l’Iphone 4 et les passe dans des filtres Instagram. C’est assez magique à vrai dire, même s’il ne faut pas en abuser, trop de filtres tuent le filtre !!!
Naaaan, mais faut dire que le métier de mannequin, c’est pas passionnant, tu passes ton temps à poireauter, c’est aller de casting en casting, attendre des heures que ce soit ton tour, aux shootings attendre des heures qu’on te maquille/prépare, aux défilés idem… N’importe qui s’ennuierait, faut pas croire qu’elle est forcément malheureuse!
Quant à la maigreur, bon ce sont des filles hyper grandes et naturellement très minces, mais la pression des agences pour qu’elles le restent ou le deviennent encore plus est énorme. J’ai fait ça quelques mois à l’époque où ça a commencé á dégénerer, on m’avait repérée dans la ruen, puis au moment d’intégrer l’agence, ils m’ont demandé, à moi qui faisais 56 kilos pour 1m73 (ce qui donne l’IMC le plus bas considéré comme sain, en fait), de perdre 5 kilos! En me disant que j’avais l’air d’une baleine (c’était censé être drôle). Evidemment, étant équilibrée et faisant des études passionnantes, j’ai dit « oui-oui » et je n’en ai rien fait.
Je me demande si ça pourrait pas être considéré comme un délit, d’inciter une personne aux limites de la maigreur ou même en plein dedans de maigrir ou même de maintenir ce poids?
Caroline j’aime vraiment beaucoup ton blog et je le lis quotidiennement depuis très longtemps.
Mais je suis parfois un peu gênée, comme aujourd’hui (je parle des commentaires, pas de ton article) par cette idée qu’être maigre est un choix ou le résultat de privation. Et ce qui me dérange surtout c’est d’entendre que les maigre sont tristes et font la gueule pendant que les rondes sont joviales et joyeuses. J’ai beaucoup de contres exemples autour de moi (des maigres très pimpantes et des rondes pas très loquaces). Bref je ne suis ni maigre ni ronde, je ne défends ni ne blâme personne, je voudrais juste qu’on ne tombe pas dans le cliché et qu’on ne se permette pas des critiques sur les personnes maigres qu’on n’accepterait pas de faire sur des personnes rondes.
Mes propos ne se prêtent peut-être pas au monde du mannequinat que je ne connais guère.
Ah, et le photoshop! Je détestais aussi, en fait j’ai gardé très peu de photos de cet épisode (maintenant je regrette, c’est bête d’en avoir jetté autant, même si…), je me détestais sur les images, je me trouvais dénaturée, je me reconnaissais pas…
Mais en fait c’est pour tout pareil, je déteste la télé, je trouve que les animateurs ont l’air de statues de cire phosphorescentes avec ces maquillages et cette lumière ultra artificielle!
Peut-être qu’il faut avoir vécu ça une fois pour se rendre compte que notre visage transformé ainsi, c’est plus nous et c’est même pas joli, et finalement apprécier notre peau « vivante », avec ses plis d’espression et ses « imperfections »?
J’ai aussi assisté à une séance photo à la Bastille. Cette mannequin belle et gracile m’était aussi apparue terriblement seule et elle semblait vraiment s’ennuyer ferme. Moi qui voyais le métier de mannequin comme quelque chose de topissime, cette image d’épinal est bien redescendue après ce shooting auquel j’avais pu assister.
C’est intéressant que tu évoques la sensation d’un corps désincarné, car j’ai longtemps pensé que c’était l’apanage de jeunes femmes comme moi en surpoids et qui n’arrivent pas à se retrouver en lien avec les émotions. Mais voilà, quelque soit notre gabarit, il y a des ressentis qui sont universels.
Oui ça sentait un peu l’été hier à Paris, j’espère que ce fichu soleil finira par nous revenir très vite.
Bon week-end les louloutes et loulous !
Reine : 35mn de RER aller, idem retour, secrétariat. Pas particulièrement glamour ! Je regardais par contre beaucoup les vitrines, Dior, Chanel, Nina Ricci… juste pour le coup d’oeil.
Je crois qu’un bouton d’un tailleur Dior équivalait à ma paye mensuelle.
Bon, maintenant, c’est bottes en caoutchouc et bain du canard. Ma grande préoccupation du jour : tuteurer les roses trémières en évitant les guêpes.
Je pense que comme dit Marie, oui, on est toutes partie prenante et moi la première. J’ai dépensé des sommes folles en fringues alors que j’ai un projet qui me tient à coeur et pour lequel j’aurai besoin d’argent, j’ai eu l’estomac tordu à l’idée que mon mari voit ces dépenses, j’ai fait des chèques sans provision et probablement réjetés un jour…j’ai fait n’importe quoi pour des bouts de tissus…car ce ne sont que ça : des bout de tissus.
Et je me demande si finalement, le principal reproche qu’on puisse faire à « l’idéal » incarné par notre ex président, (mais pas que lui, « sex and the city » a une GROSSE part aussi comme toutes les séries « nanas », tous les livres type « l’accro du shopping », bref toute cette « culture de la conso) c’est d’avoir rendu ce mode de pensée normal….A ce niveau, la lecture de ‘l’art de la simplité » a été salvatrice.
c’est sûr que ça donne pas envie d’être mannequin. Rien que le titre fait référence à un objet inanimé !
Tes photos donnent bien plus envie de vivre !
J’ai ADORÉ ce billet. Tellement intelligent et en même temps tellement léger et agréable à lire. Il faudrait des magazines féminins avec cette ligne éditoriale là. Il en faudrait VRAIMENT.
Belle réflexion.
J’aurais bien aimé voir la photo de l’ensemble de la ruche. Suis une visuelle moi.
Flatter son égo en se disant que le public nous enviera, nous désirera…
Gagner un peu plus d’argent que la moyenne, même si cela ne dure que très peu de temps…
Accepter les privations, les humiliations,…
Esquiver les requins, les prédateurs sexuels qui promettent monts et merveilles.
Être un objet.
Un bel objet.
Une belle fleur artificielle, sans vie à l’intérieur…
Et dire que des mères encouragent leurs filles dans ce monde-là…
Je ne jetterais pas la pierre à ces filles de l’est qui ne voient que cette issue pour s’en sortir.
Bonne journée!
Et enfin, ça me rappelle une petite scène vécue à Châtelet les halles, alors que j’avais la vingtaine et ne pesais qu’une cinquantaine de kilos. Un homme vint à moi avec sa carte de visite pour me demander si cela m’intéresserait de faire des photos pour une agence. Je lui dis que cela ne m’intéresse pas. Il insiste, assure le sérieux de l’agence et me propose de venir accompagnée. Je lui dis que cela n’a rien à voir, et finis par lâcher : « Mon image m’appartient. »
Pas sûre qu’il ait compris, je suis partie prendre mon RER, un peu flattée, certes.
à Milan on en voit souvent, parfois meme certaines traitées sans trop de ménagements pendant les séances…
l’avantage avec les bourrelets c’est que c’est plus doux que les os!…et çà permet de rebondir (au moral et au figuré)
Elisa, ce n’est nullement le message que j’ai voulu faire passer et je ne pense absolument pas ça, ce cliché de la grosse sympa m’a toujours gonflée. Et à lire les commentaires, ils sont assez peu nombreux à faire cet amalgame, que je n’approuve pas.
@ Pomme: J’ai un merci mi-figue, m-raisin à t’adresser : j’ai suivi ton lien vers 8h30 ce matin. Je viens de terminer la lecture du bouquin… Je n’ai pas encore mangé, et ce n’était pas ce que j’avais prévu de faire de cette exceptionnelle matinée de liberté ! Ceci dit je te pardonne, parce que je l’ai trouvé dans l’ensemble très intéressant, avec quelques analyses fines et qui font réfléchir, même lorsque, comme moi, on n’a rien à faire de la mode, des magazines féminins, et des séries américaines pour « fifilles »…
Nul doute qu’elle retrouvera le sourire en encaissant son gros chèque. Si le prix qu’elle doit payer pour toucher un an de mon salaire en un mois est l’ennui, je me moque de sa tristesse apparente.
Comment ça je suis jalouse ?
Tu as raison concernant Photoshop Mélisande…on est tellement habitué(e)s à voir des visages lisses et « platrés » que les 3 grosses (si,quand même) rides sur le front de Valérie Trietweiler me choquent chaque fois que je la vois sur une photo (et encore plus de rides quand elle est en train de tweeter !)
un tout petit commentaire, juste pour te remercier de cet article qui nous apprend à voir plus loin que ce qui nous est proposé, et que j’ai copié sur mon mur fb pour faire tourner
J’ai eu la même expérience récemment : j’ai assisté à une fin de shooting sur le terre plein du carrefour Bd Malesherbes – Bd de Courcelles. Mannequin très jeune, sublime, avec des jambes, une ligne etc… et j’ai assisté à sa descente : elle a quitté sous mes yeux ses chaussures d’au moins 15 cm de talon, cramponnée à la borne centrale du terre plein parce qu’elle ne tenait pas debout avec de tels engins aux pieds, sous les yeux mi-rigolards, mi-compatissants de l’équipe, et on la sentait heureuse et soulagée d’enfiler des Bensimon avachies qui tranchaient tellement avec sa tenue… juste pour pouvoir rejoindre le trottoir d’en face.
Et elle semblait amusée aussi d’avoir posé dans une tenue aussi belle qu’importable dans la vraie vie. Tous les mannequins ne sont pas blasés !
Je l’ai lu aussi, il n’y a pas longtemps, j’avais beaucoup apprécié et les conseils de Dominique Loreau sont simples, mais remplis de bon sens. J’ai terminé « l’art des listes » il y a quelques semaines, je vais m’atteler a son « art de la simplicité : le corps » j’espère qu’il est aussi bien que le premier.
Bonne soirée !
Je les déteste ces filles maigrissimes , leurs yeux bordés de fard brun pour sembler plus tristes encore , comme si la vie n’ était pas supportable ! Et leur poids d’anorexique , quelle misère ! Faut-il être si maigre pour plaire à un homme ? Heureusement non , les filles ,
mangez correctement et soyez joyeuses , oubliez ces images d’enfer sur terre ! Mais comment en est-on arrivé là ?
hier matin une maman a déposé son fils à l’école avec une heure de retard en m’expliquant qu’ils étaient passés par le jardin des tuileries et que la lumière, les fleurs… tout était tellement joli qu’ils étaient restés à regarder. Je vois tes photos et je me dis qu’elle a eu bien raison !
Ca m’a fait le même coup en voyant Ali mac graw dans « le convoi » avec des délicieuses petites rides d’expression au coin des yeux…ça fait peur quand même….nos réactions je veux dire…comme être choquée par les poils..enfin les poils ça fait partie du corps !
« L’art des listes », c’est MA BIBLE !!!!
Extrapoler sur la mine boudeuse d’une gamine environnée d’un escadron de maquilleurs, dans un shooting interminable sans se demander ce qu’on éprouverait nous-mêmes est un exercice d’imagination, pas de lucidité. Moi, à sa place, je hurlerais. Mais elle, elle l’a choisi, elle attend patiemment, et je comprends tout à fait que ça ne la rende pas hilare.
Par ailleurs, le book (amateur, certes) de ma soeur (maigrissime) a été écarté parce qu’elle… souriait sur toutes les photos. La seule façon de voir si les traits d’une personne sont vraiment beaux, c’est de la photographier le visage fermé. Eh oui.
Le problème est peut-être moins ce monde fermé de la haute coutume qui fonctionne sur deux-trois critères de beauté mondialisés que l’idéalisation que certaines s’en font, si je lis certains commentaires, une sorte d’Olympe où des déesses se feraient adorer à la lumière des flashes. Et vous voyez que ce n’est pas le cas. C’est un boulot, très difficile pour l’ego, au moins autant que se faire harceler dans un bureau par un cheffaillon pervers.
Foi de grande tige (48 kgs pour 1,74m à 14 ans et 64 kgs pour 1,78 m à 42 ans…), si la mannequin a vraiment 16 ans, elle est ainsi faite et ne se prive en rien, mai ça ne dure qu’un temps, et c’est quand elles restent comme ça une fois leur croissance arrêtée qu’il y a de fortes chances pour qu’elles s’affament
Et c’est bien ca qui est grave c’est de faire du corps d’une ado trop vite montée en graine le modèle absolu, la référence de silouhettes mode. Alors que ca marcherait aussi bien sur des filles plus standard et ne nous donnerait pas de fausses silouhettes de référence. Ca avait d’ailleurs été montré dans la série de mode ci-dessous ou le mêmemodèle était porté par une fille très fine et « normale » :
http://www.lexpress.fr/styles/diapo-photo/styles/mode-beaute/mode/la-serie-mode-one-size-fits-all-de-v-magazine_838149.html
Il y a quelques années, je faisait du tourisme sur un plateau de pub pour L’Oréal avec un top modele dont je n’arrive jamais à prononcer le nom (et donc pas plus à le retenir).
Bref, elle était là pour vanter les mérite d’une crème autobronzante, c’était les préparatifs, elle était évidemment en maillot de bain et elle avait un type qui lui huilait les cuisses à limite lui mettre un annulaire dans son petit intérieur tellement il allait loin. La top elle, était en train de taper à la discute avec son assistant comme si de rien était! Comme si aucune main ne la touchait et qui plus est, l’entrecuisse!!!
Ce jour là, j’ai compris que leur corps était une marchandise, il ne leur appartient plus, c’est exactement comme un contrat avec le diable sauf que là on te laisse ton ame, on ne prend que sa maison (de là à penser qu’on puisse garder son âme quand elle dors sous un pont!!!).
En te lisant, je me dis que ce métier est quand même assez proche de la prostitution…le corps est une marchandise….Ca fait archi peur….
Bonsoir Caroline,
Je te lis depuis longtemps et j’apprécie énormément tes posts qui ponctuent souvent mes journées d’un peu d’émotion. Je me permets d’autant plus de réagir à cet article, et j’espère que tu ne m’en voudras pas car qui aime bien châtie bien, n’est-ce pas?
Je comprends ton propos mais j’aimerais cependant le nuancer quelque peu…
J’ai une amie d’enfance au Portugal qui a été mannequin pendant longtemps, c’était pour elle le moyen de payer ses études et de faire des voyages que son milieu modeste n’aurait certainement pas pu lui offrir.
Naturellement svelte et ancienne sportive, elle surveillait sa ligne mais n’était pas non plus obsédée par son poids et faisait plutôt des photos de catalogue de vente par correspondance et de lingerie que des défilés pour lesquels elle savait ne pas avoir le physique “adapté”.
Elle m’avait expliqué qu’il y avait différents types de mannequins, les filles plutôt “normales” comme elle, à qui une lectrice peut s’identifier, et des filles plus grandes, plus maigres, parfois plus atypiques, qui sont plutôt choisies pour les défilés afin de s’effacer devant le vêtement qu’elles portent; le visage souvent neutre, car c’est la tenue qui doit être regardée avant tout.
Elle m’avait dit aussi que le métier de mannequin consiste surtout à attendre. Attendre le bon moment, la bonne lumière, la mise en place de tous les éléments nécessaires pour pouvoir quant il le faut, d’un coup, être expressive ou neutre, selon l’attente du photographe. C’était certainement la raison de ce regard vide que tu décris.
Mais, cette jeune fille était surtout au travail. Je ne sais pas si tu trouverais que j’habite mon corps quand je suis debout devant le photocopieur au bureau, attendant mes copies…Suis-je triste pour autant ? Je ne crois pas. Dieu merci, on n’est pas forcément ce que l’on fait.
Les artifices dont tu parles, c’est aussi finalement du travail. Du travail pour que l’illusion existe bel et bien sur le papier. Illusion dont personne n’est dupe mais futilité dont on se nourrit aussi si tu veux mon avis…Car il est essentiel aussi d’être léger, j’en suis persuadée.
Faut-il que les magazines ressemblent trait pour trait à la réalité ? C’est un vrai débat mais la réponse n’est pas si évidente. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut pas que des millions de jeunes filles en pâtissent en confondant illusion et réalité. Mais, c’est avant tout aux mères de faire ce travail de valorisation, pas forcément aux magazines.
Ce que je crois c’est que ces filles qui ont « le physique de l’emploi » sont aussi des filles normales.
De retour de Paris ou Milan, mon amie retrouvait son chéri, issu du milieu du cirque, avec qui elle se produisait régulièrement sur scène ou dans divers spectacles de rue. Bref, une fille saine et équilibrée mais fascinée depuis l’enfance par la mode, la beauté et l’art. Car enfin, tout cela est bien compatible et même indissociable, ne crois-tu pas ?
Bonne soirée
Sonia
Je viens de découvrir et ton blog et je suis tombée sur cet article qui est tout simplement génial ! Tu dis très bien les choses, j’aime beaucoup. C’est si rare que les gens dénoncent ce genre d’abérration dans le mannequinat.
Bravo
Je reviendrai souvent ici !