Mois : novembre 2006

Jacques Chirac et moi

Il y a quelques jours, dans le cadre de mon métier extrèmement dangereux qui me fait découvrir des contrées inconnues, j'ai rencontré Jacques Chirac. Enfin… je me suis trouvée dans la même pièce que Jacques Chirac. Dans un salon plein de pampilles et d'or. A l'Elysée. Au milieu d'une foule de personnes. Bon, ok, on ne s'est pas à proprement parler rencontrés. Il n'empêche que ça a été une sacrée journée…

La photo, là, est vraiment de moi… si si si…

Lundi

19h00: "Demain tu vas à l'Elysée à 10h00, il y a une conférence à laquelle on doit aller", m'annonce mon patron.

19h01: A… A l'Elysée ? Je rigole trop avec mon patron.

19h02: Comme d'habitude il ne rigole pas du tout. Demain I will meet Jacques Chirac.

19h03: Je suis en transe. Je suis enfin ARRIVEE. Je cotoie les grands de ce monde. J'ai envie d'appeler ma grand-mère. Je suis Rastignac. A nous Paris. A nous la France.

19h05: Je me rappelle que je suis de gauche.

19h06: Je déteste Jacques Chirac.

19h10: Je me dis que c'est pas parce qu'on déteste Jacques Chirac qu'on n'a pas le droit d'être impressionnée.

20h00: Je raconte à mes enfants que je vais aller voir Jacques Chirac.

20h01: Mon fils veut que je prenne une photo de Jacques Chirac.

20h12: Comment on s'habille quand on va rencontrer Jacques Chirac ?

20h20: L'homme pense que je ne suis pas obligée de mettre ma robe "spécial mariages" pour aller voir Jacques Chirac. Surtout que je suis de gauche.

20h22: Je crois que l'homme a peur que je vive une histoire avec Jacques Chirac.

20h23: Je jure à l'homme que jamais je ne le quitterai pour Jacques Chirac.

MARDI

06h12: Je me réveille en sursaut et je demande à Bernadette d'arrêter de me chatouiller les pieds.

06h13: L'homme est très vexé.

06h30: Je ne pourrai plus jamais regarder Bernadette dans les yeux après ce qu'on a fait cette nuit.

08h12: Je suis devant l'Elysée. Avec une heure d'avance. Je vais aller prendre un café.

08h20: Y'a pas un café à moins de deux kilomètres. Le quartier de Jacques Chirac ça craint. J'ai peur que les RG finissent par me repérer à force de passer devant l'Elysée.

09h00: J'entre dans l'Elysée. Je suis très impressionnée. Mais Jacques tu peux crever je ne te serrerai pas la main. Je suis comme ça, j'ai des principes. Et je suis de gauche, entre nous il ne se passera jamais rien.

09h30: Le grand salon est bondé. Très loin là bas il y a Jacques Chirac. C'est quand même bizarre de le voir. Mais je suis de gauche, donc ça ne me fait rien.

10h30: Les discours sont terminés. Jacques Chirac remonte la travée. Il serre toutes les mains qui se trouvent sur son passage. Tu vas te prendre une vraie gifle avec moi, Jacques. Je suis de gauche, figures-toi. Alors dans tes rêves, la poignée de mains.

10h32: Il approche. J'ai les paumes super moites. En même temps je m'en fous parce qu'il n'est pas question que je lui serre la main… Sauf… sauf si vraiment j'y suis obligée. Si ça se trouve on peut être condamnée pour un truc pareil. Je suis de gauche d'accord, mais avant tout j'aime mon pays. Et aussi ma liberté. Et Jacques Chirac, quelque part, c'est mon pays, non ?

10h33: Il est devant moi. Je veux le toucher. On dirait le pape. Droite, gauche, c'est pareil de toutes façons aujourd'hui. Il faut savoir évoluer, un peu. Il est fini le temps des clivages politiques qui ne veulent rien dire. D'ailleurs, franchement, parfois, je me demande qui est VRAIMENT à gauche. Pas forcément ceux qu'on croit figurez-vous. La vraie gauche se cache à droite si vous voulez mon avis.

10h34: Putain c'est le père de la nation quand même.

10h35: Il ne m'a pas vue.

10h36: J'ai envie de pleurer. Il a serré la main de tout un tas de vieilles biques et moi, rien. Il est passé sans me regarder. Alors que pour moi il est comme un père.

10h37: Je viens de crier "Papa".

10h39: Je le suis comme si c'était Marc Lavoine.

10h40: Il est très grand.

10h42: Je me demande ce que ça fait de coucher avec le père de la nation.

10h43: J'y crois pas que ça me fait des trucs rien que d'y penser.

10h45: J'ai envie de coucher avec mon père. C'est très transgressif, ça. En fait je n'ai jamais cessé d'être de de gauche.

10h46: Je reprends mes esprits. Je sors mon appareil photo.

10h50: Je suis juste devant lui.

10h52: Je lui colle mon appareil à dix centimètres du visage.

10h53: Clic-clac Jacques est dans la boite.

10h54: Il vient de me regarder. J'oublie qu'on est à l'Elysée. Tout nous sépare et en même temps, rien.

10h55: En fait si. Quelque chose nous sépare. Un gros molosse plein d'oreillettes.

10h56: Le molosse est de droite ça se sent à plein nez.

10h57: Le molosse me dit que je dois partir maintenant.

10h58: Bernadette vient d'apparaitre. Avec Claude. Ma soeur.

10h59: J'essaie d'expliquer au molosse que je suis de la famille.

11h00: Le molosse est vraiment de droite.

11h03: Je me retrouve sur le perron de l'Elysée sans avoir eu le temps de dire adieu au père de la nation.

11h04: J'appelle l'homme.

11h02: L'homme est super fier que j'ai refusé de serrer la main de Jacques Chirac. Il dit que c'est quand même la moindre des choses quand on est de gauche. Je préfère ne pas lui expliquer que parfois la gauche se cache à droite.

Anna Carolina, juste une des notres

P1000311Depuis quelques jours, je m'interroge. J'en parle ? J'en parle pas ? D'un côté, ce serait logique d'en parler, parce que tout de même, c'est un de mes chevaux de bataille. Mais d'un autre côté, la décence m'en empêche, parce qu'après tout, c'est d'une des notres qu'il s'agit. Oui, une des notres. Une femme. Une femme qui a tant souffert dans sa chair qu'elle en est morte.

 

Et puis finalement, j'ai décidé d'en parler. Parce que forcément, ce que je craignais après la lecture de la dépêche AFP annonçant le décès de cette pauvre Brésilienne, top model de son état, s'est avéré exact: tous les journaux, féminins ou people se sont rués sur l'histoire. Vous pensez, trop bien un scénario pareil ! Ah, ça a dû s'exciter sec dans les rédactions: "génial chérie, ça va nous faire une couv extra! Montre un peu les photos ? Oh, non, là elle n'est pas assez maigre, on voit pas qu'elle va mourir. Ah… là, par contre, les cernes sont super, bien noirs. On la prend en pleine face son anorexie, sur ce cliché. Et si on mettait juste à côté une photo d'elle quand elle était petite? Oui, celle-ci, elle est bien joufflue sur celle-ci. Parfait. Là c'est clair: cette fille qui pétait la santé il y a dix ans a été pourrie par ce milieu immonde de la mode. On la tient notre histoire. On va faire un malheur."

 

Bon, on les comprend en même temps. L'agonie d'Ana Carolina Reston, puisque c'est comme ça qu'elle s'appelait, c'est "Amour gloire et beauté" en mieux. Dans six mois, à tous les coups y'aura le téléfilm sur M6. Non mais c'est vrai, ça n'arrive pas tous les jours un événement pareil. Pile poil en plein débat d'actualité. Avec à la clé la possibilité de se répandre sur les méfaits de la dictature du beau et du mince, tout en illustrant ces propos de photos morbides d'une fille qu'on a jamais tant vu sur papier glacé que depuis qu'elle est morte…

 

Non parce que je ne sais pas vous, mais moi cette pauvre Ana Carolina Reston je n'en n'avais jamais entendu parler avant. Et là on dirait que c'était Cindy Crawford. Surtout, ce n'est pas exactement la première fille à mourir de cette atroce maladie qu'est l'anorexie. Et réduire ce désordre physique et mental à un simple effet secondaire du mannequinat, c'est juste consternant. L'anorexie est une maladie complexe et encore aujourd'hui mal comprise, qu'on ne peut expliquer par la seule envie de ressembler aux filles des magasines. Même si bien sûr, ça aide. Et surtout, bien que je n'aie pas pour ainsi dire une très grande sympathie pour les agences de mannequins, c'est tout de même un peu facile de tout leur mettre sur le dos. Après tout ces agences ne font que répondre à une demande. A une demande émanant des couturiers bien sûr, mais aussi des magasines, donc de la pub et par conséquent des lecteurs et lectrices, donc de nous.

 

Alors après, faire du beurre sur la mort d'une fille qui s'est affamée volontairement, qui manifestement se tuait à petit feu pour faire vivre sa famille et qui a probablement succombé sous le poids de responsabilités beaucoup trop lourdes pour son âge, et bien c'est juste à gerber, sans mauvais jeu de mots. Quand en plus ceux qui profitent de ce drame en sont en partie responsables et bien on atteint un degré de cynisme qui me donne envie d'hurler.

 

Et pour ne pas tomber justement dans le piège que je dénonce, je m'arrêterai là.

 

Oh, et puis non, juste encore une chose. De femme à femme, je pense à toi Ana Carolina. Je pense aussi à toi mon amour, mon petit bout de fille. Et je prie toutes ces divinités auxquelles je ne crois pas pour que jamais tu ne maltraites ton corps jusqu'à le faire disparaître.

 

Amen.

Tu veux ou tu veux pas ?

kamasutra

La scène se passe encore et toujours dans un lit parce que comme l'explique si bien Sally à Harry, "le carrelage de la cuisine c'est trop froid"…

Lui: Mmmm, j'ai envie de toi, viens là…

Elle: Rohh, qu'est-ce que t'es pressé…

Lui: Oui je suis pressé, j'ai envie depuis tout à l'heure, au restaurant. Viens… (il se jette sur elle)

Elle: Mais, attends, j'ai pas envie comme ça moi, doucement un peu…

Lui: T'inquiète pas, je vais m'occuper de toi, on va prendre tout notre temps. (Il la caresse et l'embrasse)

Elle: Non, mais c'est pas ça, c'est juste que tu ne me donnes même pas le temps d'avoir envie. Je sais pas moi, c'est bon aussi de sentir qu'on doit séduire l'autre. J'ai envie de te conquérir, tu vois ? Là à peine la lumière s'éteint que tu es au garde à vous. Tu parles d'un suspense…

Lui: Ben quoi, tu devrais être contente, non ? Et puis c'est bon, je suis conquis, depuis le temps. Tu sais bien comment je suis. J'ai des gros besoins, moi.

Elle: Et jouer un peu la comédie, c'est pas possible ? Faire genre que tu n'es pas sûr, que tu ne sais pas, que tu préfères attendre un peu… Regarde, moi, quand je te fais mariner, t'aimes ça, non ?

Lui: Bof… Je n'ai pas trop le choix surtout. Bon, d'accord, je te laisse venir. J'attends.

Dix secondes après

Lui: A y'est ? T'as vachement attendu, non ? Tu dois être super excitée, là, à mon avis…

Elle: T'arrêtes un peu ! ça fait à peine dix secondes.

Lui (bougon): Oh… moi j'en ai assez. Puisque c'est ça, bonne nuit. (Il se tourne)

Cinq minutes après

Elle: Hé…

Lui: Gprpprpmppfff…

Elle: Tu dors ?

Lui: Mmmmmoui…

Elle: T'es sûr ?

Lui: Mmmmm… j'ai sommeil, là, je suis en train de m'endormir…

Elle: Tu veux plus ?

Lui: Ben non, j'ai trop sommeil, tant pis.

Elle: T'as plus envie de moi, j'ai compris.

Lui: Mrgmrgrmrpffff…

Elle: C'est parce que j'ai grossi ? J'en suis sûre. Tu me trouves énorme, c'est ça. Du coup t'as plus envie de moi.

« Quand tu seras morte »

Hier c'était mercredi. Et mercredi c'est mon jour de 4/5ème. J'en profite pour remercier monsieur temps partiel qui me permet, toutes les semaines, de profiter de mes deux trésors. Bon, ok, une semaine sur deux j'ai des pensées inavouables, genre que si j'étais à plein temps je gagnerais pas mal d'argent en plus et que je n'aurais pas à supporter mes enfants que pourtant bien sûr j'aime plus que tout au monde.

Mais hier, c'était une journée "mère parfaite". Ben si, quoi ça arrive aussi tout de même. Et donc en mère parfaite j'ai traversé Paris pour faire contrôler les petits yeux de la chair de ma chair. Nous avons descendu la rue de Bagnolet dans cette lueur si particulière d'un jour ensoleillé de novembre. Tout à coup, alors que nous passions devant une église, nous nous sommes retrouvés au beau milieu d'un enterrement.

"Oh, j'aimerais tant voir la personne qu'est morte", m'a alors supplié – à haute, très haute voix – mon adorable sauveteur d'ours en peluche, révélant soudainement sa part d'ombre. Sa soeur, n'étant pas en reste, s'est pour sa part exclamée de sa voix si caractéristiquement aigue:

– "Ohhhhh, regaaaaaarde maman, la dame on dirait qu'elle va pleurer".

-  "Oui ma chérie, elle est triste. C'est peut-être sa mamie qui est morte, tu comprends. Tu sais, peut-être que toi aussi un jour, ta mamie mourra".

– "Je sais maman. Et ce jour là j'espère qu'on aura le droit de voir"

Un grand moment de solitude maternelle comme on en subit dès que son rejeton chéri maitrise les bases du langage – quand je dis les bases c'est vraiment les bases parce que "maman, bah monsieur pue" ça ne mobilise que trois mots de vocabulaire…

Après avoir réussi à extirper mes apprentis voyeurs de ce triste rassemblement, nous avons poursuivi notre chemin…

Quand j'ai entendu la petite voix de mon fils:

– "Maman, quand tu seras morte…".

– "Oui, mon amour, je sais, tu seras très triste, mais ce n'est pas pour tout de s…"

– "Non, maman, c'est pas ça que je veux dire. Quand tu seras morte, je mettrai tes fleurs préférées sur ton cercueil".

– "Ah, oui, oh, merci, mon amour…"

– "Mais au fait, c'est bien des tulipes tes fleurs préférées, hein ?"

– "Oui oui…"

– "Blanches les tulipes, hein maman, blanches ?", a cru bon de préciser ma fille

– "Tu sais quoi maman ? Si jamais c'est la saison des tournesols quand tu seras morte, et bien je t'achèterai aussi des tournesols" a rajouté son frère.

Merci monsieur 4/5ème, merci…

Une mégère pas très apprivoisée

m_g_re

Il y a des jours comme ça… ça ne vous arrive jamais ?

Des jours où on a beau savoir qu'on va trop loin et où on continue malgré tout…

– Non mais c'est quoi cette chambre là, les enfants ? Un vrai dépotoir. Vous allez me faire le plaisir de ranger ça immédiatement. Je vous avertis, je repasse dans une heure et tout ce qui traine encore part à la poubelle. Et je serais vous je ne rigolerais pas parce que moi je ne plaisante pas DU TOUT.

Quoi, pourquoi tu me regardes comme ça, toi ? Oui je suis énervée, et tu n'y es pas pour rien. D'abord si tu pouvais arrêter de machouiller ton chewing-gum comme ça ce serait génial. Ce bruit est insupportable. Et puis la lampe de la salle de bain a encore grillé. Depuis le temps que je te demande de voir ce qui cloche. L'ampoule lache tous les trois jours. Et comme par hasard quand c'est moi qui suis dans mon bain.

Et la tringle à rideaux ? On n'est pas censés en acheter une autre ? Mais non, rien. J'en ai ras-le-bol qu'on remette tout à demain comme ça, tout le temps.

Bon, cette chambre, on en est où ? Hein ? Vous n'avez rien fait là, je rêve ou non ? Quoi vous jouez ? Je pensais avoir été claire. Tout ce qui traine part à la benne. Oh et puis faites comme vous voulez, si vous voulez vivre dans une porcherie, c'est votre problème.

Où est passé mon Elle ? C'est incroyable. Je ne demande pas grand chose, là. Juste pouvoir lire mon Elle tranquillement. Forcément, il y a UN truc qui est parti à la poubelle, c'est mon Elle. De toutes façons personne n'en a rien à faire. Moi je dois faire attention à tout le monde mais alors pour qu'on fasse attention à moi, je peux toujours courir.

Ah et je t'avertis, ce soir, je n'ai pas du tout envie d'aller chez L et J. Tu iras tout seul, de toutes façon tu seras bien mieux sans moi. Je suis vilaine, énorme et je n'ai rien à me mettre.

– Hey, ça ira là ? Tu te calmes maintenant ? Qu'est-ce que tu nous fait ?

– Rien. De toutes façons tu ne peux pas comprendre. (après un temps)… J'ai grossi.

Martin sauvé des eaux

Il s'appelle Martin. Il a fait son entrée dans ma vie le jour de la naissance de ma petite soeur. J'avais trois ans. Je me souviens de cette drôle de petite chose  hurlante qu'on m'a présentée ce jour là dans une maternité qui sentait l'hopital. Je me souviens que j'ai ressenti violemment qu'il allait falloir partager ma maman désormais.

Sur la route du retour à la maison, mon papa m'a alors donné Martin. Ours en peluche de son état. Un vrai ours, avec des bras et des jambes – oui, absolument, les ours ont des bras et des jambes – articulés. Et des gros yeux chocolat, en verre, tout lisses. Son pelage était doux, surtout sur le ventre.

Très vite Martin a épongé mes larmes, écouté mes histoires, assisté à mes révisions. Il était là toutes les nuits, à veiller sur moi avec ses yeux chocolat. Quand je suis partie du nid familial, vers 19 ans, Martin m'a accompagnée.

Je pensais qu'il ne serait rien d'autre alors qu'un vestige de mon enfance, un trophée, un fétiche. Mais c'est peut-être à ce moment là qu'il a été le plus fort. Et pendant ces années d'apprentissage dans des chambres de bonne minuscules, il a été inondé plusieurs fois de mes chagrins. Son ventre était toujours doux. A chacune de mes victoires il était là aussi.

Et puis j'ai grandi, vraiment. L'homme a investi les lieux et a très ostensiblement éclipsé Martin, le reléguant dans des placards toujours plus inaccessibles. En même temps, je le comprenais, je n'aurais pas supporté l'homologue féminine de Martin s'il y en avait eu une.

Quand les enfants sont nés, j'ai discrètement posé Martin au milieu des girafes, singes, éléphants et autres animaux en peluche qui peuplaient leur chambre, espérant secrètement que l'un de mes deux bouchons l'adopterait. Mais bien sûr, leur choix s'est porté sur d'autres, et c'était tant mieux. Après tout, Martin n'était l'ours que d'une seule femme. Malgré tout, c'était le nounours de maman, alors respect.

Mais, devez-vous vous interroger, pourquoi, au fait, nous parle-t-elle de Martin ?

Pourquoi ? Parce qu'hier matin, l'homme, qui est le seul être dans cette maison à se préoccuper de ranger le capharnaüm savamment entretenu par les autres habitants des lieux, s'est piqué d'emmener à la cave tous les jouets de bébés aujourd'hui délaissés. Du grand sac poubelle rempli de tout un tas d'objets non identifiés, émergeait Martin. J'ai protesté, estimant qu'il avait encore sa place chez nous, qu'on ne pouvait pas lui faire ça. L'homme a soupiré, et répondu qu'on en parlerait le soir. Mon fils lui a lancé un regard lourd de reproches et n'a rien dit.

Mais hier vers 19 heures, quand je suis rentrée, mon petit bonhomme s'est précipité vers moi et m'a entrainée dans sa chambre. Dans une ambiance de conspiration enfantine, il m'a emmenée vers son lit et soulevé sa couette. Il y avait là, planqué, Martin et ses yeux chocolat, sauvé de la cave in extremis.

"Je l'ai caché quand Papa était en train de faire pipi maman. On peut pas lui faire ça. T'inquiète pas, je m'en occupe", m'a déclaré, solennel, mon petit homme. Alors j'ai pris Martin et son sauveur et je les ai serré fort. Et je me suis sentie toute petite devant tant d'héroisme.

Vol de nuit

A la demande générale de mes milliers de lecteurs de la blogosphère, suite et fin de mon expérience aux limites des portes de la mort…

16h00: Je prends le taxi pour Roissy.

17h00: 69 euros pour faire Porte d'Italie-Roissy. 450 francs.

17h01: C'est décidé, après avoir donné ma démission de mon métier dangereux je fais taxi.

17h05: Je suis à Roissy. C'est comme si quelqu'un serrait très fort ma poitrine. Je prends direct deux quarts de Lexomil.

17h07: Le lexo ne me fait rien. Je respire mal. J'ai peur.

17h12: Je reprends un quart.

17h24: J'enregistre mes bagages. On m'explique que tout ce qui est liquide doit être rassemblé dans un sac de congélation. Rapport à la possibilité de fabriquer une bombe à partir d'un tube de dentifrice. C'est fou comme on perd peu à peu toutes nos libertés. Ce climat de répression est insupportable.

17h30: En même temps je me demande s'il n'est pas mon devoir de signaler que cet homme là-bas, d'origine moyen-orientale, a un comportement étrange. Il n'arrête pas de LIRE son journal.

17h32: Marine Le Pen sors de mon corps.

17h45: On passe au détecteur de métal. Je suis contre la délation mais je ne peux pas faire comme si je n'avais pas vu que la vieille dame devant moi a INTENTIONNELEMENT oublié d'enlever sa ceinture alors que ça nous a été très EXPLICITEMENT demandé. Si tout le monde n'y met pas un tout petit peu du sien, il ne faudra pas avoir l'air surpris quand dans une heure on ira se jeter direct sur la tour Montparnasse.

17h46: Je voudrais bien qu'on m'explique pourquoi cette jeune fille très vulgaire a eu droit à une fouille à corps scrupuleuse par ce beau vigile alors que moi c'est Gertrud qui s'y est collée.

17h50: A y'est, je suis dans la salle d'embarquement. J'achète une énorme barre de Tobleronne. ça fait dix ans que je n'ai pas mangé de Tobleronne. Quand on va mourir on fait des choses folles.

17h52: Le Tobleronne ça déchire. Je me demande s'il foutent pas du lexomil dedans. J'ai plus peur.

17h55: J'ai fini mon Tobleronne. J'ai de nouveau peur. En plus si je survis j'aurai pris un kilo. Au point où j'en suis je vais me taper une autre barre.

18h40: "Les passagers du vol Air One 675 pour Turin sont invités à se présenter à l'embarquement, porte 10".

18h42: Je fais une overdose de Tobleronne, je n'arrive plus à me lever. J'trouve pas la porte 10.

18h45: J'arrive péniblement à présenter mon passeport et ma carte d'embarquement. Je fais remarquer l'air de rien à l'hôtesse qu'il fait nuit. Elle me répond qu'elle s'en était rendu compte. Bon, manifestement l'information a l'air de mettre du temps à aller jusqu'à son cerveau. Il fait NUIT putain. Elle me rend mon passeport et m'invite à avancer. Tant pis, j'aurai essayé.

18h47: Je franchis le pas de la porte de mon cercueil. "Buongiorno" me lance un stewart à l'air niais. J'ai envie de lui en coller une. A tous les coups je fais un bad trip de Tobleronne.

18h50: Une hôtesse nous fait la démonstration du gilet de sauvetage. Je prends des notes.

18h52: Je voudrais pas dire mais il n'y a pas grand monde qui écoute l'hôtesse.

18h53: Chacun fait ce qu'il veut mais j'ai dans l'idée que si on s'écrase dans l'Atlantique dans une heure on sera pas nombreux à s'en sortir. En tous cas une fois qu'on sera dans la flotte faudra pas compter sur moi pour expliquer le fonctionnement du gilet. ça sera chacun sa gueule, je vous préviens. D'autant que tout ce bardas m'a l'air assez compliqué à faire fonctionner. J'ose à peine imaginer ce que ça peut donner en pleine panique.

19h00: "Ready for take off".

19h01: J'y crois pas qu'il y'a un type qui écoute un truc dans son oreillette de téléphone alors qu'on va décoller. Le capitaine vient pourtant y'a pas deux minutes de nous prévenir que c'est STRICTEMENT interdit.

19h03: Au point où j'en suis dans ma dérive pétainiste j'avertis immédiatement l'hôtesse.

19h04: C'est un sonotone.

19h06: Il n'empêche qu'avec moi pas un détail n'est laissé au hasard.

19h07: L'avion s'élance sur la piste. J'ai l'impression que c'est moi qu'on propulse à 300 km à l'heure. J'ai pris tellement de lexomil que j'ai super peur mais qu'en même temps mon coeur bat étrangement très très lentement. Je vais mourir, même pas à cause de l'avion. Avec ma chance je fais une réaction au mélange de Tobleronne et d'anxiolitiques.

19h10: On décolle. J'ai 300 tonnes sur le ventre. C'est la fin.

19h15: J'ouvre les yeux. Je suis toujours vivante. Par la fenêtre je vois les lumières de Paris. Et aussi la tour Eiffel. Je vais peut-être mourir mais je n'avais jamais rien vu d'aussi beau.

19h20: Je me sens super courageuse. Je suis une aventurière. Je suis Florence Aubenas.

19h40. Je viens de me remettre du décollage et voilà qu'on "entre dans oune zone dé tourboulences", nous annonce le steward.

19h41: Je fais l'oeuf.

19h45: J'explique à mon voisin que je me mets dans cette position en cas d'atterrissage d'urgence.

19h46: J'explique à mon voisin que si pour lui le fait qu'il y ait systématiquement zéro survivant en cas de crash fait de l'avion le moyen de transport le plus sûr au monde c'est SON problème.

19h48: L'hôtesse a l'air super nerveuse. Il se passe un truc c'est sûr. Elle fait genre "tout va bien" mais on ne me la fait pas.

20h00: Je prends mon I-Pod et je mets Marc Lavoine à fond. Si je dois mourir je veux que ce soit avec lui.

20h12: L'hôtesse me secoue violemment. On est en phase d'atterrissage et soit-disant qu'avec mon I-Pod je mets tout l'avion en danger.

20h13: Le monsieur au sonotone me regarde avec un air mauvais.

20h20: Je ne vois pas comment le pilote peut envisager qu'on se pose dans deux minutes alors qu'on est à quelques mètres du sol et qu'on doit encore dépasser les 450 km/h. On va crever cette fois-ci c'est sûr.

20h22: On rebondit sur le tarmac. Je freine comme une possédée à l'aide de mes accoudoirs.

20h23: C'est un miracle inespéré: on est entiers. Dire que demain je remets ça pour revenir. J'espère qu'ils vendent du Tobleronne à Turin…

Vol de nuit – premier épisode

avion

Hier, j'étais à Turin. En Italie. ça n'a l'air de rien comme ça mais il faut savoir qu'outre ma petite tendance à la compulsion alimentaire et ma très très légère hypocondrie, je suis frappée d'un autre mal: la phobie de l'avion. Autant dire que le moindre déplacement se transforme en épopée pathétique… Je vous raconte ?

MARDI

-14h: Mon patron arrive dans mon bureau, l'air très content de lui. Je connais ce sourire, j'ai peur.

– 14h01: "Tu pars demain à Turin jusqu'à jeudi. Génial hein ?!"

– 14h02: C'est vrai que c'est génial. Je suis une vraie baroudeuse, j'adore l'image de moi même que ça donne: "Mercredi, un ciné ? Ah, non, excuse, je suis à Turin, mercredi". En plus j'adore l'Italie. Les Italiens aussi. De toutes façons, je suis comme ça moi, je ne tiens pas en place. La vie de bureau non merci.

– 14h03: Je demande à mon patron si je pars de la gare de Lyon ou d'Austerlitz. C'est pour m'organiser.

– 14h04: Je pars de Roissy.

– 14h05: J'ignorais qu'il y avait des TGV qui partaient de Roissy pour l'Italie.

– 14h06: C'est pas un TGV c'est un Boeing, se marre mon patron.

– 14h07: Je vais prendre l'avion.

– 14h08: Mes enfants sont trop jeunes pour perdre leur mère. Tout ça pour aller en Italie. Alors que tout le monde sait bien que l'Italien est un voleur. Y'a qu'à voir la coupe du monde.

– 14h10: Je tente le coup du rendez-vous chez le dentiste impossible à reporter. Sans compter que j'ai des dossiers en retard. Mon patron n'a plus l'air content de lui. Encore moins de moi. Je fais genre que je rigolais.

– 14h15: J'appelle l'homme pour l'avertir que je pars à Turin demain. En avion.

– 14h16: L'homme trouve ça super.

– 14h17: Je lui raccroche au nez, je n'y crois pas qu'il puisse trouver super que je risque ma vie.

– 20h00: Je suis prostrée sur mon canapé, je regarde mon appartement avec la détresse d'une condamnée à mort.

– 20h10: Je demande pardon à l'homme de lui infliger une vie pareille. Je lui promets que si je m'en sors je démissionne. Quand on devient mère on ne peut plus se permettre d'avoir un métier aussi dangereux.

– 20h11: L'homme pense que documentaliste n'est pas un métier dangereux.

– 20h12: Le pauvre. Il fait tout pour cacher sa douleur. Je prends une vraie claque, là. S'il devait partir demain à l'autre bout de la planète, je ne suis pas sûre que j'aurais sa dignité.

– 20h13: L'homme me demande de faire le chèque pour le loyer.

– 20h14: Je trouve ça assez mesquin de penser à des choses aussi petites alors que c'est peut-être la dernière nuit que nous passons ensemble. En même temps je dois penser aux enfants. Ils n'auront peut-être plus de mère, la moindre des choses c'est que je leur assure un toit.

– 20h15: L'homme m'assure que ça n'a rien à voir avec Turin, c'est juste qu'on a deux semaines de retard pour le loyer et qu'on va payer une majoration.

– 20h16: C'est fou comme tout semble dérisoire quand on va mourir. Je lui fais son chèque quand même. Je sens une grande sagesse s'emparer de moi. Je suis complètement détachée des contingences matérielles.

– 20h20: L'homme me rappelle que c'est mon tour de lave-vaisselle.

– 20h22: C'est lui qui a raison. La vie continue. Il est d'un courage, je suis bluffée. J'espère malgré tout que quand on est mort on ne vide plus le lave-vaisselle.

– 2h00: Je me réveille en sueur. Je mets dix minutes à réaliser que je ne suis pas enfermée dans la soute.

– 2h15: Je respire avec mon ventre.

– 2h30: J'ai trop respiré avec mon ventre, j'ai envie de vomir.

– 4h00: Je vais regarder mes enfants dormir. Il sont tellement beaux. Ils ne se doutent de rien en plus. Je n'ai pas le droit de leur faire ça. C'est dégueulasse.

– 6h00: Je prie.

– 7h00: Le réveil sonne. Je ne veux pas partir. Je veux ma maman.

– 7h30: L'homme me serre fort il m'assure que tout va bien se passer.

– 8h00: Je dis au revoir à ma famille et à ma maison. Je m'envole ce soir à 19h00, je ne les reverrai pas.

– 8h01: Je réalise qu'à 19h00 il fera NUIT.

– 8h12: Alors là ça change tout. Il est hors de question que je monte dans un avion qui va décoller A L'AVEUGLE. Casse-cou d'accord, suicidaire, non.

A suivre…

Où sont passées les rondes ?

ellescarlettIl y a des événements qui passent à la trappe. L'actualité est parfois sélective et c'est dégueulasse. Non, vraiment. Parce que cette info valait la une des journaux, tout au moins celle de mon blog. Et je l'ai passée sous silence, comme ça, pour des raisons que moi même j'ignore, privant le monde entier – ouais, j'ai le melon grave, c'est comme ça, on est célèbre ou on l'est pas et moi je vous rappelle que je… ne le suis pas mais presque – de ce scoop capital: le Elle de cette semaine ne parle pas des rondes.

 

Si.

 

Ah ! ça vous sèche hein !

 

Il fallait bien que ça arrive, après sept semaines consécutives d'enquêtes fouillées sur le mal du siècle, Elle a jeté son tablier.

 

Pas de conseil minceur. Pas de page "spécial soutien gorges grandes tailles, osez le 85 C". Pas de recettes sympa et faciles pour ne pas reprendre les kilos de cet été. Pas de conseils, deux mois à l'avance, pour ne pas grossir pendant les fêtes. Pas d'analyse psychologique de Liv Tyler, l'actrice obèse d'Hollywood. Pas de "bah berk qu'elle est moche Nicole Richie avec toute sa maigreur qui la rend si hype". Pas de reportage saisissant sur "ma journée dans un jean taille 38". Rien. Non mais je vous assure, j'ai bien cherché, même pas un tout petit témoignage de fille pulpeuse qui fait des pipes comme une déesse. Nada, pas la trace d'un début d'un régime express.

 

Bon, en même temps ce silence assourdissant s'explique. Ben oui, quoi, en couverture du Elle cette semaine, c'est la grosse Scarlett. Alors bon, faut pas charrier, c'est déjà faire preuve d'un courage pas commun d'oser exhiber ce tas de graisse en une – je rappelle que l'actrice est systématiquement montrée en exemple dans les articles consacrés aux filles qui s'assument avec leurs kilos en trop – les rédactrices n'allaient pas en rajouter non plus.

 

Allez, sérieusement, moi personnellement ce numéro je le planque. Parce que cette fille, c'est une insulte à la nature tellement elle est belle. Surtout sur cette photo. Avec juste deux débardeurs de rien du tout – qui doivent malgré tout coûter un rein vu que c'est du Gucci – et ses cheveux d'un blond divin – David je retire tout ce que j'ai dit ton balayage il craint sa race, franchement va passer ton CAP "Johanson" et ensuite seulement tu auras le droit de retoucher à mes cheveux.

 

Bien sûr, il y a photoshop. Mais moi cette fille j'ai commencé à l'aimer dans l'Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux. Elle avait 13 ans au plus et elle dévorait l'écran. Sa bouche était pulpeuse comme aujourd'hui, sa voix rauque comme si Lauren Bacall s'était planquée dans ce corps d'enfant. Et son regard vous transperçait déjà.

 

Vous l'aurez compris, je suis bluffée. Mais malgré tout ce Elle va partir à la poubelle parce qu'il n'est pas bon pour l'homme. Ben oui mon chéri, tu vieillis, il faut ménager ton coeur. Et cette fille c'est un aller direct pour l'infarctus.

Quand est-ce qu’on sait ?

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La scène se déroule dans un lit, parce que c'est toujours au lit qu'ont lieu les conversations les plus importantes. Les plus intimes aussi. Il et Elle chuchotent, serrés l'un contre l'autre.

Lui: Ils grandissent, hein, nos petits…

Elle: Et oui… Ce ne sont vraiment plus des bébés. Bientôt ils ne voudront plus qu'on les embrasse. Tu te rends compte ? Plus de calins…

Lui: Je ne veux pas qu'ils grandissent comme ça moi. C'est trop tôt, je n'ai pas eu mon compte. Il ne nous reste plus qu'à en faire un autre !

Elle: N'importe quoi ! Je croyais qu'on était d'accord, que c'était terminé ? Tu sais bien, ce serait compliqué avec trois enfants. On n'a pas la place. Avec mon travail, ça ne serait pas possible. Et puis on vient d'en sortir. Non, vraiment, c'est terminé.

Lui: Oui, tu as raison.

Après quelques minutes…

Elle: Tu étais sérieux ?

Lui: Non, je plaisantais, c'est juste que je suis nostalgique, mais au fond de moi je sais que c'est terminé.

Elle: Ah…

Elle se retourne dans le lit en s'éloignant ostensiblement de lui

Lui: ça va ?

Elle: Oui, ça va.

Lui: Ben non, ça n'a pas l'air. Qu'est-ce que tu as ?

Elle: Non, rien.

Lui: Allez, dis-moi.

Elle: Y'a que tu ne veux plus d'enfants. Y'a que c'est comme si j'étais ménopausée. D'un coup. Y'a que je vais avoir cinquante ans.

Lui: Dans quinze ans. Tu vas avoir cinquante ans dans quinze ans.

Elle: Oui et bien ça pourrait être demain puisque de toutes façons je suis hors service maintenant.

Lui: Mais enfin, tu es la première à dire que ce ne serait pas possible ? On était d'accord, non ?

Elle: Tu comprends rien ! C'est pas pareil si c'est moi qui le dit. Et puis là tu as réveillé mon instinct maternel. Du coup là, j'ai mal. Tu as fait joujou avec mon utérus. Tu lui as fait croire pendant deux secondes qu'il pouvait encore servir. Et ensuite tu lui as claqué la porte au nez. Sans aucun ménagement. Tu sais quoi ? C'est moche ce que tu as fait, c'est très moche.

Après un temps…

Lui: Tu es sérieuse ? Tu veux un autre enfant ?

Elle: Non, je ne crois pas. Mais je ne veux pas que tu n'en veuilles plus. Je veux que ça reste possible, je ne peux pas écrire le mot fin.