Un coeur en hiver

  DSC_0068.jpg_effectedSur l'avenue d'Italie à quelques mètres du métro Maison Blanche, un bouquet de roses un peu défraichies est accroché autour d'un arbre tout nu. Au dessus, une affichette de la gendarmerie indique que le 8 janvier dernier à 2h14, un cycliste a été fauché à cet endroit là. Par un véhicule qui a pris la fuite. Prière d'appeler pour tout renseignement ou témoignage en rapport avec l'accident.

Je ne sais pas pourquoi hier plus qu'un autre jour j'ai levé les yeux en passant devant ce bouquet d'adieu. Je ne sais pas bien non plus pourquoi j'en parle aujourd'hui. Peut-être parce que désormais j'aurai en mémoire cette vie arrachée un soir d'hiver, à deux pas de chez moi. Une pensée aussi pour celui ou celle qui, pris de panique sans doute, a préféré accélerer plutôt que s'arrêter et qui ne sait peut-être même pas que le 8 janvier à 2h14, un coeur s'est arrêté sous ses roues. Est-ce qu'on peut continuer à vivre après, comme si de rien n'était ? Est-ce que, dans l'éventualité où tous les moyens mis en oeuvre pour le retrouver échoueraient, ce bref instant où tout a basculé finira par disparaitre de la mémoire du chauffard ?

Et si j'avais été au volant, n'aurais-je pas eu moi aussi la tentation de m'échapper, plutôt que d'affronter l'horrible réalité ? Y aurais-je cédé ?

Hier, en remontant l'avenue d'Italie, je pensais à tout cela sans qu'aucune certitude ne s'impose. Ou plutôt si, une seule. Au détour d'une rue, à 2h14 un dimanche de janvier, l'un est devenu victime et l'autre un meurtrier. Sans probablement que ni le premier, ni le second, n'aient pu imaginer dans les secondes qui précédèrent le choc, que tel était leur destin. Etrange chose, tout de même, que la vie.

105 comments sur “Un coeur en hiver”

  1. Cetroinzust a dit…

    Etrange chose, oui…
    J’essaie tant que faire se peut de ne pas juger a l’emporte-piece ceux qui sont ainsi devenus meurtriers. Parce que moi non plus, je n’aurais peut-etre pas le courage necessaire pour m’arreter. Parce que je n’aimerais pas qu’on me juge trop violemment, qu’on me considere comme un monstre si cela m’arrivait. Je respirerais la honte a pleins poumons, c’est une certitude mais peut-etre, malgre tout, n’aurais-je pas le courage de faire le pas decisif, ce pas qui me libererait et libererait tous les autres aussi.
    Une bien difficile question, en somme, que cet article ! Merci, Caro !

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  2. proff a dit…

    Une question bien difficile en effet.

    Je m’arrêterais surement. Trop peur de ce qui se passerait si je m’enfuyais et qu’on me retrouvait. Ce serait bien pire que si je m’arrêtais…

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  3. proff a dit…

    En me lisant, je me dis que je suis bien égoïste: mon petit bonheur personnel m’inquiète plus que la vie d’une personne.
    J’aimerais pouvoir dire que je m’arrêterai pour aider la personne renversée…mais je pense que je ne saurai vraiment pas quoi faire.

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  4. Missgavotte a dit…

    Je me fais souvent ce genre de réflexion aussi Caro. Chaque fois que je lis les faits divers, je pense à ces vies qui basculent, parfois en quelques secondes effectivement…

    Bien sûr, on pense toujours à la victime et aux familles meutries, mais il y a aussi tous les drames collatéraux. En effet, ça doit être une torture de finir sa vie en pensant au drame qu’on a provoqué. J’imagine les commentaires qui vont venir dans la journée, alors j’anticipe : parfois oui il y a des gens irresponsables, l’alcool, la vitesse… mais parfois, il y a juste un concours de circonstances, le mauvais endroit au mauvais moment, et on ne maîtrise plus rien…

    Je pense à un bouquet de fleurs à un carrefour près de chez moi, à une fillette qui n’est plus, mais également au chauffeur de bus qui ne l’a absolument pas vue (angle mort etc…) et qui doit vivre avec ça maintenant. Ca ne réconforte personne hélas…

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  5. marje a dit…

    Situation terrible auquelle je pense à chaque fois que je me fais peur en voiture, à chaque fois que mes enfants partent faire du vélo … J’espère ne jamais devenir meurtrière (mm si parfois je pense que l’accident n’est pas exclusivement le fait du chauffeur) mais je prie le seigneur Pattedelapin pour que mes enfants soient préservés de tt accident …Aujourd’hui j’ai prévu de faire un saut à Monop et j’espère trouvé le petit haut crochet en noir … Douce journée : hep trop la classe d’être en rupture de stock pour ton livre ….

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  6. Lôla Peste a dit…

    La vie c’est tant et si peu à la fois. Sur le pont chaque matin, un bouquet de fleurs, accroché depuis des années à la rembarde. Les années passent, la douleur demeure.
    Toutes mes pensées à cet inconnu, aux siens, et puis aux autres. A celui qui sûrement n’aurait jamais voulu que cet instant là soit.

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  7. Coline a dit…

    Dans la vie
    il y a les gens qui s’arrêtent
    et ceux qui passent leur chemin
    sans voir ni entendre.
    Et franchement, ça m’étonnerait que tu sois dans la deuxième catégorie.
    Sinon
    pour proff
    et de mon point de vue
    le 18 (les pompiers) est plus efficace et souvent plus rapide,
    hélas pour le 15 (samu et smur).

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  8. venise a dit…

    Les accidents de la route sont une de mes plus grandes peurs… Hier encore il y en a eu un sur la route qui mène au travail. Avoir le permis de conduire revient à avoir le permis de tuer 🙁 Je souhaite que jamais mes amours ou moi ne nous trouvions d’un côté ou de l’autre du volant qui aura fait une victime… 🙁
    mais avoir peur ne sert à rien, il y a la fameuse phrase « la peur n’évite pas le danger »
    vivre tout court est dangereux

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  9. fizz a dit…

    voilà qui donne à penser , avec ce talent toujours renouvellé de Caroline.
    Pour info faites le 112 , c’est LE numéro à retenir pour une urgence , n’importe laquelle

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  10. nalou a dit…

    j’ai cliqué comme chaque matin et aux premières lignes j’ai voulu faire marche arrière, repartir devant mon café et mon kiwi, oublier les quelques lignes lues… trop tard
    rien à faire, je n’arrive pas à concevoir la fuite… même sous l’emprise de la panique, de la peur, de l’alcool ou de toute autre chose, je ne peux pas comprendre, admettre, entendre la fuite…
    quelqu’un l’a fait un jour, il y a 20 ans, sur une route de la clusaz, un mort et une handicapée du coeur à vie… des heures d’angoisse à attendre les secours, une vie qui s’échappe alors qu’on est sanglée à côté sans rien pouvoir faire que répéter à l’infini « je t’aime, ne pars pas »
    oui cela doit être difficile d’être le responsable d’un accident, d’une ou plusieurs vies brisées, mais il ne peut y avoir de vie (même pas heureuse hein, de vie tout court) après sans reconnaissance du geste, n’est-ce pas ?

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  11. Sophie a dit…

    Le 24 décembre dernier nous sommes tombés, en partant réveillonner en famille, sur un accident de voiture. Sur les 4 personnes seulement une y a réchappé. Ils partaient réveillonner eux aussi…
    Un bouquet me le rappelle chaque jour également.

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  12. Clairette a dit…

    Prendre sa voiture est un acte qui est parmi les plus dangereux qu’on puisse faire dans une vie banale.
    C’est d’ailleurs assez bizarre de voir à quel point cette réalité est atténuée dans la tête de la plupart des gens. Il parait plus raisonnable d’avoir peur de monter en avion ou dans un ascenseur que dans une voiture. Et pourtant…

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  13. Manue a dit…

    Je ne sais aps ce que je ferais si ca devait arriver. Assise dans mon fauteuil devant mon ordi, il me parait inconcevable de ne pas s’arreter et porter secours mais dans la panique, la peur, les circonstances je ne sais pas qu’elle sera mon attitude. Ca me rapelle une chansond e JJ Goldman et si j’etais née en 17 à Lei…aurais je été meilleure ou pire que ces gens

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  14. la chouette a dit…

    Je ne serais pas partie, pour essayer de porter secours.(c’est mon éternel réflexe de Saint-Bernard.)
    Mais je ne jugerai jamais ceux qui s’enfuient.
    On se moque parfois un peu de moi dans mon entourage, parce que j’ai mon permis mais je ne conduis pas. Je crois que c’est un peu pour ça. Peur de provoquer un accident, de faire du mal à quelqu’un.
    Pour moi, avoir un volant entre les mains, c’est un peu avoir une arme.
    c’est grave, docteur?

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  15. DOMINIQUE a dit…

    Je sais que je ne pourrai pas m’enfuir. J’ai souvent imaginé ce genre d’instant, je sais que je me précipiterais pour aider la personne que j’aurais percutée. Et, après, les secours devront m’amener aussi à l’hôpital, car je serais complètement effondrée, accrochée comme un arapède à un pompier à moitié évanouie.
    Bordel, c’est UNE VIE, la chose la plus précieuse.

    Pourvu que ça ne m’arrive jamais (sauf pour le pompier, mais en d’autres circonstances).

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  16. mammouth a dit…

    Comme Dominique et Nalou, je ne peux concevoir la fuite dans mon cas. J’aime à penser que je pourrais secourir immédiatement la personne percutée, mais je serais peut-être pétrifiée sur place.

    La déception avec les pompiers, Dominique, c’est souvent quand ils enlèvent leur chapeau…

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  17. Cécile - Une quadra a dit…

    Ce week end je me suis retrouvée témoin bien involontaire d’un de ces moments où tout bascule, où l’âme humaine se révèle, où des vies se brisent. une enfant joue sur le parking avec son frère pendant que ses parents rangent les courses dans le coffre, le petit débouche en courant, d’entre les voitures stationnées, sur la voie de dégagement du parking pile au mauvais moment, un fourgon y passait à vitesse raisonnable mais il lui était impossible d’éviter le drame. J’étais en face dans ma voiture attendant que le fourgon soit passé pour m’engager.
    Il y aura sans aucun doute un bouquet sur le poteau de la lettre E de ce parking.
    L’accident m’a choqué oui puisque j’ai tout vu, tout deviné, ressenti, sans rien pouvoir faire pour l’empêcher parce que tout est allé bien trop vite, l’impuissance absolue, mais je me demande si le comportement des autres ne m’a pas encore plus perturbée.
    Entre ceux qui, à mot plus ou moins couverts, condamnaient les parents de n’avoir pas mieux surveillé leurs enfants, ceux qui, avant toute réflexion, ont voulu lyncher le conducteur du fourgon qui était effondré, ceux qui arrivaient sur la scène de l’accident comme on va au spectacle, ceux qui y amenaient leurs enfants en tentant œuvre pédagogique « si tu fais pas attention en traversant voilà ce qui arrive », ceux qui cherchaient à deviner si ce qu’ils voyaient là près de leur pied était un « morceau de cervelle », ceux qui s’énervait parce que la chaussée était fermée à la circulation alors que « bon il est mort y a qu’à le mettre sur le coté et on peut passer » (comme un chat écrasé sans doute), bref un bien piètre tableau de l’humanité.
    Au milieu de tout cela quelques uns se sont comporté « normalement » essayant l’impossible en tentant de réconforter les parents, le frère et le chauffeur du fourgon, en prévenant les secours, signalant l’accident pour éviter qu’un distrait ne vienne empirer la situation, restant pour témoigner…
    je sais que la galerie de portrait que je trace peut sembler être le fait d’une froideur excessive de ma part mais c’est ma façon de me protéger, je fais le nécessaire, reste présente tente d’apporter mon soutien tout en observant, en essayant de rester extérieure pour ne pas souffrir, ça ne marche pas très bien soyons honnête, je ne vous dit pas dans quel état j’étais une fois rentrée chez moi, surtout après avoir vu ces comportements vomitifs.

    Quand j’ai vu le comportement de certains de ces gens face à ce conducteur qui avait respecté les règles du code de la route, qui vraiment n’avait pas la possibilité d’éviter quoi que ce soit et qui était effondré je commence à comprendre aussi pourquoi certains ne s’arrêtent pas s’ils le peuvent. Ça ne serait pas, à priori, ma réaction mais sait on jamais.

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  18. La Mouty a dit…

    Je ne peux pas mieux dire que ma Chouette,St Bernard,je suis pareille,
    et Dominique l’arapède ,(tu devrais traduire ).
    Il est vrai que certaines personnes deviennent des assassins en puissance parce qu’elles ont le permis (de tuer )et que ce crime n’est jamais puni de la même manière que quelqu’un qui s’est servi d’une arme !

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  19. zouzou a dit…

    Je l’ai vu ce bouquet la semaine dernière en allant à la boutique « ronde de nuit »… Ca m’a mis les poils au « garde à vous »…

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  20. Mère Blabla a dit…

    Et bien sacré traumatisme Cécile. C’est vraiment le type de situation à laquelle on espère ne jamais être confronté que ce soit en tant que partie prenante ou témoin. Je te souhaite de t’en remettre (assez) rapidement.

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  21. virginie a dit…

    Quelle belle idée ce matin que de nosu faire réfléchir à notre comportement face à un accident de ce genre. Il y a longtemps mon oncle s’est fait renversé à mobylette ( oui j’ai dit que c’etait il y a longtemps d’ou la mobylette). Il est mort car la personne s’est enfuie.Ma tante et ses 4 enfants en bas age sont restés seuls. C’etait la nuit, peut être que la personne ne l’a pas vu. Bref, je pense à chaque instant à cette personne qui a dû vivre avec celà sur la conscience, celle là même qui a du chercher dans le journal une information quelconque sur cet homme décédé à cause d’elle.Je sais que je m’arrêterais car la souffrance et l’horreur de la situation m’obligerait à faire face à mes responsabilités. Et puis la culpabilité ce n’est pas mon truc, je suis dejà pessimiste la base donc ça en plus, ce n’est pas pour moi.

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  22. mysukalde a dit…

    Qu’il est difficile de ne rien maîtriser. On est bien peu de choses… Quand je suis dans une période faste, que tout roule, comme c’est le cas en ce moment, je me dis que c’est trop qu’une grosse tuile va me tomber dessus, que c’est trop injuste pour ceux qui sont dans le malheur. Mais au lieu de me paralyser, cette pensée, je profite de ma vie heureuse et j’embrasse fort ceux que j’aime.
    Passez une bonne journée.

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  23. virginie a dit…

    le comportement humain est assez horrible face à une situation comme celà. Quand on entend ce qui s’est passé sur le COSTA CONCORDIA ou chacun voulait sauver sa peau( c’est légitime…) mais au point de pousser les enfants pour passer, celà me dégoute vraiment.

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  24. DOMINIQUE a dit…

    La Mouty : arapède, dit aussi bernicle, dit aussi chapeau chinois. Un coquillage qui est « ventousé » sur les rochers. Voilà, voilà.

    Mammouth : mais le pompier, je le veux avec casque et bottes !

    Cécile une quadra : eu la même expérience, moins dramatique. Un accrochage juste devant moi avec quelques dégâts. Le type « accroché » voulait casser la gueule à l’accrocheur. Je l’ai calmé, en lui disant qu’il fallait qu’il se repose, qu’il avait peut-être eu le coup du lapin, etc. J’ai attendu les secours avec lui. Ce que tu as observé est un bon reflet de l’humanité, hélas.

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  25. Zenaide a dit…

    Ce billet m’interpelle…j’ai l’impression que je m’arrêterais nécessairement, mais peut être ai-je trop de certitudes sur moi-même ? Toujours est il qu’il y a, plusieurs manières de prendre la fuite : par panique, et là une fois retrouvé ses esprits, il me semble que l’on va voir la police pour expliquer ce qui s’est passé et mais on peut aussi partir par absence de volonté (ou de courage) pour assumer les conséquences de ce qui s’est passé… Je fais un peu l’effet d’être la psycorigide de service, mais c’est vrai que la lecture du com de Cécile m’a fait un peu froid dans le dos…
    c

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  26. Roseinprogress a dit…

    La vie qui bascule dans un sens ou dans l’autre.
    Non vraiment, tu te serais arretée, n’en doute pas. Tu te serais arretée parce que tu aurais d’abord pensé à celui qui était au sol avant de calculer les conséquences que cela aura sur ta vie. Par instinct tu n’aurais pas pensé à la suite…J’aimerais aussi croire qu’on est tous « bons » au fond mais ce n’est pas le cas, surtout pas dans cet exemple là.
    J’en ai fait la douloureuse experience…

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  27. Mle E. a dit…

    J’y pense souvent. Que la vie peut basculer, soudainement, brutalement. Et que les années de bonheur ne seraient plus alors qu’un « avant ». Il y a une belle nouvelle de Gavalda sur le sujet…

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  28. Caroline a dit…

    Que les choses soient bien claires, je ne suis pas en train d’excuser la fuite, et le récit de Nalou me bouleverse. Juste, je suis la pire conductrice que la terre ait portée (j’ai résolu le pb en ne prenant plus jamais le volant) et je sais que j’aurais pu et pourrais renverser quelqu’un, en raison de ma nullité à coordonner mes gestes et ma non-assurance au volant. J’ai souvent été à deux doigts de l’accident, parfois plus qu’à deux doigts. Et à chaque fois, ce souvenir de la terreur. Terreur d’avoir fait du mal, terreur d’être « coupable », terreur d’être passée du côté des « mauvais ». Alors je comprends cette peur. Mais je veux espérer que mon empathie pour la personne par terre l’emporterait. Mais contrairement à certaines d’entre vous, je n’en suis pas certaine, je crois profondément que parfois on se révèle d’une façon ou d’une autre face à l’action. En bien, ou en mal. Mais si ça devait m’arriver, je penserais à Nalou, je crois, ça me donnerait du courage pour affronter ça.

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  29. Véronique (Allemagne) a dit…

    *un* tel cas…

    Ca n’est pas vraiment le sujet, mais j’ai passé quelques jours à Paris fin décembre, et il semble que plus personne n’accorde aucune attention au code de la route et aux feux de circulation. C’est devenu complètement fou et inquiétant.

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  30. Vanou Vaness a dit…

    Ce billet me parle particulièrement pile une semaine après que ma fille de 12 ans ait faillis se faire renverser sous mes yeux plus ou moins de ma faute (je lui ai dit « trace voilà le bus » et j’ai pas anticipé que pour elle tracer ça veut dire ne pas s’arrêter au passage clouté, même quand un autre bus stationné bouche la vue. Heureusement que j’ai eu moi même quelques difficultés pour m’arrêter pile poil au bord du trottoir devant le passage ce qui a fait freiner la voiture qui arrivait et s’est arrêté à 2 cm des jambes de ma gosse !) !
    A quelques secondes près j’aurai vu ma gosse se faire renverser, porté la culpabilité de lui avoir demandé de courir et rendu un pauvre gars qui ne faisait rien d’autre que de passer à ce moment là coupable (et je pense que lui aussi n’aurait pas fini de revivre la scène de la jeune fille se précipitant sous ses roues)…

    Enfin bref, tout s’emmelle… beau billet qui remue des trucs, quoi…

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  31. Alexia a dit…

    PPPffff tu fais chier là Caro !!!! et je me garderais bien de vous raconter pourquoi pour ne pas vous faire croire que l’Enfer est sur terre… et pourtant.
    Cécile une quadra… comment dire ? non seulement ça me parle, mais je la trouve presque « normale » ton expérience, je connais ton traumatisme, je te souhaite juste d’arriver à l’estomper, mais je doute..

    Merci d’avoir tou(te)s une pensée pour N. qui lutte depuis dimanche et que les médecins espèrent réveiller… sans trop de séquelles. Une autre histoire de Chienne de Vie !

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  32. embrun a dit…

    Alexia, je penserai à N.

    Cécile une quadra… ton histoire, je l’ai vécu sur une Nationale, il y a à peine plus d’un an. No coment.

    Caroline, je comprends l’empathie qu’on peut avoir pour ceux qui renversent. Il y a des moments où c’est la seconde qui a tout changé…
    Oui, c’est possible, et nous n’en sommes pas protégés.

    Mais s’arrêter, c’est aussi savoir si on a laissé un mort, un blessé, un vivant. Qu’en est-il, de l’assistance qu’on doit porter, alors ? Quand on sait que porter secours, quelquefois, a tout simplement permis à la personne de vivre…

    Oui, on peut avoir des lâchetés. Mais celle d’oublier la Vie pour croire sauver la sienne… cela me laisse quand même perplexe devant ce gouffre d’égoïsme.

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  33. chrisssine a dit…

    je suis de celles qui ne sait pas ce qu’elle ferait, mais qui ose espérer qu’elle prendrait la bonne décision, s’arrêter, pour plein de (bonnes raisons) :
    pour pouvoir vivre avec ma conscience
    pour ne pas être un lâche
    pour ne pas empirer la situation par ma faute

    malgré tout, je pense vraiement que tant qu’on est pas dans cette situation, on ne sait pas ce qu’on a dans les tripes, ce qu’on faut vraiment. Cf. l’exemple de ce captaine de bateau qui avait la formation, l’expérience… pour agir comme de bien mais c’est comporté comme un lâche

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  34. Caroline a dit…

    embrun, je ne crois pas avoir utilisé une seule fois le mot d’empathie… je ne parle que de mes doutes face à moi même dans ce billet, je ne connais rien de ce qui s’est passé ce soir là, le chauffeur était il saoul, a-t-il renversé intentionnellement le cycliste, ce dernier a-t-il surgi de nulle part ou se contentait-il de rouler tranquillement sur sa voie ? je ne sais pas. Et je n’ai aucune empathie pour celui qui s’est enfui. Comme je n’en aurais aucune pour moi même si je m’enfuyais. Je dis juste que cette lâcheté sur le moment est très certainement tentante, parce qu’on entrevoit d’un coup le gouffre dans lequel on s’apprête à tomber. Pas que je l’excuse ni que je l’absous. Tout n’est pas blanc et noir, ni dans la vie, ni dans mes billets 🙂

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  35. mélaniextahiti a dit…

    il y a plus de 10 ans, Magali était blessée à mort dans un accident, son compagnon handicapé à jamais et un autre automobiliste blessé; et un chauffard vivra toute sa vie avec cela sur la conscience car en fuite et jamais retrouvé… enfin je l’espère qu’il l’a sur la conscience sinon c’est que c’est un fou dangereux, et finalement il est plus à plaindre qu’autre chose……………..

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  36. midlifeclub a dit…

    Quelle trouille on doit avoir quand on est le chauffard! C’est ma hantise ça. Voir quelqu’un débarquer sous mes roues sans que je ne puisse rien faire. Je suppose que je resterai parce que la top priorité, bien sur c’est de porter secours, mais si l’issue est fatale, c’est aussi de penser à ceux qui restent. Parce que je suis sure qu’on ne peut pas faire son deuil s’il y a des zones d’ombre. Déjà que c’est dur de faire son deuil quand on sait (presque) tout ce qui s’est passé.

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  37. isa-monblogdemaman a dit…

    Ah tout à fait l sujet en effet de cette nouvelle d’Anna Gavalda à laquelle je pense souvent.

    Tout à l’heure au feu rouge devenue, je regardais passée l’ambulance escortée par des motards en medisant que quelqu’un, quelque part venait de voir sa vie basculer. Et ce la m’a plus glacée que le givre hivernal.

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  38. Kimie a dit…

    Ton article ce matin vient en rappel de ma lecture en cours, je lus « Crime & Châtiment » de Dostoïevski où un jeune homme désespéré et dans la misère commet un crime pour quelques roubles. Ce livre comme ton article m’interroge : comment peut-on se mettre à la place d’un « meurtrier » quand une situation pareille ne nous est jamais arrivée ?
    Personnellement, je n’ai même pas envie d’imaginer ça. Sous le choc, on peut avoir tant de réactions inattendues…

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  39. ritournella a dit…

    Pour avoir beaucoup circuler dans Paris à vélo(pendant près de 15 ans) je connais les dangers de la route, les portières qui s’ouvrent sans crier de garde,les chauffeurs de bus qui vous doublent à 3 cm, le danger de la file des taxis, la vigilance de tous les instants que cela impose.
    Je ne cherche pas à disculper l’automobiliste, mais jetrouve que trop de vélos roulent n’importe comment. Les feux connnait pas, doubler les voitures n’importe comment pas grave. Inversement les chauffeurs de taxi se croient tout permis.
    Et enfin put… la ville de Paris est incapable de faire des pistes cyclables cohérentes, certaines s’arrêtent quelques centaines de mètres puis reprennent parfois de l’autre côté (quand on ne connait pas ça perturbe)Sans compter les piétons qui les traversent sans faire attention ou qui parchent dessus alors qu’il y a un beau trottoir à côté qui leur est réservé !

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  40. LE CHEMIN DU BONHEUR a dit…

    Je me souviens qu’à 18 ans j’ai été victime d’un accident de voiture. Pendant des années j’ai refusé d’apprendre à conduire, car je ne voulais pas être un assassin en puissance. Finalement, les cicatrices de mon visage se sont atténuées, j’ai appris à conduire, mais je sais que que je suis au volant d’un engin de mort et ne me suis jamais prise pour l’as du volant, car comme tu le dis toute vie peut basculer en un quart de seconde.

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  41. Valérie de Rennes a dit…

    Je ne sais pas non plus ce que je ferai.
    A chaque fois que j’ai été confrontée à des situations graves voire gravissimes où l’urgence était de mise, je me suis toujours surprise à réagir avec un applomb et un sang froid que je n’ai pas forcément dans mon « état normal ».
    Alors j’aime à croire que je réagirais dans l’intérêt de celui que j’aurais blessé… Mais en étant responsable ? Aurais-je le même sang-froid ?…

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  42. mayamag a dit…

    Avoir totalement conscience que tout peu basculer dans nos vies d’un instant à l’autre fait froid dans le dos….. je connais ça mais avec la maladie…. le plus difficile c’est qu’après la vie ne laisse plus place a aucune insouciance, vous restez vissez à quelque chose de lourd, la réalité.

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  43. ritournella a dit…

    Pour ma part non vraiment je ne comprends pas ce comportement de fuite… Pour moi même quand on écrase un chat on s’arrête !On peut trouver toutes les circonstances atténuantes, ça ça sera le problème de l’avocat au moment du procès.

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  44. nalou a dit…

    @Caroline, je n’ai jamais été à l’aise avec la conduite … de ce point de vue pas d’avant/après pour moi si ce n’est que l’après a renforcé la peur de l’accident (j’ai repris des cours de conduite d’ailleurs). la question que tu poses, je me la suis posée des milliers, des millions de fois pour comprendre, pardonner… sans ce qui s’est passé, je serai sans doute comme toi, comme d’autres, dans l’espoir d’avoir la bonne réaction mais sans certitude de ne pas succomber à la lâcheté, à la peur (après toutes ces années, je peux comprendre que par « mécanisme de défense » on prenne la fuite comme pour se convaincre que c’est un cauchemar et que rien n’est arrivé)
    je sais que je resterai fut-ce pour juste tenir une main et même si affronter les proches sera pire que toutes les peines que l’on peut imaginer.
    @Cécile, de ton post, je ne retiens que toi, de la profonde humanité que tu dégages et qui me rassure, que ceux que tu dis « normaux »
    @Alexia, pas une mais plein plein de pensées

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  45. Elosyia a dit…

    Ton billet me fait penser à une conversation que j’ai eu avec une collègue, il y a quelques temps. Elle dit régulièrement de manière abrupte que oui tout le monde meurt, oui la vie c’est comme ça et qu’il faut s’en accomoder. Un peu plus tard dans la journée, j’ai eu un malaise, pas grave, mais je me suis sentie secouée. Et là je me suis faite la réflexion qu’il se pourrait que je meurs à ce moment précis (mon côté hypocondrique certainement). Finalement non, je suis encore là et j’écris, mais maintenant je pense souvent au fait que la mort ne prévient pas et qu’elle peut nous arracher subitement à la vie, à ceux qu’on aime, à une vie pleine de promesses et d’espoirs. J’ai pensé avec tristesse aux gens qui sont vivants, téléphonent, marchent, font des courses à un moment T et à l’instant d’après où ces personnes se retrouvent fauchées par la mort. Comme ce cycliste. Après ces réflexions, je me suis dit ce jour là qu’il était vraiment temps de bouger mon cul pour vraiment, mais alors vraiment profiter du temps qui reste.
    Une belle journée pour vous les filles (et les hommes aussi) !

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  46. Mariposa a dit…

    Etrange chose comme tu dis. Nous ne tenons qu’à un fil et nous l’oublions vite. Le monde continuera sa folle course en marchant sur la tête pendant des siècles et des siècles et nous aura vite oubliés … Sauf si nous essayons d’y laisser une empreinte positive durable. Et sinon, tout simplement profiter parce qu’on ne sait jamais quand le fil va rompre. La vie est une chose étrange certes mais elle peut quand même être belle …
    Pour ma part, je ne conduis pas, donc je ne sais pas ce que j’aurais fait. Je pense que l’on peut être fortement tenté et dans la panique poursuivre sa route. Mais je pense aussi qu’une fois qu’on sait que la personne est décédée, les remords et la culpabilité doivent être trop forts et devenir pires qu’une prison, et qu’on finit par avouer un jour ou l’autre.

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  47. reine a dit…

    J’avais 17 ans,en mobylette , j’étais derrière une voiture dont le conducteur n’a lui aussi rien pu faire lorsque le gamin a surgi comme une bombe d’entre deux voitures garées, en riant, poursuivi par un copain……A 17 ans, j’ai pris dans mes bras un homme de 45 ans , parfait inconnu, qui sanglotait . Le père du gamin, parlait de le tuer et les badauds le traitaient de monstre. J’ai témoigné, et je me suis fait à mon tour honnir par la famille du gamin qui refusait d’admettre la non culpabilité du conducteur.
    C’était il y a des décennies, Cécile et j’en rêve encore parfois.Après toutes ces années je revois clairement le visage rieur du gamin …..

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  48. Cathrine en Norvege a dit…

    Moi je sais. Je m’arreterais chaque fois, et encore, et ca meme si j’aurais bu un verre de vin avant, ou si je risquais plus gros pour une raison ou une autre…Toujours je me dis, mieux vaut prendre les problemes quand ils arrivent, qu’essayer de fignoler un truc pour arranger le coup – ca ne marche jamais.

    Pensee pour la vie qui a ete eteinte, et pour ceux qui ont perdu une etre cher. Pour celui ou celle qui etait au volant aussi, en sachant que la meillaure facon d’arranger les choses c’est de se rendre.

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  49. AnneduSud a dit…

    Reine, Cécile et les autres, vos témoignages sont terribles.
    Et je repense à la nouvelle d’Anna Gavalda dans « Je voudrais bien que quelqu’un m’attende quelque part » qui m’avait profondément touchée et à laquelle je repense souvent.
    Qu’aurais je fait? Je veux croire que je prendrais la bonne décision mais c’est un peu incantatoire… Je ne sais pas…

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  50. Blonde paresseuse a dit…

    Aujourd’hui, 17 janvier, cela fait vingt et un an que mon frère, mon double, mon âme soeur est mort après un accident de voiture. Il avait vingt-sept ans.

    La nuit du 1er au 2 janvier 1991, sur une route près de la frontière suisse, probablement ébloui par des phares, il a perdu le contrôle. La voiture en face ne s’est pas arrêtée, on ne sait même pas si le conducteur l’a vu.

    Ce n’est que beaucoup plus tard que quelqu’un s’arrêtera et préviendra les gendarmes. Il sera hospitalisé, transféré, opéré et mourra deux semaines plus tard, loin de chez nous puisque pas transportable jusqu’en Lorraine.

    Jamais on ne saura si la personne en face a eu conscience de ce qu’elle faisait. Moi ce que je sais, c’est que CHAQUE JOUR depuis vingt et un ans, je pense à lui. Moi qui suis aujourd’hui bien plus vieille que lui, triste de son absence, seule et malheureuse, comme tous ceux qui restent. Un coeur de plus en hiver.

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  51. clarence a dit…

    Chère Caroline, je lis toujours avec beaucoup d’intérêt tes billets, excepté ce matin où je regrette bien de t’avoir mise dans mes favoris. Ce n’est évidemment pas contre toi mais le thème du billet lui-même. Je m’explique : il y a qq années, j’étais en voiture avec ma soeur et son compagnon, la route était glissante, le temps pluvieux, l’ami de ma soeur roulait à peine à 40 en ville mais il n’ a pas pu éviter un petit garçon qui sortait d’un chemin en vélo; l’enfant est mort 2 jours après. Et, du moins tu te demandes s’il est facile de vivre avec et bien non, je dois dire que même si nous n’étions pas en cause, cela n’enlèvera rien au fait que ce petit garçon est mort et qu’un quelque sorte nous l’avons tué. J’y pense presque tous les jours, j’y pense quand j’entends son prénom porté par un autre, quand je vois des enfants jouer, quand il y a des faits divers aux infos …Mais, quand ce drame a eu lieu nous n’avons jamais songé à fuir, nous aurions pu puisque la rue était déserte mais aucun de nous n’y a, j’en suis sûre, jamais pensé, je me souviens par contre qu’on s’était dit que ça y est notre vie était foutue.

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  52. Biduline a dit…

    Caro, moi j’ai du mal à penser que dans une telle situation on a le temps de penser au gouffre des conséquences pour soi… enfin c’est mon point de vue, mon espoir peut-être.
    En faisant un autre parralèle, une fois de retour de CDG dans le RER à la descente à Gare du Nord, je constate qu’un jeune juste devant met sa mein dans le sac d’une touriste pour voler qqchose, si j’avais eu le temps de réfléchir je me serais peut-être dit que c’était pas malin de s’interposer et donc de s’exposer ensuite à la réaction de ce jeune et de sa bande de copains… mais en une demie-seconde je lui ai chopé le bras pour le retirer du sac sans que la touriste ne se rende compte de rien et je me suis retrouvé sur le quai de Gare du Nord avec 4 jeunes pas contents qui me disaient ‘hey madame, pourquoi t’as touché mon copain?!’. J’ai baissé la tête et continué mon chemin sur l’escalator et ça s’est arrêté là. Et c’est seulement après l’action que j’ai pensé au ‘gouffre des conséquences’. Je ne suis pas un héros. Loin de là.
    Et j’ose espérer que la majorité agirait de la même façon et pareil en cas d’accident.
    PS: la nouvelle de Gavalda est excellente en effet. Si je me souviens bien, c’est un homme qui provoque l’accident mortel sans s’en rendre compte et sa femme qui le prie de ne pas se ‘dénoncer’ à la fin de la journée quand il découvre ce dont il est responsable.

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  53. La Papote a dit…

    Nous sommes tous des meurtriers en puissance quand on a un volant dans les mains.
    Il y a quelques années, le même type de circonstance décrit par Cécile m’est arrivé sur un parking de grande surface sans les conséquences dramatiques. Je roulais doucement et une petite fille a surgi en courant d’entre deux voitures. Je suis montée debout sur mes freins et me suis arrêtée à un cheveu.
    Le regard des parents et le mien se sont croisés à cet instant-là, tout y était : leur culpabilité de l’avoir laissée échappée, ma peur d’avoir failli la renverser, leur frayeur que j’aie pu la renverser, mon agacement qu’ils aient pu la laisser échapper, nos soulagements respectifs que le pire ait pu être évité.

    Je n’ai aucune certitude sur le fait de rester ou de m’enfuir mais je pense que je choisirai la première solution parce que je fais souvent le même cauchemar où je fais quelque chose de mal et où la police me poursuit et c’est une telle angoisse que je crois que je ne pourrai pas vivre tranquille après avoir ôté la vie et que je ne pourrai pas vivre tout court avec la culpabilité de ne pas avoir assumé… Je crois…

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  54. Vanou Vaness a dit…

    Certains commentaires sont tellement bouleversants !
    Comme quoi, Caroline, j’avais raison de dire plus haut que ton billet remue des trucs en chacune de nous

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  55. la belette a dit…

    J’ai eu un grave accident de voiture il y a quelques années. Une fille nous a grillé la priorité. Elle est sortie de sa voiture, nous a hurlé dessus, et puis elle a repris la sienne est s’en est allée à toute allure. Des voitures l’ont suivie pour la courser, peine perdue. Au commissariat, on a demandé comment elle avait pu repartir sachant qu’elle avait vu l’état de notre voiture (pliée en 100) et surtout mon amie (celle qui était au volant) qui ne pouvait plus bouger à l’intérieur (moi j’étais sortie). Le commissaire nous a répondu « elle dort mieux que vous la nuit ». Cela nous a laissées pantoises, et pas très fières de la nature humaine.

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  56. Camille Legoline a dit…

    Ton post me fait penser à une nouvelle d’Anna Gavalda dans « Je voulais que quelqu’un m’attend quelque part » : celle intitulée « Le fait du jour ».
    C’est fou parce que cette nouvelle m’a toujours bouleversée et parfois j’y pense. Qui sait le chauffeur ne sait peut-être pas ce qu’il a provoqué… et quand il l’apprend, qu’est ce qu’il fait ? comment vivre quand on a tué sans l’avoir voulu… par « inadvertance »? c’est une de mes plus grande crainte dans la vie… donner la mort par « inadvertance »…

    Une pensée émue pour ce cycliste…

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  57. Banane a dit…

    Je crois que vivre sans savoir me serait trop douloureux pour que je puisse m’enfuir. Je me trompe peut-être, mais je m’imagine plutôt rester, soit complètement tétanisée par l’horreur de l’accident, soit pour aider, mais partir je ne crois pas (avoir l’idée de bouger déjà je suis pas sûre que ça me serait possible, mais bouger pour m’en aller, sans savoir ce que je laisse derrière moi, je ne crois pas)
    Je réalise en écrivant que la donne est encore différente si les enfants étaient dans la voiture : peut-être aurais-je l’idée de les emmener à l’écart de tout ça, ce qui implique de partir donc…

    Il est vrai qu’on oublie souvent les victimes collatérales de ce qui reste un accident.

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  58. Cathy du Gard a dit…

    J’ai roulé plus de 25 ans dans Paris et d’autres villes du monde (Milan n’est pas triste non plus), ensuite 10 à Avignon (rien de notable) mais depuis 3 ans à Nîmes que je qualifierais de cité de l’incivilité. Je me suis fait cracher à la figure pour avoir osé klaxonner une jeune « A » qui n’osait pas s’engager dans un rond-point !
    J’habite près de la Nationale 100 qui est régulièrement rebaptisée nationale « sang » par la presse, je lis le Midi-Libre tous les jours, et hélas, pas un de passe sans délit de fuite. C’est consternant. Moi aussi je pense que j’ai un engin de mort quand je prends le volant, mais je traverse aussi plein de petits bourgs où tout peut arriver ; alors je me rassure en surveillant les heures de sortie de classe ou le mercredi…
    Des bouquets de fleurs sur le bord de la route, on a en beaucoup par ici, c’est plus un phénomène du sud qu’ailleurs je pense – mais c’est d’excellents piqûres de rappel.

    Je crois que s’arrêter ou pas s’inclut dans une démarche globale de vie ; on prend ses responsabilités ou pas ; il n’y a pas de détails, pour tel événement ou autre. Et quand on peut tout planter pour s’installer free-lance, ça prouve que les responsabilités, on les assume, quelques soient ses questionnement. il y a toujours ce qu’on cogite à froid et sa réaction devant chaque cas différent.

    Je te souhaite de ne jamais en arriver là, mais la fuite ne semble pas ta qualité première.

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  59. Charline a dit…

    Situation similaire ou presque, la culpabilité en moins. J’ai renversé un jeune homme. Alors parce qu’il y avait des témoins ce soir là, qu’il voulait se suicider et qu’il s’est jeté sous mes roues, que je roulais à 50km/h sur une voie déserte, qu’il a déboulé dans mon angle mort, je n’ai pas subi de pression ou de renvoi face à mon manque de maitrise de mon véhicule. Parce que c’est le seul cas où le code de la route vous autorise à ne pas maîtriser vos gestes, quand quelqu’un vous utilise comme moyen pour se suicider !

    N’empêche.

    J’ai toujours l’image de sa tête venant se fracasser sur mon pare-brise, du fait que j’ai stoppé net par réflexe et non par nécessité de lui porter secours. Je suis sortie de ma voiture, tétanisée, impossible d’aller le voir. Je pense que si j’avais été seule, je n’aurais même pas été lui porter secours. Je pensais juste l’avoir tué, heureusement pour moi, il est toujours en vie.

    Dans ces moments-là, on ne se reconnait pas. Je suis plutôt une battante en général mais ce soir-là, je n’étais plus rien. Incapable de penser, de réfléchir et encore moins de fuir. Je me rassure parfois en me disant que je n’ai pas réagi parce que j’ai vu des gens venir vers ce jeune homme et lui porter secours. Au final, je n’arrive pas à me duper. Je sais que j’étais en pleine crise de panique et que les minutes précieuses que j’ai manqué auraient pu lui être fatales…

    Ce récit pour dire, que oui, on veut se réveiller du cauchemar qu’on est en train de vivre mais que j’ai du mal à croire qu’on réagit en pensant aux conséquences. On réagit comme on peut et malheureusement on oublie.
    Ma mère m’a obligée à reprendre le volant directement pour ne pas rester traumatisée, j’ai eu beaucoup de mal à reconduire à une vitesse normale et puis les années passent et on oublie qu’on est assis dans une machine qui peut tuer ! Ton texte me l’a rappelé et je t’en remercie, on ne devrait jamais l’oublier.

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  60. Fmior03 a dit…

    On se connaît bien peu, dans ce genre de situation, cela fait peur… Dans in contexte de sport extrême, j’ai une fois mis en danger de mort un ami, en plus de moi. Et là où j ‘aurais été persuadées de savoir bien réagir, je me suis retrouvée paralysée… Quelques secondes sans doute, mais qui m’ont paru des heures, et quand j’ai finalement fait le bon geste, qui nous a tirés d’affaire tous les deux, cette stupeur m’a assommée, tant je ne m’attendais pas à réagir comme çà…
    Alors j’aime à penser que je m’arrêterais, que je penserais à l’autre (c’est entre autres pour savoir quoi faire que j’ai passé mon brevet de secourisme), que je ferais face à mes responsabilités (avec une peur vertigineuse). Mais j’ai aussi dans un coin de tête qu’on ne doit pas présumer de soi-même et qu’il faut rester vigilant face à soi-même.

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  61. Alexia a dit…

    Et quelle déception de se rendre compte tous les jours que le temps n’efface rien…. au contraire !
    Lorsque ce souvenir revient c’est chaque fois plus fort.
    Je vous embrasse toutes, les meurtries de la vie, quelles que soient vos blessures. <3

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  62. DOMINIQUE a dit…

    Après tous ces témoignages plus que touchants, une anecdote.

    Ma belle-soeur, qui avait 8 ans, s’était fait harponner le mollet par la pédale d’une mobylette. Hôpital, piqûre anti-tétanique, points de suture.
    Le jeune homme, quelques jours plus tard, sonne à la porte de chez mes beaux-parents pour prendre des nouvelles.
    La grand-mère ouvre la porte, et crie à la cantonade « Simone, c’est l’assassin de ta fille ! ».
    Avec l’accent du midi, ce qui embellit les choses.

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  63. Tan a dit…

    Il y a quelque temps, une jeune fille de 17 ans s’est fait écraser au carrefour en bas de chez moi un beau jour d’été. Elle courait pour aller attraper son bus, c’était un de ses premiers jours de son boulot d’étudiante et elle ne pouvait pas se permettre d’arriver en retard. Cette histoire m’a perturbée pendant des jours et des jours, alors que je n’ai rien vu de la scène, juste su ce qui s’était passé et vu les photos, les fleurs, les bougies après coup.
    J’ai du mal à trouver les mots. J’y pense souvent, c’est ma hantise qu’un jour ce genre d’événement terrible arrive autour de moi et vos témoignages sont bouleversants.
    Je me suis souvent demandé si, si ça m’arrivait, la formation aux premiers secours que j’ai eue il y a quelques années servirait à quelque chose, suffirait à changer quelque chose en attendant l’arrivée des secours. J’ose penser (espérer) que je laisserais tout en plan pour aller aider la victime, mais j’en serais totalement dévastée c’est certain, responsable ou non.
    Des pensées pour N, pour Blonde Paresseuse, pour les autres.

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  64. clarence a dit…

    Merci de ton soutien Alexia, et oui c’est débile d’entendre toujours dire que le temps efface les peines, il n’y a rien de plus faux comme le fait de dire que les souvenirs s’estompent. Je revois toujours la scène comme si elle avait eu lieu hier, et jamais je n’oublierai non plus ce qu’on a ressenti quand on a vu débouler le petit et quand on a compris qu’on ne pourrait plus rien faire. Je ne souhaite cela à personne, c’est horrible à vivre et horrible de penser qu’on n’aura jamais un moment de répit, qu’on portera ça toute notre vie…

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  65. happy a dit…

    Je suis une conductrice archi nulle. Après avoir conduit par obligation pendant 20 ans, j’ai décidé d’arrêter de conduire pour préserver les piétons de mon manque d’assurance.
    Je me sens moins dangereuse en Velib :).

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  66. Luna a dit…

    Très beau post, et surtout que de témoignages bouleversants.
    Ce sentiment que la vie peut basculer, on y pense et surtout on l’oublie, sinon, comment réussir à vivre ?
    L’arrivée de ma fille a fait ressurgir cette peur que tout puisse basculer.
    Et on oublie. On vit, on survit, l’arrivée d’un crabe, qui repart après quelques dommages, …on croit que l’on va réussir à prendre du recul, à ne pas s’énerver pour « rien ». Puis le quotidien reprend sa place, avec son lot de rires, joies et peines. Et pourvu que ces petites peines durent finalement.
    Merci Caroline de susciter de belles interrogations, …

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  67. Pauline a dit…

    Ca me fait un peu sourire (désolée) les commentaires du genre « comment peut-on ne pas s’arrêter »…

    Le monde n’est pas composé que de gens bien, on devrait le savoir … et être quelqu’un de bien, qu’est ce que ca veut dire ?
    Comment peut-on tuer des gens, comment peut-on violer un enfant, comment peut-on refuser une pièce, ou même un regard à un SDF transi, comment peut-on ne pas laisser sa place à une femme enceinte ou à une personne âgée dans les transports, comment peut-on ne pas dire bonjour ni merci au caissier / la caissière de monop… la liste est longue et va dans tous les sens.

    Ben oui, c’est moche, c’est triste, incompréhensible, nous, on se dit que « surement que », c’est rassurant, mais c’est la réalité, il y a des gens qui s’arrêtent et d’autres non. Des gens qui donnent, qui interviennent, et d’autres non.

    Et peut-être qu’une autre fois, ca aurait été l’inverse. On a tous surement refusé une pièce à un SDF en plein hiver, peut-être tout bêtement parce qu’on ne l’avait pas (mais on aurait pu faire autre chose en y réfléchissant). Est-ce qu’on est défini par la somme de nos instants, ou par notre action / comportement à un instant donné ? vaste question …

    Je pense que dans le cas d’un accident dont on est responsable, d’une agression dont on est témoin, on a quelques secondes pour prendre une décision qui peut bouleverser ENCORE davantage notre vie, dans une situation à laquelle on a évidemment pas été préparé, et que quelques secondes, c’est très court.

    J’aimerais beaucoup penser que bien sûr je m’arrêterais, ou que j’irais plonger dans l’eau pour sauver un môme en train de se noyer, mais … jusqu’à ce que ca se présente, je ne veux avoir aucune certitude sur mon courage. Ca me semble être … déplacé, sans objet. Se dire que s’arrêter/ intervenir est la conduite à tenir est LA bonne chose à faire est une chose, se dire qu’on a la certitude de le faire en est une autre.

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  68. Caroline a dit…

    Pauline, je me retrouve dans ce commentaire. Et quelque part, je préfère être éventuellement un jour agréablement surprise par ma réaction que terriblement déçue. Je ne SAIS pas. Je sais ce que je voudrais être et comment, mais je ne SAIS pas comment je serais en vrai…

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  69. Pauline a dit…

    c’est exactement ca : ca doit être terrible de s’être rêvée en catwoman et puis « le jour où », se dire : oh bah tiens, c’est une bagarre pour de rire, surement, ce que je vois là-bas.
    Ton post m’a d’ailleurs aussi fait pensé à une série de roman que certaines lectrices connaissent, et toi aussi si je ne m’abuse, L’esprit de Famille, de J. Boissard. J’avais lu ca quand j’avais 15, 16 ans, et ca m’avait fait pas mal réfléchir. Il y a une scène comme ca, où la jeune Pauline (!!), environ 17 ans, assiste sans intervenir à une scène où trois jeunes enmerdent une petite vieille dans le métro et lui volent son sac. Sa soeur intervient (et se fait tabasser), et Pauline reste tétanisée, incapable de bouger.

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  70. silvia a dit…

    Je ne sais pas comment je réagirai……. mais j’ai une amie qui s’est fait renverser il y a quelques mois, 2 mois d’hospitalisation et si tout va bien heureusement pas ou peu de séquelles… ce que je ne comprend pas, c’est que la personne qui l’a renversée, ne s’est jamais manifestée, même pas une lettre, un téléphone, un bouquet de fleurs……. non ?
    Bravo Caroline pour tes articles!

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  71. Elphie de Rennes a dit…

    Caroline, j’aime ton billet qui soulève des témoignages sincères et très émouvants…. C’est cela aussi ton talent : aborder des sujets difficiles, réalistes et qui mettent tout le monde en émoi. C’est riche en émotion et en réflexion! Merci à toi et à tes lectrices qui arrivent à partager cela aussi bien! Bonne journée.

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  72. Valentine a dit…

    Vous savez Silvia, pour l’avoir vécu, on ne vous donne pas les coordonnées de la personne que vous avez renversée/blessée. Vous n’avez aucun moyen de rentrer en contact avec cette personne. Pour tout vous dire, cette phrase du genre « la personne qui l’a renversé n’a meme pas envoyé de fleurs, de messages, de lettres » m’horripile. Une sorte de banalité affligeante que l’on ressert dans tous les cas d’accident. Bien pratique pour caricaturer le méchant coupable. Il faut voir un peu plus loin, se dire que la personne n’a certainement pas eu accès aux coordonnées, que cela n’empèche pas que cette personne culpabilise et s’inquiète. J’ai écrit un long commentaire qui n’a pas été publié, racontant l’accident que j’ai causé. Les jours après, j’étais obsédée par le fait que l’on puisse prononcer à mon sujet les très exacts mots que vous avez écrits Silvia. J’ai tenté de parler aux gens sur le lieu de l’accident, j’ai demandé de leurs nouvelles aux gendarmes lors de ma déposition. J’ai eu une réponse très brève me faisant comprendre que non, je ne pourrai pas avoir leurs noms et leurs adresses pour leur écrire. Point. Le sujet était clos, je ne pouvais rien faire de plus. Et je pense bien que ce gendarme n’a pas téléphoné aux blessés pour leur dire: Mme G.a pris de nos nouvelles. Mon sang se glace depuis, en lisant toute sorte de jugement à l’emporte pièce. De jugement avec un seul son de cloche.

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  73. Bellechuchu a dit…

    Charline, ce que vous racontez au début de votre commentaire me fait penser à l’accident qu’a eu ma grand-mère.

    Elle venait d’aller acheter de la laine pour tricoter une brassière à son futur nouvel arrière-petit-enfant (mon enfant), elle s’apprêtait à traverser dans les clous, alors que le « bonhomme » était vert, comme elle fait toujours. Une voiture arrivant à toute allure l’a renversée. Il paraît qu’elle a fait un vol plané, résultat: peur bleue, multiples fractures, des semaines d’hospitalisation… J’étais enceinte à ce moment là et mes parents ne m’ont prévenue qu’une fois son opération terminée.
    Le conducteur de la voiture, pour se justifier auprès de son assurance et refuser de reconnaître sa culpabilité, a assuré qu’elle s’était jetée sous les roues de sa voiture pour se suicider…

    Moi aussi je repense à tout ça quand je suis au volant, particulièrement quand mon mari et mes enfants m’accompagnent. Ou quand je vois des imprudents, à pied, en vélo ou en voiture, qui se mettent en danger en même temps que les autres. Sur l’autoroute, il y a quelques mois, j’ai vu ma vie défiler parce qu’un égoïste a commencé à déboîter sur ma voie sans regarder, sans prévenir. J’ai appuyé sur l’avertisseur comme une malade, il a repris sa file. A accéléré. Quelques mètres plus loin, il a recommencé devant une autre voiture sans se poser de question.

    Bref, Caroline, merci pour ce billet qui nous rappelle qu’effectivement il suffit d’une seconde pour que ça bascule.

    Cordialement

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  74. stannum a dit…

    Je ne roule qu’en vélo, je ne possède pas de voiture (pourtant j’ai le permis), je roule tous feux allumés avec un gilet réfléchissant et pourtant je vois énormément de voitures me frôler. Je me mets à la place du cycliste qui a perdu la vie et je me mets également à la place du conducteur (trice), si ce dernier s’était arrêté et appelé les secours, une vie serais peut-être épargnée.

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  75. silvia a dit…

    en tout cas, les gendarmes ont demandé plusieurs fois à mon amie si la personne avait pris contact avec elle… et dans l’hôpital ou elle était, bcp de personne qui s’était fait renversé avaient eu des nouvelles des gens qui l’avaient fait…. après en effet, on ne sais pas tout en effet…. mais il semblerait que la personne ait eu ses coordonnées…..

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  76. Shakti a dit…

    Je suis convaincue qu’il est impossible de savoir avant ce que nous ferions en cas d’accident ou autre situation dangereuse. Nous ne pouvons qu’espérer réagir du mieux possible.
    Un exemple : militaire pendant quelques années, je me suis trouvée un soir avec un collègue, dans un pays sortant doucement de la guerre, pour faire une réparation technique tout près mais en dehors du camp. Il ne devait pas y avoir de danger. Et soudain, une vingtaine de personnes, hostiles, nous ont entourés. J’ai armé mon arme. Je passe les détails et la situation s’est apaisée. 10 ans après, je ne sais toujours pas, si la situation avait dégénéré, si j’aurais été capable de tirer, même pour sauver la peau de mon collègue et la mienne. Pourtant, j’ai appris à le faire. Ma seule certitude est que je ne sais pas.

    Des pensées et des ondes pour N.

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  77. Peggy a dit…

    Consciente d’avoir heurté quelque chose / quelqu’un / un être vivant. OUI, sans hésitation je m’arrete. Mais effectivement, tout est une question de conscience de l’acte. je veux croire que l’immense majorité s’arrete aussi

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  78. Claire Drôle-de-Mère a dit…

    Comme toi Caro,je sais que je NE SAIS PAS. Je me suis souvent étonnée moi-même de mes réactions, dans des situations dures mais pas dramatiques.Alors comment puis-je savoir comment je réagirais?
    Vu d’ajourd’hui,de ce soir, de sur mon canapé, je crois que je m’arrêterais, mais serais absolument incapable de m’approcher du « blessé ». Et ce serait la peur qui me bloquerait.
    Mais j’ai toujours pensé que disserter sur « ce que l’on ferait » est totalement oiseux… On se connait si mal

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  79. Agoaye a dit…

    Non, on ne vit pas pareil après. Mais je ne pourrai pas vivre sans savoir…

    J’ai renversé un enfant un jour. Rien de grave du tout, j’étais à 40km, j’ai freiné devant son vélo surgi de nulle part, la distance de freinage a fait que j’ai juste poussé le vélo comme je l’aurai fait avec un coup de pied. Une vieille croûte a été abîmée, un peu de sang a coulé, mais plus de peur que de mal, heureusement !!!

    Mais l’image ! Cette image ne me quittera jamais !

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  80. Sicile a dit…

    Il y a peu: traversée de petits villages dans la charmante campagne française. Une intersection, avec dodane, passage piétons, priorité à droite sans visibilité. Limitation à 30. Je ne sais pas à combien je roulais, probablement moins de 30 puisque je venais de repasser en 1ère avec cette pensée à l’esprit « pu*** (je suis du genre vulgaire au volant) cette intersection est trop mal foutue on voit rien ».
    Et là, j’ai « vu » débouler un enfant à vélo……………..
    Je ne sais pas ce qui s’est passé lors de ces dixièmes de secondes mais l’enfant est tombé devant ma voiture.
    Je n’ai pas fuis, j’étais arretée mais j’ai pas fait mieux: j’étais tétanisée, mon cerveau se passait en boucle « c’est un cauchemard, je peux revenir en arrière »

    Au final, même pas un bobo mais deux énormes frayeurs et la certitude qu’on ne PEUT PAS savoir comment notre cerveau nous dira d’agir lors d’un tel scénario(et pourtant je suis secouriste, je suis « habituée » et entrainée pour ce type d’action mais l’effet de surprise a tout balayé). Cet enfant aurait eu besoin d’une assistance il aurait perdu de précieuses minutes par ma faute.
    (Et bien sûr je bénis le ciel d’avoir été suffisamment concentrée sur la route et réactive à ce moment)

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  81. venise a dit…

    Merci à toi, Claire, d’exprimer tes doutes, ainsi qu’à caroline et à toutes celles qui ne se montrent pas sûres et certaines. Personne ne peut être sûr de sa réaction dans une situation si inhabituelle, et si terrible. Et cela me rassure de savoir que je ne suis pas la seule à douter, à m’interroger sur ce que serait mon comportement dans ces cas là. De quelle lâcheté ou de quel courage je ferais preuve… Je n’ai pas de réponse. J’aime à croire que je serais à la hauteur…

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  82. Marie a dit…

    Alors que nous avions 12 ans elle et moi, ma meilleure amie a perdu sa petite cousine de 5 ans et sa tante, la maman, le jour de Noël, dans un accident de la route où elles étaient victimes. J’y pense encore souvent 27 ans après.
    Puis j’ai lu ‘le nez de Mazarin’ d’Annie Duperey il y a des années et cela m’a terriblement marquée. Brrr.
    C’est une angoisse de tous les jours pour moi quand je conduis : renverser quelqu’un, l’abîmer et ou le traumatiser, lui ôter la vie, porter ce poids à jamais.
    C’est la même angoisse de tous les jours pour moi d’imaginer que quelqu’un renverse l’un de mes enfants, de mes proches, et l’abîme et ou le traumatise, lui ôte la vie.
    Pourvu que la vie nous épargne cela. A chacun. A chacune.

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  83. Chag a dit…

    Il y a dix ans, coup de fil d’une amie, qui me raconte qu’en rentrant chez elle, elle a vu le corps de quelqu’un étendu mort sur un pont, recouvert d’un grand drap blanc. Le ton était grave, mais l’humeur légère. J’ai raccroché, et avec son frère, on attendait M. Il n’est jamais venu. A la place, ce sont les policiers qui ont frappé à la porte. C’était lui, sous le drap blanc. Un écart en moto, une chute, un camion qui lui roule dessus. Reconnaissance (difficile, sur tous les points) du corps, en attendant les parents hurlant leur douleur jusqu’à s’en arracher la gorge. J’avais 19 ans, j’étais enceinte de quelques mois. Il en avait 20. J’ai tenu fort dans ma main, pendant des heures, ce qu’il restait de lui : ses lunettes et sa montre, encore intacts. Je passe tous les jours sur ce pont, pour aller travailler. Je pense tous les jours à lui.
    Un petit témoignage pour dire qu’on sait tous que le malheur n’arrive pas qu’aux autres, et qu’un jour, « les autres », ce peut être nous. Mais on en mesure toute l’ampleur quand un jour, effectivement, les autres, c’est nous.
    Plus jamais je n’ai conduit comme avant.

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  84. DomL a dit…

    en fait, peut-être que c’est justement vraiment bien d’y penser à tête reposée, au cas où un jour on serait dans la situation du conducteur: à chaud, on peut en effet réaqir par la fuite. Peut-être que si auparavant, on y a déjà réfléchi, on risquera moins de fuir, parce que la réflexion qu’on a déjà eue à ce sujet resurgira.
    Parce que ne pas fuir, c’est quand même vachement important, car ça peut tout simplement éviter que la personne accidentée ne meure. Il y a environ 25 ans, j’ai perdu un ami motard. il a été renversé sur une route déserte, de nuit, et n’a été trouvé que le matin.Nous avons appris qu’il n’avait pas été tué sur le coup, mais qu’il était mort tout seul sur ce bord de route plusieurs heures après l’accident, donc si le conducteur s’était arrêté, avait appelé les secours, l’avait couvert en attendant, etc, il ne serait peut-être pas mort…
    Je ne veux surtout pas avoir l’air moralisatrice, mais pour ses parents, réveillés par la visite des gendarmes au matin, je sais que ça avait été particulièrement dur de devoir faire, en plus, avec le fait que leur fils de 19 ans aurait pu peut-être ne pas mourir.

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  85. mammouth a dit…

    J’avais 18 ans et je conduisais pour aller au collège. À une intersection, j’ai tourné à droite. Je roulais donc lentement. Le soleil était aveuglant et je n’ai pas vu le piéton qui traversait la rue. Je me souviens encore du ‘thump’, d’une masse qui s’effondre devant la voiture. J’ai immobilisé la voiture et me suis précipitée pour voir ce qui était arrivé. Un homme assez âgé se relevait. Quand j’ai voulu l’aider, il a refusé et s’est remis en chemin. J’ai essayé de lui parler, mais il a marmonné quelques mots incompréhensibles et est parti. J’étais jeune et je ne savais pas quoi faire. L’homme était déjà parti. Je devais me rendre au collège et je ne voulais pas avoir d’ennuis. Je suis repartie aussi. Je me suis souvent demandé s’il allait bien. Je n’ai pas compris pourquoi il était parti. Maintenant que je connais mieux la vie, je me dis que peut-être il était immigrant illégal – un aspect de la vie qui m’était inconnu alors – et qu’il ne voulait pas avoir de problème. Maintenant que j’ai plus d’expérience, je sais que j’insisterais pour qu’il reste.

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  86. mammouth a dit…

    L’an dernier, une voiture me suivait de trop près. Je déteste en général, mais ça me fait peur quand la route est mouillée, comme c’était le cas. Nous traversions un village donc nous n’allions pas à plus de 50 km, mais tout de même, je me sentais en danger. Alors j’ai freiné doucement à quelques reprises pour lui faire comprendre de s’éloigner. Il n’a pas voulu. Au passage à piéton, je me suis arrêtée pour laisser passer un homme. J’ai entendu des freins crisser. Oui, la voiture derrière n’a pas réagi à temps à mon arrêt. Il a eu la présence d’esprit de tourner son volant vers la droite pour m’éviter. Il a frappé le poteau sur le bord du trottoir. Ça a fait clang! Heureusement qu’il y avait un poteau et pas de piétons sur le trottoir. En entendant ses pneus crisser, j’ai eu la trouille et j’avais enfoncé mon pied sur la pédale à frein de toutes mes forces. Mais je sais que cela n’aurait servi à rien s’il m’avait rentré dedans. Ma voiture aurait percuté le piéton qui traversait la chaussée et pour lequel je m’étais arrêtée. Cette pensée m’obsède souvent.

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  87. Pastelle a dit…

    Une note juste et honnête, et plein de témoignages bouleversants.
    Effectivement, la vie ça tient souvent à pas grand chose…
    Moi j’ai fait le mois dernier une formation premiers secours, alors il faudra bien que je m’arrête pour les mettre en pratique.
    Mais j’aurai si peur…

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  88. lafraise a dit…

    Comment peut on se poser cette question? je vais certainement bousculer certains esprits mais comment peut on penser ne pas s’arrêter devant la mort ou une personne « agonisante »? Comment imaginer vivre en ayant donné la mort? Je pense que vous vous voulez plus tolérantes que vous ne l’êtes! Je pense que personne d’entre vous ne s’échapperait dans cette situation. Vous êtes toutes bien trop sensible!
    redescendez sur terre,nous sommes vivantes! Maintenant vivre des heures, des années à l’ombre et malheureuse d’avoir eu cette putain de mal chance, je comprend que cet horizon soit bouché!
    Je suis comme Caro, un danger public sur la route, alors j’ai arrêté de conduire. Je pense, que dans tous les cas, il faut savoir prendre ses responsabilités.
    Je suis également bouleversée par le témoignage de Nalou, qui m’a donné les larmes auxx yeux et la chaire de poule! ça fait bien réfléchir!

    Excusez moi pour ma brutalité, je ne sais pas écrire… bonne journée à toutes et à tous

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  89. DomL a dit…

    Je vais être un peu HS mais « Mammouth », ta 1ère anecdote, 4 commentaires plus haut, me fait penser à un passage de l’excellent film de Robert Altman, Short cuts: le petit garçon qui se fait renverser par une voiture, il est un peu sonné mais se relève, la conductrice est très très embêtée, elle veut vraiment s’assurer que tout va bien, elle insiste pour s’occuper de lui,le raccompagner chez lui, etc, mais il refuse, en petit garçon timide et qui applique le on ne monte pas avec n’importe qui, et il rentre chez lui au lieu de continuer vers l’école. Par la suite, il tombe dans le coma et meurt à l’hôpital, et cette femme, qu’on suit par ailleurs car plusieurs histoires s’entremêlent, ne le saura jamais, et restera soulagée, malgré son choc d’avoir renversé un enfant, que celui-ci n’ait rien eu…

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  90. Bénédicte a dit…

    Ma soeur a été renversé par un automobiliste, j’avais 14ans et je me souviendrai toute ma vie de mon arrivée à la maison déserte et des policiers qui ont ramené le vélo avec le sang dessus, tout c’est arreté…On a d’abord cru des années que le chauffeur s’était enfui et que c’était la voiture de derrière qui s’était arrétée pour lui porter secours…Des années aprés, on a appris que cet automobiliste était en fait le chauffeur et qu’il avait menacé les gens de sa voiture pour qu’ils se taisent…Pour moi, le fait qu’il se soit arreté changeait tout même si c’était un individu peu recommandable il avait appellé les secours et pour moi cela changeait tout, je pense que je m’arrèterai parce que j’ai vécu l’autre côté mais c’est tellement facile de dire oui je le ferai, devant l’horreur et tout ce que cela implique pour notre famille, qui peut vraiment dire qu’il est certains…

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