Dimanche, j'écoutais cette excellente émission sur Inter, qui s'appelle 3D. Animée par Stéphane Paoli, que je n'apprécie guère au demeurant mais qui semble vouloir expier sa complaisance passée lorsqu'il était à la matinale. Enfin c'est mon appréciation, elle n'engage que moi et ce n'est pas le sujet. Le sujet, c'est que l'émission était consacrée au projet de loi sur la psychiatrie discuté en ce moment. Un projet de loi que je ne connais pas très bien, mais qui, si j'ai bien compris, prévoit de rendre plus facile l'internement d'office de toute personne qui serait déclarée folle. Il y a actuellement une levée de boucliers des psys, qui dénoncent la dimension répressive et liberticide de ce texte et regrettent qu'on ne se penche pas plutôt sur la prévention, la thérapie et toutes ces choses qui coûtent de l'argent sans rapporter une voix lors des élections.
Bref, les débats étaient passionnants et à un moment, l'un des participants a parlé de cette culture de la peur, de plus en plus prégnante dans notre société. Peur des roms, des arabes, des musulmans, des fous, etc. Il a eu ces mots qui on résonné en moi: "La culture de la peur, c'est ce qui peut faire basculer une démocratie vers un régime totalitaire. Les gouvernements de régimes démocratiques n'ont pas besoin, théoriquement, de jouer sur la peur de leurs citoyens". C'était mieux dit, mais j'ai trouvé ça très juste.
Après, un autre participant – ou peut-être était-ce le même – a expliqué que les lois sécuritaires qui se multiplient depuis quelques années créent paradoxalement de l'insécurité. A savoir qu'elles sont conçues pour protéger une partie de la population, ou tout au moins lui faire croire qu'on la protège, faute de pouvoir répondre à ses vraies inquiétudes (pauvreté, chômage, vieillissement, santé, etc) mais que dans le même temps, elles rendent plus précaires l'existence de ceux qui sont pris pour cible de ces lois. En l'occurence, là, les personnes souffrant de maladie mentale.
Ces personnes n'étant pas forcément dangereuses en permanence et n'étant, avec cette loi, appréhendées que par le prisme de leur maladie et plus du tout comme des êtres humains.
Voilà, ce n'était pas un billet très glamour pour un lundi, mais ça m'a pas mal fait cogiter, cette émission. Je me suis dit qu'on courait un vrai danger, à force de se laisser faire, à force de se dire que les cameras partout, c'est pour notre bien, la stigmatisation des autres, de ceux qui ne sont pas comme nous, c'est vilain mais après tout, tant que ça ne nous concerne pas, pourquoi s'en faire plus que ça ? Outre le fait que ce n'est pas très altruiste, c'est surtout très con. Parce qu'à force, à un moment ou à un autre, on risque d'entrer dans une de ces catégories dites "à risque". Parce qu'on sera vieux, gros, moche, pauvre, pas d'accord avec les grands de ce monde, malade, dépressif… pas dans le moule, en somme.
Il est plus que temps, je crois, de s'opposer à la culture de la peur. Et de chercher des raisons d'espérer. Parmi celles-ci, je vous conseille l'excellent billet de Dame Despé, sur ces jeunes qui, si si si, ont des pensées. Pour peu qu'on leur laisse l'occasion de s'en rendre compte.
Edit: L'émission est en ligne ici et si vous avez un peu de temps, je vous conseille vraiment de l'écouter. Il y a des moments comme ça où on se dit que grâce à d'autres, on est devenu un peu plus intelligent. Hier, c'est ce que j'ai ressenti.
Edit2: La photo, c'est parce que j'ai découvert douze ans après tout le monde l'appli "histamatic" sur Iphone et que faute de Reflex, je mange des merles. (non, pas des pigeons, merci). Et je ne sais pas, ce clair obscur, je me suis dit que ça pouvait illustrer mes propos un peu maladroits de ce jour.
la culture de la peur c’est ce que dénonçait déjà aux états-unis Michael Moore dans Farenheit 9/11 il me semble, en s’attaquant notamment aux médias (plus qu’aux politiques en fait, mais bon, c’est main dans la main sur ce coup-là). Comme quoi ça a super bien marché, comme dénonciation… Et pourtant je reste d’accord et il me semble que ça vaut le coup de le redire encore et encore! donc merci caroline et merci inter!
Dans l’éducation des enfants, un des progrès a consisté à remplacer les affirmations anxiogènes « Si tu n’es pas un bon petit bonhomme le père Fouettard va venir te chercher et te tapera », par un minimum de dialogue, ce qui permet, entre autres, de considérer l’enfant comme un sujet pensant. Tout en contiuant quand il le faut à faire de l’autorité « Non tu ne lâcheras pas ma main pour traverser la rue, c’est comme ca un point c’est tout! ».
Jouer sur nos peurs permet ni plus ni moins de nous infantiliser, afin qu’ensuite on s’en remette à nos grand chefs qui vont nous protéger. Ca ne sonne effectivement pas très démocratique…
Bon et Caro, à part ca, pour un lundi post-changement heure d’été (cad post un week-end ne comprenant que 47 heures au lieu de 48, scandale), tu serais gentille l’an prochain de ne pas mettre les neurones à si rude épreuve. Tu veux créer un burn out chez tes lectrices ou quoi? Nous faire réfléchir alors qu’il nous manque une cruelle heure de sommeil…
ah, et PS: preeeeeeuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuums!!!!!
Ce que j’aime dans tes posts c’est ta légéreté, ta frivolité mais parfois quand tu pousses un coup de gueule (cf Kadhafi) ou que tu nous envoies de l’intelligence (cf là au dessus), je crois que te kiffes encore plus …
Ben oui….. merci Caroline.
La culture de la peur est hélas une arme en politique. Parce que pendant que les gens ont peur, ils se concentrent sur les faits divers les plus effrayants pour expliquer et alimenter leur peur, justement, et ne prêtent plus attention au « reste ». Reste = autres projets de lois et décisions politiques en tout genre, qui ne sont là que pour répondre à un pouvoir de plus en plus prégnant. Oeuvrer pour le citoyen ? Késako ?
Bel article.
Félicitations ! Je ronflais encore.
Attention, ne me jetez pas de cailloux suite à mes propos! Je crois que nous avons raison d’avoir peur…Malheureusement, notre millénaire démarre sur les chapeaux de roues en terme de sujets d’inquiétudes locales, nationale et internationale.
Par contre, je vous rejoins sur les solutions à trouver pour résoudres ces problèmes et leurs motivations…
Depuis presque 20 ans, j’ai l’impression que les politiciens ne trouvent pas les actions à mettre en place sur le court et long terme pour endiguer les soucis que peuvent causer dans le désordre, les jeunes, la pollution, les religions, la maladie mentale, etc.
Proposer des lois répressives à tout va prouvent qu’ils sont au bout de leur force de propositions…Que les discours manichéens de droite comme de gauche confirment que la fontaine au renouvellement d’idées pour cette France du nouveau millénaire est à sec…Flippant!
Alors on nous sort la soupe classique, assez dégueu, auxquels nous arrière-grands parents ont eu droit aux temps des chemises brunes des « Si la situation est ainsi c’est à cause de…Hein?! On va parquer, interdir, punir… »
Cette culture de la peur fait ds ravages à toutes les échelles, dans toutes les classes sociales. Montez les gens les uns contre les autres, ça a toujours été le début de la fin de la démocratie. Peut-être que je deviens cynique mais j’ai l’impression aussi que les gens ont envie d’avoir peur, comme on monte dans un manège au parc Astérix pour se dire ensuite qu’on est quand même vachement fort, parce qu’on a triomphé…! Chacun se dit: c’est bon, je ne suis pas malade mental, cancéreux, délinquant, pauvre (rayez la mention inutile, le cumul des quatre vous envoyant direct à la case prison!) et peut se rendormir tranquille!
Ah quand une société de la compassion (dans son sens étymologique, « souffrir avec », mot que tu illustres toujorus parfaitement bien Caro quand tu te soucies de tes amis), une société de l’agir, qui vante le collectif plutôt que l’individu (ça pourrait commencer par l’école…)
Désolée de ce commentaire trop long, à part ça, 3D m’énerve, juste pour Stéphane Paoli, qui me fatigue, mais me fatigue…Ce ton benêt du mec qui vient de réinventer la poudre, parfois j’en peux plus! Mais il a le mérite de se faire cotoyer des gens enrichissants!
Ton article résonne bien en moi, qui ai peur chaque jour que Dieu fait sur mon lieu de travail où je me sens en perpétuelle insécurité, sans que je trouve un moyen d’y remédier. C’est ce que les politiques actuels ont bien compris je le crains. Et tu me donnes matière à réflexion. Est-ce eux qui ont aggravé cette peur en moi ? Très bon billet en tout cas. Bonne journée à toi.
La culture de la peur…Eh oui.
Comment nous rendre faibles,nous infantiliser pour mieux nous manipuler.
Bien sûr nous avons raison d’avoir peur,mais pas spécialement des fous ,des malades,des gens qui « ne rentrent pas dans les cases ».Mais plutôt des ces politiciens et autres consorts qui veulent nous manipuler.
On nous manipule dans tous les sens,c’est ça qui est flippant…
Merci pour ce billet qui fait certes réfléchir dès le lundi matin (ouille) mais bon,ça fait du bien aussi!
Bon lundi à toutes!
Faire monter avec insistance une mayonnaise qui emulsionne peur, rejet de l’autre, repli et division. On dirait que c’est le but de ces manoeuvres politiques sans visibilite aucune au-dela de l’immediat (et hop ! quelques voix grapillees, et paf ! un sondage qui rassure, ca valait le coup de lancer tel ou tel debat !). La societe se fissure allegrement et il faudra bien, un jour, une fois les brumes nauseabondes dissipees reparer tous ces degats… Et il en faudra, du temps !
Maitre Yoda et Matin Brun seraient-ils nos meilleurs allies pour retrouver la raison ?
Matin Brun, de Pavloff…
Ah, il y aurait tellement de choses à dire, mais si je commence, je vais pondre un pavé imbittable.
Je dirais juste +1
(ah, ah, c’était un commentaire sponsorisé par l’ACQSR : l’assocation des commentaires qui ne servent à rien :D)
Billet très intéressant, qui porte à réfléchir plus en profondeur et surtout, pas du tout maladroit au niveau des propos et de l’écriture…
Merci, je te laisse, je vais cogiter sur ce sujet de l’internement d’office « plus facile » ; quand je pense qu’on s’est battus pour le rendre plus difficile y’a pas si longtemps, pour éviter ces internements dits à juste raison abusifs… !
Ouaip ! y’a matière à réfléchir effectivement.
On a sacrifié, au nom de la rentabilité, la psychiatrie depuis plus de 20 ans. Ben oui, ce ne sont que des « fous », des asociaux, des malades mentaux, ça ne sert à rien de mettre du fric là-dedans. Cela ne profite pas à la société, ne génère pas d’argent, cela ne profite qu’à ces perdants de malades. Autant les mettre entre eux, qu’ils se débrouillent. Ou en prison, encore mieux, les poubelles de la société.
Les gens « dehors » seront en sé-cu-ri-té.
merci, caro, d’aborder ce sujet sensible. s’il est vrai que c’est à la manière dont elle traite ses fous qu’on juge le degré de civilisation d’une société, nous avons du souci à nous faire. nous tous. certains luttent encore, pour ceux que ça intéressent c’est ici:
http://www.collectifpsychiatrie.fr/
Sur ce sujet, dans le journal « Le monde » du 22 mars dernier, il y a un très bon point de vue de Daniel Zagury « La loi sur la psychiatrie est l’indice d’un Etat qui préfère punir que guérir ». Je mets permets de mettre le lien vers le site du journal
http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1151988
L’archive est désormais payante. Le papier est dans la même tonalité que ce tu écris, notamment en montrant comment l’Etat devient source de peur, mais aussi une analyse intéressante de cette volonté de trouver à tout prix un responsable, en abandonnant toute éthique de vraie responsabilité.
A lire pour ceux que cela intéresse.
Zénaide
« Histamatic »…connais pas mais j’utilise et aime beaucoup « Instagram » … des photos avec effets, sans efforts !
Souvent je me dis que tout le monde a lu Stephane Hessel…Mais que je ne vois que peu de personnes s’indigner.
Bonjour Caroline,
Trés intéressant comme billet. Je suis complètement d’accord avec ta réflexion. On est en pleine culture de la peur et je crois que c’est une bête qui devient très vire indomptable et qui crée des dommages collatéraux qu’on ne maîtrise pas. Fan de Tolkien, j’aime bien dire que le nain a creusé trop profond dans les mines de la Moria et a libéré le Balrog qui se retourne contre lui et contre les autres.
Je pense aussi à Georges, mon voisin qui parle aux fous dans la rue. Je les évite toujours ceux qui hurlent des prophéties ou parle à des gens qu’on ne voit pas: je traverse la rue.Georges va leur parler et discuter avec eux de tout et de rien. Au début il rentre dans leur jeu puis rapidement ils ont des discussions très sensées. Un jour j’ai osé un « bonjour Monsieur » en passant devant une folle qui prévoyait la fin du monde. Elle m’a répondu très calmement « bonjour Madame, belle journée n’est-ce pas? »Etonnant non?
Je comprends tout à fait ce discours. Cependant, ayant dans mon entourage très proche une personne ayant des troubles du comportement important, je sais aussi ce qu’il en est à l’heure actuelle pour justement essayer de soigner ces personnes. Très difficile !!!!! C’est aussi très facile et très démago de parler « prévention et thérapie ». Ce n’est pas si simple ! Et le bien être voire la sécurité des personnes qui entourent le malade est tout aussi primordiale, mais à l’heure actuelle, tant que tu n’as pas tué, on ne s’occupe pas vraiment de toi. Même si les personnes vivant au coté du malade ont des bleus voire des violets à l’âme et dans leur chair …
il est beaucoup trop tôt pour que je dise des choses intelligentes, alors je dis juste tout pareil…
Et aussi merci pour le blog de Despé, je viens de le découvrir grâce à toi, et c’est chouette !
Bonne journée et bises à toutes,
Dji
un peuple qui a peur est un peuple qui ne bronche pas…..
Pardon pour l’anonymat mais c’est encore douloureux. Il y a 15 ans, mon père, élu d’un petit village a été appelé par la police pour calmer un « forcené », en pleine crise de démence. Celui-ci a abattu mon père d’un coup de carabine.
Trois mois plus tard, il est sorti d’asile psychiatrique, jugé non dangereux. Ma mère le croise tous les jours dans son village des PO… Ça lui fait mal… (et ce n’est pas pour autant qu’elle va voter FN!)
C’est juste mon témoignage. Et pourtant je suis d’accord avec toi. Une loi n’aurait certainement pas protégé mon père… Mais pourquoi doit-on légiférer?? Et comment?
Le billet de Despé est magnifique. Merci !!
agnès, gwenaelle, je n’ai hélas pas forcément les réponses à ces questions et je vous remercie de la manière hyper juste que vous avez de les poser. Je ne pense pas que cette loi aurait en effet protégé ton père Agnès. Et je ne pense pas non plus que l’internement d’office protègera l’entourage des malades, si cet internement est pratiqué de manière abusive. Il faut, je pense, plus de lits dans les HP, plus de personnels soignants, plus de formation de ces personnels, moins de dénigrement de la psychiatrie. Mais ça, bien sûr, c’est moins percutant que la solution toute faite: « enfermons ces gens ».
Pareil, je n’aimais plus trop Paoli. Puis ses samedis matins sur Inter remuant un peu les méninges sur des thèmes un peu en dehors des gros titres font un bien fou et sur des vrais sujets de fond.
Je ne supporte plus cette « culture de la peur » ! A échelle familiale, j’ai été élevée la dedans. Ça me fait vomir. C’est la colère dont je ne sais pas me défaire…. Alors à l’échelle d’une société, je trouve que c’est ça la vraie peur ! Médias et politiques dans un étonnant ballet ne nous offrent que de la peur.
Quand on pense que les seconds, dans leur soif ridicule de pouvoir ne pensent qu’à « cliver », cliver pour gagner ! Et après banane ?
Merci pour ce petit billet de lundi matin.
Un de mes amis psychiatre m’a dit » je m’en fous de cette loi, je ne l’appliquerai pas, je n’ai pas de lit pour ça » Une façon de régler le problème.
Tellement juste, tellement vrai, ce que tu dises. Moi, c’est ca, cette societe qui tourne au totalitaire, qui me fait peur, alors que je ne suis pas peureuse. Cette societe desormais globale ou tout ecart est controle, toute particularite remarquee. A quand l’internement des malades physiques? Des deviants politiques? La encore je recommande la lecture d’un livre que j’ai deja mentionne, The Lacuna (Probablement La lacune en francais, non?) de Barbara Kingsolver, qui parle du MacCarthyisme, entre autres. Aussi Oryx & Crake de Margaret Atwood, avec les cites securises pour les elites, dans un futur pas si lointain. Franchement, je prefererais l’apocalypse.
Ce genre de projets sur les « fous » me fait d’autant plus peur qu’on a tous à certains moment l’impression de caresser la folie et qu’on ne sait à quel moment on y tombe vraiment. (Pensée saine d’esprit du lundi)
En lisant ton post ce matin, j’ai pensé à un poème que nous citait un de mes professeurs de lycée..il est de Martin Niemöller, et Brecht l’a repris il me semble. »Quand ils sont venus chercher les communistes ».Je crois que le but c’était de nous faire réfléchir sur l’idée de démocratie, et notre rôle en tant que citoyens et votants.C’était il y a 15 ans , mais cela m’a marqué.
Je me disais bien qu’il y avait du monde pour un lundi matin ))))
C’est compliqué cette question, et ce qu’on peut reprocher à cette loi, c’est d’apporter des réponses simplistes à une question difficile. « Ben y a qu’à les enfermer tous. » Et hop, c’est réglé.
Forcément qu’Agnès a raison. Ca n’aurait pas dû arriver. Et forcément que Gwenaelle a raison aussi. Il faut plus de soins, plus de lieux, des soins adaptés au long cours, une prise en charge aussi de la difficulté des familles pour vivre avec ces personnes malades mentales. Il faut sans cesse améliorer les outils prédictifs de la dangerosité, en sachant pourtant qu’ils ne seront jamais totalement capables de prédire ce qui va arriver demain ou dans dix ans.
C’est juste qu’assimiler la psychiatrie à un auxiliaire de justice, c’est pas la bonne voie. La justice punit, la psychiatrie soigne. Faire croire que les psychiatres ne prennent pas en compte la dangerosité des patients, c’est mentir aux gens. Sans arrêt, c’est la question qu’ils se posent. Avec la responsabilité qui va avec. Et la certitude qu’ils n’ont pas de certitude.
Et puis aussi que renforcer l’aspect sécuritaire, à terme, c’est refuser des places en psychiatrie à des malades qui en auraient vraiment besoin et qui pourraient être n’importe lequel d’entre nous. Quand il y a 15 lits dans un service, il y a quinze lits, pas 16,pas 17. Si ces lits sont occupés par des délinquants dont la justice ne sait pas quoi faire, par des gens dont on peut éventuellemnt penser qu’un jour peut-être ils seront dangereux, c’est autant de place qu’il n’y aura pas pour des gamins dont on peut penser qu’ils vont se balancer du toit de l’école, pour des gamines qui pèsent 24 kilos à 15 ans, pour des victimes d’abus sexuels qui ont besoin de soins pour se reconstruire.
T’as raison Caro, trop de sécurité tue la sécurité. Il en faut, c’est normal, et il y en a. Faudrait faire mieux, autrement, plus, pour que ce qui est arrivé au père d’Agnès ne se reproduise plus, mais avec une réponse plus intelligente que « on n’a qu’à tous les enfermer »
Vindieu. J’avais pas vu que c’était si long.
j’aurais surement été 100% d’accord avec toi si je n’avais pas vécu coup sur coup deux histoires dans deux copro parisiennes. La première dans le marais où tout le monde flippait un peu du comportement d’un monsieur étrange qui ressemblait à Klaus Kinsky + 20 ans. Mais bon, nous sommes cools et tout le monde a le droit de vivre. Quelques mois plus tard, il a arraché son parquet et a fait un feu de joie au milieu de son salon, déclenchant un incendie délirant. Nous déménageons dans une autre cour 100% bobo. Idem. Cette fois un jeune type schizophrène, très bizarre mais tout le monde le protège, le chouchoute. Quelques mois plus tard, il a été pris d’une crise de « démence » et a tiré dans l’ascenseur qui montait. Personne dedans. Ouf. On fait quoi dans ce cas ? On appelle la police parce qu’on a un peu peur finalement qu’il tire sur les petits enfants qui jouent dans la Cour. La police arrive et nous explique doctement que tant qu’il n’a tué personne, on ne peut rien faire. Les enfants ont été interdits de cour et l’angoisse est montée dans la cage d’escalier. Que faire ? Tiraillés que nous étions entre l’envie de le laisser vivre tranquille et la trouille qu’il retire (la police ne lui avait même pas confisqué son arme…). Ce n’est peut-être pas une loi mais une meilleure prise en charge, à coup sûr.
nb : rien à voir, j’adore ta photo et la boutique dans le marais donne vraiment envie d’acheter ces appareils vintage.
Lorsque l’on entend de tels propos sur sur la folie et l’enfermement, cela me fait frémir car c’est un véritable recul idéologique et démocratique. On se croirait revenu aux siècles passés, où les « fous » passaient leur malheureuse vie attachés comme des bêtes.
A force de stigmatiser les différences cela finit par fonctionner,et plus de 10 % d’entre nous en oublient l’amour et la compassion et votent pour le F’haine.
Dur sujet pour un lundi matin, le sujet est intéressant, mais complexe, pour toutes les raisons précisées plus tôt. Je vois aussi cette dérive, comme un « de-responsabilisation » collective. ou finalement c’est pas moi mais c’est les autres. Alors oui, plus de moyen, plus de personnel, plus de structures, mais aussi, et attention ce n’est pas un généralité, peut être que ces personnes ne devraient pas être abandonnées par leur famille? je ne ne dit pas que tout le monde le fait, mais comme pour les personnes agées souvent abandonnées par leurs enfants / familles et autres, et on y pense le jour de l’enterrement pour savoir combien il y a sur le compte de la vieille tante, et si on va récupérer quelques deniers….
Avant (mode vielle conne ON) l’ensemble de la famille vivait ensemble, les anciens prenaient soins des petits et vice-versa et les personnes différentes étaient soutenues, protégées par le reste de la tribu. Nous sommes maintenant très individualistes,, par peur, par indifférence, juste parce que parfois on en chie assez comme ça pour ne pas prendre en charge les problèmes des autres; et c’est dommage…
J’ai lu justement ce billet de Despe hier soir (et du coup quelques autres pour rattraper mon retard), superbe. Et superbe aussi celui-ci. Suite aux deux je me dis que, quelque soit le support, le medium, blog, radio, réseaux sociaux, forums, café philo etc, puisqu’on donne et qu’on diffuse de plus en plus la parole des « gens-de-la-rue », c’est une chance qu’on a aujourd’hui de pouvoir prendre cette possibilité au sérieux et de partager nos réflexions individuelles car une seule peut faire énormément progresser – même si on se contente de dire « like » ou « share », ça se diffuse et finalement c’est une bonne chose. Bon c’est confus mais une heure en moins quoi! (mais du jour en plus hein ça c’est top!)
http://www.dailymotion.com/video/xhrar6_jean-paul-delevoye_news
sur le même thème et sur la même radio… un type qui sembel avoir une certaine hauteur de vue sur la société mais qu’on ne doit pas écouter des masses !
Je suis complétement d’accord avec vous… Pas évident tout ça.
enfin sur le thème de la société de la peur et pas de la folie… mais ça rejoint ton propos, quand on n’est plus capable de proposer de l’espoir on propose de la peur
J’aurais pu écrire ces mots..
Je vis dans un pays, très proche de la France, oú cette famille á l’ancienne existe encore. Et j’en vois tous les inconvénients…
Une de mes amies proches a chez elle: son fils, sa fille adoptive, sa mère, son beau-frère…. Alors parfois je l’envie d’avoir autant de baby sitter, mais franchement oú est sa vie ? D’autre part á force d’avoir les grands parents sous la main, on déresponsabilise complètement les parents.
Hors sujet mais je ne pouvais pas résister.
Caroline votre billet m’intéresse, mon papa est fou, je voudrais le faire interner et prendre le relai. Comment faire ?
Jean SARKOZY Conseiller général des Eaux de Seines
J’approuve assez, mais souvent dans les deux cas on n’a pas le choix! En tout cas la vie m’a prouvé qu’il faut partir pour avancer, et même pour faire avancer tout le monde parfois.
D’ailleurs pas besoin de sortir de France. Excusez-moi je suis hors-sujet aussi, passez msieur-dame y a rien à voir :o)
Je n’ai pas lu tous les commentaires, mais je suppose qu’ils vont dans ton sens.
je me faisais la même réflexion ce we. Un peu suite aux résultats des cantonales. Mais surtout après la lecture dans Rue 89 d’un article sur les enfants sorciers, en RDC. Je ne vais pas le résumer, mieux vaut aller le lire. Mais à la suite de ça, je me suis dit que ce qui perdrait l’Homme, c’est la peur, la méconnaissance de l’autre. Que ce soit notre voisin, ou « l’envahisseur » présumé ou le fou ou le différent…
Finalement, ce sont les politiques qui nous gouvernent qui me font peur, et pas ceux qui m’entourent. Je suis souvent effrayée par leur caractère vindicatif. Quelqu’un s’en rend t-il compte ?
La culture de la peur, les politiciens l’utilisent dans la France de droite comme dans l’Espagne dite de gauche. Et c’est justement ça qui me fait peur, moi, où diable sommes-nous quand c’est la seule base sur laquelle se font aujourd’hui toutes les lois… anti tabac, pour soi-disant protéger les non-fumeurs (et je ne fume pas, moi, mais je trouve quand même que les lois sont trop astreignantes), limites de vitesse sur la route pour soi-disant nous protéger (et les infrastructures alors, pourquoi trouvons-nous toujours des points noirs sur la route, c’est juste là qu’on appuie tous sur le champigon, ou bien le problème est justement sur la route?). Et j’en passe…
Absolument d’accord avec Jerricane, tu as mis le doigt juste sur la plaie: « un peuple qui a peur est un peuple qui ne bronche pas ». Hélas…
Oui, en lisant ton billet je me suis dit qu’il fallait sans aucun doute relire urgemment « Matin Brun »….en écoutant Brel peut être (au suivant !) …et AGIR !
Mais comment ?
Bref, en effet, un Lundi matin bien cogito, mais y a pas de mal hein !
Merci ;D
Un excellent billet, point de maladresse comme tu sembles le croire. (Je me permets cette familiarité, j’espère que ça ne dérange pas…) J’écouterais bien cette émission dont tu parles mais je voulais surtout te soutenir : Il y a cette histoire racontée par un auteur allemand, un jour, qui en somme rapporte ce que tu dis. Ils ont embarqués mes voisins parce qu’ils étaient comme si, puis mes autres voisins parce qu’ils étaient ainsi, puis d’autres voisins encore parce qu’ils étaient différents et je n’ai rien dit. Aujourd’hui, ils veulent m’embarquer et il n’y a plus personne pour y redire. Bref, j’avoue mon ignorance quel auteur a bien pu raconter cette histoire, je ne peux donc pas la rapporter très correctement. N’empêche, le fond est là : cette histoire se passe bien sûr durant l’Allemagne de Hitler et le plus effrayant, je pense, c’est que nous retrouvons peu à peu les symptômes des régimes totalitaires du même genre dans notre « république démocratique ».
« Thanks for sharing » comme diraient certains. Merci à toi pour ton billet du lundi pas très glamour.
PS : En passant, petit oubli d’un « t » au avoir dans cette phrase : « Il a eu ces mots qui onT résonné en moi ».
Il y a quelques jours, Robert Badinter expliquait à quel point le débat sur l’identité nationale lui rappelait des discours si sombres d’heures si peu glorieuses de l’histoire contemporaine…
Ce qui m’ennuie profondément c’est que, justement, on n’a pas assez peur ! Pas assez peur de ce qui nous pend au nez et qui rappelle bien trop clairement toutes les périodes pré-fascisantes…
Va-t’on faire comme après la seconde guerre mondiale et se dire « merde, ça a fait comme en 14 et on ne l’a pas vu venir »…
Et oui, Dalladier ne déparerait pas dans notre gouvernement actuel pour sa lâcheté et son inertie et je ne parle même pas de Laval dont Guéant et Hortefeux pourraient se réclamer…
Les conséquences de la crise économique de 29 qui aboutissent à une poussée violente de l’extrême droite…
Et nous, où va-t’on aboutir ?
Je trouve qu’on n’a pas assez peur de reproduire les erreurs de notre histoire…
J’adhère à beaucoup de choses dites et ça fait chaud au coeur de lire les lectrices de notre ronde ovalisée. J’ajoute un élément : les maladies mentales sont un des derniers tabous et ça ne va pas en s’arrangeant, c’est l’impression que j’ai à travers les difficultés que je rencontre pour inciter une personne qui en souffre à se soigner.
Certaines personnes préfèrent tomber très bas, perdre périodiquement la tête plutôt que de se soigner car cela suppose d’admettre qu’on est malade à vie. J’ai bien aimé l’honnêteté des intervenants : la notion de guérison n’a pas de sens, il n’y a pas de happy ends mais des vies qu’il faut rendre les moins douloureuses possibles et des personnes dont il faut préserver l’humanité.
Autre sujet d’énervement, non, la folie n’est pas glamour, à part quand Adjani joue Camille Claudel…
Merci pour le billet de despé. J’ai fait partie ailleurs des élèves qu’elle a. On avait une prof de philo comme ça, qui a réussi a ramener à elle toute seule une dizaine de cadavres à la vie.
« on t’a pas dit que j’étais fou pourquoi tu me demandes mon avis ? »
J’ai ri parce que « visuellement » c’était vraiment ça, et j’en pleure parce que je n’ai pas changé, mon avis au fond ne compte toujours pas.
Depuis la vie est toujours aussi trash parce que si gamin on a toujours l’espoir de retrouver quelque part ce qui a été arraché devenir adulte c’est apprendre a accepter que cela ne sera jamais rendu.
Mais cette prof là qui y croyait à mort pour nous, nous a appris a faire exister autre chose à la place.
Je passe pour une grosse snob parce que j’ai toujours Schopenhauer, Hegel et Kierkegaard sous la main, mais comme d’autres ont du chocolat ou les épisodes de lost ou le shopping pour se rassurer. D’aucuns disent que je me la pète mais personne ne connaît mon histoire. Personne ne sait que ma vie a tenu à ça. Vraiment.
lola, merci, juste ça. merci de tes mots ici, qui comptent, si si.
gloups
Pfffiouuuuu…. émotions :’-]
C’est : “Quand ils sont venus chercher les communistes”
Poème de Martin Niemöller (14 janvier 1892 – 6 mars 1984)
» Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n’ai rien dit,
Je n’étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n’ai rien dit,
Je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n’ai pas protesté,
Je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n’ai pas protesté,
Je n’étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher,
Et il ne restait personne pour protester »
Caroline, merci pour vos billets
Lola : larmes aux yeux.
Et il y a longtemps, très longtemps que je n’avais plus de larmes.
Bonjour Caroline,
Lorsque j’avais 14 ans, j’ai fait une très mauvaise rencontre lors des mes vacances d’été : un garçon un peu plus vieux que je trouvais sympa mais qui s’est avere psychopathe (au sens médical du terme) et érotomane. J’étais une enfant et pourtant je suis devenue la cible de cet homme.
J’ai aujourd’hui 25 ans et cela fait dix ans que je subis par vague son harcèlement. Il est malade, je le sais, mais je n’ai aucun recours contre lui. Je suis pourtant avocate mais la société n’a rien de prévu pour ce type de cas.
Alors évidemment cet homme n’est a priori pas très dangereux (bien que les pays estiment qu’il pourrait « peter » un plomb un jour), mais je peux te dure que quand on est une ado de 15 ans on est pas armé pour faire face à un harceleur…qui vous suis, vous retrouve, vous appelle 30 fois par jour.
Aujourd’hui c’est plus facile à supporter, mais je sais qu’il me retrouvera toujours et que toute ma vie ce fardeau sera present. Que la peur existera. Et que je n’ai aucun recours. C’est très dur a accepter.
Je ne sais pas quelle est la solution, l’enfermement peut être pas, mais j’avoue que le monde judiciaire est complètement impuissant face à ce type de problème…et les victimes sont seules.
Ah merde. J’ai pas le temps.
Moi je suis entre Agnès et Despé. Il y a un réel problème, et la solution est parfaitement minable, voire juste risible. Comme tout le temps maintenant.
En psychiatrie, on ne sait pas grand chose. La seule chose qu’on sait, c’est que le malade passera à l’acte. Quel acte et quand, on ne sait pas. D’où le soin, pour empêcher l’anorexique de mourir, l’enfermement, pour empêcher le paranoïaque de tuer son persécuteur, ou un autre malade de prendre ses voix pour argent comptant, pour empêcher le malade de se suicider, avant qu’on ait pu lui dispenser les soins nécessaires. Un psychotique non traité est dangereux. Toujours. Au mieux, il s’effondre sur lui-même et se fait disparaître. au pire, il s’en prend à autrui. Mais en psychiatrie, il est une loi largement vérifiée: il y a toujours un passage à l’acte. Le problème est, comme c’est justement expliqué dans le lien vers le site de psychiatres énervés par la loi que je ne sais plus qui a mis ici, c’est que ces maladies passent par des phases productives et des phases de latence. Si le malade est examiné pendant une phase de latence, sa pathologie peut très bien ne pas être décelée. S’il est examiné pendant une phase productive, peu importe qu’il puisse passer à l’acte, tant qu’il ne l’a pas fait, effectivement, il n’y a aucun moyen d’engager une phase préventive autre que l’enfermement. Dans une phase active, ce n’est pas la police qu’il faut appeler, ou pas seulement, mais le samu, faire un signalement au procureur et demander l’internement d’office.
Le problème est qu’il y a d’une part la répression et d’autre part le soin, et que les deux ne coïncident jamais. N’importe quel médecin officiant dans une prison dira que la très grande majorité des gens qui y sont enfermés ont leur place non pas en prison mais dans un hôpital psychiatrique, d’une part parce qu’ils ont été eux-mêmes victimes de leur pathologie, d’autre part parce que cette pathologie est invariablement majorée par un séjour en tôle et ce qui va avec, ce qui les rend invariablement beaucoup, beaucoup plus dangereux lorsqu’ils sortent. Pour les péquins que nous sommes comme pour le pauvre péquin qu’ils auront désigné comme le responsable de ce qui leur arrive, à tort ou à raison.
L’autre problème, c’est que les tribunaux eux-mêmes sont totalement encombrés par les paranoïaques, les pervers narcissiques, les psychotiques légers ou non, tout simplement parce que toujours d’une part, ce sont des pathologies qui trouvent à s’exprimer dans un contexte judiciaire où ils peuvent solliciter la manifestation de leur vérité, d’autre part parce que justement, les lois sécuritaires ou intrusives qu’on voit fleurir depuis une grosse dizaine d’années donnent à ces malades une série jubilatoires de moyens d’attaquer n’importe qui.
Un tribunal n’est donc pas vraiment le lieu adéquat pour déceler une pathologie, les juges baignent complètement dedans. Ce sont leurs clients habituels et naturels. Les moyens d’un tribunal ne permettent pas de soigner des pathologies psychiatriques. La loi en général ne permet pas de soigner des troubles psychiatriques, ni d’en prévenir les effets.
Notre société à nous a en général beaucoup plus de facilité à donner une solution judiciaire, pénale, répressive, législative, aux problèmes de gens dont la place est exclusivement entre les mains de médecins. La collusion des deux, médecine et répression, donne des résultats aussi lamentables que par exemple peuvent en avoir nos services sociaux d’aide à l’enfance. ça bousille.
Cette loi ne permet ni prévenir, et donc de mettre les gens en danger enfin en sécurité, ni de guérir, puisque la réponse est répressive, et punir ce n’est pas soigner. Elle est juste liberticide et parfaitement idiote, dans le sens où, comme dans la plupart des cas maintenant, elle ne va servir qu’à ouvrir de nouvelles possibilités d’abus, en aggravant dangereusement la prise en charge des situations où soin et enfermement sont nécessaires.
Ajoutons en outre que, comme on ne fait que des lois gratuites, elle permet la contention à domicile, avec passage de soignants, ce qui fait juste mourir de rire.
Notre corpus juridique devient juste catastrophique. Et si on a peu de chances dans sa vie de craindre l’enfermement, jetez un petit oeil à la tournure que prend le dispositif légal autour de la tutelle, associé au nombre exponentiel de gens mis sous tutelle. Là, c’est certain, on y passera absolument tous, dès qu’on bavouillera un peu à la table dominicale. Là où auparavant le juge des tutelles ne connaissait que des situations délicates et conflictuelles où le « protégé » n’avait personne pour prendre soin de lui sur ses vieux jours, et où les familles qui s’en sortaient s’arrangeaient pour faire démarches et soins sans en référer à la loi et à l’ordre, maintenant, plus possible de s’occuper de sa maman et de ses affaires sans en passer par le juge des tutelles, à moins de refuser de se soumettre à l’examen médical obligatoire avant décision de justice, comme Mme Liliane B.
Je ne suis pas claire. Mais je suis pressée.
Despé, ça craint.
Ok, ok, mais la peur des pigeons, ça, on a le droit !
Hommage à feu votre capuche.
J’ai également écouté cette émission, que je n’aime pas habituellement, mais qui cette fois était partciulièrement intéressante.
Egalement sur la manière dont les malades psychiatriques sont soignés, j’avais du mal à croire qu’on était en 2010…
En même temps, c’est tellement plus facile d’aller choper des électeurs qui ont peur!
Merci Caroline pour ce « coup de calcaire », cette intelligence, merci les filles (et les gars) de vos commentaires fins (surtout celui de loop of kurland), ça fait du bien à l’âme les gens qui se servent de leur cerveau…
Deux références : « 1984 » d’Orwell et plus récent « la ballade de lila k » de blandine le callet…
Ou comment pour répondre à une peur créée de toute pièces, sous prétexte de protection, on prive une population de toute liberté (et ils sont content ces couillons ! Pardon, je suis un peu fâchée aujourd’hui)
Ouvrons l’oeil, ne nous laissons pas faire, pas priver de liberté sous prétexte de liberté, refusons les solutions de facilité…
Et que dire du livret personnel de compétences qu’on va bien finir par nous fourguer…
http://retraitbaseeleves.wordpress.com/2011/03/18/boycott-livret-personnel-de-competences/#more-7307
Je ne sais pas où l’on va mais on y va tête baissée, et cela me fait très peur, même pas tant pour moi que pour nos enfants. Qu’est-ce qui les attend ?
Merci pour tous vos billets, Caroline.
quasiment un an de lecture , premier post …
merci pour ce billet qui fait du bien , qui me conforte dans mon idée du « tout ne peut pas être si noir! » parce que j’en viens parfois à me poser la question de savoir si il n’est pas trop egoiste de vouloir des enfants !
Il est pourtant necessaire de faire quelque chose! si vous saviez le nombre de cas psy qui s’entassent dans nos prisons , si vous saviez… je me pose parfois la question: l’administration penitentiaire devrait-elle pas changer de nom?
On dirait qu’il est preferable de les voir enfermés en prison sous medoc où les pauvres surveillants peinent à gérer tout ce beau monde , que de former du personnel et d’ouvrir des HP supplementaire!
En tout cas , mon cerveau de 23 petites années te remercie pour tout ces beaux billets
Je n’ai hélas pas le temps de lire tous ces commentaires qui, pourtant, me passionnent, et très égoistement,comme cela se fait ici de temps en temps, et cela n’a rien à voir avec le sujet, je vous demande des onddddddddddeeeeeeeeeeeessssssssssssss pour demain après midi, car toute vieille enseignante que je suis,rôdée,au bord de la retraite, demain je suis inspectée, et j’ai……………….la trouille……..
MERCI……je retourne à mon stress et à ma préparation…..
Coucou,
Moi aussi je l’ai appréciée cette émission. Je suis éduc spé depuis 10 ans et lundi, je démarre un nouveau poste en psychiatrie auprès d’ados. Donc ça a résonné cette émission et puis je suis retournée jeter un oeil à un bouquin qui traite de ce sujet qui a pour titre Sébastien (je le commence tout juste) mais en exergue, il y a un texte de Hugo Pratt ( Corto Maltese). Pratt y raconte que petit, sduite à un accident, il a été placé ds une section spéciale de son école réservée aux élèves déficients intellectuels. Ces élèves étaient habillés en noir alors que les dits « normaux » portaient un uniforme blanc. Quand il a quitté cette section et qu’on lui a redonné l’uniforme blanc. Je le cite: « (..)les élèves considérés comme débiles m’ont demandé: » Mais qu’est-ce que tu fais là, habillé en blanc comme tous ces cons? »
Rien à rajouter;)
AsO
Trop de sécurité tue la sécurité, et … trop de militaire tue le militaire. (quand c’est pas des civils)
Bravo pour ce billet.
Bravo aussi pour les commentaires qui sont de qualités et oui, relisons Matin brun. Tiens d’ailleurs c’est ce que je vais faire demain matin, lire ça à mes élèves et voir ce qu’ils en pensent.
Très intéressant, Loop.
J’ajouterai qu’il y a un paradoxe qui devrait nous perforer la rétine: « on » nous dit que nous avons des problèmes de délinquance épouvantables et qu’il faut sévir, « on » nous dit qu’il y a des fous dangereux partout et qu’il faut les boucler… Et on continue à apauvrir aussi bien la Justice (et j’inclus évidemment la Protection judiciaire de la jeunesse, tous les éducateurs, ASE etc) que les services médico-sociaux et la psychiatrie. C’est dire à quel point « on » prend le problème à l’envers.
Autre chose, à vérifier cependant. J’ai entendu plusieurs fois des magistrats dire que le nombre d’accusés de crime déclarés irresponsables par les experts-psychiatres avaient énormément baissé au cours des 20 dernières années. Autrement dit, les psychiatres auraient plus tendance à laisser des accusés souffrant d’une pathologie mentale se faire juger et envoyer en prison aujourd’hui qu’il y a 20 ans. Je ne sais pas si c’est vrai, mais cette affirmation m’a ouvert les yeux sur une chose: dans ces zones de chevauchement intenable entre la sanction et le soin, le juge comme le médecin sont juges et parties. Les deux manquent de moyens. Le psychiatre n’a pas de lit, le juge sait bien que la prison est un « remède » pire que le mal (ou un pis-aller insatisfaisant), n’ont-ils pas, chacun de leur côté, intérêt à ce que ce soit l’autre qui prenne en charge le problème ?
On en revient à la même chose: écrire une loi, ça, ça ne coûte rien. Et ça ne résout rien non plus.
Mes pensées les plus positives et les plus chaleureuses pour demain après-midi en souvenir de ces moments-là que l’on ne peut s’empêcher d’appréhender.
Même si je suis certaine que tout se passera bien, je t’envoie des onddddeeeeeeeeeeeeeeeeesssssssssssssssssss.
madile, je me joins à maNou pour les ondes ! Je n’ai jamais été ton élève, mais il me semble que mes frères ou soeur oui, et je ne me rappelle avoir entendu que du positif, donc je suis sûre que ça va aller !!!
bonjour!
je viens sur ce blog régulièrement depuis assez longtemps sans jamais commenter… Mais merci pour la justesse de ces propos… merci pour les questions qu’on est invité à se poser en lisant les articles!
Merci pour le lien Despé.J’adore quand vous faites du over-blog-crossing: « Pendant cinq minutes, cette histoire-là, c’est plus cool que d’imaginer toutes les choses horriblement délicieuses que tu ferais à un PIGEION ou à celui qui te regardes de travers. »
Moi aussi, j’apprécie bien cette émission. Parfois ça vole tellement haut que ça donne aussi l’impression qu’on est vraiment une brêle.
Enfin, entendre parler de sujets comme ça en épluchant ses légumes, on voit tout de suite qu’on n’est pas sur NRJ !
Dans un autre genre, il y a aussi Sur les épaules de Darwin, toujours sur France Inter, le samedi à 11 h.
Merci Caro pour ce billet qui me fait écho puisque j’accompagne des adultes handicapés psy dans leurs quotidiens et à leurs domiciles.
Une constatation les personnes handicapés psy se font plus de mal à eux qu’à autrui, en 15 ans de carrière je n’ai jamais été agressé une seule fois. Par contre j’ai parfois vu des scarifications, des TS ect..
La plus grande souffrance provient de leurs intérieurs, c’est une souffrance inconcevable pour nous, on ne peut l’imaginer tellement les angoisses peuvent être terrible.
Alors oui j’ai du mal à comprendre pourquoi cette loi. Combien de meurtre dû à un malade psy ? et combien de meurtre dû à une personne pas malade? Tu as raison Caro on joue sur nos peurs, sur nos aprioris et ont nous manipule (oui oui la je vire parano ;))
Madile: zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz
Merci, merci, vous pouvez continuer jusqu’à demain après midi, ça me sera toujours utile…….
http://fr.wikipedia.org/wiki/Discours_de_la_servitude_volontaire
Ha tiens je ne voyais pas les choses comme ça, ça fait réfléchir en tout cas.
Ou comment entretenir la peur de l’autre à tout prix ? Pointer les différences et s’en servir à mauvais escient au lieu d’en faire une force … Très intéressant ton article
J’ai également écouté cette émission dimanche matin, tout en m’affairant au jardin sous le soleil lillois (quel joli dimanche !)
Comme tu le dis, une émission importante, qui interpelle et enrichit, en tenant des propos intéressants ET abordables (à l’époque des matinales de S. Paoli, je n’étais pas bien vieille, je crois que son éventuelle complaisance me passait un peu au-dessus, bref, j’aimais!).
Par ailleurs, je ne peux que surenchérir après les propos de Moyenneronde. Dans la même lignée, il faut écouter « sur les épaules de Darwin » sur Inter, une émission d’une qualité vraiment exceptionnelle de mon point de vue, pour moi une vraie belle découverte de cette année ! Des sujets traités en profondeur sans être « pesants », des propos qui rendent avides de connaissance et de savoir et ce, quelque soit le sujet !
(Et puis, parce que c’est de la radio, on peut se le permettre : Jean-Claude Ameisen, quelle voix!!!)
Et puis enfin, finir par la lecture du dossier « Et vous, êtes-vous normal ? » du dernier numéro de Philosophie Magazine.
Merci beaucoup pour ce billet Caro et bonne journée à tous !